mercredi 9 septembre 2020

Journal d'avant 40 - 9

Journal d’avant 40 – 9

Il n’y a pas longtemps j’ai lu un essai sur le vide écrit par Etienne Klein qui écrit tout de même plus de 160 pages sur rien. De ce fait pourrait-on imaginer que la peur de la page blanche est un fantasme destiné à dissuader les hésitants d’écrire alors qu’on peut facilement écrire un très bon livre sur du vide. N’aurait-on donc plus que les présomptueux qui pensent qu’ils ont quelque chose à dire pour écrivains. Ce qui pourrait expliquer certaines choses évoquées dans mon billet d’hier. Le vide, le néant ce n’est pas pareil, surtout après avoir lu ce livre qui fait l’inventaire de toutes les théories existantes sur  ces phénomènes ça en devient presque limpide.

Je me pose la question, quand on passe les 40 devient-on plus proche du vide, du néant et de rien. Est-ce pour cela que certains, par une quelconque peur, font ce qu’on appelle communément la crise de la quarantaine, cherchant à remplir leur vie de nouveautés. Serait-ce un simple malentendu et une peur du vide fondamentale, ou seulement un léger vertige. Et en plus on vous dit bien que la jeunesse c’est dans la tête, la vieillesse aussi d’ailleurs, ça se recoupe, ça se tient. Et donc toutes ces petites contrariétés physiques ça ne compte pas ? c’est du flan ? Tout comme cette publicité des opticiens Atoll qui ne me fait pas rire du tout. Pas certain qu’elle fonctionne vraiment sur les quadra, et comme toujours la cible est sans doute ceux qui ont dix ans de plus mais qui s’identifient à plus jeune. Si c’est fait pour un gars de 40, ça veut dire que ces demi-lunes je peux bien les mettre, ça fera jeune … ou pas…

En tout cas je me rends compte que je me prépare mentalement et que je deviens assez susceptible sur ce genre de sujet. Comme lors de mon changement de papiers d’identité suite à la perte stupide (comme toute perte non ? enfin presque, parce que celle de la belle-famille ça peut parfois se discuter) de mon portefeuille où j’avais retrouvé des photos d’identité qui avaient un ou deux ans max. Je me souviens de la tête de l’agent administratif. Elle me fixe, elle regarde la photo. Elle me fixe à nouveau. A mais non ça va pas, elles datent de quand ces photos ? Moi pas du tout l’habitude de me faire questionner et répondant donc franchement : « je sais pas, un an et demi ». Elle de reprendre : «  ah bah oui, c’est bien ce que je me disais, c’est plus vous là-dessus, vous avez vraiment vieilli. Derrière vous il y a un photomaton, c’est 6 mois maximum les photos». Je vous passerai sur la bataille ubuesque entre fond blanc et fond gris mais on va dire que je me suis pas senti jeune jouvenceau en sortant de là.

Ca fait déjà pas mal de temps (toujours ?)  qu’on ne m’a pas dit que je faisais moins que mon âge d’ailleurs. J’en connais certains c’est tout le contraire. Je ne me formalise pas, mieux vaut pour garder la forme. Tu viens avec nous ce week-end au tournoi vétéran ? – Euh bah en fait je suis pas encore vétéran tu sais ! – Ah bon, sérieux ?, mais c’est pour bientôt non ? Certes maintenant c’est tout de suite, du coup je ne fais plus de tournois, n’étant pas encore prêt mentalement à faire la compétition des vieux. C’est une question de temps. Mieux vaut ne pas y penser et se vider la tête, on y revient. Je me souviens lors de mes études avoir fait l’exercice de créer un mind-mapping gigantesque en partant du néant. Il y en avait des choses à dire. Et puis même si avec l’âge on se rapproche du vide, comme l'on se met à radoter, même si on a moins de choses à dire, on les dit plus souvent (je viens peut-être de percer à l’instant présent le mystère du radotage chez les personnes d’un certain âge).

D’ailleurs ça me fait penser à ce livre que j’ai lu récemment sur le vide d’Etienne Klein …

Sur ce à demain. 

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