mardi 13 janvier 2015

Quelques jours après l'horreur

Pas facile d’écrire à nouveau après ce drame ignoble de l’assassinat terroriste de la plupart des plumes et crayons de Charlie hebdo ce mercredi 7 janvier 2015. L’apprenant dans ma voiture par la radio mes yeux se sont humidifiés. Je filai vers le bureau et m’arrêtai au kiosque voisin où je ne trouvai que l’édition datée du 31 Décembre, Charlie Hebdo étant disponible le jour d’après en Belgique. Charb qui m’avait fait tant rire avec Maurice et Patapon, humour trash et décalé ultime. Je ne lisais pas Charlie Hebdo ou extrêmement rarement en vacances quand j’achetais des journaux papiers. Je consomme des magazines, de la presse web mais ne prend hélas pas le temps de lire les journaux. Dernièrement je trouvais d’ailleurs le clivage gauche-droite bien trop important. Libération contre Figaro avec de réels contenus de plus en plus maigres et un manque crucial d’analyses de fond. 
Evidemment, Cabu, Wolinski étaient des références pour la génération de mes parents et le premier fut aussi celui qui dessina le nez de Dorothée et dont on voyait les facéties crayonnées se dessiner dans RécréA2 puis dans le Club. Ce n’est pas ce qui me captivait le plus dans le club Dorothée mais par transmission filiale je savais que c’était un “grand” dessinateur. C’est donc le premier dessinateur que je connus, où je découvris que cela pouvait être un métier de caricaturer sans plus me poser de questions. Avec sa tête sympathique, ses lunettes rondes de jeune adolescent perdu dans la lune, s’il était né des décennies plus tard on l’aurait, comme on le fit pour mon ami Gui, surnommé Harry Potter. On lui aurait demandé des autographes, c’est peut-être d’ailleurs cela qui l’aurait conduit à découvrir cet art symbole de liberté. Sans aucune contrainte, avec leur liberté d’expression comme lance, ils harponnèrent tous les réactionnaires, tous les passionnés et convaincus afin d’ébranler leurs certitudes. Par essence ils se faisaient plus d’ennemis que d’amis à chaque dessin, mais défendaient leur vision de la liberté de la presse, non assujettie aux deniers d’un grand magna. Une réelle liberté, pas forcément rentable où tant de talents ce côtoyaient, une exception culturelle française. C’est un comble qu’ils soient devenus des symboles même en dehors des frontières hexagonales. La majorité des Français leur crachait dessus avant, et une fois victimes les voilà les icônes portées par quatre millions de personnes. Hors normes. En face, des êtres vivant morbides, à l’exact opposé de leurs victimes. Des choses ayant l’apparence d’un homme mais n’en étant rien. Des avatars bien plus robotiques que leur cousin faits d’aluminium, dénoués de ce qui fait l’humanité, démunis du verbe, de la parole, seuls différence non contestée entre l’animal et l’homme. Des purs objets dirigés par des personnes tellement stupides, incompétentes et avides qui ne peuvent que décider de régner par la terreur.
 
Nous voici dans une belle merde, il est fréquent que les stupides décapitent les élites, tuent les bons et les saints, ne laissant que la force régner et dicter ses lois.
 
Charb est mort, les autres aussi, et même s’hyper cacher ne suffisait pas pour échapper à ces abrutis, à ces petits zizis (voir la chronique de Thomas Günzig tellement fine et pleine d’esprit). Nous sommes en guerre depuis longtemps, et il ne s’agit pas du djihad, mais d’une guerre contre la connerie cruelle et individualiste. Ce non-partage des richesses et des ressources, cette manipulation de masse et cet oubli de l’harmonie. Qu’est-ce qui vous rassure m’avait on demandé lors du questionnaire préparatoire à mon entretien d’entrée à l’Edhec ? J’avais répondu l’harmonie et avais comme un des membres du jury, un professeur de philosophie, ça tombait bien. Plus aucune harmonie dans ce monde que nous avons dénaturé à l’extrême et qui ne parvient plus à nous contenir, dont les ressources sont rares et qui ne sont en plus que réservées aux privilégiés.
 
Charb est mort et jamais plus ses bonhommes jaune pisse moutarde ne s’animeront à nouveau. Ce trait caractéristique et cet humour sans borne qui auraient fait de lui le principal caricaturiste de France du 21ème siècle est mort, disparu et même enterré. Il n’aurait sans doute pas voulu entrer dans l’histoire validée par les gouvernements actuels, torture suprême il s’est même fait adoubé par des ministres russes et hommes d’était africains et israéliens liberticides. Avec ce Netanyahu qui fait du racolage auprès des juifs de France comme une vieille pute opportuniste qui habituée au trottoir se rend compte qu’il y a eu un attentat sur les vitrines du quartier rouge et qui sent l’aubaine : "Venez me percer le trou, vous serez super bien accueillis, bon je dis pas qu’il y a pas de risque mais de toute façon au pire on répondra avec la grosse armada si on se fait attaquer."

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