mercredi 9 mars 2011

Alain Ducasse au Plaza Athénée : un carnaval de saveurs.

Il y a des moments qui se veulent rares, se rapprochant de la perfection, allant jusqu’à effacer cette limite. La chance m’a été offerte par mes amis de me rapprocher des étoiles culinaires et même si j’avais pensé au départ attendre les trois dégustations proposées pour m’épancher sur ces restaurants gastronomiques triplement étoilés les sensations exceptionnelles que m’ont offert ces moments sont trop impatientes de se voir figées pour ne pas disparaître en un tout mirifique. Me voici donc dans le lobby du Plaza Athénée, célèbre palace parisien, situé dans un quartier semblant préservé de la pauvre réalité par des murs invisibles, mon oeil d'anthropologue novice n’en revenant pas devant les styles si volontairement originaux et parfois ridicules. Pardon l’on dit fashion, la semaine de la mode de Paris ayant sans doute contribué au remplissage de l’établissement hôtelier et ayant dû accentuer le phénomène.
Histoire de pipeauter quelques bémols, le restaurant 3 étoiles du célèbre Alain Ducasse est situé au coeur d’un hôtel ce qui donne moins d’authenticité aux premières impressions qui s’offrent au visiteur. L’endroit fameux en ravira d’autres, histoire de goût, enfin pas encore. Une fois dans la salle, un double sentiment envahit, celui du luxe devant cette haute salle, véritable joyau doré aux lustres de cristaux éclatés, et de raffinement avec cette présentation devenu depuis 2010 et le changement d’angle beaucoup plus minimaliste. Sur la table se dévoilent une assiette oeuvre d’art et verre à eau. Je ne vais pas passer toutes les étapes en revues histoire de préserver les surprises aux prochains aventureux mais l’impression générale de ravissement à chaque étape en devient persistante, dessinant un large sourire indélébile, pouvant passer pour un état d'ébriété alors qu’il s’agit d’un enivrement inscrit sur le visage du convive.
Le service est bien entendu impeccable et sympathique. Le serveur s’occupant de notre table prenant le temps de nous expliquer et les plats et la démarche esthétique et culinaire de l’ensemble allant jusqu’à nous offrir de jeter un oeil à la cuisine et l’arrière salle. L’ensemble est extrêmement bien huilé, les amuses-bouches, les entremets et les plats s’enchaînent jusqu’à la toute fin. Nous nous sommes laissés guidés sur le vin et je n’ai donc pu évaluer la profondeur de cave dont je ne doute cependant pas vu ce qu’il en est dit par ailleurs. Sur la carte on retrouve des plats qui frappent par leur apparente simplicité. Pas de termes galvaudés en ligne avec cette volonté de servir une cuisine brute, sans fioriture, consacrant le produit.
Quelques musts sont proposés dans la section héritage comme le pâté chaud de pintade truffé, sublime avec son jus qui vient relever cette magnifique composition. La différence de textures, la cuisson parfaite des différentes parties, le croustillant de la pâte, miam miam miam. La suite fut du même niveau, le homard pommes de mer en cookpot, tout simplement sublime. Deux plats extrêmement racés aux goûts puissants et charmeurs. Le plateau de fromage, malgré sa cloche impressionnante, pourrait être plus garni, autre léger bémol compensé par cette petite brioche à la mascarpone et à la truffe en accompagnement. Je passe sur les mignardises pour le final, le baba au rhum où l’on vient vous faire une dégustation de rhums de haute volée, certains tourbés, d’autres finis en fûts de pommards, pour la plupart aussi âgés que moi afin de choisir celui qui viendra sublimer, accompagné d’une crème vanillée, le baba.
Cette recherche du produit juste et excellent afin de la consacrer dans l’assiette sans le dissimuler par trop d’artifices est une réelle réussite. Un moment de bonheur, de pureté gustative qui tend vers la perfection.