jeudi 31 décembre 2015

2015 est derrière nous et tant mieux.

Voilà, nous y sommes presque. Cette année 2015 s’achève presque comme elle a commencé. Après un noël sous le soleil et 15 degrés, mais ne nous inquiétons pas, après des attentats et des états de stress impressionnants imposés par nos gouvernants face à des menaces plus hors de contrôle que réellement dramatiques, après des masses de personnes chassées de chez elles, réfugiés climatiques ou politiques, après la montée des extrêmes, après l’exécution de certains des plus brillants de nos contestataires, après la victoire de la Grande Bretagne en coupe Davis, après la place de numéro 1 Fifa de la Belgique, on se demande bien ce qui pourrait nous arriver de pire en 2016. 

Même si je suis joueur je préfère ne pas parier ce coup ci de peur que la surenchère fictive d’une catastrophe encore embryonnaire ne puisse finalement se réaliser. Houelbecq par exemple commence presque à croire qu’il est le jouet d’une force malfaisante qui fait se réaliser certains de ses sombres présages tout juste publiés. C’est vrai que j’ai lu Soumission juste avant les attentats de Charlie et que j’ai commencé 2084 de Sensal juste avant ceux du 13 Novembre. Simple coïncidence. D’ailleurs le vendredi 13, va-t-on encore oser parier en ce jour ? Faisons cependant confiance à nos loteries nationales pour ne pas y penser et continuer les actions promotionnelles pour nous inciter à débourser quelques euros et participer à des tirages où la probabilité est plus grande de devenir meilleur footballeur que Messi que de gagner le gros lot. Nos sociétés n’étant pas à un paradoxe près, ces impôts déguisés ont encore de beaux jours devant eux. 

Il y a tout pour être anxieux pour 2016, une certaine sinistrose flotte dans les média, une odeur presque nauséabonde. Qu’il s’agisse des changements constitutionnels ou des changements climatiques, nous avons l’impression que le mur vers lequel nous fonçons se rapproche. Nous avons grandement besoin de positivisme, d’ouverture et de partage. Alors même si c’est dur (et je sais de quoi je parle) essayons de capter les énergies positives, les gestes d’humanités et les ruptures constructives et artistiques qui nous entourent pour ce début d’année. Lisons, écoutons et partageons. Bonne année !

lundi 20 juillet 2015

La Grenouillère d'Alexandre Gauthier - Montreuil


Récemment j’ai eu l’occasion de faire plusieurs découvertes gastronomiques intéressantes. Une grande table classique triplement étoilée, De Karmeliet à Bruges, une table de proximité ayant récemment pris un macaron, Le monde est petit à Bruxelles et enfin un restaurant improbable, situé à l’arrière d’une presse, De Maurice à Olivier, ayant lui un bib gourmand. Ce qui les lie, c’est ici le Michelin. Dans le premier, la table classique un peu froide cependant offre un menu très délicat et très bon. Savoir s’il tient bien son rang dans les trois étoiles, c’est moins évident, je ne suis pas critique gastronomique et encore moins du guide rouge. En tout cas le rapport qualité prix me semblait bon.
Pour le nouveau venu des étoilés, l’ambiance était très agréable et quelques très bonnes idées. La Pina Colada revisitée en dessert était parfaite. Mais on ne voit pas comment ce restaurant (et ne le veut-il pas sans doute) pourrait aller plus loin.
Pour finir, cette énigme, où ce restaurant caché en arrière salle offre malgré un service assez en retrait un menu dégustation au rapport qualité/prix difficilement battable. C’était très bon, sans doute au niveau de l’étoilé précédent, mais le cadre ne pourra jamais le faire être discerné de la sorte. En tout cas très bon bib gourmand. A faire pour les papilles, mais peut-être pas pour le reste.

Et puis il y a eu ce samedi soir. Dans un restaurant arborant lui aussi une étoile, la Grenouillère d’Alexandre Gauthier à Montreuil-sur-Mer en France, ville où est célébré annuellement Victor Hugo. L’année passée mon passage avait été comblé par la visite du voisin Château de Montreuil. Sur cette Grenouillère, les avis étaient légèrement plus divisés, la plupart des critiques postées adorant, et certains détestant réellement. Donc forcément cela créé une petite méfiance. Un de mes amis y étant allé l’année passée m’affirmant s’y être extasié, je me décide et essaie d’obtenir une table dans ce lieu fort couru. Grâce à la gentillesse compréhensive de l’hôtesse (et à certains désistements) nous y parvenons. Et là, ce fut assez magique. Je ne suis plus réellement le dégustateur novice impressionnable par quelques paillettes et suis presque d’autant plus méfiant quand le cadre et l’ambiance veullent en mettre plein la vue. Donc je ne suis pas tombé dedans de prime abord mais c’est bel et bien l’ensemble et donc essentiellement la cuisine qui m’ont séduit et convaincu. Histoire de ne plus en parler, je ne comprends pas pourquoi ce restaurant n’a qu’une étoile. Ce n’est réellement pas correct et trompe le lecteur du guide rouge. Débattre s’il doit en avoir deux ou trois (car voudrait-il en avoir trois) c’est un autre souci. Mais seulement une, quand je vois ce que j’ai mangé dans les une étoile en général (même si certaines étaient parfaits comme d’ailleurs le Château de Montreuil) ce n’est pas du tout correct. Pour moi on est ici dans la grande classe.

Le cadre est très recherché, entre modernité, matériaux bruts et nature. Le service assez bien huilé. Les serveurs sympathiques. Et la cuisine … et bien je pense que c’est le restaurant le plus créatif, inventif que j’ai pu fréquenter (il faudrait cependant que je retourne à l’Air du temps qui était aussi très avant-gardiste mais cela fait déjà 5 ans que j’y suis allé et je n’avais pas les mêmes points de comparaison). Le menu 11 services se déroule sans accroc, à une vitesse parfaite. Les mets sont travaillés, travaillés, travaillés. On sent que derrière tout cet endroit il y a énormément de travail. Du travail sur les produits naturels, les herbes beaucoup. L’amertume et l’acidité sont au rendez-vous. Il faut évidemment avoir une petite ouverture d’esprit et je peux comprendre que ceux pour qui un bon restaurant rime avec filet entier, sauce, légumes et un féculent peuvent être perturbés. Il faut réellement se laisser guider, car derrière des présentations originales, des associations surprenantes il y a du goût, et plein de goût. La langoustine et melon d’eau offre une fraîcheur, acidité et douceur très agréable. Le petit pois et roquette, découvrant une sphère crémeuse avec cabillaud qui surprend agréablement. Premier gros moment d’émotion la vive au stilton (ok les bleus sont un de me péchés mignons). Ouaou. Le côté iodé, salé, frais du radis et du haricot, un vrai régal. Coup de maîtres ensuite l’huître grillée avec sa verdure (c’est moi qui l’appelle comme ça car je ne pourrais détailler tous les éléments dans cette assiette). Une bombe gustative. Il y en a eu encore d’autres comme une raviole jaune avec une acidité qui révélait magnifiquement le Châteauneuf du pape rouge servi avec. Une association magique. Et puis les desserts, dans la fraîcheur avec mention spéciale pour le baba vert. C’est du grand art, en dehors de l’expression courante, le mot art prend tout son sens. On est dans la création, la recherche. Et comme toute recherche elle peut diviser, faire peur à certains, c’est d’ailleurs peut-être pour cela que le guide Michelin demeure frileux à en être ridicule. Alors je me répète, je ne suis pas critique, et je n’y suis allé qu’une fois. Si certains préfèrent s’ancrer dans un obscurantisme culinaire qu’ils passent leur chemin.
Mais pour les autres en tant qu’ami ou comparse occasionnel de lecture,  je recommande vivement ce lieu au service d’une modernité se centrant sur ce que nous offre la terre de plus beau et de meilleur. Merci encore à la Grenouillère, au chef et à son équipe pour ce moment.


mercredi 27 mai 2015

Les BDs au service de l'histoire.

Dans un temps trouble et obscur où les visions de l’histoire et de son enseignement sont chahutées, mises à mal et où l’on a un peu vite tendance à éteindre les Lumières, des lectures récentes m’ont pourtant rassuré.
La présence d’un marchand de Bds dans ma rue depuis peu y a fortement contribué. D’ailleurs pour les Bruxellois n’hésitez pas à lui rendre visite plutôt que d’aller chez un grand distributeur qui vous sortira comme perle inconnue le dernier Larcenet et rien d’autre. Pas que le dernier Larcenet soit inintéressant. Il faut lui accorder que graphiquement le tome 1 de l’adaptation du roman de Paul Claudel le rapport de Brodeck est à la pointe. Ces noirs sans nuance sont assez bluffants. En revanche pour les bouffées d’air signalées par un vague rond je ne suis pas fan. Sinon concernant l’histoire c’est pas très passionnant. Je n’avais pas lu le roman et peut-être que tout sera dans le tome 2. Donc c’est un bel objet mais pas ce qui m’a rassuré récemment.
Dans deux styles graphiques totalement distincts et l’Or et le Sang et Gaza 1956 m’ont beaucoup plu. La première série composée de 4 tomes est très romancée, série d’aventure sur fond de réalité, commençant dans les tranchées de la première guerre mondiale et s’achevant avec l’écrasement de la république du Rif marocain avec l’utilisation d’armes chimiques en 1927. Outre le fait que le dessin est très dynamique, que les héros, personnages fictifs sont intéressants j’ai découvert un pan de l’histoire qui m’était totalement inconnu, non traité par les cours d’histoires que j’ai suivi à l’époque. L’art, et notamment la BD  joue ici un rôle primordial pour aider la mémoire à se souvenir d’un moment particulier de l’histoire coloniale.

Plus lourd et plus dense, véritable ouvrage d’investigation historique, Gaza 1956 de Joe Sacco est un livre spectaculaire. Déjà la taille, pas loin de 400 pages avec un dessin en noir et blanc très précis et très détaillé. Ensuite le sujet, deux massacres perpétrés dans la bande de Gaza en 1956 et qui n’ont pas été particulièrement mis dans les livres d’histoires : ceux de Khan Younis et de Rafah. C’est un sujet très délicat bien entendu et extrêmement clivant. Cependant Sacco traite cela tel un historien et essayant de recouper les témoignages et ne garde que ce qui est corroboré par différentes sources. Il se dessine lui aussi au milieu des ruines, allant à la rencontre des anciens, témoins ou s’imaginant tels quels, se confronte au réel de conditions humanitaires dramatiques et inhumaines. La région est sinistrée mais le fait de traiter ces deux évènements explique en partie d’où vient la haine qui peut animer ces peuples humiliés, parqués et mal traités. Le point de vue adopté est celui de Gaza et non pas celui d’Israël et il ne faut pas oublier que les horreurs sont dans les deux camps, que les cartes sont brouillées depuis très longtemps. Mais pour en revenir au sujet et à la façon de le traiter, j’ai été totalement bluffé par ce que Sacco a réussi à faire. Je me sentais réellement plongé au cœur de la bande de Gaza et arrivait à comprendre (et pas prendre partie) certaines haines et certains mécanismes qui tendent à déstabiliser le Moyen-Orient et bien au-delà. Le sentiment était proche de celui éprouvé lors de la vision de grands films sur des journalistes couvrant des conflits majeurs. La différence ici étant le traitement en format dessiné et aussi cette recherche de ce qui s’est passé il y a 50 ans. C’est une Bd qui reste très lourde et qui est moins détendante qu’un Boule et Bill. Ce n’est donc pas à lire de la même façon mais c’est captivant et aussi particulièrement utile dans cette période où les politiques semblent vouloir nous servir une histoire aseptisée et se voiler la face. Donc avis à ceux qui ne souhaitent pas devenir des moutons ignorants, lisez des Bds !

mardi 12 mai 2015

Le dernier arbre de Tim Gautereaux

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce livre est excellent. C’est un livre très complet et qui aborde un nombre très étendu de sujets : les traumatismes de la Grande Guerre, la ségrégation aux Etats-Unis, la corruption, les marais (faune et flore), l’exploitation forestière, les progrès techniques des années 20 (développement des nouvelles télécommunications et des nouveaux moyens de transport), les mafieux, la prohibition, les règlements de compte, la prostitution, le désir de filiation et les problématiques d’hérédité. Pour résumer les relations humaines dans un monde entre sauvagerie et développement. Cela fait déjà plusieurs mois que j’ai terminé ce livre et je ne peux totalement m’en défaire d’où ce billet en guise d’hommage.
S’agissant d’une traduction il est toujours difficile de juger le style. Rien de magique dans l’agencement des mots donc mais rien non plus de frustrant ou de rédhibitoire. La façon de raconter est très descriptive mais laisse place à l’interprétation des sentiments que peuvent ressentir les personnages clés. Il n’y a rien de plus désagréable qu’un livre où l’auteur pour combler de l’espace explique chaque mouvement de ses personnages. Dans ce livre, rien de tel et la place à l’interprétation du lecteur est préservée. Bien entendu il y a par moments des sentiments qui sont plus clairement exposés et des situations qui ne laissent pas l’ombre d’un doute. Le personnage de Byron est partiellement expliqué au fur et à mesure au travers des dialogues qu’il peut avoir avec son frère et de certains stigmates dus à des réminiscences. Petit à petit, on comprend en partie la raison de cette forme de perdition dans laquelle il a inscrit sa vie jusqu’à la fin où …
Ce serait criminel d’en dire plus car ce livre recèle d’un nombre de rebondissements assez incroyables. C’est un livre tendu jusqu’au bout où planent diverses menaces, le stress monte et nous tient en haleine. On ressent aussi très aisément la douleur physique des héros.
J’espère réellement qu’un studio achètera les droits pour une adaptation télévisée (il me paraît impossible de faire tenir cette histoire en un film sans en perdre la richesse). Ou sinon cela ferait une très bonne série en bande dessinée. Le récit est tellement visuel qu’un dessinateur à l’adapter y prendrait son pied. De plus le récit est rythmé par des évènements marquants, des suspens haletants mais trouvant une fin qui permettent de subdiviser le récit en plusieurs tomes. Achetez-le, il est sorti en poche récemment, vous ne serez pas déçu.


lundi 26 janvier 2015

On prend les enfants pour des c###

Dimanche en famille. Temps maussade comme de mise cet hiver. Nous décidons d’aller voir un spectacle pour enfants. La vie du jeune Mozart au Théâtre du Péruchet dans la région de Bruxelles. Le court descriptif est assez flatteur. La vie du jeune prodige, spectacle joué et musical. Parfait.
Après s’être garé dans ce quartier résidentiel du sud de Bruxelles, nous découvrons une très vieille bâtisse au charme pittoresque. Les enfants sont excités, “moi je suis trop content que tu nous emmènes au spectacle papa” Joie et fierté paternelle.
Porte vieillissante qui grince légèrement à l’ouverture. Accueil plutôt chaleureux, comme le prix, pas de discrimination ici 9€ pour tout le monde, du bébé au vieillard. La salle est une vieille grange tout en longueur, hélas plan incliné. Devant des bancs réservés aux enfants ou aux quelques rares parents pouvant se planquer le long du mur en bout de rangée afin de rester non loin de leurs progénitures. Derrière des fauteuils pour les parents.
 
Première difficulté, la séparation entre les enfants et les parents. Tant bien que mal je me cache en bout de rangée, les articulations meurtries par de trop insistantes flexions pour essayer de faire tenir les fémurs non de circonstance entre deux rangées. Ça se remplit. Dans ce temple de la bonne humeur, chez ces artistes prétendument non intéressés on ne rougit pas devant des petits encombrements, on pratique le surbooking (“Ah vous n’avez pas réservé, on est complet. Bon allez-y quand même il y aura peut-être des désistements. Rentrez. 18€ s’il vous plaît.”) Au bout de 10 minutes d’afflux continu, de bruits et autres jappements, la salle est pleine, et pourtant il en rentre encore, ça se serre, j’ai une petite fille qui n’est pas la mienne à moitié sur moi. Des plots Ikea sont sortis en guise de strapontins. Je finirai debout dans l’embrasure de la porte de sortie de secours. Proche du chaos, la tenancière essaie de mettre de l’ordre, bouscule des enfants pour les faire se déplacer et provoque la réaction des parents assis à l’arrière de la salle. S’en suit une joute verbale qui a comme seule qualité de faire taire la jeune assistance mais la perversité de tendre l’atmosphère et de ternir les sourires de joie que l’évènement suscitait parmi la jeune audience insouciante. “J’ai 50 ans de métier moi monsieur”. Je ne sais si la gérante au look de vieux pirate, tignasse usée et dent manquante attendait des applaudissements lors de cette entrée en matière mais ce n’en fut rien. Elle sonne sur une cloche au son feutré longtemps, longtemps et … longtemps, on sent de suite les 50 années d’expérience. Pas si facile de tenir le rythme, puis enfin les trois coups distincts, La Boule de Fort Boyard en aurait été jaloux. Elle occupe l’espace ou plutôt le temps, elle répète tout trois fois. Je me demande si elle ne meuble pas le temps qu’on raccommode les fils des marionnettes. Car il s’agit de marionnettes, nous n’avions pas bien regardé le descriptif finalement,  ou c’était omis, mais rien de grave à ce stade.
 
Ça y est, les enfants ont bien vu qu’il fallait trois coups pour lancer une pièce et voici la plus incroyable fumisterie qui commence. Du papier mâché avec une robe décorée, le père de Mozart, du papier mâché avec une robe plus courte, la fille, et enfin le plus petit, Mozart aka Wolfie. Ces personnages sont agités sans aucun talent, sans aucune mise en scène, pendant 20 minutes. L’homme qui agitait ces ficelles racontait une histoire à moitié inaudible, sa voie étant de façon intermittente couverte par les extraits musicaux de quelques sonates au clavecin écrites par l’enfant prodige. On change grossièrement des panneaux portant le nom des villes et l’orateur caché n’articule plus, se trompe, répète, répète et répète encore une fois les mêmes phrases simples. Les enfants ont du mal à rester attentif, bougent, se donnent des coups pour chasser l’ennui. L’entracte dans lequel on peut acheter des sodas et des friandises dure plus de 20 minutes, pas du tout intéressés par l’argent ces gens-là. Et puis le vieux pirate revient, tire une tombola, et là tout s’éclaire. Elle invite sur scène un grand enfant de 10 ans : “ Ah oui toi tu comprends. Mais ce n’est pas la même chose de voir l’Enfant Mozart à 4 ans qu’à 10 ans. Il faut le voir plusieurs fois (not interested in money certified person). Tiens je vais te poser une question à laquelle aucun enfant de 4 ans ne peut répondre. Qui était le premier professeur de Mozart ? - Son père.” Impressionnant, il y avait deux informations dans cette première partie, et il faut bien avoir 10 ans pour répondre à cela. Je ne montrerai pas de fierté à dire que mon fils de 4.5 ans avait bien évidemment la bonne réponse et sans doute même des plus petits.
La deuxième partie fut légèrement plus fournie mais tellement mal organisée qu’en effet elle était hors d’atteinte des enfants et que même en voyant cela 10 fois entre 4 et 12 ans, personne n’aurait été capable de restituer cette histoire sans queue ni tête et mal déclamée. En quelques mots, une très mauvaise histoire.
Le seul bon souvenir qu’en garderont mes enfants sera le ballon reçu à la fin et ils eurent la gentillesse d’en donner un de plus, remplaçant celui éclaté sur le trottoir de sortie. Je sais reconnaître les qualités.
 
Je n’ai jamais de ma courte expérience de père voulu insulter l’intelligence des enfants et c’est pour cela que je considère ce spectacle comme une honte, une injure face à la sagacité de ceux qu’il doit servir et ravir. Dora l’exploratrice (Yes we did it !) est bien plus éducatif et instructif (et je ne pensais pas une fois dans ma vie mettre Dora et instructif dans la même phrase, même quand Babouche y participe). Ces artistes qui ne savent évoluer en 50 ans ont traité les enfants comme des demeurés. Ce sont en quelque sorte des criminels qui tuent leur art. J’imagine vite des enfants penser après avoir vu ce spectacle qu’ils préfèrent regarder la télé qu’aller voir un spectacle qui les prend pour des cons, c’est le terme. Le décor était moche si pas inexistant la plupart du temps, tout comme les marionnettes. L’animation nulle. A peu de choses près, cela ressemblait à la lecture d’un audio-livre, on tourne les pages (essentiellement le nom des villes) et on met de la musique. Ah oui et même à 7 ans pour le marionnettiste, Mozart ne parle pas et n’émet que quelques couinements aux sonorités très étranges. Aucun sentiment n’est non plus décrit sauf l’émerveillement des villes où joue Mozart.
Le cadre est pittoresque je disais, la vieille rombière et le marionnettiste le sont aussi, restés coincés dans des illusions passéistes et sans doute gouvernés par l’avidité de faire 120 entrées à 9€ pour passer quelques morceaux de Mozart en faisant bouger une poupée. Ça paraît rentable même si j’ai peur que leur haute estime de l’intelligence humaine ne reflète la vacuité de leur et donc leur incompétence même à gérer cette manne providentielle.



jeudi 22 janvier 2015

Obscur, obscur, vous avez dit obscur ?

Ça fait mal et encore plus que d’écouter du Christophe Mahé de voir notre pays sombrer peu à peu dans un obscurantisme certain. Nous n’en sommes certes pas encore à brûler les livres, plus civilisés que nous sommes nous préférons fusiller les auteurs, preuve de notre modernité et de nos avancées technologiques. Cette modernité qui dématérialise nos modes de communication aurait pu permettre à la liberté d’expression de trouver une tranchée où se réfugier, hélas, le contraire se produit avec l’étalage de la bêtise générale, des partis pris automatiques et des réflexions épidermiques non abouties. Tout le monde ayant accès ou presque à un clavier (le droit à Internet haut débit …), il n’y a plus de filtre éditorial et le plus abruti quidam va partager son point de vue avec l’option de le mettre en mode public. Chacun est libre de débiter les plus viles sottises dans son cercle fermé, si l’orateur trouve quelques proches assez demeurés pour lui porter crédit c’est son droit d’abuser du temps de ces derniers. Mais avoir accès à l’espace public grâce à Twitter et Facebook est d’un autre ressort. La question de la responsabilité de ces sites se pose. Je ne suis pas pour la limitation de la liberté d’expression mais pour le respect de la légalité de chaque pays afin de la préserver. Cela transformerait le contrôle des flux publics en un véritable casse-tête que même les algorithmes les plus poussés auront du mal à résoudre. Comment faire alors, et bien sans doute poser la question à ces sociétés bénéficiaires financièrement si elles peuvent proposer un mode respectueux des lois sur la liberté d’expression. De même est-ce normal que ces personnes qui recrutent pour le djihad, qui sont donc des terroristes connus et reconnus pour la plupart aient un compte Facebook pour recruter à tour de bras. Est-ce normal ? C’est comme si en remontant 50 ans en arrière, un journal était publié avec des appels à rejoindre les groupes terroristes dans la page de courrier des lecteurs. Je vois mal Libération il y a 50 ans tolérer dans ses petites annonces : “ Faire exploser une ambassade, c’est de la bombe, rejoins nous au xxx”. Oui les messages codés, certes ont existé. Mais comment un journaliste en quelques clics peut-il identifier et rentrer en contact avec des filières terroristes alors que ces profils, groupes, forums ne sont pas tout éliminés par les sites.
Nous faisons aujourd’hui la chasse aux délits liés à l’apologie du terrorisme, les “je suis kouachi” sont recherchés, notés, poursuivis … je ne relativise en rien la gravité de ces gestes mais certains ne relèveront-ils pas de la simple opposition à l’autorité en place postés par des adolescents cherchant à transgresser l’une ou l’autre règle. Il ne faut pas oublier qu’un jeune ado qui crie “Aux chiottes les flics” ne va pas pour autant être un tueur de flics quelques années plus tard. Tout devient forcément grave et condamnable. La nuance, la légèreté, l’ironie, l’humour sont profondément en danger. Alors même que la société pense défendre la liberté d’expression en pourchassant ses ennemis, elle lui tire une belle balle de pied. Je suis Charlie ça fonctionne. Mais mise à part l’historique de Dieudonné,  si on prend sa phrase brute  telle quelle, Je suis Charlie Koulibaly est-elle une phrase intrinsèquement répréhensible. Je suis loin d’en être certain. Ensuite avec le passé de cette humoriste, en effet on peut finalement tomber dans la facilité et l’attaquer. Mais si ce n’est pas considéré comme le parachèvement d’un ensemble je ne vois pas Dieudonné être condamné pour ce seul fait. Sauf de la provocation, on ne peut pas dire que ce soit une apologie du terrorisme. Au pire une phrase ambiguë qui veut dire qu’il est à la fois le journal et son assassin, à la fois l’idée et la main qui ne peut la supporter et l’écrase. Du coup, match nul sur cette phrase non ?
Ne peut-on plus rire de rien ? Ne peut-on plus créer à partir de tout ? N’ai-je pas le droit de travestir certaines images, de détourner adroitement certains thèmes pour faire réfléchir. Nietzche se ferait-il mettre en prison à perpétuité aujourd’hui pour son Dieu est mort ? Ne peut-on douter de sa foi devant les camps de la mort, ne peut-on vouloir en faire un film plein d’humour comme Benigni le fit brillamment. Si je ne suis pas juif ne puis-je pas critiquer ouvertement la politique d’Israël. A force de faire attention, de se mettre des limites nous laissons la place à l’obscurantisme, au côté obscur de la force. Certains vont trouver que je tombe dans la caricature, mais promis je ne veux pas m’y  aventurer, bien trop dangereux ces derniers temps, mais c’est l’histoire de Star Wars, de l’emprise des Siths avec Palpatine / Darth Sidious sur le sénat et sur la Galaxie. Heureusement d’irréductibles sont là pour défendre l’idée de l’espoir, l’espoir de plus de justice, de plus d’égalité. C’est bien là que le ressort de nos sociétés est cassé ou du moins bien grippé. Alors que nous pouvions encore il y a plusieurs dizaines d’années nous vanter d’un système suffisamment social pour justifier notre volonté d’étendre cette recette magique, sociale et pacifiste à une partie du monde, la donne a bien changé. La polarisation des richesses nous rend moins crédible. On donne des leçons mais pour quoi ? Une tradition intellectuelle, une défense des droits de l’homme ? Certes. Mais pourquoi faire tourner nos fabriques d’armes à plein régime alors. Ubiquité ultime que de vouloir garder la main mise sur le monde en y attisant les plus vifs désordres. Il est temps de prendre position clairement. Certes nous ne pouvons plus enrichir les quelques personnes les plus riches de façon inconsidérable sans mettre en branle et en déséquilibre à la fois nos bases et notre planète. La bêtise, l’abrutissement sont les plus grands alliés du côté obscur, contre cela peu de recettes à part l’apprentissage du beau et la création qui nous permet d’aborder plus sereinement la finitude de notre vie. Vivre est stressant par essence et n’est qu’une attente mortuaire, rendons cela plus joyeux et plus digne et générant des émulations créatives et collaboratives. Ecoutons nous les uns les autres avec la plus grande ouverture d’esprit, ce sera déjà un bon début.


mardi 13 janvier 2015

Quelques jours après l'horreur

Pas facile d’écrire à nouveau après ce drame ignoble de l’assassinat terroriste de la plupart des plumes et crayons de Charlie hebdo ce mercredi 7 janvier 2015. L’apprenant dans ma voiture par la radio mes yeux se sont humidifiés. Je filai vers le bureau et m’arrêtai au kiosque voisin où je ne trouvai que l’édition datée du 31 Décembre, Charlie Hebdo étant disponible le jour d’après en Belgique. Charb qui m’avait fait tant rire avec Maurice et Patapon, humour trash et décalé ultime. Je ne lisais pas Charlie Hebdo ou extrêmement rarement en vacances quand j’achetais des journaux papiers. Je consomme des magazines, de la presse web mais ne prend hélas pas le temps de lire les journaux. Dernièrement je trouvais d’ailleurs le clivage gauche-droite bien trop important. Libération contre Figaro avec de réels contenus de plus en plus maigres et un manque crucial d’analyses de fond. 
Evidemment, Cabu, Wolinski étaient des références pour la génération de mes parents et le premier fut aussi celui qui dessina le nez de Dorothée et dont on voyait les facéties crayonnées se dessiner dans RécréA2 puis dans le Club. Ce n’est pas ce qui me captivait le plus dans le club Dorothée mais par transmission filiale je savais que c’était un “grand” dessinateur. C’est donc le premier dessinateur que je connus, où je découvris que cela pouvait être un métier de caricaturer sans plus me poser de questions. Avec sa tête sympathique, ses lunettes rondes de jeune adolescent perdu dans la lune, s’il était né des décennies plus tard on l’aurait, comme on le fit pour mon ami Gui, surnommé Harry Potter. On lui aurait demandé des autographes, c’est peut-être d’ailleurs cela qui l’aurait conduit à découvrir cet art symbole de liberté. Sans aucune contrainte, avec leur liberté d’expression comme lance, ils harponnèrent tous les réactionnaires, tous les passionnés et convaincus afin d’ébranler leurs certitudes. Par essence ils se faisaient plus d’ennemis que d’amis à chaque dessin, mais défendaient leur vision de la liberté de la presse, non assujettie aux deniers d’un grand magna. Une réelle liberté, pas forcément rentable où tant de talents ce côtoyaient, une exception culturelle française. C’est un comble qu’ils soient devenus des symboles même en dehors des frontières hexagonales. La majorité des Français leur crachait dessus avant, et une fois victimes les voilà les icônes portées par quatre millions de personnes. Hors normes. En face, des êtres vivant morbides, à l’exact opposé de leurs victimes. Des choses ayant l’apparence d’un homme mais n’en étant rien. Des avatars bien plus robotiques que leur cousin faits d’aluminium, dénoués de ce qui fait l’humanité, démunis du verbe, de la parole, seuls différence non contestée entre l’animal et l’homme. Des purs objets dirigés par des personnes tellement stupides, incompétentes et avides qui ne peuvent que décider de régner par la terreur.
 
Nous voici dans une belle merde, il est fréquent que les stupides décapitent les élites, tuent les bons et les saints, ne laissant que la force régner et dicter ses lois.
 
Charb est mort, les autres aussi, et même s’hyper cacher ne suffisait pas pour échapper à ces abrutis, à ces petits zizis (voir la chronique de Thomas Günzig tellement fine et pleine d’esprit). Nous sommes en guerre depuis longtemps, et il ne s’agit pas du djihad, mais d’une guerre contre la connerie cruelle et individualiste. Ce non-partage des richesses et des ressources, cette manipulation de masse et cet oubli de l’harmonie. Qu’est-ce qui vous rassure m’avait on demandé lors du questionnaire préparatoire à mon entretien d’entrée à l’Edhec ? J’avais répondu l’harmonie et avais comme un des membres du jury, un professeur de philosophie, ça tombait bien. Plus aucune harmonie dans ce monde que nous avons dénaturé à l’extrême et qui ne parvient plus à nous contenir, dont les ressources sont rares et qui ne sont en plus que réservées aux privilégiés.
 
Charb est mort et jamais plus ses bonhommes jaune pisse moutarde ne s’animeront à nouveau. Ce trait caractéristique et cet humour sans borne qui auraient fait de lui le principal caricaturiste de France du 21ème siècle est mort, disparu et même enterré. Il n’aurait sans doute pas voulu entrer dans l’histoire validée par les gouvernements actuels, torture suprême il s’est même fait adoubé par des ministres russes et hommes d’était africains et israéliens liberticides. Avec ce Netanyahu qui fait du racolage auprès des juifs de France comme une vieille pute opportuniste qui habituée au trottoir se rend compte qu’il y a eu un attentat sur les vitrines du quartier rouge et qui sent l’aubaine : "Venez me percer le trou, vous serez super bien accueillis, bon je dis pas qu’il y a pas de risque mais de toute façon au pire on répondra avec la grosse armada si on se fait attaquer."

mardi 6 janvier 2015

Perdition pardi !

Ces mouvements sociaux de fin d’année sont une nouvelle fois la preuve d’un grand mouvement de fond du dernier demi-siècle. L’"égoismaximisation" de la société ou comment créer de la croissance en exacerbant les valeurs individuelles à outrance, en érigeant le culte de l’individualité et de l’autosatisfaction comme icône ultime. La production à coûts bas qui nous condamne d’une part, nous grise en nous faisant croire à un faux-semblant unique. 
Les meubles standardisés qu’on va changer vite pour ne pas ressembler aux voisins car on a vu les mêmes la veille, le téléphone que l’on veut unique en le customisant avec des applications qui sont téléchargées plusieurs centaines de millions de fois, mêmes téléphones qui dominent la majorité du marché avec seulement quelques modèles. 
Tous pareils dans la débilité et l’isolement. Le téléphone dit smart qui rend bête et qui donne l’illusion d’exister. Le droit à la 4G est devenu plus défendu que le droit à vivre dignement et que le droit à travailler sans être esclave. Les grèves qui interdisent aux non partisans de travailler démontrent une nouvelle fois la nullité extrême des media qui ne s’en indignent pas. Corrompus jusqu’à la moelle. Un termite sur un radeau (voir article d’il y a plusieurs années). 
On continue de s’autodétruire. Il faut consommer, il faut relancer la croissance. Tant qu’aucun de nos politiques n’évoquera un modèle drastiquement différent nous continuerons à scier la branche à laquelle nous nous accrochons. La jeunesse privée de repères analogiques et tangibles, consomme, se croit star de cinéma mais ne sait même pas réfléchir et aborder un problème un tant soit peu complexe. On rejette la nuance. La France est devenue blanche ou noire, homophile ou homophobe. L’homme ne penserait-il plus qu’en série de 0 et 1 comme nos ordinateurs. L’intelligence de l’homme régresse-t-elle à ce point. Hélas quand nous voyons l’évolution de la politique on peut en avoir réellement peur. De même que d’un autre côté l’intelligence artificielle se développe. Sera-t-il bientôt plus efficace d’avoir un robot à la tête de l’état ? Hollande nous y fait penser ou nous fait le désirer intensément. 
L’émotion, dont l’art est un générateur est aussi en danger. Les budgets alloués à la culture sont en constante diminution, la mort de l’émotion pure non intéressée nous guette. A côté de cela des usurpateurs purs produits marchands se font passés pour des artistes. Je hais les Jeff Koons et consorts. Non pas leurs quelques pièces de design mais surtout leur rôle d’objet plus que d’acteur (circonstance atténuante) dans la dilution de la perception de ce qu’est l’art. On pense que l’art doit être rentable. Expliquez-moi comment vous mesurez objectivement la rentabilité d’une émotion. C’est impossible et nous ne devons pas le faire. Ces moments relèvent du pur subjectif, l’homme existe en tant que sujet, vit et est doué en plus d’émotions  et de désirs de création. De cette création est venue notre société et notre lien social ainsi qu’une capacité exceptionnelle à s’adapter d’un côté et à se développer de l’autre. C’est ce manque de maîtrise de notre développement qui nous a fait croire à une chimère, au développement sans fin, cette fuite en avant est hélas vouée à l’échec. Je pensais naïvement, devant la fin évidente de notre système, que nous allions faire ce que nous avions toujours fait, coloniser de nouvelles terres pour les spolier et les polluer. Le fossé technologique qui nous sépare des étoiles est très difficile à surmonter et il paraît peu probable dans les prochaines décennies qui nous puissions exploiter d’autres ressources du système solaire, planètes et satellites inclus. Le Côté positif est que notre pollution ne dépasse pas un anneau en orbite autour de la terre. A quand le cosplay de Saturne par la Terre.

Pour les quelques rares qui vont parcourir ce billet d’humeur, pensez à vous ouvrir, à vous cultiver et à penser pas vous même. A comprendre réellement l’essence des choses, vous en retirerez un sentiment de plénitude ultime mais attendez vous à vous sentir extra-terrestre parmi des aliénés assoiffés de pouvoir et d’argent. Cassons la cruche une bonne fois pour toute et changeons les choses. Lisez déjà, cela fait bien fou de lire des œuvres qui n’insultent pas l’intelligence humaine.
Brulons les obscurantistes par l’éclat de nos pensées et créations positives. Retrouvons une communion avec la naturalité des choses et notre essence animale, écoutons notre planète et sauvons là comme nous ne sommes pas assez malins pour trouver de nouvelles ressources hors de nos frontières terrestres..
S’il y a des intellectuels qui me lisent, signalez-vous et venez m’aider sur ce blog. Death to Allegra Geller.