mardi 15 décembre 2020

Journal de 40 - 8

 Journal de 40 - 8

Ce matin je tombe sur un article du site féru de bien-pensance, Slate.fr. Non ce n’était pas un article sur la charge mentale des femmes intenable en cette période de Noël car ce sont les seules à qui incombe l’ingrate tâche de choisir les papiers cadeaux, en plus sur internet on ne voit pas bien les couleurs, si ça se tombe on aura tous des cadeaux moches sous le sapin (quelque part cette année comme personne ne les verra c’est moins grave non ?). Ni non plus un article sur des pauvres étudiants qui dénoncent la survie d’épreuves de culture générale dans certains cursus où c’est honteux qu’on ose poser des questions sur la forme de la Terre, alors qu’en fait, bah chacun croit ce qu’il veut, plate, ronde ou en forme de ballon de rugby. Ni non plus un article sur les harcèlements dans le monde des techniciens de surface, où un pauvre transgenre a fini avec un balais dans le cul en proie aux moqueries de ses collègues cruels.

Non il s’agit d’un concept que j’ai découvert, celui de « cripping up », je cite : « le malaise des handicapés joués par des valides à l’écran ». Rrrr, mais on tient là notre scandale de fin d’année, et encore je suis sans doute bien loin de la vérité. Le «cripping up», ou le malaise des handicapés joués par des valides à l'écran | Slate.fr 

Ce concept vient bien entendu des Etats-Unis et comme de plus en plus nous sommes assez stupides pou emboîter le pas. Et cela tombe sur Frank Dubosc et son premier long métrage. Déjà qu’ il est difficile de douter de la nullité du futur film, si en plus on lui savonne la planche ce n’est même plus du jeu. Les acteurs handicapés sont sous-représentés à l’écran, seulement 0,7% d’apparition alors qu’il y a 12 millions de personnes en situation de handicap. Voici comment Slate joue toujours dangereusement avec les chiffres pour manipuler l’indignation de ses lecteurs. Et bien souvent cela marche. Car ces deux chiffres ne relèvent pas de la même notion de handicap, celui de 0,7% du CSA relève d’un handicap visible alors que le 12 millions concerne tous types de handicapés, même le petit vieux qui a comme seul handicap, ou près, d’avoir sa carte car il ne peut pas marcher 5 kms et qui se gare facilement en heure de pointe et pleine période de Noël sur les places bleues qui ont fleuri un peu partout. Quand on compare des carottes et des patates on peut tout faire dire à un texte. Est-ce de la malhonnêteté intellectuelle, de l’incompétence pure, la volonté de faire du buzz, du click, un système de rémunération au click qui rend stupide (après il faut bien manger), ou simplement un grand manque d’inspiration qui se généralise chez Slate, qui il y déjà pas mal d’année me semblait pourtant tout à fait crédible. Aujourd’hui c’est la poursuite de l’indignation à tout prix. C’est scandaleux les personnages qui ont joué dans 120 battements par minute ne sont pas tous atteints du SIDA ! Oui c’est quand même un scandale et cela mériterait un article, car des positifs qui voudraient bien jouer la comédie pour se détendre il y en a, et bah non, ces gros méchants choisissent des acteurs VIH négatifs.

Donc on suivant ce que pense défendre Vincent Bresson dans son article aussi avant-gardiste qu’un gars qui inventerait aujourd’hui la clé USB, il ne faut pas avoir d’acteurs qui jouent d’autres personnages que leurs conditions, mais des gens qui ont la même condition que leur personnage. Le recrutement des tueurs en série risque d’être drôle. Je redeviens plus sérieux, bien entendu il est dommage que certains acteurs n’aient pas leur chance, qu’ils ne soient pas visibles mais ne faut-il pas reconnaître au talent de comédien d’être plus vrai que nature. Je me suis fait la réflexion devant le film Petite fille, film documentaire dont les protagonistes ne sont pas des acteurs mais réellement l’enfant, petit garçon se sentant fille, et ses parents. Et bien je ne les trouvais pas crédibles à l’écran, alors que pourtant ils sont réellement en proie à cette situation. Je sentais qu’ils jouaient ou sur-jouaient. Je pense que des acteurs, dont c’est le métier de faire passer des émotions auraient été plus crédibles. Si l’on partage ce constat, on ne peut pas être d’accord avec ce concept de « cripping up », car sans doute des acteurs talentueux feront que le message passera mieux. Je reprends le sujet, j’ai été marqué plus jeune par Tom Hanks dans Philadelphia, pourtant il n’est pas mort pour de vrai à la fin du film, tout comme 120 battements par minute est terriblement efficace (même peut-être trop) sans avoir eu un casting d’acteurs en phase terminale.

Se plaindre que des acteurs professionnels puissent jouer tout type de rôles est aussi débile que de penser que ce serait tout à faire crédible qu’un handicapé moteur puisse jouer le rôle-titre d’un biopic sur Karl Lewis. Messieurs les journalistes de Slate, essayez de faire votre métier avec un minimum d’intelligence.

Que des acteurs handicapés soient en revanche aidés financièrement et par certaines structures pour accéder plus facilement au métier d’acteur, bien entendu cela me paraît important. Il doit être tellement délicat d’être porteur d’un handicap, que même si je faisais de l’humour précédemment avec les places réservées pour handicapés, je préfère sans aucun doute tourner 45 minutes afin de trouver une place ou pouvoir venir à pied en centre-ville que d’avoir ma place réservée. Ce sont des vies difficiles, donc des aides sont normales dans un état social. Et j’espère que ces acteurs qui ont un handicap si ils se font plus visibles, plus nombreux et pour certains plus compétents ne seront pas cantonnés à des personnages handicapés, tout comme les noirs qui n’ont longtemps joué que des rôles de noir (bah oui moi aussi je peux faire du politiquement correct, mais j’espère avec un peu plus de discernement et de sincérité que ceux que je dénonce ici).


lundi 7 décembre 2020

Journal de 40 - 7

Journal de 40 -7

Je suis désolé pour mes millions de lecteurs impatients, mes billets se font un peu plus rares, normal c’était la fin du mois et la paie n’était pas encore tombée. En plus confiné, pas d’excuse, enfin pour moi ça ne change pas grand-chose car je travaille toujours à la maison depuis le début de cette pandémie. Il faut que je m’attaque au membres du Guinness World Records car ils ne veulent valider mon record du nombre de jours travaillés à la maison en continu tout ça car ils ne font pas de catégorie et je suis donc en concurrence avec des handicapés moteurs qui n’ont plus la possibilité de mouvement. Encore une injustice et de la discrimination intolérable envers les hommes blancs hétéros. 

Courbatures douleurs, signes de vieillesse ? Pas sûr. A l’annonce du décès d’une connaissance je me suis fait la réflexion qu’être vieux ce n’était sans doute pas dans la tête, et peut être pas dans le corps non plus mais c’est plutôt le fait de commencer à connaître personnellement plus de gens décédés que de personnes encore vie. Je vous laisse y réfléchir, on joue ?, on compte ? alors oui grand tonton, le boulanger, la vieille dame qui me donnait des bonbons forcément car sinon elle serait la plus vieille personne sur terre etc … Pour vous rassurer un peu vous pouvez tricher et compter tous les camarades de classe de vos enfants si vous en avez, ça contrebalancera fortement  et ça vous rassurera. Pour les vieux vieux, ceux qui sont en fin de parcours je me suis toujours demandé si il était plus terrorisant de partir quand l’environnement était catastrophique comme une guerre que lors d’une période sereine et fructueuse. Quand on voit les dates de décès de certains philosophes en pleine montée du nazisme ou pendant la seconde guerre mondiale, on peut craindre que leurs dernières pensées n’aient été très sombres, ou peut-être que leur philosophie les a aidés ainsi que leurs souvenirs de lectures des antiques stoïciens. Qu’en est-il aujourd’hui pour ceux qui vivent dans des mouroirs de repos et qui sont privés de leurs proches, glurp, glauque, après on dit que les chiffres sont meilleurs mais quand même il ne faut pas lâcher la bride. 

Et depuis le jour où j’ai commencé ces quelques lignes, plein de nouveaux morts célèbres, cette fois-ci non des personnes intimes, mais pour certains c’était tout comme. Jacques Secrétin, champion d’Europe de tennis de table et qui avait fait des shows comiques autour de la table rectangulaire avec un autre champion de France, Christophe Dominici qui fit tant vibrer les supporters des Bleus et Diego Maradonna, que je n’ai consciemment connu qu’à la coupe du monde 1990, j’étais trop jeune avant et enfin VGE, qui certes n’était pas connu dans mon esprit pour le plus grand des sportifs mais qui fut un président marquant dans une période de transition. Le journal l’Equipe ne sait plus où donner de la tête et le rédacteur des rubriques nécrologiques frôle sans doute le burn-out. Cela me fait penser au livre le Pingouin d’Andreï Kourkov, roman sympa et léger où le héros est en charge d’écrire des nécrologies anticipatives et où il se retrouve avec un pingouin. Il se trouve en poche, on passe un bon moment de lecture et on rigole de certaines nécrologies ce qui fait du bien. 

Un peu moins célèbre, le décès hier de Maître Philippe Menut, maître historique de la salle d’armes de Soissons qui fut si je me souviens bien le premier à m’arbitrer en compétition lors d’un championnat départemental dans sa ville alors que je ne devais pas être bien grand. Comme l’indique son épouse, il s’est battu jusqu’au bout et est tombé à la dernière touche en mort subite. Si seulement la mort pouvait suivre les règles, les escrimeurs seraient plus sereins. 


lundi 16 novembre 2020

Journal de 40 - 6

Journal de 40 -6

Ce week-end je suis allé dans un magasin de bricolage. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup. Ça veut dire qu’il était libre, heureux d’être là malgré tout. De toute façon qu’est-ce que le bonheur en période de confinement si n’est une sortie dans un magasin de produits essentiels mais qui ne le sont pas réellement pour vous. J’avais l’impression de flâner entre les rayons de joints dont je n’avais aucun besoin, celui des ampoules électriques dont mon placard est encore plein suite à la péremption proche il y a quelques années d’un paquet de chèques éco qui m’avait fait acheté tous les formats de LED inimaginables, celui plus réaliste des pièges pour animaux (c’est quoi cette boule à picots ?!). Et puis après avoir traversé tous les rayons en suivant les flèches obligatoires qui vous font tour dire bonjour aux planches de contre-plaqué, j’arrive à la caisse et c’est là que je vois que cette queue va bien au-delà du rayon perceuse, qui est pourtant à l’autre bout du hall. Au moins 20 personnes attendant pour la seule caisse ouverte. Tant de monde ?! Comme si ce magasin offrait toutes les promesses des réparations multiples dont notre âme a besoin. Mastic pour boucher les failles. Ampoules pour éclairer l’obscure période. Tuyauteries pour évacuer les déceptions et amertumes. Que ça doit être heureux un travailleur de magasin de bricolage.

Car travailler de la maison, cela revêtait un certain charme quand c’était une permission qui facilitait certaines choses, qui était rare. On ne se rendait même pas compte qu’on supportait toute une série de charges normalement liées à l’entreprise, ni que cet empiètement sur la vie privée avait pour impact néfaste de laisser en attente, d’augmenter le temps de disponibilité et la plage de monopolisation pour son activité. Mais quand c’est en continu depuis 8 mois, devrais-je demander à être payé de mes 350 heures supplémentaires (estimation basse) ? Si au moins le Guinness Book  pouvait reconnaître la performance, 8 mois et plus sans avoir aperçu un collègue, ni branché un ordinateur dans autre chose qu’une prise électrique de mon foyer. Et après les prises vont se décrocher du mur à force des pénétrants va-et-vient et je vais devoir retourner au magasin de bricolage alors que je n’avais pas anticipé ce point et n’avais pas pris la trentaine de prises de rechange nécessaires pour supporter les 5 futures années de travail à la maison imposé.

Tout cela pourrait rendre fou, d’ailleurs pour juger de ma relative lucidité j’ai fait un test ce matin. J’ai remarqué depuis plusieurs années que mes deux enfants avaient beaucoup plus tendance à répondre à mes appels citant leurs prénoms quand ils sont à table que lorsqu’ils jouent dans leur chambre par exemple. J’ai cherché une raison des plus logiques à cela et j’ai cru avoir trouvé en lavant certains bols à la main hier soir. Comme toute famille qui se respecte nous avons des bols à bords bleus avec des prénoms inscrits à l’extérieur. Ne serait-ce donc pas parce que mes enfants peuvent se remémorer leurs prénoms en les lisant qu’ils me répondent sans jamais se tromper quand ils mangent leurs bols du matin ou leur soupe du soir. Me voici donc cynique et démoniaque à faire un test. Inverser le bol de ma fille avec celui de mon fils. Nous leur avons choisi deux prénoms différents, clairvoyants que nous fûmes et bien plus pratique pour l’expérience. Ils s’installent, ne remarquent rien, je jubile, aurais-je trouvé l’explication ? N’oublieraient-ils pas leurs prénoms constamment ? J’attends encore quelques secondes, puis devant l’apathie généralisée j’interpelle mon fils par son prénom lui ordonnant de manger son yaourt (servi dans son bol, mais ce matin celui de sa sœur avec donc non son prénom mais celui de sa voisine du matin), aucune réaction, ahah, je le savais. Et puis au bout de quelques secondes retentit faiblement, un « oui papa … », zut ce n’est donc pas cela. Car ma fille voyant ce prénom appelé inscrit sur son bol aurait dû répondre si elle n’avait su lequel était le sien. La bonne nouvelle c’est qu’ils ont un peu de mémoire, mais savent-ils lire finalement ? 

 

jeudi 12 novembre 2020

Journal de 40 - 5

Journal de 40 -5

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Neil Young. Demain celui de mon père. Du coup il s’en est joué d’un cheveu que je ne naisse aux States avec un papa rock star. Comme quoi le destin. Demain c’est un vendredi 13, les caisses du loto vont se remplir et puis c’est également l’anniversaire de la naissance de Robert Louis Stevenson et de Whoopi Goldberg, il en faut pour tous les goûts. D’ailleurs le 13 Novembre il s’est passé quelques trucs tout de même ces dernières années et pas que les fêtes d’anniversaire de mon père même s’il faut y mentionner  l’ouverture de certaines bouteilles d’anthologie. Le dernier vendredi 13 Novembre que j’ai en tête en est un sacrément glauque, celui où j’ai connu le groupe Eagle of Death Metal au travers du sanglant acte terroriste au nom de l’Islam commis notamment au Bataclan. On va donc célébrer les 5 ans de ce funeste évènement, mais aussi les XX années de mon père quand même. Oui il paraît qu’à son âge on ne compte plus, enfin presque car il fait partie de ces électeurs que vise Emmanuel Macron et qu’il essaie de ménager en confinant tout le territoire. Sans rancune c’est de bonne guerre.

A l’heure de la commémoration et de l’indignation collective les vecteurs de l’obscurantisme telle la porte-parole de l’UNEF, Mélanie Luce vont s’offrir bonne conscience en condamnant. Pourtant une fois les caméras tournées elle défendra une façon de penser le monde en censurant, en censurant une pièce d’Eschyle ou un spectacle de Charb (sans doute un des gars les plus antiraciste qui aient existé) sous prétexte d’une supposée forme de racisme et d’islamophobie. La bêtise humaine ne s’est jamais aussi bien portée avec toutes ces flopées de fausse bien-pensance qui justifient la mort de la réflexion et contribuent à obscurcir les visions d’un nombre de plus en plus important de personnes préférant ne pas penser et s’embrigader dans des défenses indignées d’elles ne savent plus quoi, mais si il a dit un truc c’est que c’est mal. Toutes les pensées doivent être mises à égalité pour ces personnes, laissez-le penser que la terre est plate c’est son droit bon sang, qu’est-ce ce que vous venez avec votre science et vos pseudo-connaissances, vous l’avez fait le tour de la Terre, bon ? alors hein ? si ça se trouve - Oui mais madame déjà les Grecs – c’est ça allez-vous faire voir chez les Grecs – à mais Madame voyons tous les Grecs ne sont pas hom… – Ah mais attention en plus d’une fatwa pour islamophobie je vais vous en mettre une pour homophobie – Ahah une fatwa pour homophobie, c’est drôle ça ! – En plus vous vous moquez, c’est parce que je suis une femme c’est ça, je vais vous attaquer pour sexisme … Non en fait juste parce que vous êtes grosse et moche, oups !

Et il n’y aurait pas de raison pour que cela s’arrête. Donc demain c’est l’anniversaire de mon père, je ne crois pas qu’il soit jamais allé au Bataclan, donc on ne peut pas lui mettre ça sur le dos. J’y étais allé pour ma part mais ça remonte quand même à belle lurette. Ce ne sera pas demain que je vais y retourner encore. Et encore un anniversaire qu’on ne fêtera pas. Mais comme c’est pour le protéger j’imagine que c’est bien. C’est parfait pour un grand-père de ne pouvoir voir ses petits-enfants. Et si ça dure 20 ans on fait quoi ? Ah bien sûr l’industrie pharmaceutique va nous sauver avec un vaccin magique. Et puis dans deux ans on en aura une autre de pandémie, déjà chez les porcs chinois circule une grippe qui a franchi le pas d’aller chez l’humain chinois. Une petite mutation et on est bon. Les media pourront se faire plaisir, du racolage, semer l’anxiété qui sera récoltée par les politiques pour emprunter des chemins encore plus liberticides. C’est quand même à se demander si ces virus ne sont pas des disciples adorateurs fanatiques d’Allah, ils font que les gens se couvrent le visage, qu’ils ne sortent plus boire des coups ensemble. Si la prochaine pandémie vient d’une grippe porcine je crois qu’on ne pourra plus laisser le bénéfice du doute.

mercredi 4 novembre 2020

Journal de 40 - 4

 Aujourd’hui tout le monde attend le fameux décompte du nombre des grands électeurs américains pour savoir lequel de ces hommes blancs à la peau orange et au pelage grisonnant va prendre la direction du pays de tous les rêves et de toutes les craintes. Je dois avouer que j’étais plus enthousiaste lors du décompte du nombre de balles de tennis présentes dans un caddie, jeu organisé pour la fête de Noël du TCCT (Tennis club de Château-Thierry) en 1993 (date incertaine mais vraisemblable). Le plus proche gagnait deux places pour Roland Garros. Si je me souviens bien on devait être dans les 251 balles et j’avais vu juste quelques semaines auparavant. Ce fut d’ailleurs le début d’une série où ayant sur ces tirages au sort beaucoup de chance, on me demandait de ne pas demander mon prix car on aurait pu penser qu’il puisse s’agir d’une machination et de favoritisme.

Ici ce n’est pas 251 qu’il faut ; mais 270, par un grand écart et pourtant ce sera crucial. Mais aujourd’hui je ne pense pas à Donald, ni à Daisy d’ailleurs et pas non plus à Joe qui prie pour ne pas faire de bide. Je ne pense pas non plus à 40% des américains qui peuvent être considérés comme sous pression financière et qui vivent pourtant dans le pays le plus riche du monde. Je ne pense pas non plus à la population noire qui n’a qu’une illusion d’espoir. Idéologiquement il ne leur est pas possible de voter Trump (pas besoin de beaucoup de démonstrations) mais historiquement ces populations se sont le plus appauvries sous des gouvernements démocrates (voir chapitre sur les Etats-Unis du livre Où en somme nous ? d’Emmanuel Todd où les chiffres sont mentionnés).

Non je pense à mon vieil ami Jerry. Jerry n’est pas très loin d’avoir 90 ans et il vit dans une petite maison en bois héritée de ses parents. Originaire de Virginie il vit aujourd’hui en Californie dans une bourgade calme dont il n’aurait pas les moyens s’il n’avait hérité. Jerry était professeur d’arabe littéraire. Relisez jute la phrase précédente, professeur d’arabe littéraire aux Etats-Unis. Je ne connais pas toutes les péripéties sauf qu’il a terminé sa vie active en faisant le guide touristique du Hearst Castle. Le foyer de Jerry aux Etats-Unis est plus que remarquable. J’espère d’ailleurs que dans leurs nombreux amis à travers le monde, je sais que certains manient bien la plume, certains leur consacreront un récit, un roman ou autre pour ne pas les oublier. Je ne vais pas me lancer ici dans des faits approximatifs car je ne connais que quelques bribes par ci par là, des années en Algérie, son épouse Olga descendante du dernier conseiller du dernier Tsar de Russie, capable de mixer français, russe et anglais dans le même phrase.

Quand je regarde mon bureau, ma bibliothèque ou des commodes remplies et qu’on me dit qu’il y a beaucoup de choses quand même, je me dis qu’ils ne connaissent pas la maison de Jerry et Olga, c’est à peine croyable, des témoignages de toutes leurs bontés, de leurs voyages ainsi que des piles de livres se succèdent. Un terrain de jeu, un voyage sans bouger.

La dernière fois que j’ai vu Jerry c’était il y a légèrement plus de 4 ans, en été 2016. Nous parlions de tout mais également de la future campagne présidentielle. Nous étions au début du mois d’Août et alors que l’opinion générale en Europe était qu’il n’y avait aucun risque, il angoissait. Il étudiait notamment à ce moment la montée au pouvoir du nazisme en Allemagne et me disait tristement : c’est très très inquiétant Philippe, j’ai peur que nous y soyons.  Il ne faut pas qu’il soit élu mais j’en ai grand peur. Je l’écoutais, je n’y croyais pas une seconde. Et puis c’est arrivé. Les impacts pour la planète ne sont pas directement mesurables mais certains signaux ont été forts (sortie de l’accord sur le climat, de l’OMS, soutien à des (pseudos) dictateurs). Je n’ai pas de nouvelles de Jerry depuis le début d’année, en général j’appelle une ou deux fois par an. Et là je me demande ce qu’il se passe. Il a forcément dû voter, oui forcément, même si ses jambes ne le portent plus il a trouvé un moyen. Et même dans l’adversité il doit toujours garder son sourire. Il a travaillé jusqu’à 80 ans et quelques, il n’avait pas le choix. Son épouse également. Ils n’ont jamais roulé sur l’or matériel, ça non jamais, pourtant c’est bien d’or qu’est recouvert le dôme de l’église orthodoxe dont son épouse et son fils ont en partie permis par leur énergie la construction.

Les traitements de leur fils coûtaient cher dans cette Amérique où deux métiers dans la culture et l’enseignement ne permettaient déjà pas à l’époque de palier à des dépenses imprévues. Donc pour toi Jerry, je sais que ça te ferait plaisir, j’espère que Biden gagnera. Ça ne changera pas grand-chose pour de vrai au niveau matériel, n’effacera pas le fait que tu doives faire le plein des promos de Costco pour t’en sortir, ni qu’Olga ne recycle tout perpétuellement, mais au moins ça te permettra de garder espoir. Aller Joe plus que quelques sièges et tu feras au moins des heureux.

mardi 3 novembre 2020

Si vous avez aimé mon précédent billet, vous aimerez celui-ci ... ou pas

"Si vous avez aimé Edga Allan Poe vous aimerez Tartenpionchski", accroche reprise en promotion d’une journaliste de ce magazine avant-gardiste et à la pointe de la littérature qu’est ELLE.

Cette promotion vue sur un réseau social numérique m’a fait sourire car elle est par essence totalement erronée. Il suffit de mettre la technique comparative assimilative dans un autre contexte : Si vous aimé la fille, vous aimerez la mère. On sent déjà le malaise poindre chez certains. Pour ceux qui sont  mal à l’aise avec la gérontologie, cela fonctionne aussi avec la sœur. Certes dans certains cas cela se produit mais cela reste anecdotique.

Cette formule qui doit bien avoir un nom faussement savant dans le domaine du marketing est très souvent déclinée pour les promotions d’œuvres … j’allais dire culturelles, disons plutôt classées dans le secteur culturel par le numéro SIREN ou NACE des entreprises qui en sont responsables pour être plus précis. Vous avez aimé Godfather vous aimerez Cars 2. C’est sans doute tout aussi crédible que de comparer deux auteurs dont la production s’étale sur des siècles différents.

Car reprenons la réflexion de ce Tartenpionchski (c’est un faux nom ne voulant pas donner l’impression de m’attaquer à une œuvre alors que je ne l’ai pas lue, et d’autant plus l’orthographe du nom est bien trop compliquée). Si il écrit comme Edgar Allan Poe, de fait les histoires ne seraient plus extraordinaires du tout mais en plus l’impression de répétition, de copie, au mieux de pastiche ne procureraient pas la même impression au lecteur. Je ne dis pas qu’Edgar Allan Poe est au summum et que personne ne peut le dépasser, mais l’expérience que nous faisons de certains livres est unique. Un livre du 19ème siècle a de plus une patine qu’il serait stupide de vouloir imiter sans se perdre dans du plagiat.

Cela m’est quelques fois arrivé, plutôt pour le cinéma de m’être fait prendre par ces arguments fallacieux et souvent ce furent de réelles déceptions. Car l’auteur d’une telle accroche ne peut voir juste sur ce qui a plu à chaque spectateur dans telle œuvre. Pour certains ce sont les scènes extrêmement lentes, et ils passeront sur les scène violentes ne les valorisant pas ou l’inverse. De même pour un livre, si vous prenez la Peau de Chagrin, il y a des tas de raisons de trouver ce livre génial, ou au contraire pesant. J’ai pris le parti du premier, mais je conçois que certains aient pu s’y perdre. C’est là le rôle d’un critique de donner des clés de lecture et pas de faire la promotion à tout prix pour se faire payer des bons restos. J’avais déjà abordé le sujet du rôle du critique par rapport au film Holy Motors de Leos Carax, film que j’avais adoré mais dont les critiques dithyrambiques ont sans doute pu mal aguiller certains spectateurs.

Faisons un petit jeu, essayons cette formule sur d’autres sujets et voyez si vous êtes convaincus :

Vous avez aimé le boudin noir, vous aimerez le boudin blanc.

Vous avez aimé Le discours d’un roi, vous aimerez Aya Nakamura.

Vous avez aimé Richard Millet, vous aimerez Catherine Millet.

Vous avez aimé le confinement 1, vous aimerez le confinement 2.

Vous avez aimé le 3ème Reich, vous aimerez la 3ème Macronie.

jeudi 29 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 10

Histoire de Rien – 10 – Nouvelle – Fiction

C’est un nouveau printemps. Les arbres sortent de leur fausse torpeur, les animaux de leurs terriers, et moi avec eux. Il fait déjà bon. Je n’ai pas pensé à grand-chose, juste résister, attendre des temps plus propices. Hiberner en quelque sorte. La vie m’est devenue plus délicate depuis que je suis privé de l’homme. Je guette pourtant. Mais les contacts sont inexistants. Nous n’en voyons tout simplement plus, en tout cas plus de près. Les chemins ont été recouverts, on peut à peine discerner les précédents élagages. Grâce à un petit mulot me voici dans la gueule d’une chouette. Je ne sais si je vais pouvoir y prospérer. C’est la nouveauté, l’aventure. Des sensations garanties et puis si ça fonctionne j’aurais assuré mes prochains mois, voyageant dans les airs, allant plus loin que mon hibernation ne me le suggérât. Avec un peu de chance j’apprendrai ce qu’il s’est passé chez mes anciens colocataires.

Ici il y a tout ce qu’il faut, les rongeurs ne rongent plus leur frein depuis belle lurette. Ils se méfient des renards tout de même qui ont quitté les villes depuis longtemps et qui après une période d’adaptation sont devenus à nouveau de véritables prédateurs. Ils sont beaux avec leur pelage et leur longue queue. En revanche dès qu’ils ouvrent leur gueule ils m’insupportent au plus haut point. Tant, que j’ai déserté leur entourage. C’est une chouette, sans doute plus téméraire que les autres qui m’a permis de voir de quoi il en retournait. Au petit matin, une course au travers de grands pins, anciennement plantés par l’homme m’a amené en bordure de forêt et là nous fumes surpris par ce qui s’étendait devant nous. Des baraquements à perte de vue derrière de hauts grillages. Je fus pris d’effroi mais d’appétit aussi. Il me fallait passer chez les rongeurs pour pénétrer dans ce camp hautement surveillé. Des grillages électrifiés, des gardes et même le bruit assourdissant d’un hélicoptère vint perturber mon hôte qui se cacha en pénétrant dans la cime des arbres.

Cela me prit encore du temps, mais le temps n’est pas mon ennemi comme vous l’avez vu. Aurais-je la possibilité de remonter à mes origines grâce aux hommes que j’allais retrouver. Ce sont les mustélidés qui m’ont ouvert les portes du temple. Un terrier, mais surtout des conditions de vie exécrables qui poussaient les hommes à dévier et à tenter de filouter, ne pouvant se sustenter de leurs seules rations quotidiennes.  

Me voici à nouveau parmi eux, mes nouveaux amis. Personne ne m’a encore vu et je me ballade allégrement entre les bâtiments. Les sourires n’existent plus, j’ai affaire à des zombies. Hommes ils n’en ont plus que le nom, enfin ce nom que moi je leur donne car ces hommes ne parlent plus. Ils ont chacun un bracelet qui s’anime à toute parole non autorisée en envoyant une décharge fatale. C’est efficace, il n’y a pas un mot. Parfois la nuit, certains maugréent des bribes dans leur sommeil comme des réminiscences d’un temps passé. Les organisateurs dans toute leur mansuétude n’électrocutent point dans ces moments inconscients. J’espère bien aller derrières ces portes, voir ce qu’il se passe, se rapprocher du pouvoir et retrouver mon espoir. Je ne baisse pas les bras. Je suis toujours là et pour un moment.

lundi 26 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 9

Histoire de Rien – 9 – Nouvelle – Fiction

Je parlais des abrutis la dernière fois, je ne sais si ils pullulent ou si ils étaient cachés. Cela devient étouffant. Les gens se déchirent, crient, s’insultent. On ne me pointe même plus du doigt, non que les lépreux ne puissent être de la partie, mais le responsable c’est l’autre. L’autre, cela suffit pour en faire une proie de la vindicte, l’autre qui a perdu mon ego, l’autre qui ne devrait pas être là. L’autre c’est bel et bien sa faute, au début les hommes  caractérisaient ces fautes imaginaires, pas la bonne couleur de peau, pas la bonne corpulence, pas le bon sexe, pas la bonne façon de faire son créneau, pas la bonne façon de mettre son masque.

Les conflits se sont accentués, les ministres sont rentrés en compétition pour émettre les mesures les plus populaires. Le stade du Heysel a été réquisitionné pour y voir se passer un drame bien plus grave que le rouge et le noir et blanc des années 80, les hommes politiques s’y sont affrontés par équipe, entre le gouvernement fédéral, le régional et les bourgmestres devant des spectateurs masqués et enfermés dans des bulles plastiques. Les représentants de la ville de Charleroi ont succombé car les encadrants avaient oublié de faire des trous de respiration dans les sacs. Pourtant cela n’a pas apaisé le débat qui faisait rage. Tels des gladiateurs ça y allait à coup de nouvelles mesures pour voir qui remporterait l’adhésion du peuple rassemblé, peuple certes encadré par des forces armées. Le fédéral a commencé par vanter les bienfaits d’une puce qui s’ingérait et qui permettait de tracer en temps réel l’individu et d’envoyer des analyses au laboratoires de façon instantanée. Mesure jugée trop coûteuse et pas assez rapide par la région bruxelloise qui prêcha pour des vidéosurveillances généralisées avec des rapports de température toutes les cinq minutes. C’est sur la même argumentation que le bourgmestre d’Anvers proposa une solution selon lui bien moins coûteuse et bien plus efficace. Devant la diminution de l’utilisation des infrastructures logistiques du Port d’Anvers liée au ralentissement de l’activité économique, il expliqua qu’il pouvait réquisitionner tous les gigantesques hangars et y faire loger toute la population en la classant en fonction de différents critères liés à l’immunité mais surtout à d’autres critères que ses adversaires semblaient tout à fait comprendre.

Cela a commencé, les gens partaient. Je n’avais nulle part où aller, et dans ces centres je ne me faisais que trop remarquer, tout de suite mis à la porte, exécution garantie pour tout  hôte trop gentil ou naïf. Je fus poussé dans mes retranchements et même si l’humanité m’avait désabusé je la quittai avec une certaine tristesse. Ce ne fut pas chose aisée, et puis grâce à un évadé j’ai pu me mettre à l’abri. Son chien m’avait sans le savoir à la bonne et j’ai pu repartir voir mes amis oh combien plus simple les animaux. Me voici à nouveau en forêt, j’ai peur de devoir attendre un temps bien long avant de revenir vous voir. Et d’ailleurs qui en aurait envie ? Ces hangars font froid dans le dos et personne n’en sort. Et ils croient qu’ils m’ont éradiqué…  Qui voudrait se laisser enfermer dans ces mouroirs ? Avant de partir je voyais ces pauvres hommes et femmes travailler pour produire de l’énergie, pour les hangars sans doute mais vu les conditions misérables pour autre chose. Sans doute des lieux cachés et réservés. Peut-être ces hommes en combinaison qui viennent sporadiquement, ou encore d’autres. Impossible de les approcher. Je ne m’avoue pas vaincu, il faut que je sois patient je finirai bien par y aller voir. Depuis le début de ma quête j’ai pu rentrer partout, et d’ailleurs cette quête, maintenant que tous les hommes qui s’intéressaient à moi sont terrés et que plus personne ne s’occupe de mes origines je ne suis pas prêt de pouvoir la relancer.

vendredi 23 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 8

Histoire de Rien – 8 – Nouvelle – Fiction

Je me suis fait quelque peu piégé en Belgique, du coup j’y reste et j’observe des mesures qui paraissent incompréhensibles à mes fréquentations. Et pourtant il faut juste être un minimum logique. Les symptômes comprennent notamment la perte du goût et de l’odorat. Il est donc tout à fait équitable que le gouvernement impose la fermeture aux restaurants, pour ne pas léser ceux qui ne sauraient sentir les saveurs. Du coup tout le monde chez soi et pas de jaloux pour les repas. Ils ont autorisé les services à emporter mais ça ne saurait tarder.

Bon ce qui est bien également dans leurs mesures c’est que moi qui me sentais un peu moins en forme ces derniers jours ne vais pas être en décalage. Le sport est interdit pour les plus de douze ans, du coup l’était physique des adultes va à nouveau se dégrader et je vais être à nouveau à mon aise. Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes sont critiques vis-à-vis du gouvernement.

Il me reste de beaux moments à vivre ici. C’est toujours plus facile de s’épanouir quand l’environnement est nivelé par le bas. C’est ce qui est fort dans l’humanité actuelle, cette obsession de s’aligner sur le plus faible ou le plus mauvais. C’est encore un exception dans le règne animal. Cela fonctionne toujours, et toujours bien. Alors oui les gens sont un peu d’humeur chafouine mais ils continuent de dominer la planète non ? Et moi qui ne peut pas faire grand-chose malgré toute  l‘importance que certains me prêtent. Pourtant j’en ai un peu marre, condamner à ne rien être et le responsable de tout à la fois. Je rêve d’un monde clair et pur, en harmonie. Dans ces paysages je ne suis pas certain d’y concevoir l’homme. Vous comprenez qui je suis, je peux vivre sans l’homme également. Des réminiscences me font même penser que je vivais sans l’homme depuis longtemps. La vie lutte contre la vie parfois pour se préserver. Une forme de compétition s’opère dans un bouillonnement d’existences parfois antinomiques et je prends conscience que ce monde n’est pas viable en l’état.

Grâce à moi la Terre a gagné un peu plus d’un mois de vie cette année, enfin elle n’en a perdu que un  de moins que les années précédentes. Du gaspillage, de la destruction, et oui de l’amour pour faire tout passer. Pour justifier l’espoir et les débordements. Un peu comme si un ténia avait une histoire d’amour avec un autre congénère et que pour cette raison on le laisse parasiter son environnement jusqu’à la destruction. Des termites sur un radeaux qui mangeraient le bois jusqu’à se noyer. Cela semble évitable mais preuve de raison il faut. Il ne me reste que peu de temps pour tout vous dire. J’ai compris des choses, des choses qui vous feraient frissonner si je ne les taisais point. Je ne veux vous torturer dans votre crédulité. Les choses sont écrites, les Parques font les boulot et il n’y a que les évidences qui vous échappent. Se raccrocher aux brins d’herbe de la rive c’est tout ce qu’il reste. Mais le sol est glissant, vaseux même. L’humanité est enlisée, se débat, fait des gestes ou au contraire n’en fait plus justement. Se mettre dans un sarcophage ne protègera de rien. Ce n’est qu’une question de temps. Si vous résolviez ma quête il y aurait peut-être un espoir. Mais avec tous ces tabous, ces pays qui prétendent ne rien avoir, ne rien savoir. Je voulais juste savoir d’où je venais. Aujourd’hui l’on ne peut plus louvoyer, ça ne sert à rien. Il faut me dire ce que vous savez. J’arrêterai de bouger, de contaminer tous ceux que je croise. Un petit lopin de terre, quelques animaux et je peux subsister pendant des dizaines d’années sans vraiment péricliter. Et puis vous n’avez vraiment pas besoin de moi pour mette à mal, si vous ne vous exterminez pas les uns les autres, vous rassemblez toutes les conditions pour une extinction massive. Ce serait injuste de tout me mettre sur les épaules, injuste. Vos disfonctionnements je n’y suis pour rien, le fait que les fortunes aient été privilégiées au détriment des services de soins publics, ce n’est pas moi, bien loin de moi cette idée, il faut être abruti, pour cela, abruti …

mardi 20 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 7

Histoire de Rien – 7 – Nouvelle - Fiction

La pluie ne vient pas, pourtant douchés semblent nos espoirs. Portes closes, tristesse et obscurité.

Tout semble glauque, même les plus optimistes que je connais commencent par s’abstenir. Du coup je deviens curieux, non plus de mes origines, il paraît certain que je ne les trouverais pas de suite, pas avec le bazar généralisé. J’avais bien croisé quelques scientifiques qui s’y intéressaient de près, c’est fini, ils font des chiffres, ils comptent et quand les calculs ne sont pas satisfaisants un contremaître du ministère rajoute à la grosse louche. Il n’y aura bientôt plus grand-chose à dire, confinement si il y a m’obligera à être plus discret. C’est dommage, les enfants apportent encore de la joie. A ceux qui se demandent ou s’indignent de voir les écoles encore ouvertes alors que c’est certainement le plus grand lieu connu d’échange de postillons, je leur recommande d’écouter un enfant rire. Sans doute le cadeau ultime pour sortir de la morosité ambiante. Faites que les enfants continuent de rigoler aux éclats. Quand tout le potentiel de la vie se tait, son lit se tarit de lui-même et le sens de l’existence ne peut qu’être vain.

J’ai l’impression qu’en France et en Belgique, avec des stratégies légèrement différentes, les gouvernants sont pris de folie. Comment vouloir un monde sans joie, sans vie ? A force d’en entendre parler j’ai compris que 1984 était un livre, 2084 aussi, un peu moins connu, troublant à ce qu’il paraît. Mais nous sommes en 2020, alors le programme n’était pas joué d’avance, cela peut encore changer. J’ai vu que dans certains pays lointains de l’hémisphère sud la vie était selon les dires normal. Il va falloir que j’y aille. Comment ? Ce n’est pas simple à organiser. Cela vaut sans doute le détour, hélas j’ai peur qu’une fois à nouveau là-bas la panique ne recommence. La discrimination est condamnée pour de multiples sujets, mais pour moi, quand j’arrive on me rejette, on m’évite, on m’isole. Tout ça pourquoi ? Pour masquer les déficiences des pays, de l’Etat qui a longtemps joué avec le feu jusqu’à mettre sa population en péril. Que se passerait-il si la contamination était hautement mortelle. C’est un bon coup de semonce pour donner une chance à l’humanité de s’en sortir. Alors oui certains vont dire que j’ai ma part de responsabilité, mais je n’y suis pour rien, je suis construit comme cela, je ne peux faire autrement. Il me faut ces nouvelles personnes, ces voyages, bouger, bouger le plus possible pour se sentir vivant, comme ces jeunes adultes, récemment employés, qui parcourent le monde avion après avion et qui vont faire la morale à la première personne qui demandera un sac en plastique dans un supermarché. C’est une pulsion irrépressible. Pulsion de vie qui semble étrangement disparaître de l’humanité actuelle.  

Pour me dédouaner je tiens à dire que tous ces mouvements n’avaient qu’un but, retrouver mon origine, retrouver mes parents si l’on peut parler ainsi. Aucun des grands scientifiques ne semblent vouloir me l’avouer, à moins qu’ils ne sachent rien, comme toujours, privés de conscience depuis trop longtemps pour ne pas échapper à la damnation de leur âme. L’homme s’enferme dans son ignorance et justifie les actes les plus mortifères par le garanti du risque zéro. Ce risque zéro n’existe pas dans la nature, le fait d’être implique le non-être, et tant mieux. Si nous avions des hommes de deux cents ans, dans quel était seraient-ils, le physique ne serait que lambeaux, et l’esprit de même. C’est une partie du problème que j’essaie de résoudre mais que d’entraves. Il faut laisser la place, les cellules de la peau se dégradent et se régénèrent, comme chez tout vivant malgré cela les mesures favorisent l’inaction, l’immuabilité de l’état qui condamne le sujet à attendre la flèche avec plus ou moins une relative dignité.


dimanche 18 octobre 2020

Journal de 40 - 3

Journal de 40 -3

Je reprends la plume de mon petit journal de simili vieux. Oui je trouve que simili vieux ça me va bien, car en soit 40 ans ce n’est pas encore vieux comme on l’entend au sens médical, mais j’ai de cet état une série de symptômes, les douleurs liées aux cervicales, ma méconnaissance du dernier album d’Aya Nakamura, et une tendance à m’insurger dès le premier pâté de maison passé. Je suis un peu la Canada dry du troisième âge.

En Belgique le nouveau gouvernement passe en mode majeur de l’oppression. J’étais assez fier de ma petite blague distillée dans mon histoire de Rien (pour rappel, cet histoire de Rien est une mini fiction écrite en instantanée, ça ne vole pas très haut mais j’étais assez content de l’angle pris, je vais normalement aller jusqu’à 10 billets), avec ce jeu de mots sur le nouveau premier ministre Alexander de Croo, qui n’a plus les crocs donc il ferme les restos. Cette mesure est clairement une mesure préparatoire à un nouveau confinement et je ne peux sans cela que partager l’incompréhension des restaurateurs qui étaient impeccables pour la quasi-totalité et pleinement dans le respect des mesures sanitaires. Il est certain qu’il y a plus de risques dans le métro qu’à la table d’un étoilé, ça ne se discute même pas. Mais je pense que le gouvernement va mettre tout le monde d’accord en arrêtant tout, une nouvelle fois. Pour quoi ? et bien cela devient de plus en plus inaudible. La peur marche quand même toujours, elle gouverne, annihile, et il y a la répression, les amendes, voire la prison pour tenir tout ça.

J’ai passé mes 40 ans donc loin de ma famille proche, loin de mes amis qui n’habitent pas à Bruxelles (heureusement j’ai pu voir à ce moment ceux qui y étaient), et cela va durer. Mes parents vont être privés de leurs petits-enfants pendant leurs années où ils peuvent encore en profiter et tout ça pour les préserver … équation étrange.

Les sondages d’opinion montrent cependant que la majorité est favorable au durcissement des mesures en Flandres et aux Pays-Bas, étrangement je ne connais personne de ce point de vue. Manipulation ? Quand on voir comme l’INSEE manipule les chiffres au profit des gouvernants (voir le dernier livre d’Olivier Todd – Lutte des classes en France […] qui donne des exemples concrets de manipulations commandées) on ne peut qu’être dubitatif.

En Belgique donc la bulle de 1. C’est comique. Il faut donc choisir entre l’homme ou la femme dans un couple d’amis par exemple. Alors sans doute que les Belges chez eux vont choisir un parent, mais pour nous qui sommes sans famille ici, la cas est donc différent et comique. La semaine prochaine il va y avoir une pénurie des disponibilités des nains quand il vont faire passer la bulle à un demi. Et oui ça paraîtrait logique. Il y a beaucoup moins de risque avec un nain, car les têtes n’étant pas à la même hauteur, les postillons ont plus de chance de s’échouer sur le bassin de la personne de taille normale et de passer au-dessus de la tête du nain. Il faudrait cependant pour cela édicter une règle mathématique et une simulation de projection sérieuse pour savoir à quelle distance on doit se tenir du nain en fonction de sa taille pour être certains que nos postillons lui passent bien par-dessus. Cela donnerait des situations sans doute cocasse, avec des nains collés à la taille.

Le problème c’est que des nains ça ne court pas les rues, enfin si, certes quand ils marchent on a l’impression qu’ils courent mais je ne suis pas certain que ce soit une population en plein essor et j’ai bien peur que je ne n’en trouvasse point.

L’autre solution restera donc les amputés, mais si on veut respecter les règles, il nous faut trouver des vrais amputés, des hommes troncs et pareil ça ne court pas les rues (je ne vais pas la refaire vous avez compris). Peut-être que le gouvernement sera gentil et autorisera de voir des personnes qui ne sont amputées qu’au genou, ça ouvre des perspectives. Imaginez cet élan de chaleur que vont recevoir ces personnes d’habitude discriminées et pour certaines mises de côté. Aller j’ai l’idée de la fin d’année, je vais créer une application – « Chacun cherche son nain » ! Youhou fortune à moi !

samedi 17 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 6

Histoire de Rien – 6 – Nouvelle - Fiction

Il faut bien que j’admette certaines choses, le monde paraissait mieux avant. Je ne m’en souviens certes pas mais vu les apitoiements et plaintes cela ne fait aucun doute. Pourtant en me penchant sur ce sujet et essayant de comprendre ce qu’était cet avant, ce n’était pas toujours glorieux. Mes nouvelles fréquentations semblent ne pas en démordre, ils veulent revenir en arrière. En Belgique les évènements ont été gérés par un gouvernement provisoire, et pour la rentrée ils ont réussi à se mettre d’accord avec un Alexandre qui semblaient avoir les crocs. Et à la stupéfaction de la population, ce même Alexandre semble avoir une dent contre les restaurateurs leur imposant une fermeture totale malgré le respect des mesures de protection et de distanciation et le nombre très faible de contaminés dans le secteur.

Il faut l’appeler Alexander sans croc maintenant. Je ne vais plus pouvoir aller au restaurant pour découvrir de nouvelles personnes, déjà que ce n’était pas simple avec toutes ces barrières physiques. Je pouvais malgré tout découvrir des plats préparés avec amour, passion et une certaine dose de masochisme. Je me suis baladé en cuisine quelques fois. Pas longtemps car les étrangers ne sont que peu souvent les bienvenus, l’hygiène avant tout. Je ne sais pas si ces gouvernants pensent que les barres de métro sont plus propre que les plans de travail d’un restaurant. On ne comprend qu’une chose aujourd’hui c’est qu’il n’y a rien à comprendre. C’est mieux ainsi. Il faut essayer de sortir, de partir vers des paradis artificiels à la Baudelaire pourquoi pas. Les hommes me font de plus en plus penser en puissance à ce dormeur du val de Rimbaud, ils ne le savent pas mais ils sont déjà morts, certes ça fait un peu Ken le survivant aussi comme phrase. J’ai aussi découvert les vieux mangas, c’est assez drôle Ken, dans un monde post-apocalyptique, des hommes qui se battent à mort. J’avoue que ce n’est plus très joyeux, les gens que je croise n’en peuvent déjà plus alors qu’on leur prédit un confinement proche. Je n’ai que peu d’espoir pour trouver une nouvelle piste de recherche. On me laisse de côté, parlent de moi dans mon dos mais sans jamais me nommer. Je ne me sens plus être Rien, mais quelque chose que l’on n’ose qualifier réellement. Le temps passe, je me demande si mes parents ne sont pas morts. Il semble que les vieux soient les plus touchés. Et puis non, ils ne doivent pas être si vieux. Je n’ai aucun souvenir, peut-être n’ai-je jamais eu de parents d’ailleurs. Suis-je sorti des limbes, suis-je l’enfant des Erinyes. Je commence à avoir rattrapé mon retard sur la littérature ancienne.

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais ça avait l’air chouette l’antiquité. Certes il ne fallait pas être du côté des esclaves, un peu comme aujourd’hui. Pour le reste ils réfléchissaient bien plus qu’aujourd’hui. Enfin c’est ce qu’il en reste, ils essayaient d’avoir une certain éthique, ils pensaient la vie et la projetait. Aujourd’hui on ne regarde que dans le rétroviseur, toujours derrière, on ne veut pas perdre ce qui finalement ne nous plaît pas. Beaucoup disent que la planète va dans le mur, que la société capitaliste néo-libérale ne mène qu’à la destruction, vous leur enlevez et ils feraient tout pour y retourner. Je suis toujours perdu et je ne comprends pas . Si la gestion de la crise est insupportable, il ne faut pas la supporter et tout faire pour s’y opposer, sinon il ne faut pas se plaindre. Pas plus compliqué que cela non ? Les restaurants n’ont qu’à ouvrir, de toute façon ils ne seront pas solvables pour payer les amendes, de même que tout le monde au bout d’un certain temps. Alors certains vont me dire qu’il faut garder la tête sur les épaules, pourtant ce n’est pas donné à tout le monde. Les défenseurs de la liberté d’expression sont menacés de la perdre à ce que j’ai pu voir. Je ne connais pas encore tous ces phénomènes, car depuis mon état de mémoire il n’y avait pas encore eu de tel acte terroriste violent.

 

mercredi 14 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 5

Histoire de Rien – 5 – Nouvelle - Fiction

Mes premiers souvenirs sont assez glauques il faut l’avouer. J’étais sans doute prisonnier dans une base militaire. Je ne me souviens rien avant cette étrange chambre bétonnée, il y avait des bruits, des sons, des gens s’affolaient, du verre brisée sur le sol, des animaux, le chaos. J’imaginais qu’il y avait eu une lutte, en étais-je le responsable, étais-je un espion infiltré, je ne comprenais rien aux échanges verbaux dont le ton était particulièrement agressif sans équivoque. Heureusement j’ai rapidement pu m’échapper, j’ai suivi un des employés jusqu’au bas de son immeuble. Je ne savais que faire mais je me suis convaincu que je ne pouvais qu’être poursuivi par ceux que j’avais entrevus. Je me suis donc instinctivement mêlé à la foule. Il y avait un monde exceptionnel, des hommes, des femmes, des enfants, des animaux. J’ai réussi à vivre plutôt paisiblement plusieurs semaines. Je commençais à me détendre quand la folie a gagné la ville. Depuis ce jour j’ai l’impression d’être poursuivi par un nuage gris, tous les chemins que j’emprunte semblent se ternir, les portes se fermer, la population s’inquiéter. Il m’est passé par la tête il n’y a pas si longtemps que je devais avoir ma part de responsabilité dans tout cela. Et puis j’ai trouvé que ce serait tout de même trop pédant de penser que je puisse avoir une quelconque part de responsabilité à cet étage. Vu l’étendue des dégâts, c’est incroyable. Heureusement certains sont là pour me décrire la vie d’avant. Comme certains disent c’était bien cool. Ce qui m’inquiète c’est que longtemps je voyais tous ces hommes et femmes être persuadés que ce ne serait histoire que de quelques semaines, je m’en réjouissais et j’avais hâte que comme ils disaient la vie ne reprenne.

Aujourd’hui les gens ont peur, peur de tout, de leur ombre aussi. Peur de perdre et de ne savoir comment garder un certain honneur. On leur dirait de mettre une plume dans les fesses qu’ils le feraient certes à contrecœur, mais ils le feraient. J’entends beaucoup de mots dont je ne connaissais pas l’origine mais dont j’ai appris la triste provenance, fascisme, totalitarisme. C’était en 1984 si j’ai bien compris, je n’étais pas né, enfin je ne m’en souviens plus et ce serait improbable, je ne me vois pas si vieux. A ce moment le masque n’était pas obligatoire mais le peuple devait se soumettre à des décisions au mieux incohérentes et dans tous les cas liberticides. Heureusement ce n’était pas partout. Il y avait des havres de paix. Aujourd’hui c’est plus restreint, et les décisions semblent débiles pour la plupart de ceux que je croise. Ils ne font rien. Ils sont désœuvrés, attendent, se mortifient au fur et à mesure. Ce n’est pas dans ce climat que je vais faire de nouveaux liens constructifs qui vont pouvoir m’éclairer pour ma recherche.

Alors certains se replient sur des pensées ou des passions plus personnelles, il reste la poésie et l’art. C’est assez chouette, on peut encore voyager. Et il est vrai qu’il n’y a pas forcément besoin de venir user de ses chaussures toutes les places du monde pour les parcourir. Pour certains habitants l’environnement direct s’améliore, pourtant ils ne le voient pas, ils n’ont plus de revenus. Tout ce qui était basé sur un échange d’argent entres les habitants de différents pays a disparu, du coup certains ne tiennent plus. Je suis rapidement passé à Venise, c’est tellement beau. Il paraît qu’il y a trop de monde normalement mais là c’était mort comme disent certains. Cette eau, ça calme. Et puis ces canaux partout, un vrai labyrinthe, avec de l’eau devenue claire dans laquelle on peut voir des poissons. Un certain état de nature qui semble se réjouir des troubles humains, enfin en partie, car ce n’est qu’un point de vue. Pour ma part je me sens toujours perdu, je n’ai que des souvenirs étranges, et de cette nouvelle période.


dimanche 11 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 4

Histoire de Rien – 4 – Nouvelle - Fiction

Je me disais que si lui ne pouvait pas savoir d’où je venais, il ne subsisterait que  peu d’espoir pour moi dans cette quête. J’avais essayé plusieurs techniques, passant par des docteurs, des scientifiques afin de retrouver cette mémoire qui me faisait tristement défaut. Sans succès hélas. Donc avoir l’homme dit le plus puissant du monde sous la main me paraissait imparable. J’ai donc assisté à plusieurs meetings de sa campagne élective. Comme je le disais l’ambiance était chaleureuse, personne ne portait de masque, on se prenait dans les bras après de très longs applaudissements liés à je ne sais trop quoi. Je ne comprenais certes pas toute cette langue, mais les émotions étaient bien présentes. Il y eut beaucoup de hués également, les gens paraissaient s’accorder sur le sujet. Je n’ai posé aucune question.

Et puis la foule aidant, au fur et à mesure je me suis rapproché de l’équipe. Sans faire de bruit je fus comme accepté dans le décorum. J’étais étonné, moi qui avait tant entendu sur la sécurité et tout plein de choses. J’étais là, présent avec eux et je me voyais promettre l’accès à la Maison Blanche. Donald Trump hors caméra passait sa vie à dormir affalé dans un fauteuil, j’aurais bien aimé lui poser dans questions mais ça n’était jamais le moment. Et à un moment il y eu une réunion avec tout plein de nouveaux. Ils étaient tendus, certains portaient de beaux uniformes, Donald n’avait pas l’air en forme. Il annonçait qu’il était malade. Voilà bien ma veine, alors que j’étais proche du but, voici l’homme le plus puissant de cette planète qui a un passage à vide. Pourtant je le voyais dormir comme d’habitude, pas plus, pas moins. Je trouvais exagéré que certains ne le traitassent avec autant de distance, venant masqués au bureau et dans les appartements. Il me fallut donc quitter ce lieu de pouvoir qui me promettait tant. Après avoir pérégriné encore dans les pays des libertés personnelles et du rêve, me voici donc à rentrer vite en Europe. J’évitais l’Asie depuis un petit moment même si mes premiers souvenirs s’y trouvaient et quelle ne fut pas ma surprise de trouver à nouveau ce monsieur à l’air d’extraterrestre et ses sbires faire des annonces anxiogènes. Voilà, j’étais parti plutôt tranquillement, et à mon retour je trouve des pays qui décident une nouvelles fois de se priver de leur humanité. Car je ne sais si dans ma vie d’avant j’étais un habitué des cafés mais c’est une invention quasi divine. Un lieu, hors propriété individuelle où des personnes de différents milieux, avec différentes histoires peuvent échanger, se connaître, créer des liens, modérer leur véhémence résiduelle liées aux déceptions de la vie. Et me voilà à peine à prendre un café avec quelques nouvelles connaissances, qu’on me met dehors, la voix désolée, déçue, les larmes aux yeux.  J’aurais eu envie d’aider ce monsieur, aux tempes grisonnantes, aux rides profondes, et aux bras de camionneur qui est venu dire à la table que la tournée était la dernière, mais pas la dernière de la journée, la dernière tout court, qu’il jetait l’éponge, et pourtant il ne se trouvait nullement à la plonge à ce moment précis, qu’il avait assez de dette pour déshabiller ses enfants pour toute leur vie. Nous sommes donc partis sans payer, la parole troublée.

C’est beaucoup moins drôle de marcher devant ces devantures qui donnent du souffle aux villes, qui sont autant d’îlots d’espoir que des écueils de désillusion. Mais voilà, ils semble que je ne connaisse que des pays en tension. J’aimerais bien me souvenir de temps plus heureux, moins inquiets. Car les dernières discussions que j’ai pu captées dans le café tournaient autour du sujet, si j’ai bien compris les gouvernements, sans doute sous le joug d’une domination extraterrestre ou juive, les deux messieurs moustachus qui discutaient au comptoir n’étaient pas d’accord avant que le serveur ne vint les mettre d’accord leur disant que c’était sans doute la même chose et qu’il ne cite Al Quaïda et les Chinois, prennent la décision d’empêcher les enfants et les gens de vivre normalement et donc de préparer les générations futures afin de protéger les plus vieux qui ont déjà un pied dans la tombe. Et à ce moment ils se sont tournés vers un certain René, un vrai vieux, qui tient debout essentiellement grâce à la résistance qu’offre le flipper à son dos qui ne cesse de vouloir s’évader en arrière. René s’exprima, enfin il me parut qu’il grommela : «  M’en fous moi, je préfère sucer des bites que porter un masque, et quand j’étais jeune j’ai plusfgeoajgoeaj greugmaosnfz […] pas peur moi ! »

Je me demande ce que fait René aujourd’hui, seul chez lui. Au moins au café, il n’était pas seul et les serveurs qui le connaissaient bien arrivaient à le modérer, le rasseyait par moments et finalement confessaient aux autres clients que le whisky coca devenait du coca seul au fur et à mesure de la journée, déplorant certes qu’il ne puisse trouver le sommeil à cause de la caféine. L’un avait essayé une boisson décaféinée et René l’avait craché directement. Pauvre René, j’espère qu’il s’effondre au moins sur son canapé.

jeudi 8 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 3

Histoire de Rien – 3 – Nouvelle - Fiction

Ce n’est jamais simple de chercher ses parents en étant amnésique. Par où commencer ? J’ai bien interrogé certaines personnes mais je ne reçus la plupart de temps que des propos blessants et inconvenants. Et ceux qui pourraient avoir l’information me sont encore inaccessibles. Il doit bien y avoir des fiches quelque part. Mais sans point de départ dans quelle direction chercher ? Pourtant je ne me ménage pas, c’est pour cela que j’ai parcouru et que je suis encore sur les chemins, les routes, dans les airs dès que c’est possible. Cette quête m’a mené dans de nombreux endroits. Cet été j’ai trouvé que les gens étaient plus heureux, plus souriants en France et même en Europe, comme si ils s’étaient accordés une pause, une respiration. Et puis le monsieur à la tête d’extraterrestre ne parlait pas. Il avait aussi sans doute besoin de vacances.

Les plages étaient bondées, ça me faisait plaisir de voir autant de vies, de promiscuité et d’insouciance. Je me sens bien dans cette insouciance, ça me revigore, me donne de l’élan et l’envie de partir à nouveau à leur recherche.

Ne trouvant pas ce que je souhaitais j’ai donc laissé derrière mois quelques temps ces pays dont j’ai acquis la langue, j’ai facilement traversé l’Atlantique, et cette fois-ci en classe Business. J’ai longtemps préféré la classe éco, plus de monde, plus de chance de découverte, mais récemment j’ai dérogé, un peu de repos cela fait du bien. Je me souviens de ma première fois aux Etats-Unis, c’était il y a un peu moins d’un an, j’avais peur de me perdre dans ces gigantesques espaces américains. C’est tellement grand. Et très vite j’ai compris que les habitants étaient plutôt accueillants, enfin jusqu’à un certain point. J’ai vu des choses. Des matchs de football américain en pleine rue, et même des hommes se faire abattre. C’est grand beau et choquant les Etats-Unis. Mais il faut tout de même leur accorder le mérite de se battre pour ce qu’ils pensent être leur liberté. Dans certains pays d’Europe,  je me sentais mal et j’avais même du mal à vivre, des gens avec le masque partout s’aspergeant de gel désinfectant, alors qu’aux Etats-Unis j’ai retrouvé cette liberté qu’il me faut pour me sentir bien. J’avoue, même si c’est controversé m’être joint aux manifestants anti-masque. J’ai aussi fait les manifestations pour la vie des personnes à la peau noire. Il me manquait beaucoup de connaissances au départ pour comprendre de quoi il s’agissait. Beaucoup de souffrance et d’incompréhension, je n’étais pas seul. Il fut beaucoup question d’origine, l’espoir naquit que ces personnes puissent m’aider. J’allai alors faire un tour en Afrique d’où certains avaient leur ascendance mais ce fut une fausse route. J’y reviendrai.

De retour aux Etats-Unis il ne me restait plus qu’à en apprendre un peu plus sur ce pays et j’ai donc commencé à faire du tourisme. Hélas je me heurtai à la fermeture de plusieurs sites et à certains contrôles trop strictes. Il faut montrer patte blanche, surtout là-bas et n’étant pas en connaissance de mes origines j’ai préféré rester sur mes gardes. La Maison Blanche m’intriguait, je trouvais ça assez drôle d’avoir un pays qui luttait avec une population noire plus pauvre en moyenne et souffrant de discrimination et l’hôtel de l’exécutif s’appelant Maison Blanche. Au moins c’est un choix assumé, comme sur les paquets de cigarette, la mise en garde est claire et nette. Donc plus de visite de la Maison Blanche pendant longtemps. Il m’arriva de me rapprocher d’un des gardes mais il ne put me faire entrer.

Et c’est la semaine dernière que j’ai pu y rentrer. Je n’y croyais plus. Devant la ferveur populaire de la campagne présidentielle, j’ai saisi l’opportunité d’assister à un rassemblement, joyeux, fiers et insouciants étaient mes voisins. Je me suis laissé porter et d’un coup je me suis trouvé proche de certains assistants de Donald Trump.

lundi 5 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 2

Histoire de Rien – 2 – Nouvelle - Fiction

Il est compliqué de répertorier en une page tous les endroits que j’ai pu visiter ces deniers temps. J’aurais sans doute dû prendre des cartes de fidélité dans la plupart des compagnies aériennes. Bon on m’a également dit que ce n’était pas le moment. Qu’elles avaient du mal ces compagnies à joindre les deux bouts, pourtant cela fait quand même de nombreuses années qu’elles ont l’habitude de faire des jonctions. Sont-ce leurs pilotes qui sont déboussolés ? Du coup ils sont cloués au sol, j’aime bien cette expression  je l’ai découverte il n’y a pas si longtemps. Après il faut tout de même des clous que je n’ose imaginer pour parvenir à cela, surtout si on parle d’un A380. C’est impressionnant cet engin. J’ai eu l’occasion de beaucoup le prendre cet hiver, on a de la place, c’est chouette. Je m’y sentais bien.

Ah oui, qu’est-ce que j’ai visité et que pourrais-je vous raconter d’intéressant ? Beaucoup de choses, et puis les mots me manquaient même si aujourd’hui ils sont bien présents. Comme je m’exprime en français je vais déjà parler de ce pays, qui m’a paru à la fois magnifique et triste. Quand j’y suis arrivé, il y avait beaucoup de tensions, des gens mécontents partout et puis des hommes, avec ce qu’on m’a dit s’appeler des matraques, assez énervés. J’ai donc été pris plusieurs fois dans ce qu’on m’a expliqué être une manifestation. J’ai eu du mal à comprendre les principes de tels évènements. Sans doute ma mémoire une nouvelle fois m’a privé de certaines clés de compréhension. J’avais assister à peu près au même moment, mais bien plus loin à un match de football américain. J’étais à vrai dire assez étonné de ces entrées en jeu, et des ces lignes qui s’affrontaient. Alors oui vous allez me dire que devant des rugbymen ils sont protégés et ne risque rien car ils ont des cuirasses et des caques. Et bien comme j’étais curieux, enfin je crois, j’en ai tout de même accompagné à l’hôpital du fait de chocs trop violents. Cela laisse des traces. Et ils mangent n’importe quoi également. Je reprends le sujet de ces manifestations donc, c’est un peu comme un match de football américain à une différence près, c’est qu’il n’y a qu’une équipe qui est réellement équipée, même suréquipée car ils ne se contentent pas de lancer des ballons dans le camp adverse eux. Leurs balles font pleurer et parfois bien plus. C’était assez moche tous ces cris. Je m’en suis toujours bien sorti et même si j’accompagnais certains sur leur lit d’hôpital ou d’autres prostrés chez eux, j’ai toujours pu déambuler à ma guise. C’est vrai qu’avec ma tête je passe inaperçu. Déjà j’ai compris que le jaune était à proscrire et puis pas que le jaune hélas. Ce qui est chouette tout de même c’est de voir que certains en combinaison y prenaient du plaisir. A priori ils devaient gagner à chaque fois.

Comme tout évènement, cela a fini par plus ou moins prendre fin en France mais le relai a été prix par d’autres, notamment en Amérique latine, c’était cool tous ces mouvements de foule. En plus c’était la fin de l’été là-bas, il fait chaud mais il y a de la climatisation dans beaucoup d’endroits, idéal. Pour revenir sur la France, il y a plein de coins jolis, mais l’ambiance n’y était pas. Une fois les manifestations passées je me suis baladé un peu seul. Les gens semblaient m’éviter alors que je ne les connaissais pas, je ne leur ai rien fait. Les portes étaient fermées. Je voyais un monsieur qui faisait semblant d’être intelligent souvent à la télé, je sais ce que c’est maintenant, même si j’avoue avoir vu beaucoup de divergences entre les différentes personnes que j’ai côtoyé. Dois-je en conclure que chacun est intelligent à sa façon. Certainement. D’autres sont illogiquement intelligents. En tout cas dans un sens qui semble répandu l’adjectif intelligent semble positif et conférer à celui qui en est attribué une certain légitimité sur certains sujets. Alors cet homme avec un peu une tête d’extra-terrestre, ça je le pique je ne l’ai pas inventé, parlait de guerre, heureusement je me suis jamais fait écrasé par un char. Ne sachant d’où je viens je me suis donc demandé si ce n’était pas mon cas également, d’être un extra-terrestre. Je n’ai encore aucune certitude à ce sujet mais selon certains c’est improbable. C’est rassurant car ce sera plus simple pour rechercher mes parents.

 

vendredi 2 octobre 2020

Nouvelle - Histoire de Rien 1

Histoire de Rien - 1

C’est le derniers message de Philippe sur ce blog qui m’a convaincu. J’ai fait sa connaissance il y a quelques mois, il ne m’a qu’à peine remarqué mais c’est en le suivant quelques semaines que j’ai pu acquérir un peu plus de précision dans le langage. Avant cela je ne prenais pas le temps. Le monde s’est ainsi découvert plus précisément à moi et je peux jouir pleinement de mes découvertes. C’est enthousiasmant de pouvoir nommer les choses, ça me permet de réfléchir également ce que je ne faisais pas auparavant. J’avais plutôt tendance à foncer dès qu’on me portait attention. Certains diront que je ne faisais pas dans la dentelle.

Voilà donc le sujet que le blog va suivre, important sans doute de me lire dans l’ordre même si le but est d’écrire page par page. Du coup pour retrouver toute mon histoire, dont la longueur n’est pas encore définie, il convient de cliquer sur le label histoire de rien, enfin faite le et comme cela tous les billets et seulement eux vont apparaître.  Et si ça marche et bien j’irai un peu dans les détails de ma vie, je devrais même dire mes vies tellement ce fut intense.

J’avoue que je m’aventure dans ce monde avec ce qui pourrait être caractérisé comme des troubles de la mémoire. Je ne sais pas qui m’a engendré, ni  ne connais rien de mon enfance. Il paraît que cela arrive dans des cas de traumatismes. Vous imaginez bien que lorsque l’on apprend ça, les fantasmes et les peurs s’entrechoquent dans ce que je me dois bien d’appeler mon esprit. Ai-je survécu à une exécution en règle, suis-je le bébé qu’on a oublié sous le berceau, ayant eu l’incroyable chance de ne pas avoir attiré l’attention alors qu’une bande d’exterminateurs était là pour faire le sale boulot et se sont chargés de mes parents sans aucun remord. N’étais-je pas désiré, m’a-t-on mis dans une garderie lointaine au fin fond du monde pour que jamais je ne trouve mes parents ? Ou plutôt étais-je un quelconque danger pour l’un ou l’autre, m’a-t-on caché comme un secret véritable et impitoyable ? De ceux qui forgent un raz-de-marée quand ils sont découverts et qui chevauchent plus vite que les quatre cavaliers ? Je me demande parfois si je ne suis pas issu du septième sceau.

Alors oui pour un amnésique beaucoup de suppositions sont possibles, et vous vous demandez si cela va vraiment être intéressant de lire une mémoire quasi morte. J’espère, j’ai eu une année assez mouvementée dont je me souviens parfaitement. Certes, j’ai dû conscientiser la plupart des évènements une fois que le langage nouvellement appris me permit de nommer les choses. Je ne sais même pas comment m’ont appelé mes parents, je n’avais pas de papiers, enfin pas les miens a priori. D’ailleurs j’ai toujours eu du mal à me reconnaître physiquement. En face de mon image j’ai des doutes, j’essaie de me projeter, et puis les images changent et sont là également pour me montrer mon vieillissement. Du coup j’ai compris qu’il était comique de s’appeler personne mais c’était a priori déjà pris par des westerns. Comme Philippe a écrit dans son mois d’anniversaire un message sur le sujet, et que quand j’agresse les gens sans m’en rendre compte on me dit le plus souvent que ce n’est rien, si vous l’acceptez (pure question de circonstance car bon de tout façon on fait ce qu’on veut sur le blog), je vais prendre le nom de Rien, ça sonne bien c’est facile à retenir.

Du coup ce sera Histoire de Rien. 

mardi 29 septembre 2020

Journal de 40 -2

Journal de 40 -2

Il est vrai que j’ai un petit manque. Même si c’était assez contraignant et qu’avec des journées très chargées il n’était pas toujours simple d’écrire un post, j’y suis parvenu et c’est un petit succès. Rrrr ça y est le gars il a 40 ans et il verse dans l’autosatisfaction !

On me demande comment ça fait d’avoir 40 ans, bon à part être totalement temporellement lunatique évidemment que ça ne fait rien du jour au lendemain. C’est plutôt le concept de se dire qu’il n’y a plus d’hésitation possible et qu’on a fait au moins la moitié de sa vie. Il peut certes y avoir des exceptions mais, en gros, c’est ce qu’il se passe.

Je discutais ce week-end avec un ami, de quelques années mon aîné, il me mettait en garde contre la quarantaine, je lui demande alors à quel âge exactement il avait quitté sa femme pour se mettre avec une fille 10 ans plus jeune que lui, réponse à 40 pile. Ensuite il a évoqué des circonstances atténuantes, blablabla et puis des jumeaux …

A part ça il ne se passe rien de drastique, les petits bobos étaient déjà là chez moi depuis un petit moment. Mais là j’ai reçu plusieurs cadeaux en lien avec cela, le fait de vieillir et d’en porter les stigmates n’est plus tabou. A moi le Yoga, le coaching sportif, la kiné, etc … j’aurais presque envie de croire que je vais ressortir de tout cela en méga forme. Ils n’ont pas osé le lifting, ouf ! Et puis hier à l’escrime je me suis fait ramener à ma déliquescence en me faisant battre par un quasi débutant.

Même si le mois d’octobre va être un mois particulièrement chargé je vais essayer de réfléchir à un nouveau concept pour continuer de poster des billets de manière assez régulière. Raconter ma vie de tous les jours n’a que peu d’intérêt donc je me dis que partir sur une petite fiction, une petite nouvelle écrite au jour le jour cela peut être assez sympa et me permettra de continuer à écrire. Les projets de romans et autres livres sont bien à l’arrêt depuis un petit moment et nécessiteraient un temps que je n’ai certainement pas. Du coup pour le sujet, même si il ne va pas être facile de mettre tous mes lecteurs d’accord il pourrait y avoir l’histoire d’un jeune gay qui fait semblant d’épouser sa prof de français et qui parvient à la tête d’un pays et le plonge dans le totalitarisme en prenant comme prétexte un virus extraterrestre qu’un de ses parents lui aurait ramené d’une autre galaxie et qu’il aurait répandu mondialement. Hum, pas assez réaliste. Ou peut-être l’histoire d’un monde vidé de tout sens du langage, une babélisation totale même au sein des mêmes pays, les groupes s’insultant les uns les autres, les plus méchants se transformant en zombies et mangeant exclusivement le croupion de leurs victimes. Pareil, ça ne se tient pas. Alors j’essaie celui-là, celui d’un groupe de personnes se réunissant une fois par an dans le même hôtel des Pays-Bas et jouant l’avenir du monde au Risk ou Warcraft. Bon je sais, je suis vraiment dans la science-fiction. Personne n’y croira, mais tant mieux car ce ne serait qu’une fiction. Ou sinon l’histoire d’un nombril, le nombril d’un écrivain qui parle de la difficulté d’écrire et de la boulangère qu’il a vu le matin et qui ne lui a pas vraiment souri en lui rendant la monnaie, alors que d’habitude si, et qu’il se demande si ce n’est pas parce qu’elle l’a vu sortir du Bon marché avec une miche sous le bras et qu’elle en aurait nourri une profonde jalousie, et le nombril de se lamenter car si il a fait ça c’est parce que son ex lui a envoyé une nouvelle lettre d’insulte qu’elle a signé du sang de ses menstruations. Hum sans doute déjà fait à peu près 200 fois lors de cette rentrée littéraire.

Bon avec tout ça je ne suis pas plus avancé. Encore quelques petites réflexions, sinon ce sera l’histoire d’un quadra qui ne comprend pas cette histoire de droiture du cercle ou qui en a fait le tour, même si c’était en septembre cette année et qu’il fait quand même fichtrement froid pour un tournoi du mois de mai où l’on fait normalement ce qu’il te plaît, mais qui ?

Sur ce …

dimanche 27 septembre 2020

Journal d’avant 40 – 27, Journal de 40 -1

Journal d’avant 40 – 27, Journal de 40 -1

Et voilà, ça y est, j’y suis. Je ne tombe pas encore dans la nostalgie de ma vie de trentenaire abandonnée il y a quelques heures. J’encaisse, surtout les flûtes de champagne parce que hein bon on n’a plus vingt ans. Pas simple de fêter ou de marquer le coup en période Covid mais j’avoue avoir été énormément gâté par mon épouse et mes proches, qui même si ils n’ont pu tous être là physiquement m’ont concocté des petites surprises, des vidéos avec anecdotes et autres cadeaux bien sentis.

C’est sans doute demain qu’il me sera plus dur de prendre cela avec philosophie, quand je serai parti officiellement pour une nouvelle décennie. C’était l’occasion de se remémorer des souvenirs vieux de 20, 15, 10 ans, d’autres plus récents mais pas tant que ça. Est-ce le temps qui passe qui donne la saveur des souvenirs ou y-a-t-il de moins en moins d’évènements sur la route de la sagesse ? Je ne peux y répondre aujourd’hui. De beaux projets m’attendent certainement, même, c’est certain. La vie évolue, je ne vais pas faire ici mon vieux con et dire c’était mieux avant. Nous vivons presque tous dans une attente mêlée d’une aberration devant l’évolution de notre société et notre incapacité à vivre une crise avec une certaine dignité. Tout semble voltiger et l’intelligence semble perdue.

Et tout cela s’est passé sous mon nez, discrètement, au fur et  à mesure.  Je me souviens petit avoir vu les images des protestations de la place Tien An Men avec les chars qui écrasaient des civils. Ce que je n’avais pas vu car bien trop jeune c’était le mouvement qui s’était amorcé dans les années 1980 de délocaliser pour le travail à bas coût, en Chine notamment et la perte d’une cohérence de la consommation. Tout cela était clair et nous y sommes allés, gouvernés par un confort illusoire, un sentiment de puissance manipulée par les publicitaires, et quand cela ne suffisait plus, par la peur. Sans doute l’arme la plus simple et la plus vile des gouvernants. Nous sommes bien loin de Machiavel où la notion de résultat positif ressenti par le peuple était déterminant. Aujourd’hui on s’en moque, nos gouvernants (politiques mais surtout détenteurs des capitaux) sont extrêmement cyniques. Il est certain que mes prochaines 40 années n’auront rien à voir avec celles qui viennent de se dérouler. Il est également probable que l’espérance de vie ne baisse continuellement dans les prochaines décennies. Donc ce seront d’autres défis. J’espère qu’il y aura de la joie et du bonheur même si la vie diffère, en espérant pouvoir se recentrer sur des sentiments plus essentiels. Il est trop facile de dire, mais oui t’inquiète regarde ces jeunes à l’école primaire ils vont trouver des solutions. C’est trop facile et bien du monde se cache derrière cela pour affronter les dissonances qu’ils constatent sans trop savoir quoi y faire.

Mon épouse géniale, en guise de cadeau, a fait un don à une association qui défend la biodiversité, une goutte d’eau certes, mais des gouttes d’eau multipliées par des millions ou encore mieux (et utopique) des milliards et tout change. Pour cela il faut que tout le monde prenne conscience (je ne donne aucune leçon car je peux m’améliorer sur bien des points), et pour prendre conscience il faut penser, réfléchir, et même si certains prétendent que tout le monde à son mot à dire à égalité, réfléchir et construire une réflexion en ne cédant pas à la manipulation s’apprend, se développe, se révise en fonction des changements de la société. Pour cela il faut être capable de parler, de s’exprimer et donc de maîtriser une langue. Tout tend cependant à rendre cette langue distante et inaccessible au profit d’une novlangue dangereuse et liberticide. Donc si vous me lisez, arrêtez tout de suite et prenez des ouvrages de référence, antiques, classiques, modernes, réfléchissez faites-vous votre réalité qui sera bien plus proche de la vérité que la soupe que l’on vous sert.

Je remercie mes quelques (et non pas des centaines de milliers, quel bluff) lecteurs fidèles.

Sur ce …

 

samedi 26 septembre 2020

Journal d'avant 40 - 26

Journal d’avant 40 – 26

Je faisais un peu le malin pendant ces semaines à écrire sur tous les sujets et même si j’évoquais ce prochain passage à l’âge, je m’en protégeais. C’est le dernier billet qui paraîtra avant le jour de mes 40 ans et cela met un coup tout de même. Bien entendu nous sommes dans la symbolique pure. Mais on se sert souvent de ses dates particulières comme des référents ou des paliers futurs.

A 40 ans, je change de métier, je deviens professeur de lettres ou de philo, je m’engage dans l’humanitaire, je travaille pour une ONG qui œuvre pour la défense du climat. Bon bah j’ai peur que dans deux jours je n’ai pas particulièrement avancé. Alors oui c’est la faute du Covid, bien entendu, car sinon j’aurais au moins tout fait d’un coup. Ce sont sans doute ces fantasmes qui permettent de vivre une vie professionnelle où il y a de réelles dissonances. Le monde étant dissonant, je ne vais pas le démontrer ici, c’est assez logique qu’on le vive à son échelle. Bien sûr il y a ceux qui sont soit hors monde, soit plus personnels et qui se soustraient à un schéma répandu et en partie oppressant.

Déjà quand j’étais petit je voulais être essayeur de fauteuil relax, idée piqué à Gaston Lagaffe que j’adorais, ayant des fous rires à voir notamment son chat essayer d’attraper une balle rebondissante. J’avais eu accès à mon premier dossier d’orientation complété en fin de primaire bien plus tard, et c’est bien ce que j’avais écrit. Et puis après cette idée non sans intérêt, je me suis dit que prendre sa retraite à 25 ans et arrêter de travailler pouvait être assez sympa.

Aujourd’hui je n’ai ni fauteuil relax ni économies me permettant d’arrêter de travailler, bien loin de là. Donc je dois continuer. Continuer dans l’ordre des choses, alors oui il y a le Covid, une excuse idéale (mais aussi une certaine réalité) pour ne pas se mettre en danger. Scénariste, j’ai presque essayé, écrivain j’ai presque écrit un premier livre, journaliste j’ai presque été pertinent, critique gastronomique j’ai presque voulu créer un guide, œnologue j’ai presque bu assez de vins. Je suis plutôt Monsieur Presque, presque 40 ans, presque tout, presque bon en escrime, presqu’intelligent, presque d’à peu près tout. Bon papa je le suis, époux également, vieux con presque. Vestige d’une conception humaniste de la société. Perturbé par les évolutions récentes mais presque devenu fervent écolo. Peut-être que le presque va disparaître avec les 40 ans et que je vais devenir tout d’un coup, magicien protéiforme en puissance. Je suis curieux de ce week-end qui débute, hélas sous la pluie, pourtant il faisait beau le jour de ma naissance, comme quoi. Je me souviens que pour mon fils il faisait très chaud, enfin pour les critères de l’époque et que pour ma fille il faisait très froid, ça ne s’invente pas -14° cela fait depuis cette année que nous n’avons pas eu le même hiver. Et avec cela la chaudière neuve avait lâché. Dans quelques années on ne se plaindra quand la clim lâchera.

Vous voyez qu’à l’aube de cette précipitation dans les abysses de la jeunesse, ma capacité à faire des blagues est extrêmement réduite, la sidération face au temps qui passe. Et puis une fois digéré je voudrai me prouver que je ne suis pas encore fini, je ferai des trucs cons, achèterai des habits que la bienséance m’aurait empêché de porter à 25 ans,  j’ écouterai de la musique de merde mais de jeune histoire d’avoir l’impression d’être dans le coup. Je serai pour cela accompagné par les enfants qui vont devenir ados, et qui me rejetteront d’autant plus qu’ils me verront tenter de les imiter. Cela risque d’être assez drôle. Entre le tragi-comique et l’épanouissement réel. « Mais va faire du Yoga, ça te fera du bien ». Une fois les 40 passés j’y vais, et non ce ne sera qu’à peine cliché.

Sur ce à demain pour le grand jour.

 

vendredi 25 septembre 2020

Journal d'avant 40 - 25

Journal d’avant 40 – 25

Cela se rapproche drôlement. C’est mon antépénultième billet. Je me souviens de ce mot que j’avais découvert autour d’un baby-foot au début de mes études. A l’époque si on pouvait faire son malin on ne s’en privait pas, du coup l’un des 4 joueurs avait sorti cela et ce fut forcément utilisé à chaque avant avant dernière balle. C’est plus joli et ça donnait un aspect quasi littéraire à ces fins de parties où il arrivait que la lutte soit engagée par l’une de deux équipes avant d’éviter de finir avec un score nul et donc de devoir passer sous le bab. Le café où nous avions passé du temps pour se divertir au milieu d’une scolarité dense et exigeante n’existe plus depuis longtemps. Peut-être s’agit-il d’un coiffeur ou d’un courtier d’assurance, ou encore plus récent dans le stade de l’évolution des commerces, un centre d’esthétique pour ongles.

A l’époque il s’agissait d’un bar aux allures montagnardes, l’Avalanche, dans lequel le patron était plein d’idées, un été c’était la plage – le sable était partout, un autre une vraie pelouse. Nous étions jeunes, soucieux de réussir nos colles et les DMs du samedi matin, mais pour le reste nous étions l’élite de la nation (dixit les professeurs pour faire passer la pilule de la masse de travail). 20 ans plus tard cela paraît moins évident. Déjà niveau baby-foot j’ai quand même pas mal perdu, d’autant plus que j’étais à l’école des poignées courtes, pas des poignées longues. Si si, cela fait une grosse différence, et puis en Belgique il n’y a pas de baby-foot mais des kickers, qui ont une vitre, des joueurs aux pieds fins et des balles dures qui sont de fait incontrôlables. Pour le reste, l’élite sans doute pas.

D’un autre côté je suis assez convaincu que nous vivons en idiocratie, donc par simplification je peux juger en partie cela rassurant de ne pas faire partie de cette élite. Franchement nos hommes politiques ne font pas rêver au contraire. Alors oui pour certains ils étaient porteurs de quelques lueurs d’espoir comme être capable en étant moche, mal fichu, injurieux, de sortir avec une top model ou un actrice. De même pour les chefs d’entreprise, si c’est pour finir à se cacher et fuir devant la justice, même si certains vont valoriser le mariage à Versailles, nous sommes loin du concept de héro. De plus, devenir un héros aujourd’hui en étant un homme blanc hétéro de taille et de corpulence « normales » (selon les définitions médicales des courbes) c’est peine perdu. J’ai eu la faiblesse de reprendre un peu la consultation de Facebook et j’étais vraiment abasourdi par le nombre de publications agressives à l’égard de la gente masculine – certaines étaient tout de même du style – « tous des violeurs, acteurs ou complices c’est la même » « éduque ton fils qui sera sinon comme son papa un futur violeur » et j’en passe beaucoup, beaucoup. Et je viens de comprendre c’est la semaine de l’égalité des genres. Du coup comme il faut bien compenser il ne me reste plus que quelques jours pour publier des messages d’apaisement  pour équilibrer du type : « prenez votre revanche les filles, venez m’agresser sexuellement ce soir je suis open ». Voilà bon comme mon épouse me lit et qu’elle est amie avec moi sur FB je vais devoir créer un compte parallèle. Je redeviens sérieux deux minutes pour premièrement ne pas me faire agresser (blague, Michael Kael, mouton) et deuxièmement car je suis pour la liberté et l’égalité (bon je ne mets pas fraternité car sinon certains vont rajouter et pourquoi pas sororité hein ?!).

La liberté bon en ce moment, c’est quand même pas l’apogée. Sur l’égalité, si on prend l’histoire de nos derniers siècles c’est tout de même moins pire même si il y a encore beaucoup de choses à faire. J’évoquais avec un ami l’horrible histoire d’Alan Turing. Savant génial qui avait réussi à décoder le code Enigma des nazis et qui contribua à la victoire des Alliés (qui défendaient un monde libre mais pas encore pour tous à l’époque, et aussi des politiques libérales par la suite mais c’est une autre histoire), qui est considéré par certains comme le père de l’intelligence artificielle (autre point qui se discute – d’ailleurs vous pouvez sur la plateforme edx.org suivre le cours assez génial Minds et Machines d’Alex Byrne du MIT, partie 1 chapitres 5 et 6 concernant Turing) et qui mourut dans la solitude après avoir été castré chimiquement à cause de son homosexualité. C’était il n’y a pas si longtemps et l’on ne peut que se réjouir que de telles débilités aient cessé dans nos pays, dans nos pays du moins.

Sur ce à demain.