samedi 26 septembre 2020

Journal d'avant 40 - 26

Journal d’avant 40 – 26

Je faisais un peu le malin pendant ces semaines à écrire sur tous les sujets et même si j’évoquais ce prochain passage à l’âge, je m’en protégeais. C’est le dernier billet qui paraîtra avant le jour de mes 40 ans et cela met un coup tout de même. Bien entendu nous sommes dans la symbolique pure. Mais on se sert souvent de ses dates particulières comme des référents ou des paliers futurs.

A 40 ans, je change de métier, je deviens professeur de lettres ou de philo, je m’engage dans l’humanitaire, je travaille pour une ONG qui œuvre pour la défense du climat. Bon bah j’ai peur que dans deux jours je n’ai pas particulièrement avancé. Alors oui c’est la faute du Covid, bien entendu, car sinon j’aurais au moins tout fait d’un coup. Ce sont sans doute ces fantasmes qui permettent de vivre une vie professionnelle où il y a de réelles dissonances. Le monde étant dissonant, je ne vais pas le démontrer ici, c’est assez logique qu’on le vive à son échelle. Bien sûr il y a ceux qui sont soit hors monde, soit plus personnels et qui se soustraient à un schéma répandu et en partie oppressant.

Déjà quand j’étais petit je voulais être essayeur de fauteuil relax, idée piqué à Gaston Lagaffe que j’adorais, ayant des fous rires à voir notamment son chat essayer d’attraper une balle rebondissante. J’avais eu accès à mon premier dossier d’orientation complété en fin de primaire bien plus tard, et c’est bien ce que j’avais écrit. Et puis après cette idée non sans intérêt, je me suis dit que prendre sa retraite à 25 ans et arrêter de travailler pouvait être assez sympa.

Aujourd’hui je n’ai ni fauteuil relax ni économies me permettant d’arrêter de travailler, bien loin de là. Donc je dois continuer. Continuer dans l’ordre des choses, alors oui il y a le Covid, une excuse idéale (mais aussi une certaine réalité) pour ne pas se mettre en danger. Scénariste, j’ai presque essayé, écrivain j’ai presque écrit un premier livre, journaliste j’ai presque été pertinent, critique gastronomique j’ai presque voulu créer un guide, œnologue j’ai presque bu assez de vins. Je suis plutôt Monsieur Presque, presque 40 ans, presque tout, presque bon en escrime, presqu’intelligent, presque d’à peu près tout. Bon papa je le suis, époux également, vieux con presque. Vestige d’une conception humaniste de la société. Perturbé par les évolutions récentes mais presque devenu fervent écolo. Peut-être que le presque va disparaître avec les 40 ans et que je vais devenir tout d’un coup, magicien protéiforme en puissance. Je suis curieux de ce week-end qui débute, hélas sous la pluie, pourtant il faisait beau le jour de ma naissance, comme quoi. Je me souviens que pour mon fils il faisait très chaud, enfin pour les critères de l’époque et que pour ma fille il faisait très froid, ça ne s’invente pas -14° cela fait depuis cette année que nous n’avons pas eu le même hiver. Et avec cela la chaudière neuve avait lâché. Dans quelques années on ne se plaindra quand la clim lâchera.

Vous voyez qu’à l’aube de cette précipitation dans les abysses de la jeunesse, ma capacité à faire des blagues est extrêmement réduite, la sidération face au temps qui passe. Et puis une fois digéré je voudrai me prouver que je ne suis pas encore fini, je ferai des trucs cons, achèterai des habits que la bienséance m’aurait empêché de porter à 25 ans,  j’ écouterai de la musique de merde mais de jeune histoire d’avoir l’impression d’être dans le coup. Je serai pour cela accompagné par les enfants qui vont devenir ados, et qui me rejetteront d’autant plus qu’ils me verront tenter de les imiter. Cela risque d’être assez drôle. Entre le tragi-comique et l’épanouissement réel. « Mais va faire du Yoga, ça te fera du bien ». Une fois les 40 passés j’y vais, et non ce ne sera qu’à peine cliché.

Sur ce à demain pour le grand jour.

 

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