samedi 17 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 6

Histoire de Rien – 6 – Nouvelle - Fiction

Il faut bien que j’admette certaines choses, le monde paraissait mieux avant. Je ne m’en souviens certes pas mais vu les apitoiements et plaintes cela ne fait aucun doute. Pourtant en me penchant sur ce sujet et essayant de comprendre ce qu’était cet avant, ce n’était pas toujours glorieux. Mes nouvelles fréquentations semblent ne pas en démordre, ils veulent revenir en arrière. En Belgique les évènements ont été gérés par un gouvernement provisoire, et pour la rentrée ils ont réussi à se mettre d’accord avec un Alexandre qui semblaient avoir les crocs. Et à la stupéfaction de la population, ce même Alexandre semble avoir une dent contre les restaurateurs leur imposant une fermeture totale malgré le respect des mesures de protection et de distanciation et le nombre très faible de contaminés dans le secteur.

Il faut l’appeler Alexander sans croc maintenant. Je ne vais plus pouvoir aller au restaurant pour découvrir de nouvelles personnes, déjà que ce n’était pas simple avec toutes ces barrières physiques. Je pouvais malgré tout découvrir des plats préparés avec amour, passion et une certaine dose de masochisme. Je me suis baladé en cuisine quelques fois. Pas longtemps car les étrangers ne sont que peu souvent les bienvenus, l’hygiène avant tout. Je ne sais pas si ces gouvernants pensent que les barres de métro sont plus propre que les plans de travail d’un restaurant. On ne comprend qu’une chose aujourd’hui c’est qu’il n’y a rien à comprendre. C’est mieux ainsi. Il faut essayer de sortir, de partir vers des paradis artificiels à la Baudelaire pourquoi pas. Les hommes me font de plus en plus penser en puissance à ce dormeur du val de Rimbaud, ils ne le savent pas mais ils sont déjà morts, certes ça fait un peu Ken le survivant aussi comme phrase. J’ai aussi découvert les vieux mangas, c’est assez drôle Ken, dans un monde post-apocalyptique, des hommes qui se battent à mort. J’avoue que ce n’est plus très joyeux, les gens que je croise n’en peuvent déjà plus alors qu’on leur prédit un confinement proche. Je n’ai que peu d’espoir pour trouver une nouvelle piste de recherche. On me laisse de côté, parlent de moi dans mon dos mais sans jamais me nommer. Je ne me sens plus être Rien, mais quelque chose que l’on n’ose qualifier réellement. Le temps passe, je me demande si mes parents ne sont pas morts. Il semble que les vieux soient les plus touchés. Et puis non, ils ne doivent pas être si vieux. Je n’ai aucun souvenir, peut-être n’ai-je jamais eu de parents d’ailleurs. Suis-je sorti des limbes, suis-je l’enfant des Erinyes. Je commence à avoir rattrapé mon retard sur la littérature ancienne.

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais ça avait l’air chouette l’antiquité. Certes il ne fallait pas être du côté des esclaves, un peu comme aujourd’hui. Pour le reste ils réfléchissaient bien plus qu’aujourd’hui. Enfin c’est ce qu’il en reste, ils essayaient d’avoir une certain éthique, ils pensaient la vie et la projetait. Aujourd’hui on ne regarde que dans le rétroviseur, toujours derrière, on ne veut pas perdre ce qui finalement ne nous plaît pas. Beaucoup disent que la planète va dans le mur, que la société capitaliste néo-libérale ne mène qu’à la destruction, vous leur enlevez et ils feraient tout pour y retourner. Je suis toujours perdu et je ne comprends pas . Si la gestion de la crise est insupportable, il ne faut pas la supporter et tout faire pour s’y opposer, sinon il ne faut pas se plaindre. Pas plus compliqué que cela non ? Les restaurants n’ont qu’à ouvrir, de toute façon ils ne seront pas solvables pour payer les amendes, de même que tout le monde au bout d’un certain temps. Alors certains vont me dire qu’il faut garder la tête sur les épaules, pourtant ce n’est pas donné à tout le monde. Les défenseurs de la liberté d’expression sont menacés de la perdre à ce que j’ai pu voir. Je ne connais pas encore tous ces phénomènes, car depuis mon état de mémoire il n’y avait pas encore eu de tel acte terroriste violent.

 

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