vendredi 23 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 8

Histoire de Rien – 8 – Nouvelle – Fiction

Je me suis fait quelque peu piégé en Belgique, du coup j’y reste et j’observe des mesures qui paraissent incompréhensibles à mes fréquentations. Et pourtant il faut juste être un minimum logique. Les symptômes comprennent notamment la perte du goût et de l’odorat. Il est donc tout à fait équitable que le gouvernement impose la fermeture aux restaurants, pour ne pas léser ceux qui ne sauraient sentir les saveurs. Du coup tout le monde chez soi et pas de jaloux pour les repas. Ils ont autorisé les services à emporter mais ça ne saurait tarder.

Bon ce qui est bien également dans leurs mesures c’est que moi qui me sentais un peu moins en forme ces derniers jours ne vais pas être en décalage. Le sport est interdit pour les plus de douze ans, du coup l’était physique des adultes va à nouveau se dégrader et je vais être à nouveau à mon aise. Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes sont critiques vis-à-vis du gouvernement.

Il me reste de beaux moments à vivre ici. C’est toujours plus facile de s’épanouir quand l’environnement est nivelé par le bas. C’est ce qui est fort dans l’humanité actuelle, cette obsession de s’aligner sur le plus faible ou le plus mauvais. C’est encore un exception dans le règne animal. Cela fonctionne toujours, et toujours bien. Alors oui les gens sont un peu d’humeur chafouine mais ils continuent de dominer la planète non ? Et moi qui ne peut pas faire grand-chose malgré toute  l‘importance que certains me prêtent. Pourtant j’en ai un peu marre, condamner à ne rien être et le responsable de tout à la fois. Je rêve d’un monde clair et pur, en harmonie. Dans ces paysages je ne suis pas certain d’y concevoir l’homme. Vous comprenez qui je suis, je peux vivre sans l’homme également. Des réminiscences me font même penser que je vivais sans l’homme depuis longtemps. La vie lutte contre la vie parfois pour se préserver. Une forme de compétition s’opère dans un bouillonnement d’existences parfois antinomiques et je prends conscience que ce monde n’est pas viable en l’état.

Grâce à moi la Terre a gagné un peu plus d’un mois de vie cette année, enfin elle n’en a perdu que un  de moins que les années précédentes. Du gaspillage, de la destruction, et oui de l’amour pour faire tout passer. Pour justifier l’espoir et les débordements. Un peu comme si un ténia avait une histoire d’amour avec un autre congénère et que pour cette raison on le laisse parasiter son environnement jusqu’à la destruction. Des termites sur un radeaux qui mangeraient le bois jusqu’à se noyer. Cela semble évitable mais preuve de raison il faut. Il ne me reste que peu de temps pour tout vous dire. J’ai compris des choses, des choses qui vous feraient frissonner si je ne les taisais point. Je ne veux vous torturer dans votre crédulité. Les choses sont écrites, les Parques font les boulot et il n’y a que les évidences qui vous échappent. Se raccrocher aux brins d’herbe de la rive c’est tout ce qu’il reste. Mais le sol est glissant, vaseux même. L’humanité est enlisée, se débat, fait des gestes ou au contraire n’en fait plus justement. Se mettre dans un sarcophage ne protègera de rien. Ce n’est qu’une question de temps. Si vous résolviez ma quête il y aurait peut-être un espoir. Mais avec tous ces tabous, ces pays qui prétendent ne rien avoir, ne rien savoir. Je voulais juste savoir d’où je venais. Aujourd’hui l’on ne peut plus louvoyer, ça ne sert à rien. Il faut me dire ce que vous savez. J’arrêterai de bouger, de contaminer tous ceux que je croise. Un petit lopin de terre, quelques animaux et je peux subsister pendant des dizaines d’années sans vraiment péricliter. Et puis vous n’avez vraiment pas besoin de moi pour mette à mal, si vous ne vous exterminez pas les uns les autres, vous rassemblez toutes les conditions pour une extinction massive. Ce serait injuste de tout me mettre sur les épaules, injuste. Vos disfonctionnements je n’y suis pour rien, le fait que les fortunes aient été privilégiées au détriment des services de soins publics, ce n’est pas moi, bien loin de moi cette idée, il faut être abruti, pour cela, abruti …

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