jeudi 29 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 10

Histoire de Rien – 10 – Nouvelle – Fiction

C’est un nouveau printemps. Les arbres sortent de leur fausse torpeur, les animaux de leurs terriers, et moi avec eux. Il fait déjà bon. Je n’ai pas pensé à grand-chose, juste résister, attendre des temps plus propices. Hiberner en quelque sorte. La vie m’est devenue plus délicate depuis que je suis privé de l’homme. Je guette pourtant. Mais les contacts sont inexistants. Nous n’en voyons tout simplement plus, en tout cas plus de près. Les chemins ont été recouverts, on peut à peine discerner les précédents élagages. Grâce à un petit mulot me voici dans la gueule d’une chouette. Je ne sais si je vais pouvoir y prospérer. C’est la nouveauté, l’aventure. Des sensations garanties et puis si ça fonctionne j’aurais assuré mes prochains mois, voyageant dans les airs, allant plus loin que mon hibernation ne me le suggérât. Avec un peu de chance j’apprendrai ce qu’il s’est passé chez mes anciens colocataires.

Ici il y a tout ce qu’il faut, les rongeurs ne rongent plus leur frein depuis belle lurette. Ils se méfient des renards tout de même qui ont quitté les villes depuis longtemps et qui après une période d’adaptation sont devenus à nouveau de véritables prédateurs. Ils sont beaux avec leur pelage et leur longue queue. En revanche dès qu’ils ouvrent leur gueule ils m’insupportent au plus haut point. Tant, que j’ai déserté leur entourage. C’est une chouette, sans doute plus téméraire que les autres qui m’a permis de voir de quoi il en retournait. Au petit matin, une course au travers de grands pins, anciennement plantés par l’homme m’a amené en bordure de forêt et là nous fumes surpris par ce qui s’étendait devant nous. Des baraquements à perte de vue derrière de hauts grillages. Je fus pris d’effroi mais d’appétit aussi. Il me fallait passer chez les rongeurs pour pénétrer dans ce camp hautement surveillé. Des grillages électrifiés, des gardes et même le bruit assourdissant d’un hélicoptère vint perturber mon hôte qui se cacha en pénétrant dans la cime des arbres.

Cela me prit encore du temps, mais le temps n’est pas mon ennemi comme vous l’avez vu. Aurais-je la possibilité de remonter à mes origines grâce aux hommes que j’allais retrouver. Ce sont les mustélidés qui m’ont ouvert les portes du temple. Un terrier, mais surtout des conditions de vie exécrables qui poussaient les hommes à dévier et à tenter de filouter, ne pouvant se sustenter de leurs seules rations quotidiennes.  

Me voici à nouveau parmi eux, mes nouveaux amis. Personne ne m’a encore vu et je me ballade allégrement entre les bâtiments. Les sourires n’existent plus, j’ai affaire à des zombies. Hommes ils n’en ont plus que le nom, enfin ce nom que moi je leur donne car ces hommes ne parlent plus. Ils ont chacun un bracelet qui s’anime à toute parole non autorisée en envoyant une décharge fatale. C’est efficace, il n’y a pas un mot. Parfois la nuit, certains maugréent des bribes dans leur sommeil comme des réminiscences d’un temps passé. Les organisateurs dans toute leur mansuétude n’électrocutent point dans ces moments inconscients. J’espère bien aller derrières ces portes, voir ce qu’il se passe, se rapprocher du pouvoir et retrouver mon espoir. Je ne baisse pas les bras. Je suis toujours là et pour un moment.

lundi 26 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 9

Histoire de Rien – 9 – Nouvelle – Fiction

Je parlais des abrutis la dernière fois, je ne sais si ils pullulent ou si ils étaient cachés. Cela devient étouffant. Les gens se déchirent, crient, s’insultent. On ne me pointe même plus du doigt, non que les lépreux ne puissent être de la partie, mais le responsable c’est l’autre. L’autre, cela suffit pour en faire une proie de la vindicte, l’autre qui a perdu mon ego, l’autre qui ne devrait pas être là. L’autre c’est bel et bien sa faute, au début les hommes  caractérisaient ces fautes imaginaires, pas la bonne couleur de peau, pas la bonne corpulence, pas le bon sexe, pas la bonne façon de faire son créneau, pas la bonne façon de mettre son masque.

Les conflits se sont accentués, les ministres sont rentrés en compétition pour émettre les mesures les plus populaires. Le stade du Heysel a été réquisitionné pour y voir se passer un drame bien plus grave que le rouge et le noir et blanc des années 80, les hommes politiques s’y sont affrontés par équipe, entre le gouvernement fédéral, le régional et les bourgmestres devant des spectateurs masqués et enfermés dans des bulles plastiques. Les représentants de la ville de Charleroi ont succombé car les encadrants avaient oublié de faire des trous de respiration dans les sacs. Pourtant cela n’a pas apaisé le débat qui faisait rage. Tels des gladiateurs ça y allait à coup de nouvelles mesures pour voir qui remporterait l’adhésion du peuple rassemblé, peuple certes encadré par des forces armées. Le fédéral a commencé par vanter les bienfaits d’une puce qui s’ingérait et qui permettait de tracer en temps réel l’individu et d’envoyer des analyses au laboratoires de façon instantanée. Mesure jugée trop coûteuse et pas assez rapide par la région bruxelloise qui prêcha pour des vidéosurveillances généralisées avec des rapports de température toutes les cinq minutes. C’est sur la même argumentation que le bourgmestre d’Anvers proposa une solution selon lui bien moins coûteuse et bien plus efficace. Devant la diminution de l’utilisation des infrastructures logistiques du Port d’Anvers liée au ralentissement de l’activité économique, il expliqua qu’il pouvait réquisitionner tous les gigantesques hangars et y faire loger toute la population en la classant en fonction de différents critères liés à l’immunité mais surtout à d’autres critères que ses adversaires semblaient tout à fait comprendre.

Cela a commencé, les gens partaient. Je n’avais nulle part où aller, et dans ces centres je ne me faisais que trop remarquer, tout de suite mis à la porte, exécution garantie pour tout  hôte trop gentil ou naïf. Je fus poussé dans mes retranchements et même si l’humanité m’avait désabusé je la quittai avec une certaine tristesse. Ce ne fut pas chose aisée, et puis grâce à un évadé j’ai pu me mettre à l’abri. Son chien m’avait sans le savoir à la bonne et j’ai pu repartir voir mes amis oh combien plus simple les animaux. Me voici à nouveau en forêt, j’ai peur de devoir attendre un temps bien long avant de revenir vous voir. Et d’ailleurs qui en aurait envie ? Ces hangars font froid dans le dos et personne n’en sort. Et ils croient qu’ils m’ont éradiqué…  Qui voudrait se laisser enfermer dans ces mouroirs ? Avant de partir je voyais ces pauvres hommes et femmes travailler pour produire de l’énergie, pour les hangars sans doute mais vu les conditions misérables pour autre chose. Sans doute des lieux cachés et réservés. Peut-être ces hommes en combinaison qui viennent sporadiquement, ou encore d’autres. Impossible de les approcher. Je ne m’avoue pas vaincu, il faut que je sois patient je finirai bien par y aller voir. Depuis le début de ma quête j’ai pu rentrer partout, et d’ailleurs cette quête, maintenant que tous les hommes qui s’intéressaient à moi sont terrés et que plus personne ne s’occupe de mes origines je ne suis pas prêt de pouvoir la relancer.

vendredi 23 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 8

Histoire de Rien – 8 – Nouvelle – Fiction

Je me suis fait quelque peu piégé en Belgique, du coup j’y reste et j’observe des mesures qui paraissent incompréhensibles à mes fréquentations. Et pourtant il faut juste être un minimum logique. Les symptômes comprennent notamment la perte du goût et de l’odorat. Il est donc tout à fait équitable que le gouvernement impose la fermeture aux restaurants, pour ne pas léser ceux qui ne sauraient sentir les saveurs. Du coup tout le monde chez soi et pas de jaloux pour les repas. Ils ont autorisé les services à emporter mais ça ne saurait tarder.

Bon ce qui est bien également dans leurs mesures c’est que moi qui me sentais un peu moins en forme ces derniers jours ne vais pas être en décalage. Le sport est interdit pour les plus de douze ans, du coup l’était physique des adultes va à nouveau se dégrader et je vais être à nouveau à mon aise. Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes sont critiques vis-à-vis du gouvernement.

Il me reste de beaux moments à vivre ici. C’est toujours plus facile de s’épanouir quand l’environnement est nivelé par le bas. C’est ce qui est fort dans l’humanité actuelle, cette obsession de s’aligner sur le plus faible ou le plus mauvais. C’est encore un exception dans le règne animal. Cela fonctionne toujours, et toujours bien. Alors oui les gens sont un peu d’humeur chafouine mais ils continuent de dominer la planète non ? Et moi qui ne peut pas faire grand-chose malgré toute  l‘importance que certains me prêtent. Pourtant j’en ai un peu marre, condamner à ne rien être et le responsable de tout à la fois. Je rêve d’un monde clair et pur, en harmonie. Dans ces paysages je ne suis pas certain d’y concevoir l’homme. Vous comprenez qui je suis, je peux vivre sans l’homme également. Des réminiscences me font même penser que je vivais sans l’homme depuis longtemps. La vie lutte contre la vie parfois pour se préserver. Une forme de compétition s’opère dans un bouillonnement d’existences parfois antinomiques et je prends conscience que ce monde n’est pas viable en l’état.

Grâce à moi la Terre a gagné un peu plus d’un mois de vie cette année, enfin elle n’en a perdu que un  de moins que les années précédentes. Du gaspillage, de la destruction, et oui de l’amour pour faire tout passer. Pour justifier l’espoir et les débordements. Un peu comme si un ténia avait une histoire d’amour avec un autre congénère et que pour cette raison on le laisse parasiter son environnement jusqu’à la destruction. Des termites sur un radeaux qui mangeraient le bois jusqu’à se noyer. Cela semble évitable mais preuve de raison il faut. Il ne me reste que peu de temps pour tout vous dire. J’ai compris des choses, des choses qui vous feraient frissonner si je ne les taisais point. Je ne veux vous torturer dans votre crédulité. Les choses sont écrites, les Parques font les boulot et il n’y a que les évidences qui vous échappent. Se raccrocher aux brins d’herbe de la rive c’est tout ce qu’il reste. Mais le sol est glissant, vaseux même. L’humanité est enlisée, se débat, fait des gestes ou au contraire n’en fait plus justement. Se mettre dans un sarcophage ne protègera de rien. Ce n’est qu’une question de temps. Si vous résolviez ma quête il y aurait peut-être un espoir. Mais avec tous ces tabous, ces pays qui prétendent ne rien avoir, ne rien savoir. Je voulais juste savoir d’où je venais. Aujourd’hui l’on ne peut plus louvoyer, ça ne sert à rien. Il faut me dire ce que vous savez. J’arrêterai de bouger, de contaminer tous ceux que je croise. Un petit lopin de terre, quelques animaux et je peux subsister pendant des dizaines d’années sans vraiment péricliter. Et puis vous n’avez vraiment pas besoin de moi pour mette à mal, si vous ne vous exterminez pas les uns les autres, vous rassemblez toutes les conditions pour une extinction massive. Ce serait injuste de tout me mettre sur les épaules, injuste. Vos disfonctionnements je n’y suis pour rien, le fait que les fortunes aient été privilégiées au détriment des services de soins publics, ce n’est pas moi, bien loin de moi cette idée, il faut être abruti, pour cela, abruti …

mardi 20 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 7

Histoire de Rien – 7 – Nouvelle - Fiction

La pluie ne vient pas, pourtant douchés semblent nos espoirs. Portes closes, tristesse et obscurité.

Tout semble glauque, même les plus optimistes que je connais commencent par s’abstenir. Du coup je deviens curieux, non plus de mes origines, il paraît certain que je ne les trouverais pas de suite, pas avec le bazar généralisé. J’avais bien croisé quelques scientifiques qui s’y intéressaient de près, c’est fini, ils font des chiffres, ils comptent et quand les calculs ne sont pas satisfaisants un contremaître du ministère rajoute à la grosse louche. Il n’y aura bientôt plus grand-chose à dire, confinement si il y a m’obligera à être plus discret. C’est dommage, les enfants apportent encore de la joie. A ceux qui se demandent ou s’indignent de voir les écoles encore ouvertes alors que c’est certainement le plus grand lieu connu d’échange de postillons, je leur recommande d’écouter un enfant rire. Sans doute le cadeau ultime pour sortir de la morosité ambiante. Faites que les enfants continuent de rigoler aux éclats. Quand tout le potentiel de la vie se tait, son lit se tarit de lui-même et le sens de l’existence ne peut qu’être vain.

J’ai l’impression qu’en France et en Belgique, avec des stratégies légèrement différentes, les gouvernants sont pris de folie. Comment vouloir un monde sans joie, sans vie ? A force d’en entendre parler j’ai compris que 1984 était un livre, 2084 aussi, un peu moins connu, troublant à ce qu’il paraît. Mais nous sommes en 2020, alors le programme n’était pas joué d’avance, cela peut encore changer. J’ai vu que dans certains pays lointains de l’hémisphère sud la vie était selon les dires normal. Il va falloir que j’y aille. Comment ? Ce n’est pas simple à organiser. Cela vaut sans doute le détour, hélas j’ai peur qu’une fois à nouveau là-bas la panique ne recommence. La discrimination est condamnée pour de multiples sujets, mais pour moi, quand j’arrive on me rejette, on m’évite, on m’isole. Tout ça pourquoi ? Pour masquer les déficiences des pays, de l’Etat qui a longtemps joué avec le feu jusqu’à mettre sa population en péril. Que se passerait-il si la contamination était hautement mortelle. C’est un bon coup de semonce pour donner une chance à l’humanité de s’en sortir. Alors oui certains vont dire que j’ai ma part de responsabilité, mais je n’y suis pour rien, je suis construit comme cela, je ne peux faire autrement. Il me faut ces nouvelles personnes, ces voyages, bouger, bouger le plus possible pour se sentir vivant, comme ces jeunes adultes, récemment employés, qui parcourent le monde avion après avion et qui vont faire la morale à la première personne qui demandera un sac en plastique dans un supermarché. C’est une pulsion irrépressible. Pulsion de vie qui semble étrangement disparaître de l’humanité actuelle.  

Pour me dédouaner je tiens à dire que tous ces mouvements n’avaient qu’un but, retrouver mon origine, retrouver mes parents si l’on peut parler ainsi. Aucun des grands scientifiques ne semblent vouloir me l’avouer, à moins qu’ils ne sachent rien, comme toujours, privés de conscience depuis trop longtemps pour ne pas échapper à la damnation de leur âme. L’homme s’enferme dans son ignorance et justifie les actes les plus mortifères par le garanti du risque zéro. Ce risque zéro n’existe pas dans la nature, le fait d’être implique le non-être, et tant mieux. Si nous avions des hommes de deux cents ans, dans quel était seraient-ils, le physique ne serait que lambeaux, et l’esprit de même. C’est une partie du problème que j’essaie de résoudre mais que d’entraves. Il faut laisser la place, les cellules de la peau se dégradent et se régénèrent, comme chez tout vivant malgré cela les mesures favorisent l’inaction, l’immuabilité de l’état qui condamne le sujet à attendre la flèche avec plus ou moins une relative dignité.


dimanche 18 octobre 2020

Journal de 40 - 3

Journal de 40 -3

Je reprends la plume de mon petit journal de simili vieux. Oui je trouve que simili vieux ça me va bien, car en soit 40 ans ce n’est pas encore vieux comme on l’entend au sens médical, mais j’ai de cet état une série de symptômes, les douleurs liées aux cervicales, ma méconnaissance du dernier album d’Aya Nakamura, et une tendance à m’insurger dès le premier pâté de maison passé. Je suis un peu la Canada dry du troisième âge.

En Belgique le nouveau gouvernement passe en mode majeur de l’oppression. J’étais assez fier de ma petite blague distillée dans mon histoire de Rien (pour rappel, cet histoire de Rien est une mini fiction écrite en instantanée, ça ne vole pas très haut mais j’étais assez content de l’angle pris, je vais normalement aller jusqu’à 10 billets), avec ce jeu de mots sur le nouveau premier ministre Alexander de Croo, qui n’a plus les crocs donc il ferme les restos. Cette mesure est clairement une mesure préparatoire à un nouveau confinement et je ne peux sans cela que partager l’incompréhension des restaurateurs qui étaient impeccables pour la quasi-totalité et pleinement dans le respect des mesures sanitaires. Il est certain qu’il y a plus de risques dans le métro qu’à la table d’un étoilé, ça ne se discute même pas. Mais je pense que le gouvernement va mettre tout le monde d’accord en arrêtant tout, une nouvelle fois. Pour quoi ? et bien cela devient de plus en plus inaudible. La peur marche quand même toujours, elle gouverne, annihile, et il y a la répression, les amendes, voire la prison pour tenir tout ça.

J’ai passé mes 40 ans donc loin de ma famille proche, loin de mes amis qui n’habitent pas à Bruxelles (heureusement j’ai pu voir à ce moment ceux qui y étaient), et cela va durer. Mes parents vont être privés de leurs petits-enfants pendant leurs années où ils peuvent encore en profiter et tout ça pour les préserver … équation étrange.

Les sondages d’opinion montrent cependant que la majorité est favorable au durcissement des mesures en Flandres et aux Pays-Bas, étrangement je ne connais personne de ce point de vue. Manipulation ? Quand on voir comme l’INSEE manipule les chiffres au profit des gouvernants (voir le dernier livre d’Olivier Todd – Lutte des classes en France […] qui donne des exemples concrets de manipulations commandées) on ne peut qu’être dubitatif.

En Belgique donc la bulle de 1. C’est comique. Il faut donc choisir entre l’homme ou la femme dans un couple d’amis par exemple. Alors sans doute que les Belges chez eux vont choisir un parent, mais pour nous qui sommes sans famille ici, la cas est donc différent et comique. La semaine prochaine il va y avoir une pénurie des disponibilités des nains quand il vont faire passer la bulle à un demi. Et oui ça paraîtrait logique. Il y a beaucoup moins de risque avec un nain, car les têtes n’étant pas à la même hauteur, les postillons ont plus de chance de s’échouer sur le bassin de la personne de taille normale et de passer au-dessus de la tête du nain. Il faudrait cependant pour cela édicter une règle mathématique et une simulation de projection sérieuse pour savoir à quelle distance on doit se tenir du nain en fonction de sa taille pour être certains que nos postillons lui passent bien par-dessus. Cela donnerait des situations sans doute cocasse, avec des nains collés à la taille.

Le problème c’est que des nains ça ne court pas les rues, enfin si, certes quand ils marchent on a l’impression qu’ils courent mais je ne suis pas certain que ce soit une population en plein essor et j’ai bien peur que je ne n’en trouvasse point.

L’autre solution restera donc les amputés, mais si on veut respecter les règles, il nous faut trouver des vrais amputés, des hommes troncs et pareil ça ne court pas les rues (je ne vais pas la refaire vous avez compris). Peut-être que le gouvernement sera gentil et autorisera de voir des personnes qui ne sont amputées qu’au genou, ça ouvre des perspectives. Imaginez cet élan de chaleur que vont recevoir ces personnes d’habitude discriminées et pour certaines mises de côté. Aller j’ai l’idée de la fin d’année, je vais créer une application – « Chacun cherche son nain » ! Youhou fortune à moi !

samedi 17 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 6

Histoire de Rien – 6 – Nouvelle - Fiction

Il faut bien que j’admette certaines choses, le monde paraissait mieux avant. Je ne m’en souviens certes pas mais vu les apitoiements et plaintes cela ne fait aucun doute. Pourtant en me penchant sur ce sujet et essayant de comprendre ce qu’était cet avant, ce n’était pas toujours glorieux. Mes nouvelles fréquentations semblent ne pas en démordre, ils veulent revenir en arrière. En Belgique les évènements ont été gérés par un gouvernement provisoire, et pour la rentrée ils ont réussi à se mettre d’accord avec un Alexandre qui semblaient avoir les crocs. Et à la stupéfaction de la population, ce même Alexandre semble avoir une dent contre les restaurateurs leur imposant une fermeture totale malgré le respect des mesures de protection et de distanciation et le nombre très faible de contaminés dans le secteur.

Il faut l’appeler Alexander sans croc maintenant. Je ne vais plus pouvoir aller au restaurant pour découvrir de nouvelles personnes, déjà que ce n’était pas simple avec toutes ces barrières physiques. Je pouvais malgré tout découvrir des plats préparés avec amour, passion et une certaine dose de masochisme. Je me suis baladé en cuisine quelques fois. Pas longtemps car les étrangers ne sont que peu souvent les bienvenus, l’hygiène avant tout. Je ne sais pas si ces gouvernants pensent que les barres de métro sont plus propre que les plans de travail d’un restaurant. On ne comprend qu’une chose aujourd’hui c’est qu’il n’y a rien à comprendre. C’est mieux ainsi. Il faut essayer de sortir, de partir vers des paradis artificiels à la Baudelaire pourquoi pas. Les hommes me font de plus en plus penser en puissance à ce dormeur du val de Rimbaud, ils ne le savent pas mais ils sont déjà morts, certes ça fait un peu Ken le survivant aussi comme phrase. J’ai aussi découvert les vieux mangas, c’est assez drôle Ken, dans un monde post-apocalyptique, des hommes qui se battent à mort. J’avoue que ce n’est plus très joyeux, les gens que je croise n’en peuvent déjà plus alors qu’on leur prédit un confinement proche. Je n’ai que peu d’espoir pour trouver une nouvelle piste de recherche. On me laisse de côté, parlent de moi dans mon dos mais sans jamais me nommer. Je ne me sens plus être Rien, mais quelque chose que l’on n’ose qualifier réellement. Le temps passe, je me demande si mes parents ne sont pas morts. Il semble que les vieux soient les plus touchés. Et puis non, ils ne doivent pas être si vieux. Je n’ai aucun souvenir, peut-être n’ai-je jamais eu de parents d’ailleurs. Suis-je sorti des limbes, suis-je l’enfant des Erinyes. Je commence à avoir rattrapé mon retard sur la littérature ancienne.

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais ça avait l’air chouette l’antiquité. Certes il ne fallait pas être du côté des esclaves, un peu comme aujourd’hui. Pour le reste ils réfléchissaient bien plus qu’aujourd’hui. Enfin c’est ce qu’il en reste, ils essayaient d’avoir une certain éthique, ils pensaient la vie et la projetait. Aujourd’hui on ne regarde que dans le rétroviseur, toujours derrière, on ne veut pas perdre ce qui finalement ne nous plaît pas. Beaucoup disent que la planète va dans le mur, que la société capitaliste néo-libérale ne mène qu’à la destruction, vous leur enlevez et ils feraient tout pour y retourner. Je suis toujours perdu et je ne comprends pas . Si la gestion de la crise est insupportable, il ne faut pas la supporter et tout faire pour s’y opposer, sinon il ne faut pas se plaindre. Pas plus compliqué que cela non ? Les restaurants n’ont qu’à ouvrir, de toute façon ils ne seront pas solvables pour payer les amendes, de même que tout le monde au bout d’un certain temps. Alors certains vont me dire qu’il faut garder la tête sur les épaules, pourtant ce n’est pas donné à tout le monde. Les défenseurs de la liberté d’expression sont menacés de la perdre à ce que j’ai pu voir. Je ne connais pas encore tous ces phénomènes, car depuis mon état de mémoire il n’y avait pas encore eu de tel acte terroriste violent.

 

mercredi 14 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 5

Histoire de Rien – 5 – Nouvelle - Fiction

Mes premiers souvenirs sont assez glauques il faut l’avouer. J’étais sans doute prisonnier dans une base militaire. Je ne me souviens rien avant cette étrange chambre bétonnée, il y avait des bruits, des sons, des gens s’affolaient, du verre brisée sur le sol, des animaux, le chaos. J’imaginais qu’il y avait eu une lutte, en étais-je le responsable, étais-je un espion infiltré, je ne comprenais rien aux échanges verbaux dont le ton était particulièrement agressif sans équivoque. Heureusement j’ai rapidement pu m’échapper, j’ai suivi un des employés jusqu’au bas de son immeuble. Je ne savais que faire mais je me suis convaincu que je ne pouvais qu’être poursuivi par ceux que j’avais entrevus. Je me suis donc instinctivement mêlé à la foule. Il y avait un monde exceptionnel, des hommes, des femmes, des enfants, des animaux. J’ai réussi à vivre plutôt paisiblement plusieurs semaines. Je commençais à me détendre quand la folie a gagné la ville. Depuis ce jour j’ai l’impression d’être poursuivi par un nuage gris, tous les chemins que j’emprunte semblent se ternir, les portes se fermer, la population s’inquiéter. Il m’est passé par la tête il n’y a pas si longtemps que je devais avoir ma part de responsabilité dans tout cela. Et puis j’ai trouvé que ce serait tout de même trop pédant de penser que je puisse avoir une quelconque part de responsabilité à cet étage. Vu l’étendue des dégâts, c’est incroyable. Heureusement certains sont là pour me décrire la vie d’avant. Comme certains disent c’était bien cool. Ce qui m’inquiète c’est que longtemps je voyais tous ces hommes et femmes être persuadés que ce ne serait histoire que de quelques semaines, je m’en réjouissais et j’avais hâte que comme ils disaient la vie ne reprenne.

Aujourd’hui les gens ont peur, peur de tout, de leur ombre aussi. Peur de perdre et de ne savoir comment garder un certain honneur. On leur dirait de mettre une plume dans les fesses qu’ils le feraient certes à contrecœur, mais ils le feraient. J’entends beaucoup de mots dont je ne connaissais pas l’origine mais dont j’ai appris la triste provenance, fascisme, totalitarisme. C’était en 1984 si j’ai bien compris, je n’étais pas né, enfin je ne m’en souviens plus et ce serait improbable, je ne me vois pas si vieux. A ce moment le masque n’était pas obligatoire mais le peuple devait se soumettre à des décisions au mieux incohérentes et dans tous les cas liberticides. Heureusement ce n’était pas partout. Il y avait des havres de paix. Aujourd’hui c’est plus restreint, et les décisions semblent débiles pour la plupart de ceux que je croise. Ils ne font rien. Ils sont désœuvrés, attendent, se mortifient au fur et à mesure. Ce n’est pas dans ce climat que je vais faire de nouveaux liens constructifs qui vont pouvoir m’éclairer pour ma recherche.

Alors certains se replient sur des pensées ou des passions plus personnelles, il reste la poésie et l’art. C’est assez chouette, on peut encore voyager. Et il est vrai qu’il n’y a pas forcément besoin de venir user de ses chaussures toutes les places du monde pour les parcourir. Pour certains habitants l’environnement direct s’améliore, pourtant ils ne le voient pas, ils n’ont plus de revenus. Tout ce qui était basé sur un échange d’argent entres les habitants de différents pays a disparu, du coup certains ne tiennent plus. Je suis rapidement passé à Venise, c’est tellement beau. Il paraît qu’il y a trop de monde normalement mais là c’était mort comme disent certains. Cette eau, ça calme. Et puis ces canaux partout, un vrai labyrinthe, avec de l’eau devenue claire dans laquelle on peut voir des poissons. Un certain état de nature qui semble se réjouir des troubles humains, enfin en partie, car ce n’est qu’un point de vue. Pour ma part je me sens toujours perdu, je n’ai que des souvenirs étranges, et de cette nouvelle période.


dimanche 11 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 4

Histoire de Rien – 4 – Nouvelle - Fiction

Je me disais que si lui ne pouvait pas savoir d’où je venais, il ne subsisterait que  peu d’espoir pour moi dans cette quête. J’avais essayé plusieurs techniques, passant par des docteurs, des scientifiques afin de retrouver cette mémoire qui me faisait tristement défaut. Sans succès hélas. Donc avoir l’homme dit le plus puissant du monde sous la main me paraissait imparable. J’ai donc assisté à plusieurs meetings de sa campagne élective. Comme je le disais l’ambiance était chaleureuse, personne ne portait de masque, on se prenait dans les bras après de très longs applaudissements liés à je ne sais trop quoi. Je ne comprenais certes pas toute cette langue, mais les émotions étaient bien présentes. Il y eut beaucoup de hués également, les gens paraissaient s’accorder sur le sujet. Je n’ai posé aucune question.

Et puis la foule aidant, au fur et à mesure je me suis rapproché de l’équipe. Sans faire de bruit je fus comme accepté dans le décorum. J’étais étonné, moi qui avait tant entendu sur la sécurité et tout plein de choses. J’étais là, présent avec eux et je me voyais promettre l’accès à la Maison Blanche. Donald Trump hors caméra passait sa vie à dormir affalé dans un fauteuil, j’aurais bien aimé lui poser dans questions mais ça n’était jamais le moment. Et à un moment il y eu une réunion avec tout plein de nouveaux. Ils étaient tendus, certains portaient de beaux uniformes, Donald n’avait pas l’air en forme. Il annonçait qu’il était malade. Voilà bien ma veine, alors que j’étais proche du but, voici l’homme le plus puissant de cette planète qui a un passage à vide. Pourtant je le voyais dormir comme d’habitude, pas plus, pas moins. Je trouvais exagéré que certains ne le traitassent avec autant de distance, venant masqués au bureau et dans les appartements. Il me fallut donc quitter ce lieu de pouvoir qui me promettait tant. Après avoir pérégriné encore dans les pays des libertés personnelles et du rêve, me voici donc à rentrer vite en Europe. J’évitais l’Asie depuis un petit moment même si mes premiers souvenirs s’y trouvaient et quelle ne fut pas ma surprise de trouver à nouveau ce monsieur à l’air d’extraterrestre et ses sbires faire des annonces anxiogènes. Voilà, j’étais parti plutôt tranquillement, et à mon retour je trouve des pays qui décident une nouvelles fois de se priver de leur humanité. Car je ne sais si dans ma vie d’avant j’étais un habitué des cafés mais c’est une invention quasi divine. Un lieu, hors propriété individuelle où des personnes de différents milieux, avec différentes histoires peuvent échanger, se connaître, créer des liens, modérer leur véhémence résiduelle liées aux déceptions de la vie. Et me voilà à peine à prendre un café avec quelques nouvelles connaissances, qu’on me met dehors, la voix désolée, déçue, les larmes aux yeux.  J’aurais eu envie d’aider ce monsieur, aux tempes grisonnantes, aux rides profondes, et aux bras de camionneur qui est venu dire à la table que la tournée était la dernière, mais pas la dernière de la journée, la dernière tout court, qu’il jetait l’éponge, et pourtant il ne se trouvait nullement à la plonge à ce moment précis, qu’il avait assez de dette pour déshabiller ses enfants pour toute leur vie. Nous sommes donc partis sans payer, la parole troublée.

C’est beaucoup moins drôle de marcher devant ces devantures qui donnent du souffle aux villes, qui sont autant d’îlots d’espoir que des écueils de désillusion. Mais voilà, ils semble que je ne connaisse que des pays en tension. J’aimerais bien me souvenir de temps plus heureux, moins inquiets. Car les dernières discussions que j’ai pu captées dans le café tournaient autour du sujet, si j’ai bien compris les gouvernements, sans doute sous le joug d’une domination extraterrestre ou juive, les deux messieurs moustachus qui discutaient au comptoir n’étaient pas d’accord avant que le serveur ne vint les mettre d’accord leur disant que c’était sans doute la même chose et qu’il ne cite Al Quaïda et les Chinois, prennent la décision d’empêcher les enfants et les gens de vivre normalement et donc de préparer les générations futures afin de protéger les plus vieux qui ont déjà un pied dans la tombe. Et à ce moment ils se sont tournés vers un certain René, un vrai vieux, qui tient debout essentiellement grâce à la résistance qu’offre le flipper à son dos qui ne cesse de vouloir s’évader en arrière. René s’exprima, enfin il me parut qu’il grommela : «  M’en fous moi, je préfère sucer des bites que porter un masque, et quand j’étais jeune j’ai plusfgeoajgoeaj greugmaosnfz […] pas peur moi ! »

Je me demande ce que fait René aujourd’hui, seul chez lui. Au moins au café, il n’était pas seul et les serveurs qui le connaissaient bien arrivaient à le modérer, le rasseyait par moments et finalement confessaient aux autres clients que le whisky coca devenait du coca seul au fur et à mesure de la journée, déplorant certes qu’il ne puisse trouver le sommeil à cause de la caféine. L’un avait essayé une boisson décaféinée et René l’avait craché directement. Pauvre René, j’espère qu’il s’effondre au moins sur son canapé.

jeudi 8 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 3

Histoire de Rien – 3 – Nouvelle - Fiction

Ce n’est jamais simple de chercher ses parents en étant amnésique. Par où commencer ? J’ai bien interrogé certaines personnes mais je ne reçus la plupart de temps que des propos blessants et inconvenants. Et ceux qui pourraient avoir l’information me sont encore inaccessibles. Il doit bien y avoir des fiches quelque part. Mais sans point de départ dans quelle direction chercher ? Pourtant je ne me ménage pas, c’est pour cela que j’ai parcouru et que je suis encore sur les chemins, les routes, dans les airs dès que c’est possible. Cette quête m’a mené dans de nombreux endroits. Cet été j’ai trouvé que les gens étaient plus heureux, plus souriants en France et même en Europe, comme si ils s’étaient accordés une pause, une respiration. Et puis le monsieur à la tête d’extraterrestre ne parlait pas. Il avait aussi sans doute besoin de vacances.

Les plages étaient bondées, ça me faisait plaisir de voir autant de vies, de promiscuité et d’insouciance. Je me sens bien dans cette insouciance, ça me revigore, me donne de l’élan et l’envie de partir à nouveau à leur recherche.

Ne trouvant pas ce que je souhaitais j’ai donc laissé derrière mois quelques temps ces pays dont j’ai acquis la langue, j’ai facilement traversé l’Atlantique, et cette fois-ci en classe Business. J’ai longtemps préféré la classe éco, plus de monde, plus de chance de découverte, mais récemment j’ai dérogé, un peu de repos cela fait du bien. Je me souviens de ma première fois aux Etats-Unis, c’était il y a un peu moins d’un an, j’avais peur de me perdre dans ces gigantesques espaces américains. C’est tellement grand. Et très vite j’ai compris que les habitants étaient plutôt accueillants, enfin jusqu’à un certain point. J’ai vu des choses. Des matchs de football américain en pleine rue, et même des hommes se faire abattre. C’est grand beau et choquant les Etats-Unis. Mais il faut tout de même leur accorder le mérite de se battre pour ce qu’ils pensent être leur liberté. Dans certains pays d’Europe,  je me sentais mal et j’avais même du mal à vivre, des gens avec le masque partout s’aspergeant de gel désinfectant, alors qu’aux Etats-Unis j’ai retrouvé cette liberté qu’il me faut pour me sentir bien. J’avoue, même si c’est controversé m’être joint aux manifestants anti-masque. J’ai aussi fait les manifestations pour la vie des personnes à la peau noire. Il me manquait beaucoup de connaissances au départ pour comprendre de quoi il s’agissait. Beaucoup de souffrance et d’incompréhension, je n’étais pas seul. Il fut beaucoup question d’origine, l’espoir naquit que ces personnes puissent m’aider. J’allai alors faire un tour en Afrique d’où certains avaient leur ascendance mais ce fut une fausse route. J’y reviendrai.

De retour aux Etats-Unis il ne me restait plus qu’à en apprendre un peu plus sur ce pays et j’ai donc commencé à faire du tourisme. Hélas je me heurtai à la fermeture de plusieurs sites et à certains contrôles trop strictes. Il faut montrer patte blanche, surtout là-bas et n’étant pas en connaissance de mes origines j’ai préféré rester sur mes gardes. La Maison Blanche m’intriguait, je trouvais ça assez drôle d’avoir un pays qui luttait avec une population noire plus pauvre en moyenne et souffrant de discrimination et l’hôtel de l’exécutif s’appelant Maison Blanche. Au moins c’est un choix assumé, comme sur les paquets de cigarette, la mise en garde est claire et nette. Donc plus de visite de la Maison Blanche pendant longtemps. Il m’arriva de me rapprocher d’un des gardes mais il ne put me faire entrer.

Et c’est la semaine dernière que j’ai pu y rentrer. Je n’y croyais plus. Devant la ferveur populaire de la campagne présidentielle, j’ai saisi l’opportunité d’assister à un rassemblement, joyeux, fiers et insouciants étaient mes voisins. Je me suis laissé porter et d’un coup je me suis trouvé proche de certains assistants de Donald Trump.

lundi 5 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 2

Histoire de Rien – 2 – Nouvelle - Fiction

Il est compliqué de répertorier en une page tous les endroits que j’ai pu visiter ces deniers temps. J’aurais sans doute dû prendre des cartes de fidélité dans la plupart des compagnies aériennes. Bon on m’a également dit que ce n’était pas le moment. Qu’elles avaient du mal ces compagnies à joindre les deux bouts, pourtant cela fait quand même de nombreuses années qu’elles ont l’habitude de faire des jonctions. Sont-ce leurs pilotes qui sont déboussolés ? Du coup ils sont cloués au sol, j’aime bien cette expression  je l’ai découverte il n’y a pas si longtemps. Après il faut tout de même des clous que je n’ose imaginer pour parvenir à cela, surtout si on parle d’un A380. C’est impressionnant cet engin. J’ai eu l’occasion de beaucoup le prendre cet hiver, on a de la place, c’est chouette. Je m’y sentais bien.

Ah oui, qu’est-ce que j’ai visité et que pourrais-je vous raconter d’intéressant ? Beaucoup de choses, et puis les mots me manquaient même si aujourd’hui ils sont bien présents. Comme je m’exprime en français je vais déjà parler de ce pays, qui m’a paru à la fois magnifique et triste. Quand j’y suis arrivé, il y avait beaucoup de tensions, des gens mécontents partout et puis des hommes, avec ce qu’on m’a dit s’appeler des matraques, assez énervés. J’ai donc été pris plusieurs fois dans ce qu’on m’a expliqué être une manifestation. J’ai eu du mal à comprendre les principes de tels évènements. Sans doute ma mémoire une nouvelle fois m’a privé de certaines clés de compréhension. J’avais assister à peu près au même moment, mais bien plus loin à un match de football américain. J’étais à vrai dire assez étonné de ces entrées en jeu, et des ces lignes qui s’affrontaient. Alors oui vous allez me dire que devant des rugbymen ils sont protégés et ne risque rien car ils ont des cuirasses et des caques. Et bien comme j’étais curieux, enfin je crois, j’en ai tout de même accompagné à l’hôpital du fait de chocs trop violents. Cela laisse des traces. Et ils mangent n’importe quoi également. Je reprends le sujet de ces manifestations donc, c’est un peu comme un match de football américain à une différence près, c’est qu’il n’y a qu’une équipe qui est réellement équipée, même suréquipée car ils ne se contentent pas de lancer des ballons dans le camp adverse eux. Leurs balles font pleurer et parfois bien plus. C’était assez moche tous ces cris. Je m’en suis toujours bien sorti et même si j’accompagnais certains sur leur lit d’hôpital ou d’autres prostrés chez eux, j’ai toujours pu déambuler à ma guise. C’est vrai qu’avec ma tête je passe inaperçu. Déjà j’ai compris que le jaune était à proscrire et puis pas que le jaune hélas. Ce qui est chouette tout de même c’est de voir que certains en combinaison y prenaient du plaisir. A priori ils devaient gagner à chaque fois.

Comme tout évènement, cela a fini par plus ou moins prendre fin en France mais le relai a été prix par d’autres, notamment en Amérique latine, c’était cool tous ces mouvements de foule. En plus c’était la fin de l’été là-bas, il fait chaud mais il y a de la climatisation dans beaucoup d’endroits, idéal. Pour revenir sur la France, il y a plein de coins jolis, mais l’ambiance n’y était pas. Une fois les manifestations passées je me suis baladé un peu seul. Les gens semblaient m’éviter alors que je ne les connaissais pas, je ne leur ai rien fait. Les portes étaient fermées. Je voyais un monsieur qui faisait semblant d’être intelligent souvent à la télé, je sais ce que c’est maintenant, même si j’avoue avoir vu beaucoup de divergences entre les différentes personnes que j’ai côtoyé. Dois-je en conclure que chacun est intelligent à sa façon. Certainement. D’autres sont illogiquement intelligents. En tout cas dans un sens qui semble répandu l’adjectif intelligent semble positif et conférer à celui qui en est attribué une certain légitimité sur certains sujets. Alors cet homme avec un peu une tête d’extra-terrestre, ça je le pique je ne l’ai pas inventé, parlait de guerre, heureusement je me suis jamais fait écrasé par un char. Ne sachant d’où je viens je me suis donc demandé si ce n’était pas mon cas également, d’être un extra-terrestre. Je n’ai encore aucune certitude à ce sujet mais selon certains c’est improbable. C’est rassurant car ce sera plus simple pour rechercher mes parents.

 

vendredi 2 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 1

Histoire de Rien - 1

C’est le derniers message de Philippe sur ce blog qui m’a convaincu. J’ai fait sa connaissance il y a quelques mois, il ne m’a qu’à peine remarqué mais c’est en le suivant quelques semaines que j’ai pu acquérir un peu plus de précision dans le langage. Avant cela je ne prenais pas le temps. Le monde s’est ainsi découvert plus précisément à moi et je peux jouir pleinement de mes découvertes. C’est enthousiasmant de pouvoir nommer les choses, ça me permet de réfléchir également ce que je ne faisais pas auparavant. J’avais plutôt tendance à foncer dès qu’on me portait attention. Certains diront que je ne faisais pas dans la dentelle.

Voilà donc le sujet que le blog va suivre, important sans doute de me lire dans l’ordre même si le but est d’écrire page par page. Du coup pour retrouver toute mon histoire, dont la longueur n’est pas encore définie, il convient de cliquer sur le label histoire de rien, enfin faite le et comme cela tous les billets et seulement eux vont apparaître.  Et si ça marche et bien j’irai un peu dans les détails de ma vie, je devrais même dire mes vies tellement ce fut intense.

J’avoue que je m’aventure dans ce monde avec ce qui pourrait être caractérisé comme des troubles de la mémoire. Je ne sais pas qui m’a engendré, ni  ne connais rien de mon enfance. Il paraît que cela arrive dans des cas de traumatismes. Vous imaginez bien que lorsque l’on apprend ça, les fantasmes et les peurs s’entrechoquent dans ce que je me dois bien d’appeler mon esprit. Ai-je survécu à une exécution en règle, suis-je le bébé qu’on a oublié sous le berceau, ayant eu l’incroyable chance de ne pas avoir attiré l’attention alors qu’une bande d’exterminateurs était là pour faire le sale boulot et se sont chargés de mes parents sans aucun remord. N’étais-je pas désiré, m’a-t-on mis dans une garderie lointaine au fin fond du monde pour que jamais je ne trouve mes parents ? Ou plutôt étais-je un quelconque danger pour l’un ou l’autre, m’a-t-on caché comme un secret véritable et impitoyable ? De ceux qui forgent un raz-de-marée quand ils sont découverts et qui chevauchent plus vite que les quatre cavaliers ? Je me demande parfois si je ne suis pas issu du septième sceau.

Alors oui pour un amnésique beaucoup de suppositions sont possibles, et vous vous demandez si cela va vraiment être intéressant de lire une mémoire quasi morte. J’espère, j’ai eu une année assez mouvementée dont je me souviens parfaitement. Certes, j’ai dû conscientiser la plupart des évènements une fois que le langage nouvellement appris me permit de nommer les choses. Je ne sais même pas comment m’ont appelé mes parents, je n’avais pas de papiers, enfin pas les miens a priori. D’ailleurs j’ai toujours eu du mal à me reconnaître physiquement. En face de mon image j’ai des doutes, j’essaie de me projeter, et puis les images changent et sont là également pour me montrer mon vieillissement. Du coup j’ai compris qu’il était comique de s’appeler personne mais c’était a priori déjà pris par des westerns. Comme Philippe a écrit dans son mois d’anniversaire un message sur le sujet, et que quand j’agresse les gens sans m’en rendre compte on me dit le plus souvent que ce n’est rien, si vous l’acceptez (pure question de circonstance car bon de tout façon on fait ce qu’on veut sur le blog), je vais prendre le nom de Rien, ça sonne bien c’est facile à retenir.

Du coup ce sera Histoire de Rien.