lundi 25 janvier 2010

Au château d'Argol de Julien Gracq

Pour terminer avec ce mois de Janvier et mes critiques de romans- termes que je préfère concernant mes articles à critiques littéraires n’ayant pas la prétention de connaître par cœur l’œuvre des auteurs auxquels je m’attaque - voici un auteur que j’ai lu pour la première fois il y a très peu, Julien Gracq. J’avais lu il y a quelques années un magazine littéraire qui lui était consacré, peut-être était-ce pour sa mort en 2007.

A l’époque j’avais été surpris et charmé par une interview, où ne se jugeant plus assez réactif pour répondre à une interview en direct avec la dose de subtilité qu’il aurait souhaité y mettre, il avait demandé qu’on lui envoie les questions pour y répondre par écrit. Cette interview était de ce fait particulièrement dense et intéressante, ne laissant en rien présager que l’âge eut pu affecter les capacités de réflexion de l’auteur aimé unanimement par la critique littéraire. Son œuvre est dite protéiforme et s’est, selon les articles que j’ai pu en lire, imposée sans avoir recours à l’affiliation à un quelconque courant.

J’ai donc commencé par le début en prenant son premier roman Au Château d’Argol ne sachant pas du tout à quoi m’attendre. Achevé en 1937, il a été comme c’était d’usage à l’époque pour les brillants auteurs refusé par Gallimard mais publié en 1939 par l’éditeur José Corti auquel il sera toujours resté fidèle. Un des plus beaux exemples de relation et d’amitié entre un écrivain et son éditeur. Pour les lecteurs en revanche il est plus difficile de trouver ses œuvres qui n’ont pas été éditées en poche et que vous trouvez en livre José Corti (pour ceux qui n’ont jamais lu au coupe-papier pensez-y) ou en collection de la Pléiade. Hélas toutes ces éditions sont un peu plus coûteuses qu’un livre de poche mais sans doute le trouverez-vous dans les bibliothèques.

Ce qui m’a surpris dans ce roman fut le ton résolument romantique et j’ai dû vérifier la date de publication et celles de vie de l’auteur ayant réellement l’impression au premier abord d’être en plein 19e siècle, au coin d’une cheminée imposante, le tonnerre vrombissant et les éclairs illuminant les moustaches de ce chat qui miaulait étrangement comme hypnotisé par les oscillations des ombres projetées des arbres sur la tapisserie du salon en velours sombre. Pardon, je me suis égaré. Reprenons. Cet ouvrage semble romantique, et on a l’impression à tout moment qu’un vampire pourrait surgir de cette extrêmement dense forêt où le héros sur le conseil d’un ami a acheté un vieux château sans l’avoir visité. La nature l’ensorcelle et il semble se nouer entre lui et elle un pacte obscur qui verra son dénouement à la fin de l’histoire. L’ami fidèle ayant conseillé notre héros d’acquérir cette demeure ancestrale et énigmatique, comme si elle avait une âme noire, arrive dans ce lieu reculé pour lui rendre visite mais n’arrive pas seul. L’élément perturbateur n’est absolument pas dissimulé mais incarné par la charmante jeune femme qui sera le sujet d’embrasement et de discorde des deux amis.
Une histoire simple certes, mais une mise en scène et une écriture qui vous ensorcellent tout en vous mettant mal à l’aise, ayant peur à tout instant qu’un drame empreinte le long sentier et vienne toquer à la lourde porte.
Cette nature qui m’avait prévenu dès le début du roman en se manifestant lors d’une ballade sur la plage semble être un incubateur de passions bien plus violentes que celles communément écrites au 20e siècle. La multiplication des adjectifs (qui semblent pour certains même hors d’usage) et des descriptions est mystifiante.

Un magnifique travail d’écrivain qui ne peut que donner envie de lire la suite de œuvres de Gracq, tout en laissant quelques instants un frisson passer dans le dos du lecteur.

mercredi 20 janvier 2010

Dogville, une maîtrise en abstraction.

Non il ne s’agit pas d’un message égaré écrit il y a 7 ans mais bel et bien d’une critique actuelle de ce film de Lars Van Trier.
Et vu le genre du film ça tombe plutôt bien car il est loin de prendre un coup de vieux.
Même si je suis relativement opposé à la vision du cinéma de Lars Van Trier je ne peux qu’avouer que ses films contribuent à son histoire. Alors comme disait un vieux motard que j’aimais bien, il ne faut pas se priver de qu’on aurait pu faire hier.

7 après la sortie remarquée de ce film, avec une Nicole Kidman au top de sa notoriété et venant à Cannes après le très remarqué et encensé Dancer in the Dark palme d’or 2000, la mise en scène adoptée et qui révolutionnait à sa façon le monde du cinéma reste inédite (seul LVT a continué sur le même principe avec Manderlay deux ans plus tard).
Pas de décors réels, de studio reconstituant fidèlement un environnement, juste un hangar éclairé avec une ville figurée par des contours à la craie. On peut être sceptique mais c’est très intriguant de voir à quel point cela fonctionne et le dramatique qu’il est facile pour lui d’en tirer. Dans un monde où le spectateur voit à travers les murs, le fait qu’un personnage ne réalise pas ce qu’il peut se passer de l’autre côté d’un mur nous est intolérable. Comme si nous ne pouvions plus supporter l’indifférence. Et cette indifférence relative des personnages face au dénuement, et même plus tard son exploitation sont mis à rude épreuve.

Qu’est ce que Dogville ? une petite ville perdue, reculée ou de pauvres gens y travaillent selon une mécanique bien réglée, pas huilée, car là bas il n’y a pas d’huile pour que tout aille bien. Ca croque mais ça continue jusqu’au jour ou justement ce qui pouvait apparaître une paille de métal entravant ce rouage, s’avère être un doux lubrifiant. Cette huile extra-vierge, interprétée par une exceptionnelle Nicole Kidman est, en dehors de la ville, le personnage principal. Cette pauvre femme (sujet qui passionne LVT) vient donc chercher secours et sera prête dans une bonté naïve à accepter jusqu’à une diminution de sa liberté individuelle et un asservissement de son humanité pour se faire accepter. Je ne vais pas gâcher le suspens ici car cette histoire vaut le coup d’être appréhendée par des yeux naïfs. Ce n’est pas qu’il y ait des surprises scénaristiques abracadabrantes, mais il ne faut pas courir plus vite que la musique sans quoi vous pourriez passer à côté des infimes petits changements de luminosité.

Comme tous les films de Van Trier c’est sombre très sombre et ça ne laisse pas de place au vagabondage de votre esprit. C’est horrible et on vous le fait sentir, c’est ce que souhaite le réalisateur qui calcule à quels moments l’effroi doit pouvoir se lire sur votre visage.
Cette vision est pour moi gênante car elle supprime toute dose de poésie artistique pourtant fort utile au cinéma. Ne pas savoir où l’on est, quoi ressentir exactement, imaginer des choses grâce aux images et ne pas être pris et enfermé dans une pensée unique par elle, c’est de l’art. Ici, ce n’est pas le cas même si c’est très très bien fait. Vous me direz c’est une question de goût, quand on est devant un X-men, malgré les fausses considérations philosophiques le monde est absolument manichéen et le plus grand nombre de spectateurs semble s’y retrouver, se laissant aller à ce qu’on lui dit être bon ou mauvais. Ce film n’y est pas comparable, le publique auquel il s’adresse de par le parti pris de mise en scène dans un décor abstrait et une lumière glauque est bien différent.
Mais il reste que l’asservissement du spectateur semble être recherché. Si l’on ne peut en être certain, les sentiments et les personnages étant plutôt travaillés et la frontière entre bien et mal inexistante, il suffit d’attendre le générique de fin. Dommage d’en avoir remis une couche, c’était bien assez lourd comme cela.

Préparez-vous car ce film dure tout de même 3 heures, vous ne vous ennuierez pas (ou pas beaucoup pour les plus impatients) en revanche vous en sortirez fatigué et un peu choqué. Un film à voir pour la nouveauté de la mise en scène et la noirceur qu’il véhicule.

Pour ceux qui souhaiteraient se plonger dans d’autres œuvres danoises et respectant cette fois-ci les principes du dogme n’oubliez pas ce magnifique film qu’est Festen (1998) de Thomas Vinterberg, pas très gai mais plus proche de nous et extrêmement moins manipulateur dans la façon dont l’histoire est traitée.

mardi 19 janvier 2010

L'expert de Trevanian

Entre le classique du Giono et la sortie récente de Tejpal il restait à faire la critique d’une réédition, ou plutôt de la traduction dans notre langue d’un roman policier datant de 1974. Alors que les ventes de livres du secteur polar ont été redynamisées par les Millenium et les Camilla Läckberg ce type de roman a-t-il encore une chance ?

Pas évident. Pour une fois je vais vous parler d’un livre qui m’a peu emballé, pas au point qu’il m’en soit tombé des mains malgré tout. Certains passages valent le coup mais hélas peut-être est-il un peu tard de le lire en 2010 pour être surpris pas la noirceur, la violence et la crudité nue du parcours de cet agent spécial. En faisant un effort de recadrage par rapport à ce qui pouvait s’écrire dans les années 1970 dans ce style on peut être certes plus indulgent.

Trevanian est comme le dit la 4e de couverture l’un des auteurs les plus mystérieux de ces dernières années … Il eut un grand succès (des millions de livres vendus en 14 langues à travers le monde) et mourut sans qu’on sache trop comment, surement dans les Pyrénées. Certes cette mini-bio nous entraîne sur la voix de l’identification de l’auteur à son héros, Jonathan Hemlock, alpiniste de passion, expert et collectionneur d’art pour le grand public, et tueur à gages pour une cellule secrète du contre-espionnage américain. Et pour couronner le tout qui souhaite qu’on le laisse tranquille à la retraite.

L’expert est le deuxième ouvrage consacré aux aventure de ce héros et sans doute est-il préférable de commencer par le début c'est-à-dire La Sanction.
A part quelques violences physiques inédites, comme le supplice imposé à un agent découvert et le concept de pâturage, pas grand-chose de surprenant. Il y a des agents doubles ou triples, un héros super puissant qu’on sait déjà dès le début imbattable et beaucoup de morts. Sans doute la conception de nos héros a-t-elle changé. Les héros virils et tout-puissants sont moins à la mode et nous font plus figure de dinosaures que de modèle inébranlable. Le lecteur souhaite aujourd’hui pouvoir s’identifier à celui dont il suit les aventures, hors Trevanian par ce choix du héros absolu n’en offre pas la possibilité. Cela fonctionne malgré tout mais devait rencontrer plus de succès il y a quelques années. Aujourd’hui nous sommes trop habitués aux héros perturbés car ils ont fait caca-mou, qu’ils sont harcelés par leur patron ou parce qu’ils enchaînent les déboires sentimentaux. Les amateurs de Rambo y trouveront cependant leur compte mais pas forcément ceux de Snatch.

Il n’y a pas que cela, car bon nombre d’histoires avec des héros tout puissant ou archétypes d’une ancienne école tiennent la route. Il s’agit sans doute d’un manque de rythme. Les choses s’enchaînent trop vite pour se décanter. On a à peine le temps d’être dans l’ambiance que l’adversaire est déjà mort. Les descriptions ne sont pas assez incisives ou trop courtes. Seule la psychologie du héros semble un tant soit peu travaillée, celle des adversaires est trop simpliste et voudrait fonctionner grâce à des images chocs comme la nudité constante d’un des personnages clés. C’est hélas de la poudre aux yeux. Les personnages sont inachevés et ce roman donne l’impression qu’il a été malgré tout écrit à la va-vite. Évidemment l’accélération du rythme vous permettra tout de même d’aller jusqu’au bout de ces 300 pages mais vous aurez un goût d’inachevé. Finir des histoires par des morts est un procédé que je trouve trop simple et évident d’un point de vue scénaristique et je regrette que cette multitude de personnages qui gravitent autour du Hemlock ne soient que de piètres faire-valoir. Je regrette que l’auteur n’ait pas pris plus de soin au traitement de Mac Taint par exemple, une bonne idée à la base mais qui n’est pas exploitée.

Pour ne pas condamner l’ouvrage, vous passerez un moment sympa mais il ne vous en restera pas grand-chose. Idéal pour un voyage en train dans un wagon surchargé par les cris d’enfants, au moins vos envies de meurtre se réaliseront sur papier.

mercredi 13 janvier 2010

Un roi sans divertissement de Jean Giono

Les livres de Jean Giono semblent toujours être de petits plaisirs discrets mais intenses.
La banalité apparente des personnages, cette France d’il n’y a pas si longtemps que ça mais quand même, rien de bien sensationnel à première vue.

Pour alterner avec les romans contemporains qui offrent une satisfaction aléatoire je me suis pris cet ouvrage en poche, pas cher, prends pas de place, pas non plus trop épais, parfait pour emporter sur soi. J’ouvre, je lis, c’est l’hiver, il fait froid, autant qu’en ce moment, c’est neigeux, c’est un peu glauque quand même.

Ça se concerte dans le village, il y a un arbre, un grand, du type qu’on voit de loin, pas toujours, mais quand même un peu même par temps de brouillard et puis Marie Chazottes qui disparaît. Et voilà bientôt que c’est le tour d’un autre, et il neige encore plus. On n’y voit rien sauf quelques pas qui se perdent dans la montagne. Oui parce que là on est en plein montagne, et y a pas grand monde qui peut y venir quand il y fait un temps pareil. C’est bien embêtant car on ose même plus sortir. Et puis encore une autre, la lumière encore allumée, sortie en chaussons, on trouve même pas le corps, mais alors ? …
Et c’est à ce moment que seul, j’ai posé le livre, scruté autour de moi et suis allé vérifier que ma porte était bien fermée à clé.

Peu d’ouvrages ont eu sur moi cet effet stressant malgré les tentatives d’auteurs mal inspirés de se lancer à 100% dans la rédaction de ce qu’ils veulent appeler thriller, alors que bien souvent il ne s’agit que d’un mixe de sang et d’inconnue sans queue ni tête. « Il faisait nuit, une nuit sombre. Il était tard, rien ne bougeait même pas le chien de Tombstoners de la ferme d’à côté. Tout à coup derrière moi j’entendis le porte extérieur de la cuisine s’ouvrir, pourtant seul John avait les clés … »
C’est bien souvent la qualité littéraire, la description et l’ambiance qui font défaut. Ici tout est présent. Ne vous y méprenez pas il ne s’agit pas d’un roman à enquête ou policier. Le voile sur le meurtrier tombe bien avant la fin. En revanche notre héros se dévoile au fur et à mesure des pages pour s’effacer dans une nappe de fumée, de fumée de cigare même.

Ce personnage, gendarme effervescent puis qui s’enfouit dans une sorte de retraite est le roi de cet ouvrage. Je ne vous en dis plus car Jean Giono sait avec saveur comment inspirer son lecteur sans pour autant le mettre sur la voie, c’est cela la grande littérature. Si l’on veut imposer exactement à son lecteur ce qu’il doit penser, quelles images il doit se représenter autant faire un film à la Lars Van Trier (qui se vante pitoyablement de vouloir maîtriser les sentiments qu’il inspire à son spectateur). Bien entendu le sentiment naît de la lecture, de la contemplation ou du visionnage de l’œuvre qui est elle-même le fruit de l’auteur, mais le plaisir de lecture (et de toute appréhension d’œuvre artistique) réside aussi en partie dans le degré d’imagination qui est laissé au lecteur. Même un Rastignac, ne sera pas dessiné de la même façon par vous et par moi, et pourtant ce n’est pas Balzac qui fait les plus légères descriptions de la littérature.
La force de cette ouvrage réside sans doute dans cette liberté, cette liberté de lecture, ce non jugement du narrateur, ou plutôt des narrateurs.

L’inconnu c’est le thème du livre : comment connaître ce meurtrier invisible, comment connaître cet homme qui n’est pas du village ? Car il est vrai que dans ce village, on connaît tout, les choses ne changent pas sauf la nature et les saisons, il n’y vient rien de nouveau un peu comme dans un monde perdu. Auteur féru de nos campagnes Giono en plus d’avoir offert un récit intriguant et plein de poésie laisse une trace historique touchante de ce qu’était la vie dans un petit village du siècle dernier. Restent à savoir si les vagues de froid que nous traversons font enfanter de si terribles histoires …
A lire sans hésitation au coin du feu un soir d’hiver de préférence.

Histoire de mes assassins par Tarun J Tejpal

Pas toujours facile de trouver son bonheur dans la multitude de livres qui sont sur les étales. Et si vous n’avez pas de libraire à qui vous fier un tant soit peu vous êtes bon pour lire les ouvrages qui seront les plus médiatisés, de même si vous allez chez des libraires imbus d’eux-mêmes (voir article sur la Confession négative).

Alors voici un conseil de lecture d’un ouvrage dont mon libraire m’a parlé en des termes très justes : « c’est vraiment pas mal, l’histoire d’un type qui apprend sans trop comprendre qu’il y a eu une tentative d’assassinat contre lui. On suit l’histoire de chacun de ses assassins. Ca se passe dans l’Inde, et c’est pas mal foutu car si vous connaissez pas bien [l’Inde] ça vous fait découvrir le pays, et pas que les castes les plus aisés […] Oui, c’est quand même assez violent […] une traduction de l’anglais mais c’est pas mal écrit. Faut juste pas trop s’attarder en le lisant car il y a beaucoup de personnages et avec les noms indiens c’est pas toujours simple de s’y retrouver ».

Tout ça m’a semblé bien résumé à la lecture. Malgré un certain temps pour rentrer dedans je ne peux que recommander ce livre où il faut réellement plonger tête la première et se fixer d’avaler les 600 pages en un temps bref (2-3 semaines) si l’on veut ne pas s’y perdre. On est bien loin du Taj Mahal et l’esthétique indienne présentée par l’auteur est tout sauf blanche, vêtue d’une pauvreté et d’une violence par moments terrifiantes.
L’histoire du journaliste, celui qui apprend à sa grande surprise qu’un assassinat a été fomenté contre lui sert à la fois de fil conducteur au parcours de cette Inde de basse caste et de référent contrasté, opposant le mode de vie « nanti » occidentalisé à la précarité des plus nombreux. D’un côté jeux politiques, délits d’initiés, services secrets, de l’autre poussière, décharge, quais de gare, prostitution et mort.
L’auteur évite fort heureusement de s’aventurer dans un système manichéen qui ne pourrait que lasser le lecteur mais y préfère fort justement une narration brute et directe, avec finalement très peu de parti pris. Le point commun des 5 histoires (4 plus exactement mais je vous laisse découvrir pourquoi) se trouve dans la relative fatalité de la trajectoire de chacun. Comme si toute qualité ne pouvait faire échapper une personne ordinaire à sa basse caste, à sa pauvreté et à l’ignominie des plus puissants. Ainsi Chaku, Kabir, Kaliya, Chini et Hathoda, coupables de tentatives d’assassinat sur le journaliste aux valeurs morales aléatoires, que l’on peut aussi bien aimer pour sa position première de victime que détester à cause de sa position attentiste, lointaine et nombriliste quant aux évènement qui lui sont rapportés, sont aux prises avec leur destins et vous verrez que même Vishnu y met son grain de sel, comblant de cruauté le dénouement de l’histoire.

Si vous êtes comme moi et n’avez de l’Inde que les images véhiculées par la chanson Kashmir de Led Zep, par le thé que vous en buvez et par l’histoire du mahatma, ce livre vous plongera dans la profondeur de ce pays. Vous sentirez à même votre peau la chaleur brûlante de la poussière, le dénuement face aux luttes d’influences et la vulnérabilité des mal-nés.
Encore heureux que ce pays ne compte pas près d’un milliard d’habitant, ni n’est une puissance économique émergente. Sinon nous aurions toutes les raisons d’avoir de profonds soucis vu le manque de respect des droits de l’homme et la corruption généralisée qui semble y régner. Et comme toujours il ne s’agit que d’un roman de plus et ne peut être pris au sérieux diraient les politiques …

mercredi 6 janvier 2010

Année 2010, pas forcément bonne mais au moins meilleure !?

Ce début d’année ne m’inspire guère et j’ai hélas l’impression d’un bis repetita généralisé.
J’aurais presqu’envie de copier coller mon article du 27 janvier 2009, je n’aurais presqu’aucun changement à y apporter. Assez triste en effet de se dire que l’année dernière n’apporta que très peu de changement positif. Copenhague aurait pu apporter une lueur d’espoir mais cet échec souligné par les désordres climatiques bien présents (nos amis chinois avec leur -33°C ne peuvent plus me contredire) fut la note sombre de fin. Un peu comme une note dissonante glauque et stridente qui conclurait un quatuor de Chostakovitch, laissant les spectateurs dans une position peu agréable, entre l’envie de se cacher, de crier, de rester là en espérant qu’un miracle ne se passe.
Notre machine politique nous a pondu une opposition de plus en plus honteuse et un système gouvernant quasi monarchique. La relève étant assurée par la progéniture de Nicolas 1er. L’Europe ne semble pas avoir fait guère mieux ayant eu de grandes difficultés à gérer les crises agricoles majeures et ne trouvant pas de parchemin magique à faire tourner en faveur de la préservation de notre planète et de beaux lendemain.

Mais il y a pas le feu au lac n’est-ce pas ? Tout roule, nos banquiers se sont à nouveau enrichis en étouffant de nombreuses tentatives entrepreneuriales en ne trouvant pas mieux que bannir le vocable Besoin en fons de roulement de leurs conversations. Heureusement les bonus des parieurs traders ont pu être épargnés, au mieux ils ne seront que supérieurement taxés pour couvrir l’augmentation importante des dépenses publiques et soutenir le cours de sociétés pharmaceutiques auxquelles nous avons gracieusement donné des centaines de millions d’euros. Si au moins nous apprenons un jour qu’il y a des délits d’initiés derrière cette affaire, je comprendrais mieux ces commandes de vaccins irréalistes. Principe de précaution poussée à l’extrême, erreur d’experts, effet d’annonce. Je ne remets pas en cause le besoin de vacciner, mais un statisticien junior allié à un jeune docteur aurait pu dire à notre ministère de la santé que jamais nous n’attendrions 94 millions de vaccins injectés, même en prenant en compte une potentielle double injection. Sans doute cette histoire sera un premier faux pas préjudiciable dans la stratégie du jeu médiatique de la cours Sarkozy. Il y a fort à parier qu’elle aura un effet sur les élections régionales du mois de mars, la gauche aura sa victoire à la Pyrrhus. A côté de cela le refus de la loi sur la taxe carbone par le conseil constitutionnel est presque passé inaperçu. Et pourtant nous étions si fier de notre Grenelle de l’environnement…

Ce petit résumé pour expliquer mon orientation éditoriale plus culturelle et littéraire pour les prochains articles afin d’essayer de trouver un écho plus crédible aux changements sociologiques et critiques de notre société. Je vous souhaite néanmoins une très bonne année 2010.
Le positif c’est qu’il sera difficile de voir les choses aussi peu bouger que l’année passée. Même si le Français n’aime plus le changement par nature, il se verra contraint de chercher des échappatoires à une politique trop axée sur la peur, le contrôle et la haine du différent. J’espère que ce changement il finira par le désirer, qu’il espérera un système politique, que l’on appellera démocratique ou non, qui ne participera plus à la polarisation de la répartition des richesses, qu’il espérera une réelle collaboration européenne et mondiale en matière d’écologie, et une prise de conscience des disparités mondiales ainsi que de la cause des conflits géopolitiques.

Je ne souhaite pas un éclatement du système, la situation serait trop dangereuse aujourd’hui et les extrémismes n’auraient même plus à se fatiguer pour développer la terreur et la haine et s’installer. J’espère juste que les nouvelles générations qui prendront peu à peu les commandes seront dotées d’humanistes et d’hommes publics en plus grand nombre.

Ce n’est pas perdu, le fait de voir des jeunes gens se manifester avec un vif intérêt à l’occasion du sommet de Copenhague comme les plus ardents défenseurs de notre planète et de notre avenir donne malgré tout espoir.