samedi 19 septembre 2020

Journal d'avant 40 - 19

Journal d’avant 40 – 19

Aujourd’hui j’éprouve une certaine timidité, voire même de la honte. J’écris depuis bientôt vingt jours de façon quotidienne, et ce, sans me poser trop de questions. Hier je commençai la lecture d’un livre portant sur la déliquescence de la langue française. Ce matin je tombe sur un article de Pierre Jourde, pastiche d’un « quizz » de culture générale de l’été mais ayant comme sujets des choses bien plus pointues et moins répandues dans les connaissances générales. Je parviens à un misérable score de 3 sur 27, sauvé notamment par une bonne connaissance de Fables de la Fontaine et la lecture récente d’un avant-propos sur la vie d’Eschyle.

Ce n’est pas brillant. Tout comme mon niveau de français, du coup je suis un peu plus réservé aujourd’hui. On me dit parfois tu écris bien. Je ne peux qu’objectivement penser : au royaume des aveugles les borgnes sont rois. C’est délicat. J’apprécie les lectures de livres classiques, souvent bien plus que les romans contemporains car il m’arrive très peu de tomber sur des pépites, notamment en terme de style. D’ailleurs quand on parle de style cela n’évoque plus grand-chose pour le commun des mortels. C’est soit lisible, soit illisible. Le concept de plaisir et beauté du style paraît de plus en plus obsolète. Et pourtant, j’en suis et j’en serai toujours convaincu, c’est le style qui fait la beauté et la complexité de notre langue qui n’est en effet pas la plus simple langue sur Terre.

L’on a souvent tendance à circonscrire le style à quelques auteurs du vingtième siècle (Proust, Céline, Morand) en oubliant que le Français est une langue de tradition écrite où la maîtrise parfaite de la grammaire et de la syntaxe était la norme. Certains disent d’un Balzac qu’il n’avait pas de style. C’est un débat que l’on peut tenir, mais il écrivait toujours-est-il un Français maîtrisé de qualité. Sans être capable de le faire moi-même dans l’écriture, et cela tombe bien ce n’est pas mon métier, l’on peut vite se faire l’idée de la qualité d’une écriture à la lecture, tout comme pour faire une image (et même plus) un film peut être réussi grâce à sa mise en scène et à sa photographie. J’ai récemment souffert en regardant la resucée d’une franchise américaine où rien n’était joli ni crédible. Le scénario était certes de piètre qualité, mais la réalisation a sonné le glas de tout espoir. Je reviens à la littérature, combien de fois n’ai-je pas ouvert un livre qui avait été mis en valeur par un libraire ou des bandeaux flatteurs employant les flagorneries les plus éhontées (Splendide ! Brillant ! Du pur bonheur ! Magistral), il ne faut pas longtemps pour se rendre compte du désastre. Tout n’est pas comme cela, même si l’utilisation du présent de l’indicatif est la norme pour plus de … facilité, il y a des langues qui sonnent bien, mais sur le volume pas tant que ça. J’ai l’impression d’avoir moins de risques, mais aussi moins d’attentes quand il s’agit de traductions.

Pour résumer, j’obtiens un score de 3/27, je commets un nombre d’erreurs syntaxiques significatif, je trouve la plupart des livres modernes médiocres. Seraient-ils donc bien en dessous de cette médiocrité présumée ? Cela me fait penser au livre le plus mauvais que j’ai pu lire ces dernières années et qui fut pourtant mis en avant par la critique, « Bacchantes » de Céline Minard. Ce livre a suscité chez moi la volonté d’envoyer un email à un site de notation afin de pouvoir donner un 0 sur 10. En l’état leur site ne permettait pas de mettre moins d’une étoile et pour ce livre qui m’a fait perdre trois heures de mon temps c’était bien trop. Ecriture à vomir, histoire débile, personnage plus grossiers et caricaturaux que les uns que les autres. Le Monde, le Soir, Télérama, Le Figaro avaient publié des critiques très positives. Rien à dire sauf naufrage de la civilisation. Il paraît que personne n’ose taper non plus sur le Yoga d’Emmanuel Carrère alors qu’il serait loupé, d’un autre côté P.O.L. se félicite d’une première impression à 120 000 exemplaires.

Sur ce à demain.

1 commentaire:

Dead Man Walking... Le cancer de Jack a dit…

Balzac aurait été recalé 11 fois de l'Académie Française !