mardi 20 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 7

Histoire de Rien – 7 – Nouvelle - Fiction

La pluie ne vient pas, pourtant douchés semblent nos espoirs. Portes closes, tristesse et obscurité.

Tout semble glauque, même les plus optimistes que je connais commencent par s’abstenir. Du coup je deviens curieux, non plus de mes origines, il paraît certain que je ne les trouverais pas de suite, pas avec le bazar généralisé. J’avais bien croisé quelques scientifiques qui s’y intéressaient de près, c’est fini, ils font des chiffres, ils comptent et quand les calculs ne sont pas satisfaisants un contremaître du ministère rajoute à la grosse louche. Il n’y aura bientôt plus grand-chose à dire, confinement si il y a m’obligera à être plus discret. C’est dommage, les enfants apportent encore de la joie. A ceux qui se demandent ou s’indignent de voir les écoles encore ouvertes alors que c’est certainement le plus grand lieu connu d’échange de postillons, je leur recommande d’écouter un enfant rire. Sans doute le cadeau ultime pour sortir de la morosité ambiante. Faites que les enfants continuent de rigoler aux éclats. Quand tout le potentiel de la vie se tait, son lit se tarit de lui-même et le sens de l’existence ne peut qu’être vain.

J’ai l’impression qu’en France et en Belgique, avec des stratégies légèrement différentes, les gouvernants sont pris de folie. Comment vouloir un monde sans joie, sans vie ? A force d’en entendre parler j’ai compris que 1984 était un livre, 2084 aussi, un peu moins connu, troublant à ce qu’il paraît. Mais nous sommes en 2020, alors le programme n’était pas joué d’avance, cela peut encore changer. J’ai vu que dans certains pays lointains de l’hémisphère sud la vie était selon les dires normal. Il va falloir que j’y aille. Comment ? Ce n’est pas simple à organiser. Cela vaut sans doute le détour, hélas j’ai peur qu’une fois à nouveau là-bas la panique ne recommence. La discrimination est condamnée pour de multiples sujets, mais pour moi, quand j’arrive on me rejette, on m’évite, on m’isole. Tout ça pourquoi ? Pour masquer les déficiences des pays, de l’Etat qui a longtemps joué avec le feu jusqu’à mettre sa population en péril. Que se passerait-il si la contamination était hautement mortelle. C’est un bon coup de semonce pour donner une chance à l’humanité de s’en sortir. Alors oui certains vont dire que j’ai ma part de responsabilité, mais je n’y suis pour rien, je suis construit comme cela, je ne peux faire autrement. Il me faut ces nouvelles personnes, ces voyages, bouger, bouger le plus possible pour se sentir vivant, comme ces jeunes adultes, récemment employés, qui parcourent le monde avion après avion et qui vont faire la morale à la première personne qui demandera un sac en plastique dans un supermarché. C’est une pulsion irrépressible. Pulsion de vie qui semble étrangement disparaître de l’humanité actuelle.  

Pour me dédouaner je tiens à dire que tous ces mouvements n’avaient qu’un but, retrouver mon origine, retrouver mes parents si l’on peut parler ainsi. Aucun des grands scientifiques ne semblent vouloir me l’avouer, à moins qu’ils ne sachent rien, comme toujours, privés de conscience depuis trop longtemps pour ne pas échapper à la damnation de leur âme. L’homme s’enferme dans son ignorance et justifie les actes les plus mortifères par le garanti du risque zéro. Ce risque zéro n’existe pas dans la nature, le fait d’être implique le non-être, et tant mieux. Si nous avions des hommes de deux cents ans, dans quel était seraient-ils, le physique ne serait que lambeaux, et l’esprit de même. C’est une partie du problème que j’essaie de résoudre mais que d’entraves. Il faut laisser la place, les cellules de la peau se dégradent et se régénèrent, comme chez tout vivant malgré cela les mesures favorisent l’inaction, l’immuabilité de l’état qui condamne le sujet à attendre la flèche avec plus ou moins une relative dignité.


Aucun commentaire: