mercredi 12 mai 2010

Quai d’Orsay de Blain et Lanzac

Une bande dessinée sur les envers du monde politique.
Je n’en avais personnellement jamais lu – je ne suis certes pas la meilleur référence dans ce domaine mais quand même– et j’ai été tout simplement scotché.

L’ayant pris un soir, reçu d’un ami, avant de m’endormir, je n’ai pu fermer l’œil avant d’avoir atteint la 96ème et dernière page.

C’est dense, intense, dessiné très justement, une merveille de ce que la bande-dessinée peut apporter. Certains considèrent souvent cet art comme mineur, quand ils lui accordent le rang d’expression artistique ce qui n’est déjà pas rien. Pour les sceptiques je leur conseille de prendre en main cet album, ils verront justement tout ce que l’on peut faire grâce à ce support à la fois figuratif et imaginaire. Un parfait mixe pour faire partager des sentiments profonds comme ceux du jeune Arthur, « réquisitionné » par le ministère des affaires étrangères pour s’occuper des langages, comprenez les discours et autres .

Ce ministre, qui n’est pas nommé tel quel est bien Dominique de Villepin. Les auteurs ne le dissimulent pas et on découvre un caractère fascinant, tout comme le mode de fonctionnement de ce type de cabinet dont le grand public ne connaît souvent que la partie émergée au travers de discours de ministre et de quelques actions à l’internationale. Le scepticisme et la résignation mêlée à une fascination surréaliste croissante du jeune attaché ministériel sont hilarants et touchants.
La vitalité décalée du ministre tourbillonnant en recherchant le mot juste qui deviendra injuste envers ses collaborateurs, le flegme et la force tranquille du chef de cabinet et les coups fourrés au sein du cabinet par certains conseillers forment une histoire captivante et instructive.

A priori ce n’est pas le genre de trucs qui semble très sexy, et pourtant ça fonctionne plus que bien. Foncez la lire et l’offrir, même pour les non-aficionados je suis certain que ça plaira beaucoup.

La tentation de la décroissance

Effet de mode ou évidence devant les instabilités accentuées du 21e siècle, la décroissance ne semble plus seulement réservée à des post-hippies souhaitant continuer à moudre leur grain de café avec l’appareillage de mémé et à utiliser une vieille chaussette pour filtre.

Paul Ariès depuis quelques années parvient à obtenir de temps à autres une tribune médiatique, et je ne parle pas des journaux co-rédigés par lui qui relèvent encore d’une presse confidentielles comme Décroissance ou le Sarkophage, sur les chaînes radio et télé mainstream (Francetélé). Il m’avait titillé les oreilles à la radio et sa position m’avait à l’époque dérangé. Penser qu’on ne peut plus maintenir notre mode de vie et qu’il ne faut pas y aller avec le dos de la cuillère n ce qui concerne les changements à mettre en place - le fait que la Terre ne puisse supporter durablement que moins de la moitié de nos émissions de carbone sur une base annuelle est un argument bien encombrant. Pas besoin d’être un fin mathématicien pour cerner très vite le problème. Quand il s’agit de chiffres on peut toujours argumenter qu’ils sont faux, que c’est impensable. Et quand bien même, en réduisant ces estimations, le même problème demeure : notre façon de vivre n’est pas durable et ne pourra durer.

La Terre pourrait supporter 3 milliards de tonnes d’équivalent carbone, ce qui consiste en moyenne à 500kgs pas individu par an, ce qui équivaut à 5000kgs parcouru en voiture, à 1/3 des émissions provenant de la construction d’une voiture compacte ou encore d’un aller-retour Paris-New-York. Déjà, à moins que vous ne soyez le roi de la mauvaise fois, vous devez vous dire comme moi que vous êtes un peu (voir carrément beaucoup) au-dessus de ça et sans ajouter toutes les consommations et émissions de la vie quotidienne. Ceux qui prêchent l’écologie à outrance, qui sont à la limite du végétalisme pour des pseudo-idéologiques mais qui profitent de leur temps pour visiter le monde en avion et font l’équivalent de 5 ou 6 aller-retour Londres-New Dehli par an me font tristement rire.

Pour aller un peu plus loin dans le concept de décroissance j’ai lu Désobéir et Grandir – vers une société de décroissance de Paul Ariès (paru en 2009). Le début est très prometteur et vous harponne, les chiffres et les évidences (citées précédemment) sont impitoyables, si vous ajoutez en plus de cela les quelques autres données clés : 20% des humains s’appropriant 86% des ressources disponibles, que 4% du revenu des 220 plus grandes fortunes mondiales permettrait de nourrir toute la planète, l’épuisement des ressources en pétrole … Très facile d’être convaincu. Cela semble évident, et les évènements climatiques et économiques ne peuvent nous faire qu’abonder dans ce sens. Il paraît de moins en moins responsable de continuer de la sorte.
La grande question est COMMENT ? Paul Ariès arrive malgré la difficulté de la tâche à formuler de nombreuses propositions. Pour arriver à ce changement profond, il ne faut pas essayer de faire des aménagements qui seraient autant de consensus stériles et de retard pris. Il faut penser autrement, ne pas faire un pas de côté mais bien adopter une toute autre logique pour sortir de cette société de consommation. Ne plus courir après l’illusion de la possession boulimique mais bel et bien courir après le bien-être profond et cohérent, une société avec plus de liens et moins de biens®. J’ai dans la plupart de mes articles relevé ce manque de sens, ce manque de joie dans le fait d’être un acteur commun de la société actuelle, que ce soit au travail ou dans la sphère privé. On veut toujours plus et ça ne fait pas le bonheur. Le travail semble être le meilleur allié tératogène alors qu’il devrait être tout autre. Dans les propositions qui ont résonné au fond de mon cœur utopique, j’ai retrouvé la notion de salaire universel – pour permettre selon la déclaration des droits de l’homme à chacun de vivre décemment – et d’un salaire maximal. Il y a 40 ans un patron gagnait en moyenne 40 fois plus que ses ouvriers et que le rapport a été multiplié par plus de 50. On ne parle même plus de fossé mais bel et bien du Grand canyon. Je ne vais pas dévoiler ici toutes les idées pertinentes du livre car il ne s’arrête pas là, positionnement, mouvement politique, alimentation …

Je regrette seulement que du point de vue de la qualité de l’ouvrage, la plupart des textes étant repris de publications précédentes, il y ait de nombreuses redites et que certains enchainements manquent de cohérence.
En dehors de cela, cet ouvrage et la pensée de Paul Ariès me semblent être l’une des rares bouffées d’oxygène idéologiques qui tienne la route. Mais comment y viendra-t-on ? C’est la question à 4 milliards d’équivalent d’émissions de tonnes de carbone.

vendredi 2 avril 2010

La télé à la sauce culinaire

Après avoir parlé de géopolitique et des principaux enjeux de notre siècle voici un enjeu plus léger mais pas moins important car constitutif de notre personne, d’autant plus important pour la majorité des francophones sur la planète, la bouffe.

C’est quand on voyage que l’on comprend que la nourriture a malgré les dernières tendances comme le développement de la junk-food une importance toute particulière dans l’hémisphère. Il en est de même pour certains pays limitrophes comme l’Italie mais pas beaucoup plus.
Dès qu’on s’aventure en terre culinaire hostile on développe après quelques jours un sentiment de malaise, une certaine lassitude et un mal être lié au manque de plaisir procuré par les repas. Si les plus investis veulent bien me permettre ce parallèle, je pense que l’art de la table est bien la première religion et de loin – le nombre de prêcheurs est bien plus important que dans toute autre culture de la foi et si on parle des fidèles, on approche un taux record.
Je ne nie pas le fait que ce trait culturel ne soit pas acquis pour toujours. Comme tout il découle d’une culture, et par nature les cultures sont changeantes. Il est possible que dans 100ans la carte mondiale des amateurs de mets fins ait changé. Mais même si c’est le cas j’ai plaisir à croire que la France restera un pays agréable à vivre, d’un point de vue gustatif j’entends.
Le sujet n’est pas ici de comparer et de confronter différents pays et consommateurs, mais j’aimerais que la tendance de voir disparaître les petits restos au coin des rues où l’on mange bien pour pas cher s’arrête, car pour ce point l’Italie offre de meilleurs possibilités qu’en France, et je ne fais pas ici allusion aux pâtes ou pizzas qui sont des plats par essence moins coûteux.

Quand Fremantle et M6 ont lancé il y a plusieurs années l’émission Un Diner presque parfait, même si sceptiques il y avait, une étude sociologique poussée ne pouvait que montrer un succès potentiel. Et c’est le cas. Je me disais qu’un jour ça finira pas s’essouffler, que les gens en auront marre de recevoir des inconnus à la maison et de se faire une semaine entre inconnus. Mais non, l’amour du bien manger et ce renouveau du contact social mi-imposé fonctionne bien. Avec la disparition de restaurants et de cafés de quartier qui proposaient pour l’équivalent d’à peine quelques euros un bœuf bourguignon ou d’un petit salé, il est moins facile de faire connaissance. Mais cela n’a pas éteint le plaisir de communier autour d’une bonne assiette. On retrouve heureusement cet esprit dans des petits restos disséminés sur le territoire avec chacun leur spécialité, qu’il s’agisse de petit bouchons lyonnais ou d’auberges d’alpage. Mais dans certaines villes importantes, emportés par le train-train cela semble moins évident, et comme une émission salutaire la télé a produit en Un Dîner l’une de ses plus belles réussites.

En faisant malgré tout une overdose et ayant subi la pression indirecte de cette émission derrière mes fourneaux, me mettant à présenter mes assiettes, trouvant de la créativité – sans doute répétant inconsciemment certaines bonnes idées de candidats – je pensais faire un break avec ces émissions culinaires, gardant cependant dès que possible un œil sur la diffusion de Bon appétit bien sur ! et Les escapades gourmandes. Mais un soir rentrant du sport, zappant machinalement comme un animal social de fin de journée vaincu par l’aridité de se lancer dans une tâche intellectuelle, je tombe sur Top Chef. Pas le premier épisode, et en cours d’émission, au départ je me pose des questions sur le déroulement, reconnais des chefs connus comme membres du jury. Je ne décroche pas. Semaine d’après, même schéma, je retombe devant sans trop l’attendre et depuis je n’attends plus que cela avec une certaine excitation. Je suis devenu fan, fan car comme décrit précédemment il s’agit d’une passion universelle – l’art culinaire – que les épreuves sont variées, distrayantes mais jamais dégradantes, et qu’il s’agit d’un concours et non pas d’une télé réalité ou trash tv. Pas besoin de savoir si Brice ou Pierre ont eu des aventures homosexuelles dans leur jeunesse ou s’ils aiment se faire masser le dos après avoir débité un quartier de bœuf. La production ne peut certes s’empêcher d’avoir fait quelques légères incartades en faisant venir des membres de la famille pour un jury ou de passer le stress ou tristesse d’un candidat mais cela reste limité.
Le publique ne juge pas (à ce stade pas encore vu la finale, on ne sait jamais mais cela aurait cependant moins d’impact), ce sont des professionnels, et pas plus ou moins grillés comme ceux de la Nouvelle Star, ayant prouvé des choses de grandes qualités traduites pas de multiples étoiles, qui sont membres du jury et qui surtout font des commentaires objectifs reposant sur une base technique extrêmement solide. Ici pas de candidat chantant évidemment faux se faisant encenser en lui promettant une grande carrière.

La cuisine relève de l’art, c'est-à-dire précision, technique, respect de matières et inspiration, c’est cela qui fait le côté jouissif de voir s’affronter ou collaborer en fonction des épreuves ces candidats, qui sont tous ou presque déjà d’aguerris cuisiniers. Le mixe concours, cuisine, quelques astuces, beauté et projection gustative fonctionne à 100%, du moins pour moi, et c’est pour cela que je suis fan.

jeudi 1 avril 2010

J'ai voté gagnant

Cela ne devient pas une habitude mais je me sens de plus en plus un électeur mainstream. Derrière Sarkozy en 2007, puis derrières les verts aux européennes, j’ai une nouvelle fois été dans la tendance du moment. Je ne suis pas allé voter.

Il y a peu quand je croisais quelqu’un qui n’ allait pas voter je m’énervais assez vite, allais même jusqu’à faire la morale, présentant comme irresponsable le fait de ne pas défendre le droit de vote chèrement acquis par nos ancêtres au prix de révolutions, d’exils et de guerres. Les réserves que j’avais au moment de l’élection de 2007 (voir mes articles relatifs à cette période) se sont intensifiées. Je n’étais pas un oracle mais hélas les craintes évoquées, qui relevaient pour la plupart d’un même constat partagé sur entre autres le danger pesant sur la liberté d’expression, se sont bel et bien réalisées. Dans les émissions politiques on entend les membres du gouvernement se cacher derrière la crise et prêcher pour leur paroisse. Il est vrai qu’il est moins facile de gouverner lorsque les entreprises ferment leurs portes que lorsque les impôts sur bénéfices abondent. Moins de marge de manœuvre certes mais l’occasion de faire évoluer les choses devant la nécessité incontestée.
Hors à part cette stratégie d’effets d’annonce que s’est-il réellement passé que l’on peut qualifier de positif ? Demander aux citoyens de se serrer la ceinture, c’est nécessaire mais on voit aujourd’hui avec la Grèce combien il est difficile de le mettre en œuvre, lorsqu’il semble que ce sont les classes inférieures et moyennes qui vont ressentir seules les effets de ces mesures.

La première chose devant l’évidence de la mauvaise mécanique financière mondiale aurait été de se positionner réellement et fermement en faveur d’une refonte du système, de nationaliser les banques et non pas de leur donner du cash pour qu’ils continuent leurs orgies d’un côté tout en asphyxiant l’économie des PME-PMI, poumon de notre économie, afin de présenter de bons résultats à la bourse. Les bonus 2009 ont été scandaleusement importants mais c’est comme ça, rien n’a changé. Un des derniers prix Nobel de l’économie s’en lamentait encore, évoquant le fait qu’il est sympathique de lui avoir décerné ce prix mais qu’il aurait préféré que les politiques et les cartels bancaires l’écoutent lorsqu’il prédisait la crise avant tout le monde. Je pensais qu’on allait s’attaquer au modèle capitaliste, non pas le détruire mais le faire évoluer, en instaurant des gains financiers à nouveau liés à la création de valeur économique et sociale.

Deuxième point critique, l’environnement, nous ne sommes plus dans l’effet de mode, même si voter Europe écologie reste tendance parmi les bobos qui se gratifieront de ce choix et qui oublieront que parcourir 30 000 kms en avion par an n’est pas très durable et que donner 300€ à WWF ne soulagera rien d’autre que leur conscience.

Ce qui est préoccupant est le manque de réalisme de nos hommes politiques, au pouvoir ou dans l’opposition illustré par l’inconscience de croire qu’un pays seul peut encore influer sur les tendances mondiales. Il est clair qu’il n’est pas possible de décider de taxer un secteur, une pollution ou des bonus sous peine de voir toutes les entreprises se délocaliser en un rien de temps. Dans ce cas ne faire campagne lors des dernières élections européennes que sur des conflits nationaux relève de la pure stupidité. De même que se pavaner avec un ancien mannequin nymphomane à travers le monde ne sert en rien la population. En revanche se démener à faire connaître une parole alternative, des idées non pas nationalistes mais bel et bien intégrant les problématiques globales afin de répondre à ce problème de répartition des richesses et de révolution climatique s’avèrerait plus utiles. Les media auraient un rôle plus important à jouer, mais comme on le redoutait, la liberté de la presse semble de moins en moins garantie, en témoigne le temps médiatique alloué aux personnages du gouvernement depuis l’avènement de Sarkozy. Lorsque je verrai à nouveau un journaliste exploser en vol un homme politique et lui disant ouvertement, vous n’abordez aucun des sujets importants qui peuvent faire évoluer la vie de nos concitoyens, je mets un terme ici à l’interview, j’aurais un peu plus d’espoir dans la liberté d’expression et d’écoute.

Ces éléments et d’autres, mais je m’étais promis de ne plus parler politique, m’ont donc amené comme une majorité de personnes (sur l’ensemble de la population) à ne pas aller voter. Je suis conscient de la gravité de la chose mais n’ai pas de solution, sauf éventuellement plus radicale, pour que les choses s’améliorent (c'est-à-dire, prise de conscience et actions pour régler la polarisation de la répartition des richesses au niveau national et international, des actions économiques et écologiques concrètes et engagées comme celles que nous aurions du avoir dans le meilleur des mondes à Copenhague).
A court terme nous ne pouvons hélas qu’espérer une reprise temporaire de notre système économique pour palier aux manques de clairvoyance des gouvernants des puissances majeures, en croisant les doigts pour que la Terre ou le Soleil nous fasse une petite surprise en contrant l’effet de réchauffement lié à l’activité humaine.

mercredi 31 mars 2010

La peur des barbares de Tzvestan Todorov

Pour ceux qui ne boivent pas toutes les paroles de nos politiques, qui ne pensent pas que Lagaffe devrait présenter le JT, qui n’ont pas peur de l’autre, cet ouvrage ne sera pas une révélation mais il synthétisera de façon claire et simple (certains diront peut-être simpliste) les dynamiques et enjeux géopolitiques de notre siècle.

Pour ceux qui confondent musulmans et terroristes, qui pensent que l’intervention armée est la meilleure façon de guider les peuples vers la démocratie, qui pensent qu’on peut tout se permettre jusqu’à torturer sans vergogne afin d’avoir toutes les informations possibles pour éviter un attentat ce livre est essentiel. Vous risquez de le rejeter en partie mais dans le meilleur des cas il ouvrira légèrement vos œillères.

J’avais déjà entendu quelques propos de Todorov et le situait vaguement dans un courant de philo socio géo politique moderne. Plusieurs de ses ouvrages semblent avoir été récemment repris dans la collection biblio essais de Le livre de Poche et donne l’occasion pour 6€ de se pencher sur des réflexions pertinentes qui vous feront prendre de la distance par rapport à la pensée de plus en plus unique qui s’installe dans nos pays.
Cet ouvrage reste très abordable et facile à lire sauf peut-être les premières pages qui reviennent de façon classique sur la définition du mot barbare.

J’ai particulièrement aimé les recommandations et pistes de réflexions développées par l’auteur au niveau des actions politiques et citoyennes. C’est bien souvent ce genre de synthèse qui manque dans ces livres de philosophes modernes, le constat est souvent bien fait, quelque fois orienté mais reste intelligent, les critiques des erreurs présentes et historiques et abondent mais on se demande souvent what next ? Ici l’auteur prend position contre la politique extérieure américaine, propose d’autres voies, au niveau de la conception du monde, de l’analyse des situations, des réactions aux « attaques ». L’ouvrage brasse un grand nombre de concepts empruntés à différentes spécialités, de l’analyse sociologique, à la religion en passant par de la stratégie militaire et ainsi que la structure de nos systèmes politiques et de la diffusion de l’information prenant toujours en compte et les racines historiques afin de chercher un comment et non pas un pourquoi, mais aussi en l’inscrivant dans son contexte. L’homme est homme et qu’il soit terroriste présumé ou militaire professionnel bombardant des civils il reste homme et l’auteur se défend de cette volonté d’objectiver l’autre et de le rejeter.

C’est un des principaux enjeux du monde moderne, ne pas tomber dans la haine de l’autre, de ce qui est différent. Au sein de nos sociétés de plus en plus multiples et de l’explosion des frontières de la communication qu’offre le web, les populations sont amenées à prendre connaissance de beaucoup plus d’éléments qu’auparavant. Mais c’est paradoxalement dans ce même temps que la liberté de connaître et d’apprendre semble la plus en danger depuis ces 50 dernières années. Malgré tous ces media disponibles, il était bien difficile pour un jeune américain de penser que les Irakiens ne possédaient pas d’armes de destruction massive et n’étaient pas en train de préparer de nouveaux attentats meurtriers après 2001. Ce qui dans la structuration d’un comportement peut hélas faire tolérer des manquements aux principes de bases de la démocratie, démocratie pour laquelle même les gouvernements disent se battre. Todorov entre dans le débat, comment promouvoir la démocratie, la liberté des peuples et des individus alors que des photos d’avilissement, de massacres de civils perpétrés sur des « présumés » coupables sont diffusés dans le monde entier par internet. Rien de détonnant pour les avertis, mais il va plus loin, évoque un rôle qu’il souhaite et trouve nécessaire pour l’Europe qui devrait s’émanciper de la tutelle américaine via l’OTAN et se positionner comme une force indépendante et détachée des excès outre-Atlantique.

Je conseille donc vivement ce livre, à tous les sceptiques et même aux convaincus, et si nos conseillers politiques et gouvernants pouvaient intégrer ces quelques vues à leur prise de décision, on ne pourrait qu’être gagnant.


mardi 30 mars 2010

Les expos font popo

Ces derniers temps, en disposant pas mal de temps d’ailleurs, je me suis aventuré à pousser les portes de différents musées et de différentes expositions.
Les dernières qui restaient présentes à mon esprit ne m’avaient apporté que très peu de satisfaction, je me souviens avoir fait plusieurs remarques comme quoi si un peintre célèbre va à la toilette rien ne sert d’exposer le papier qui aura caressé son entre-fesse.

Cette crainte en tête je profite de l’exposition Gréco à Bruxelles pour aller voir ce peintre dont je suis un inconditionnel.
Tout excité j’ai la malchance, prévisible certes pour un après midi de semaine, d’être pris entre un car de vieux retraités aux verres aussi épais que les tessons d’une bouteille d’Orval et une classe de lycéens et étudiants n’ayant pas encore délaissés les décorations de sapin de noël propres à leur récente puberté. Malgré tout excité et heureux de n’avoir payé qu’un euro cinquante grâce à ma carte de chômeur je m’embarque dans le dédale de salles obscures, très obscures, trop obscures, je crains les collisions avec les petits grisonnants, ils n’avaient pas besoin de ça pour déjà entamer le grand ballet des auto-tamponneuses.
Première difficulté, des murs noirs, des éclairages seulement pour servir les œuvres et des textes écrits en blanc sur noir. Petit cadeau, vous gardez la surimpression du texte comme marque quand vous tournez les yeux vers la première œuvre. C’est un détail mais ça m’a bien embêté de voir les ciels tourmentés que j’aime tant avec ces lignes en surimpression. Un détail et si tout le reste avait été parfait, on s’en serait moqué. Mais alors que Greco est un peintre qu’il faut situer, qui a eu une évolution de style impressionnante et très intéressante, passant d’un peintre d’icônes en Crête par l’école du Titien et finissant par être un maître chéri à Tolède. C’est devenu la mode, sans doute pour justifier leur talent génialissime, pour les responsables d’expos de casser le schéma traditionnel chronologique. Et bien c’est à n’y rien comprendre. Connaissant plutôt bien l’œuvre du Gréco, ayant voyagé pour observer des œuvres génialissimes aux Etats-Unis et en Europe, j’étais perdu. Heureux certes de trouver son trait inimitable mais totalement déçu devant la confusion totale de l’expo, mêlant œuvres de l’école, œuvres de Tolède, passant par d’autres de jeunesse réalisée à Rome, revenant sur des œuvres plus matures et des copies d’œuvres intransportables comme l’enterrement du compte d’Orgaz, dont seulement (mais c’est compréhensible) une copie de la partie inférieure est présentée.

Gardant un goût amer je m’aventure à Paris dans une expo ayant le point commun du gréco : l’exposition sur la peinture espagnole au musée André Jacquemart de Greco à Dali, collection Perez. Ne sachant trop à quoi m’attendre je découvre avec stupeur dans la première salle que l’approche par thème a été choisie : et nous revoilà dans les délires et pétants plus haut que leur cul de directeurs d’expo qui ont perdu de vue le rôle des expositions. Ce n’est pas de faire briller par une fausse maîtrise technique mais bel et bien de faire partager. Alors nous voici avec des salles mêlant des œuvres sur plus de5 siècles articulées autour de thèmes très atypiques : la fête, le sacré, les enfants, les portraits. Quelle originalité, je suis heureux d’apprendre que ces thèmes sont propres à la peinture espagnole et quelle pertinence d’associer un Dali et un Ribera qui n’ont rien en commun et dont l’écart tant au niveau des siècles que de l’évolution des sujets ne permet de rien déduire d’une quelconque racine commune. L’audio-guide aurait peut-être essayé de me dire le contraire mais il faut arrêter, cette exposition est mauvaise. Impossible d’apprendre quoi que ce soit de concret.
Quant au nom de Greco il est quasi usurpé, la seule œuvre provenant de lui était une mini miniature où il est malgré tout difficile de jurer qu’il s’agit bien de lui et non d’un de ses élèves. Pour les dessins de Picasso, il s’agit de ceux qu’il apposait aux dos des cartes de visite de ses amis (cartes plus grandes il est vrai que maintenant). En revanche la collection permanente du musée vaut le coup d’œil mais ce n’est pas le sujet.

Cela m’exaspère ces expos blagues où sans effort et sans œuvres on souhaite faire payer l’entrée 13 euros. Que des personnes s’approprient les œuvres pour les exposer et toucher les visiteurs au plus juste je comprends. Mais ici il s’agit d’escroquerie, après ces même personnes s’étonneront de ce qu’ils se targueront d’appeler dans les salons mondains, la mort de la culture, et le développement de la vulgarité et de l’ignorance au sein des masses.

samedi 20 février 2010

Gomorra de Roberto Saviano

C’était un dimanche soir dans la voiture, écoutant le Masque et la plume en période du festival de Cannes. Ils évoquaient deux films italiens qui semblaient à les entendre assez réussis. L’un était Gomorra de Roberto Saviano, adaptation de son livre portant le même nom.

Mon envie d’aller voir le film ne suffisant pas à convaincre madame, trouvant le livre peu après je me suis dit au moins j’aurais l’histoire. Cela fait déjà il y a un certain temps mais comme le livre est paru récemment en poche on peut dire que ça reste d’une certaine actualité. J’ai donc fini par le lire et ma conclusion est que j’ai encore plus envie de voir le film.

Je ne m’attendais pas à ce type d’ouvrage, j’imaginais une histoire un peu à la Donnie Brasco, sachant que l’auteur avait un contrat sur la tête et vivait sous protection. Mais c’est bien différent et bien plus dense, d’où la difficulté probable à l’adapter à l’écran. Il s’agit d’un livre d’enquête extrêmement poussé, vu et vécu de l’intérieur, qui lâche des vérités dont les acteurs doivent détester qu’elles soient ainsi médiatisées. Tout, et tout le monde y passe, au sens propre comme au figuré.

L’enquête commence de façon anodine dans les banlieues napolitaines et un premier volet économique de l’empire de la camorra est mis à jour, les ateliers textiles où des ouvriers pour certains avec un savoir faire unique travaillent sur les costumes de grandes marques, payés pas plus de 500€ par mois. Ces ateliers semi-clandestins, travaillant parfois pour des grandes marques et le reste du temps faisant les mêmes habits mais qui seront distribués par des canaux de contrebande. Le mécanisme économique, le réseau, le pourquoi du comment est mis à nu. On comprend le rôle économique et encore plus terrorisant l’existence clé et en quelque sorte nécessaire de ces activités clandestines pour notre économie. L’approvisionnement pour les grandes marques des tissus les plus prisés sont assurés par les clans et de ce fait les marques n’ont jamais attaqués ces derniers pour contrefaçon avant que des scandales publics n’éclatent, sans quoi elles se seraient coupées de leur approvisionnement mais aussi d’une manne d’ouvriers hautement qualifiés travaillant pour très peu d’argent.

Roberto Saviano procède de même avec les autres volets économiques maîtrisés par les clans, la drogue, l’immobilier et BTP, le ramassage et traitement des déchets. Au fur et à mesure des pages, après les passages sur la corruption, les liens politiques, la puissance et le rôle militaire des clans, ayant été pour certaines guerres les seuls approvisionneurs en armes et véhicules militaires de nations comme l’Argentine en 1982, on partage le sentiment final d’impuissance de l’auteur, devant cette hydre. Qu’est-il possible de faire pour changer cela, pour faire sortir tous ces hommes de la violence dont ils sont prisonniers ? L’auteur a pris le courage de dénoncer, non pas en lâchant des bribes d’informations ou en faisant un livre romancé, racontant le parcours d’un ou plusieurs mafieux, mais bel et bien en décortiquant tout le système pour expliquer et montrer la dangerosité et la toute-puissance de ces organisations multiples.

Ce livre est tout simplement énorme, terrorisant et fascinant. Pourtant amateur de films de gangsters je ne m’attendais pas à ce que j’ai pu apprendre et le petit malaise qui m’a pris en refermant le livre s’efface à peine. Un petit goût d’ordure toxique m’est resté longtemps dans la bouche.

dimanche 7 février 2010

Le porc de la burqa

Sujet essentiel de ce début d’année, préoccupation de tous les Français, la burqa est partout. Je me baladais l’autre jour dans la rue et ça n’arrêtait pas, il y en avait par … euh en fait je suis pas certain, peut-être une, mais c’était sans doute le mois dernier en fait. Pour nous amuser et occuper l’espace publique, comme si le faux-vrai débat sur l’identité nationale ne suffisait pas à allumer les feux de haines ethniques préoccupantes pour un pays aussi divers que la France, voilà donc un nouveau débat. Le porc de la burqa dans les lieux publics.

Petit rappel qui me semble essentiel et qui pourrait clore là le débat. Si on suit la religion musulmane on ne mange pas de porc. Donc messieurs du gouvernement, faire une loi contre le porc de la burqa me semble obsolète et ça depuis plus de 1600 ans. Revoyez vos classiques et intéressez vous aux différences. S’il en existe, et encore faudra-t-il me le prouver preuve à l’appui, je ne peux qu’imaginer qu’il s’agisse de l’action d’un groupuscule pour la protection des animaux.
Ne souhaitant pas manger de porc, il peut paraître naturel de le laisser afin qu’il puisse passer une vie heureuse et paisible. Ces images des cochons noirs dans les montagnes de Corse, tout simplement magnifique. Mais eux vous me direz ils finissent tout de même par y passer. Alors que si on les protégeait en les cachant sous une burqa, ils échapperaient aux lames acérées de leurs fourbes éleveurs.

Il faut être admiratif des actions des hommes pour protéger la nature et la vie, et si c’est utiliser un voile intégrale pour protéger de jeunes truies du regard avide de ces consommateurs qui ne s’arrêteraient pas aux pieds de cochons mais voudrait en voir plus je trouve ça sain et légitime. Peut-être pour nous éclairer verrons-nous bientôt passer des burqas avec le logo Wwf dans le dos. Et si les léopards et tigres d’Amour avaient pu en avoir, ils ne seraient sans doute pas en voie d’extinction aujourd’hui. Je suis donc pour le porc de burqa, même si vous pardonnerez ma passion pour le saucisson. Mais attention, seulement avec du cochon heureux et consentant.
Ah je vois comment savoir s’il l’est consentant vous allez me dire. Peut-être n’a-t-il pas la chance d’être protégé par le FLP (Front de libération des porcs) ? Et bien je présume, je présume comme le font nos hommes politiques en prenant des décisions aussi idiotes dans un pays de liberté et de droit.

Revenons quelques lignes sur terre, que l’on trouve ça joli ou bizarre, élégant, qu’on s’en offense, comment peut-on porter atteinte à la liberté individuelle et vestimentaire. Je trouve qu’il est aussi arbitraire de décider que les femmes qui portent ce vêtement sont contraintes et forcées que le contraire. Si elles sont dans leur foi, pourquoi ne pas prendre l’inverse et se dire qu’elles sont toutes heureuses car se rapprochant de leur idéal religieux. Évidemment beaucoup d’encre coule sur la considération de la femme dans cette religion. On prend trop souvent des extrémistes en exemple pour nous dire : les musulmans ils considèrent leurs femmes comme des esclaves, ils les cachent, patati et patata. Chez certaines personnes extrêmes, non mesurées, certainement, mais n’est-ce pas le cas pour tout extrémiste, qu’il soit musulman, juif, chrétien ou autre. Quand les statistiques sur les femmes battues en France sont récemment parues, aucune distinction n’a été faite sur les milieux religieux que fréquentaient la majorité des victimes. De mauvaise foi certains vont me dire que c’est parce qu’elles sont enchaînées, mais dans ce cas ça n’arrête plus.
Bien sur il faut s’alarmer de toutes les dérives et des pratiques tribales et ancestrales qui portent atteinte à l’intégrité physique et mentale de tout être. Dans nos pays développés et de liberté nous ne pouvons les tolérer et devons les combattre. Pour le reste nous devons tenter d’éduquer et de partager la vision d’une société heureuse et libre. Ce n’est pas en reniant nos principes de base que nous donnerons envie aux autres de nous imiter et de venir à la démocratie.
Quant à faire une loi elle n’aurait de raison d’être que si et seulement si nous étions capables de prouver sans aucun doute que ces habits portent atteinte à l’intégrité physique et/ou mentale de celles qui s'en vêtissent. Je crois que c’est impossible, de ce fait toute loi interdisant ce port serait saugrenue. En plus d’un reniement de nos valeurs républicaines, elle serait un signal fort d’intolérance et ne pourrait que semer la discorde. Vous allez me dire qu’il est impossible dans certains pays musulmans de se balader en mini-jupe. Il est triste de ne pas avoir les mêmes libertés ailleurs, mais nous ne sommes plus à l’époque d’Hammourabi, nous nous disons développés, soyons le et assumons le. Prêchons la liberté et l’exemple et pas les réprimandes et les enfantillages. Certains pays n’accordent aucune place aux libertés de chacun, soyons heureux de ne pas y vivre et préservons un pays qui permet d’avoir le choix.

Je me souviens qu’en période adolescente j’arborais des T-shirts obscurs avec des dessins que certains pouvaient considérer comme blasphématoire. Il m’aurait semblé très dur et injuste de me les interdire, et je n’aurais eu qu’une envie, de faire le contraire, de m’en fournir, de provoquer pour essayer de faire avancer. Je reprends les paroles d’un intervenant entendu à la télé que je trouve forts justes : « Vous trouvez peut-être ça flippant, moi aussi. Mais il faut avouer qu’il y a énormément de gens qui ont des looks flippants dans la rue et qui font peur ! »

Il n’y a pas grand chose à ajouter. Personnellement je n’aime pas trop quand j’en vois, j’ai l’impression que l’empire contre-attaque avec une équipe de clones de Dark Vader. Mais quand je vois une fille trop grosse ou trop maigre qui exhibe ses jambes, je n’aime pas trop non plus, je ne vais pourtant pas lui imposer de porter des pantalons larges pour cacher sa différence. C'est sa liberté. Bien entendu il faut se pencher sur les quelques cas et les quelques espaces qui nécessitent de se rendre reconnaissable comme aux portiques des aéroports mais peut-être y a-t-il d’autres solutions que de légiférer pour tout, surtout quand cela entraîne une aliénation des libertés individuelles.

lundi 25 janvier 2010

Au château d'Argol de Julien Gracq

Pour terminer avec ce mois de Janvier et mes critiques de romans- termes que je préfère concernant mes articles à critiques littéraires n’ayant pas la prétention de connaître par cœur l’œuvre des auteurs auxquels je m’attaque - voici un auteur que j’ai lu pour la première fois il y a très peu, Julien Gracq. J’avais lu il y a quelques années un magazine littéraire qui lui était consacré, peut-être était-ce pour sa mort en 2007.

A l’époque j’avais été surpris et charmé par une interview, où ne se jugeant plus assez réactif pour répondre à une interview en direct avec la dose de subtilité qu’il aurait souhaité y mettre, il avait demandé qu’on lui envoie les questions pour y répondre par écrit. Cette interview était de ce fait particulièrement dense et intéressante, ne laissant en rien présager que l’âge eut pu affecter les capacités de réflexion de l’auteur aimé unanimement par la critique littéraire. Son œuvre est dite protéiforme et s’est, selon les articles que j’ai pu en lire, imposée sans avoir recours à l’affiliation à un quelconque courant.

J’ai donc commencé par le début en prenant son premier roman Au Château d’Argol ne sachant pas du tout à quoi m’attendre. Achevé en 1937, il a été comme c’était d’usage à l’époque pour les brillants auteurs refusé par Gallimard mais publié en 1939 par l’éditeur José Corti auquel il sera toujours resté fidèle. Un des plus beaux exemples de relation et d’amitié entre un écrivain et son éditeur. Pour les lecteurs en revanche il est plus difficile de trouver ses œuvres qui n’ont pas été éditées en poche et que vous trouvez en livre José Corti (pour ceux qui n’ont jamais lu au coupe-papier pensez-y) ou en collection de la Pléiade. Hélas toutes ces éditions sont un peu plus coûteuses qu’un livre de poche mais sans doute le trouverez-vous dans les bibliothèques.

Ce qui m’a surpris dans ce roman fut le ton résolument romantique et j’ai dû vérifier la date de publication et celles de vie de l’auteur ayant réellement l’impression au premier abord d’être en plein 19e siècle, au coin d’une cheminée imposante, le tonnerre vrombissant et les éclairs illuminant les moustaches de ce chat qui miaulait étrangement comme hypnotisé par les oscillations des ombres projetées des arbres sur la tapisserie du salon en velours sombre. Pardon, je me suis égaré. Reprenons. Cet ouvrage semble romantique, et on a l’impression à tout moment qu’un vampire pourrait surgir de cette extrêmement dense forêt où le héros sur le conseil d’un ami a acheté un vieux château sans l’avoir visité. La nature l’ensorcelle et il semble se nouer entre lui et elle un pacte obscur qui verra son dénouement à la fin de l’histoire. L’ami fidèle ayant conseillé notre héros d’acquérir cette demeure ancestrale et énigmatique, comme si elle avait une âme noire, arrive dans ce lieu reculé pour lui rendre visite mais n’arrive pas seul. L’élément perturbateur n’est absolument pas dissimulé mais incarné par la charmante jeune femme qui sera le sujet d’embrasement et de discorde des deux amis.
Une histoire simple certes, mais une mise en scène et une écriture qui vous ensorcellent tout en vous mettant mal à l’aise, ayant peur à tout instant qu’un drame empreinte le long sentier et vienne toquer à la lourde porte.
Cette nature qui m’avait prévenu dès le début du roman en se manifestant lors d’une ballade sur la plage semble être un incubateur de passions bien plus violentes que celles communément écrites au 20e siècle. La multiplication des adjectifs (qui semblent pour certains même hors d’usage) et des descriptions est mystifiante.

Un magnifique travail d’écrivain qui ne peut que donner envie de lire la suite de œuvres de Gracq, tout en laissant quelques instants un frisson passer dans le dos du lecteur.

mercredi 20 janvier 2010

Dogville, une maîtrise en abstraction.

Non il ne s’agit pas d’un message égaré écrit il y a 7 ans mais bel et bien d’une critique actuelle de ce film de Lars Van Trier.
Et vu le genre du film ça tombe plutôt bien car il est loin de prendre un coup de vieux.
Même si je suis relativement opposé à la vision du cinéma de Lars Van Trier je ne peux qu’avouer que ses films contribuent à son histoire. Alors comme disait un vieux motard que j’aimais bien, il ne faut pas se priver de qu’on aurait pu faire hier.

7 après la sortie remarquée de ce film, avec une Nicole Kidman au top de sa notoriété et venant à Cannes après le très remarqué et encensé Dancer in the Dark palme d’or 2000, la mise en scène adoptée et qui révolutionnait à sa façon le monde du cinéma reste inédite (seul LVT a continué sur le même principe avec Manderlay deux ans plus tard).
Pas de décors réels, de studio reconstituant fidèlement un environnement, juste un hangar éclairé avec une ville figurée par des contours à la craie. On peut être sceptique mais c’est très intriguant de voir à quel point cela fonctionne et le dramatique qu’il est facile pour lui d’en tirer. Dans un monde où le spectateur voit à travers les murs, le fait qu’un personnage ne réalise pas ce qu’il peut se passer de l’autre côté d’un mur nous est intolérable. Comme si nous ne pouvions plus supporter l’indifférence. Et cette indifférence relative des personnages face au dénuement, et même plus tard son exploitation sont mis à rude épreuve.

Qu’est ce que Dogville ? une petite ville perdue, reculée ou de pauvres gens y travaillent selon une mécanique bien réglée, pas huilée, car là bas il n’y a pas d’huile pour que tout aille bien. Ca croque mais ça continue jusqu’au jour ou justement ce qui pouvait apparaître une paille de métal entravant ce rouage, s’avère être un doux lubrifiant. Cette huile extra-vierge, interprétée par une exceptionnelle Nicole Kidman est, en dehors de la ville, le personnage principal. Cette pauvre femme (sujet qui passionne LVT) vient donc chercher secours et sera prête dans une bonté naïve à accepter jusqu’à une diminution de sa liberté individuelle et un asservissement de son humanité pour se faire accepter. Je ne vais pas gâcher le suspens ici car cette histoire vaut le coup d’être appréhendée par des yeux naïfs. Ce n’est pas qu’il y ait des surprises scénaristiques abracadabrantes, mais il ne faut pas courir plus vite que la musique sans quoi vous pourriez passer à côté des infimes petits changements de luminosité.

Comme tous les films de Van Trier c’est sombre très sombre et ça ne laisse pas de place au vagabondage de votre esprit. C’est horrible et on vous le fait sentir, c’est ce que souhaite le réalisateur qui calcule à quels moments l’effroi doit pouvoir se lire sur votre visage.
Cette vision est pour moi gênante car elle supprime toute dose de poésie artistique pourtant fort utile au cinéma. Ne pas savoir où l’on est, quoi ressentir exactement, imaginer des choses grâce aux images et ne pas être pris et enfermé dans une pensée unique par elle, c’est de l’art. Ici, ce n’est pas le cas même si c’est très très bien fait. Vous me direz c’est une question de goût, quand on est devant un X-men, malgré les fausses considérations philosophiques le monde est absolument manichéen et le plus grand nombre de spectateurs semble s’y retrouver, se laissant aller à ce qu’on lui dit être bon ou mauvais. Ce film n’y est pas comparable, le publique auquel il s’adresse de par le parti pris de mise en scène dans un décor abstrait et une lumière glauque est bien différent.
Mais il reste que l’asservissement du spectateur semble être recherché. Si l’on ne peut en être certain, les sentiments et les personnages étant plutôt travaillés et la frontière entre bien et mal inexistante, il suffit d’attendre le générique de fin. Dommage d’en avoir remis une couche, c’était bien assez lourd comme cela.

Préparez-vous car ce film dure tout de même 3 heures, vous ne vous ennuierez pas (ou pas beaucoup pour les plus impatients) en revanche vous en sortirez fatigué et un peu choqué. Un film à voir pour la nouveauté de la mise en scène et la noirceur qu’il véhicule.

Pour ceux qui souhaiteraient se plonger dans d’autres œuvres danoises et respectant cette fois-ci les principes du dogme n’oubliez pas ce magnifique film qu’est Festen (1998) de Thomas Vinterberg, pas très gai mais plus proche de nous et extrêmement moins manipulateur dans la façon dont l’histoire est traitée.

mardi 19 janvier 2010

L'expert de Trevanian

Entre le classique du Giono et la sortie récente de Tejpal il restait à faire la critique d’une réédition, ou plutôt de la traduction dans notre langue d’un roman policier datant de 1974. Alors que les ventes de livres du secteur polar ont été redynamisées par les Millenium et les Camilla Läckberg ce type de roman a-t-il encore une chance ?

Pas évident. Pour une fois je vais vous parler d’un livre qui m’a peu emballé, pas au point qu’il m’en soit tombé des mains malgré tout. Certains passages valent le coup mais hélas peut-être est-il un peu tard de le lire en 2010 pour être surpris pas la noirceur, la violence et la crudité nue du parcours de cet agent spécial. En faisant un effort de recadrage par rapport à ce qui pouvait s’écrire dans les années 1970 dans ce style on peut être certes plus indulgent.

Trevanian est comme le dit la 4e de couverture l’un des auteurs les plus mystérieux de ces dernières années … Il eut un grand succès (des millions de livres vendus en 14 langues à travers le monde) et mourut sans qu’on sache trop comment, surement dans les Pyrénées. Certes cette mini-bio nous entraîne sur la voix de l’identification de l’auteur à son héros, Jonathan Hemlock, alpiniste de passion, expert et collectionneur d’art pour le grand public, et tueur à gages pour une cellule secrète du contre-espionnage américain. Et pour couronner le tout qui souhaite qu’on le laisse tranquille à la retraite.

L’expert est le deuxième ouvrage consacré aux aventure de ce héros et sans doute est-il préférable de commencer par le début c'est-à-dire La Sanction.
A part quelques violences physiques inédites, comme le supplice imposé à un agent découvert et le concept de pâturage, pas grand-chose de surprenant. Il y a des agents doubles ou triples, un héros super puissant qu’on sait déjà dès le début imbattable et beaucoup de morts. Sans doute la conception de nos héros a-t-elle changé. Les héros virils et tout-puissants sont moins à la mode et nous font plus figure de dinosaures que de modèle inébranlable. Le lecteur souhaite aujourd’hui pouvoir s’identifier à celui dont il suit les aventures, hors Trevanian par ce choix du héros absolu n’en offre pas la possibilité. Cela fonctionne malgré tout mais devait rencontrer plus de succès il y a quelques années. Aujourd’hui nous sommes trop habitués aux héros perturbés car ils ont fait caca-mou, qu’ils sont harcelés par leur patron ou parce qu’ils enchaînent les déboires sentimentaux. Les amateurs de Rambo y trouveront cependant leur compte mais pas forcément ceux de Snatch.

Il n’y a pas que cela, car bon nombre d’histoires avec des héros tout puissant ou archétypes d’une ancienne école tiennent la route. Il s’agit sans doute d’un manque de rythme. Les choses s’enchaînent trop vite pour se décanter. On a à peine le temps d’être dans l’ambiance que l’adversaire est déjà mort. Les descriptions ne sont pas assez incisives ou trop courtes. Seule la psychologie du héros semble un tant soit peu travaillée, celle des adversaires est trop simpliste et voudrait fonctionner grâce à des images chocs comme la nudité constante d’un des personnages clés. C’est hélas de la poudre aux yeux. Les personnages sont inachevés et ce roman donne l’impression qu’il a été malgré tout écrit à la va-vite. Évidemment l’accélération du rythme vous permettra tout de même d’aller jusqu’au bout de ces 300 pages mais vous aurez un goût d’inachevé. Finir des histoires par des morts est un procédé que je trouve trop simple et évident d’un point de vue scénaristique et je regrette que cette multitude de personnages qui gravitent autour du Hemlock ne soient que de piètres faire-valoir. Je regrette que l’auteur n’ait pas pris plus de soin au traitement de Mac Taint par exemple, une bonne idée à la base mais qui n’est pas exploitée.

Pour ne pas condamner l’ouvrage, vous passerez un moment sympa mais il ne vous en restera pas grand-chose. Idéal pour un voyage en train dans un wagon surchargé par les cris d’enfants, au moins vos envies de meurtre se réaliseront sur papier.

mercredi 13 janvier 2010

Un roi sans divertissement de Jean Giono

Les livres de Jean Giono semblent toujours être de petits plaisirs discrets mais intenses.
La banalité apparente des personnages, cette France d’il n’y a pas si longtemps que ça mais quand même, rien de bien sensationnel à première vue.

Pour alterner avec les romans contemporains qui offrent une satisfaction aléatoire je me suis pris cet ouvrage en poche, pas cher, prends pas de place, pas non plus trop épais, parfait pour emporter sur soi. J’ouvre, je lis, c’est l’hiver, il fait froid, autant qu’en ce moment, c’est neigeux, c’est un peu glauque quand même.

Ça se concerte dans le village, il y a un arbre, un grand, du type qu’on voit de loin, pas toujours, mais quand même un peu même par temps de brouillard et puis Marie Chazottes qui disparaît. Et voilà bientôt que c’est le tour d’un autre, et il neige encore plus. On n’y voit rien sauf quelques pas qui se perdent dans la montagne. Oui parce que là on est en plein montagne, et y a pas grand monde qui peut y venir quand il y fait un temps pareil. C’est bien embêtant car on ose même plus sortir. Et puis encore une autre, la lumière encore allumée, sortie en chaussons, on trouve même pas le corps, mais alors ? …
Et c’est à ce moment que seul, j’ai posé le livre, scruté autour de moi et suis allé vérifier que ma porte était bien fermée à clé.

Peu d’ouvrages ont eu sur moi cet effet stressant malgré les tentatives d’auteurs mal inspirés de se lancer à 100% dans la rédaction de ce qu’ils veulent appeler thriller, alors que bien souvent il ne s’agit que d’un mixe de sang et d’inconnue sans queue ni tête. « Il faisait nuit, une nuit sombre. Il était tard, rien ne bougeait même pas le chien de Tombstoners de la ferme d’à côté. Tout à coup derrière moi j’entendis le porte extérieur de la cuisine s’ouvrir, pourtant seul John avait les clés … »
C’est bien souvent la qualité littéraire, la description et l’ambiance qui font défaut. Ici tout est présent. Ne vous y méprenez pas il ne s’agit pas d’un roman à enquête ou policier. Le voile sur le meurtrier tombe bien avant la fin. En revanche notre héros se dévoile au fur et à mesure des pages pour s’effacer dans une nappe de fumée, de fumée de cigare même.

Ce personnage, gendarme effervescent puis qui s’enfouit dans une sorte de retraite est le roi de cet ouvrage. Je ne vous en dis plus car Jean Giono sait avec saveur comment inspirer son lecteur sans pour autant le mettre sur la voie, c’est cela la grande littérature. Si l’on veut imposer exactement à son lecteur ce qu’il doit penser, quelles images il doit se représenter autant faire un film à la Lars Van Trier (qui se vante pitoyablement de vouloir maîtriser les sentiments qu’il inspire à son spectateur). Bien entendu le sentiment naît de la lecture, de la contemplation ou du visionnage de l’œuvre qui est elle-même le fruit de l’auteur, mais le plaisir de lecture (et de toute appréhension d’œuvre artistique) réside aussi en partie dans le degré d’imagination qui est laissé au lecteur. Même un Rastignac, ne sera pas dessiné de la même façon par vous et par moi, et pourtant ce n’est pas Balzac qui fait les plus légères descriptions de la littérature.
La force de cette ouvrage réside sans doute dans cette liberté, cette liberté de lecture, ce non jugement du narrateur, ou plutôt des narrateurs.

L’inconnu c’est le thème du livre : comment connaître ce meurtrier invisible, comment connaître cet homme qui n’est pas du village ? Car il est vrai que dans ce village, on connaît tout, les choses ne changent pas sauf la nature et les saisons, il n’y vient rien de nouveau un peu comme dans un monde perdu. Auteur féru de nos campagnes Giono en plus d’avoir offert un récit intriguant et plein de poésie laisse une trace historique touchante de ce qu’était la vie dans un petit village du siècle dernier. Restent à savoir si les vagues de froid que nous traversons font enfanter de si terribles histoires …
A lire sans hésitation au coin du feu un soir d’hiver de préférence.

Histoire de mes assassins par Tarun J Tejpal

Pas toujours facile de trouver son bonheur dans la multitude de livres qui sont sur les étales. Et si vous n’avez pas de libraire à qui vous fier un tant soit peu vous êtes bon pour lire les ouvrages qui seront les plus médiatisés, de même si vous allez chez des libraires imbus d’eux-mêmes (voir article sur la Confession négative).

Alors voici un conseil de lecture d’un ouvrage dont mon libraire m’a parlé en des termes très justes : « c’est vraiment pas mal, l’histoire d’un type qui apprend sans trop comprendre qu’il y a eu une tentative d’assassinat contre lui. On suit l’histoire de chacun de ses assassins. Ca se passe dans l’Inde, et c’est pas mal foutu car si vous connaissez pas bien [l’Inde] ça vous fait découvrir le pays, et pas que les castes les plus aisés […] Oui, c’est quand même assez violent […] une traduction de l’anglais mais c’est pas mal écrit. Faut juste pas trop s’attarder en le lisant car il y a beaucoup de personnages et avec les noms indiens c’est pas toujours simple de s’y retrouver ».

Tout ça m’a semblé bien résumé à la lecture. Malgré un certain temps pour rentrer dedans je ne peux que recommander ce livre où il faut réellement plonger tête la première et se fixer d’avaler les 600 pages en un temps bref (2-3 semaines) si l’on veut ne pas s’y perdre. On est bien loin du Taj Mahal et l’esthétique indienne présentée par l’auteur est tout sauf blanche, vêtue d’une pauvreté et d’une violence par moments terrifiantes.
L’histoire du journaliste, celui qui apprend à sa grande surprise qu’un assassinat a été fomenté contre lui sert à la fois de fil conducteur au parcours de cette Inde de basse caste et de référent contrasté, opposant le mode de vie « nanti » occidentalisé à la précarité des plus nombreux. D’un côté jeux politiques, délits d’initiés, services secrets, de l’autre poussière, décharge, quais de gare, prostitution et mort.
L’auteur évite fort heureusement de s’aventurer dans un système manichéen qui ne pourrait que lasser le lecteur mais y préfère fort justement une narration brute et directe, avec finalement très peu de parti pris. Le point commun des 5 histoires (4 plus exactement mais je vous laisse découvrir pourquoi) se trouve dans la relative fatalité de la trajectoire de chacun. Comme si toute qualité ne pouvait faire échapper une personne ordinaire à sa basse caste, à sa pauvreté et à l’ignominie des plus puissants. Ainsi Chaku, Kabir, Kaliya, Chini et Hathoda, coupables de tentatives d’assassinat sur le journaliste aux valeurs morales aléatoires, que l’on peut aussi bien aimer pour sa position première de victime que détester à cause de sa position attentiste, lointaine et nombriliste quant aux évènement qui lui sont rapportés, sont aux prises avec leur destins et vous verrez que même Vishnu y met son grain de sel, comblant de cruauté le dénouement de l’histoire.

Si vous êtes comme moi et n’avez de l’Inde que les images véhiculées par la chanson Kashmir de Led Zep, par le thé que vous en buvez et par l’histoire du mahatma, ce livre vous plongera dans la profondeur de ce pays. Vous sentirez à même votre peau la chaleur brûlante de la poussière, le dénuement face aux luttes d’influences et la vulnérabilité des mal-nés.
Encore heureux que ce pays ne compte pas près d’un milliard d’habitant, ni n’est une puissance économique émergente. Sinon nous aurions toutes les raisons d’avoir de profonds soucis vu le manque de respect des droits de l’homme et la corruption généralisée qui semble y régner. Et comme toujours il ne s’agit que d’un roman de plus et ne peut être pris au sérieux diraient les politiques …

mercredi 6 janvier 2010

Année 2010, pas forcément bonne mais au moins meilleure !?

Ce début d’année ne m’inspire guère et j’ai hélas l’impression d’un bis repetita généralisé.
J’aurais presqu’envie de copier coller mon article du 27 janvier 2009, je n’aurais presqu’aucun changement à y apporter. Assez triste en effet de se dire que l’année dernière n’apporta que très peu de changement positif. Copenhague aurait pu apporter une lueur d’espoir mais cet échec souligné par les désordres climatiques bien présents (nos amis chinois avec leur -33°C ne peuvent plus me contredire) fut la note sombre de fin. Un peu comme une note dissonante glauque et stridente qui conclurait un quatuor de Chostakovitch, laissant les spectateurs dans une position peu agréable, entre l’envie de se cacher, de crier, de rester là en espérant qu’un miracle ne se passe.
Notre machine politique nous a pondu une opposition de plus en plus honteuse et un système gouvernant quasi monarchique. La relève étant assurée par la progéniture de Nicolas 1er. L’Europe ne semble pas avoir fait guère mieux ayant eu de grandes difficultés à gérer les crises agricoles majeures et ne trouvant pas de parchemin magique à faire tourner en faveur de la préservation de notre planète et de beaux lendemain.

Mais il y a pas le feu au lac n’est-ce pas ? Tout roule, nos banquiers se sont à nouveau enrichis en étouffant de nombreuses tentatives entrepreneuriales en ne trouvant pas mieux que bannir le vocable Besoin en fons de roulement de leurs conversations. Heureusement les bonus des parieurs traders ont pu être épargnés, au mieux ils ne seront que supérieurement taxés pour couvrir l’augmentation importante des dépenses publiques et soutenir le cours de sociétés pharmaceutiques auxquelles nous avons gracieusement donné des centaines de millions d’euros. Si au moins nous apprenons un jour qu’il y a des délits d’initiés derrière cette affaire, je comprendrais mieux ces commandes de vaccins irréalistes. Principe de précaution poussée à l’extrême, erreur d’experts, effet d’annonce. Je ne remets pas en cause le besoin de vacciner, mais un statisticien junior allié à un jeune docteur aurait pu dire à notre ministère de la santé que jamais nous n’attendrions 94 millions de vaccins injectés, même en prenant en compte une potentielle double injection. Sans doute cette histoire sera un premier faux pas préjudiciable dans la stratégie du jeu médiatique de la cours Sarkozy. Il y a fort à parier qu’elle aura un effet sur les élections régionales du mois de mars, la gauche aura sa victoire à la Pyrrhus. A côté de cela le refus de la loi sur la taxe carbone par le conseil constitutionnel est presque passé inaperçu. Et pourtant nous étions si fier de notre Grenelle de l’environnement…

Ce petit résumé pour expliquer mon orientation éditoriale plus culturelle et littéraire pour les prochains articles afin d’essayer de trouver un écho plus crédible aux changements sociologiques et critiques de notre société. Je vous souhaite néanmoins une très bonne année 2010.
Le positif c’est qu’il sera difficile de voir les choses aussi peu bouger que l’année passée. Même si le Français n’aime plus le changement par nature, il se verra contraint de chercher des échappatoires à une politique trop axée sur la peur, le contrôle et la haine du différent. J’espère que ce changement il finira par le désirer, qu’il espérera un système politique, que l’on appellera démocratique ou non, qui ne participera plus à la polarisation de la répartition des richesses, qu’il espérera une réelle collaboration européenne et mondiale en matière d’écologie, et une prise de conscience des disparités mondiales ainsi que de la cause des conflits géopolitiques.

Je ne souhaite pas un éclatement du système, la situation serait trop dangereuse aujourd’hui et les extrémismes n’auraient même plus à se fatiguer pour développer la terreur et la haine et s’installer. J’espère juste que les nouvelles générations qui prendront peu à peu les commandes seront dotées d’humanistes et d’hommes publics en plus grand nombre.

Ce n’est pas perdu, le fait de voir des jeunes gens se manifester avec un vif intérêt à l’occasion du sommet de Copenhague comme les plus ardents défenseurs de notre planète et de notre avenir donne malgré tout espoir.