mardi 3 novembre 2020

Si vous avez aimé mon précédent billet, vous aimerez celui-ci ... ou pas

"Si vous avez aimé Edga Allan Poe vous aimerez Tartenpionchski", accroche reprise en promotion d’une journaliste de ce magazine avant-gardiste et à la pointe de la littérature qu’est ELLE.

Cette promotion vue sur un réseau social numérique m’a fait sourire car elle est par essence totalement erronée. Il suffit de mettre la technique comparative assimilative dans un autre contexte : Si vous aimé la fille, vous aimerez la mère. On sent déjà le malaise poindre chez certains. Pour ceux qui sont  mal à l’aise avec la gérontologie, cela fonctionne aussi avec la sœur. Certes dans certains cas cela se produit mais cela reste anecdotique.

Cette formule qui doit bien avoir un nom faussement savant dans le domaine du marketing est très souvent déclinée pour les promotions d’œuvres … j’allais dire culturelles, disons plutôt classées dans le secteur culturel par le numéro SIREN ou NACE des entreprises qui en sont responsables pour être plus précis. Vous avez aimé Godfather vous aimerez Cars 2. C’est sans doute tout aussi crédible que de comparer deux auteurs dont la production s’étale sur des siècles différents.

Car reprenons la réflexion de ce Tartenpionchski (c’est un faux nom ne voulant pas donner l’impression de m’attaquer à une œuvre alors que je ne l’ai pas lue, et d’autant plus l’orthographe du nom est bien trop compliquée). Si il écrit comme Edgar Allan Poe, de fait les histoires ne seraient plus extraordinaires du tout mais en plus l’impression de répétition, de copie, au mieux de pastiche ne procureraient pas la même impression au lecteur. Je ne dis pas qu’Edgar Allan Poe est au summum et que personne ne peut le dépasser, mais l’expérience que nous faisons de certains livres est unique. Un livre du 19ème siècle a de plus une patine qu’il serait stupide de vouloir imiter sans se perdre dans du plagiat.

Cela m’est quelques fois arrivé, plutôt pour le cinéma de m’être fait prendre par ces arguments fallacieux et souvent ce furent de réelles déceptions. Car l’auteur d’une telle accroche ne peut voir juste sur ce qui a plu à chaque spectateur dans telle œuvre. Pour certains ce sont les scènes extrêmement lentes, et ils passeront sur les scène violentes ne les valorisant pas ou l’inverse. De même pour un livre, si vous prenez la Peau de Chagrin, il y a des tas de raisons de trouver ce livre génial, ou au contraire pesant. J’ai pris le parti du premier, mais je conçois que certains aient pu s’y perdre. C’est là le rôle d’un critique de donner des clés de lecture et pas de faire la promotion à tout prix pour se faire payer des bons restos. J’avais déjà abordé le sujet du rôle du critique par rapport au film Holy Motors de Leos Carax, film que j’avais adoré mais dont les critiques dithyrambiques ont sans doute pu mal aguiller certains spectateurs.

Faisons un petit jeu, essayons cette formule sur d’autres sujets et voyez si vous êtes convaincus :

Vous avez aimé le boudin noir, vous aimerez le boudin blanc.

Vous avez aimé Le discours d’un roi, vous aimerez Aya Nakamura.

Vous avez aimé Richard Millet, vous aimerez Catherine Millet.

Vous avez aimé le confinement 1, vous aimerez le confinement 2.

Vous avez aimé le 3ème Reich, vous aimerez la 3ème Macronie.

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