vendredi 24 août 2012

Batman 1789 : The Dark knight rises

Batman, the Dark knight rises, encore un film sur la révolution Française.

En allant voir Batman 3 je m’attendais à pas mal de choses devant les critiques globalement bonnes mais chez certains plus mitigées. Certes passer derrière l’épisode précédent est une gageure difficile à relever. Le chevalier noir était un film ultime de par son intensité et sa violence psychologique. Ce volet referme très honorablement la trilogie en faisant le lien avec les origines de Batman. Sur ce point les scénaristes ont fait du très bon boulot. La première partie du film avant l’explosion du stade est sans doute la meilleure. Nolan maître de la mise en place et de la montée sous pression des situations et des personnages ne se loupe pas. Les partis pris sur les nouveaux personnages, Catwoman, Robin et Bane peuvent se contester mais cela fonctionne plutôt bien. Hélas à traiter un nombre incroyable de seconds rôles qui ont tous une réelle épaisseur il oublie ses figurants. Cela ne fâche pas dans cette première partie, mais dans la seconde cela rend moins percutant les troubles auxquels est confrontée Gotham. Peut-être qu’un tas de scènes a disparu au montage. Si c’est le cas il sera intéressant de voir si une version longue sort un jour.
 
Ce qui m’a le plus interpellé dans cette deuxième partie c’est qu’on pourrait la qualifier de pastiche moderniste avec un faux air de terrorisme de ce que l’on voit dans les livres d’histoire en France sur la révolution de 1789. 
Lors de la conquête de Gotham par, on va les appeler ici, les méchants, tout commence par la prise de la prison de Blackgate et la libération des réprimés de l’ancien régime, ancien régime présenté comme corrompu, basé sur des mensonges sur la mort de Harvey Dent (aka Double Face). La volonté de Bane est d’abolir les privilèges, une véritable chasse aux nantis débute et un tribunal populaire officie dans une salle désordonnée et n’ayant que deux sentences prononcée par le docteur Crane, la mort ou … la mort. Il est question d’une nouvelle ère, une ère où les riches et privilégiés vont payer et blablabla. Certes on est dans la fiction, et derrière cela se cache pour que le spectateur fébrile n’adhère tout de même pas à ces idées, un destin anarchiste et terroriste. Mais comment ne pas penser à la prise de la Bastille, à la Terreur et ses multiples exécutions. Voir en Bane un Danton peut paraître fort et pourtant. D’ailleurs pourquoi ne pas voir en Batman un Napoléon, qui va finalement restituer une forme d’ordre porteur d’espoir dans la société, même si rien ne change vraiment.
 
Il est regrettable que Nolan n’ait pas passé plus de temps à dépeindre ces errements de la population pendant cette prise du pouvoir par les terrorévolutionnaires. Sa multitude de caractères à suivre (Bane, Tate, Fox, Batman, Robin, Gordon, Catwoman …) l’en empêche surement mais s’il avait pu réellement montrer le trouble de la population (en dehors des personnages principaux presqu’aucune scène ne relate la terreur des habitants, dommage d’autant plus qu’il y a quand même 12 millions d’habitants à Gotham), les pillages, les mises à mort des nantis par des personnes à la base comme tout le monde mais voyant leur énergie négative décuplée par le contexte... C’est ce qu’il avait réussi à faire dans le Batman 2 notamment avec les scènes des bateaux, ou l’un plein de prisonniers, l’autre de civils, tenus pour sauver leur peau d’appuyer sur un détonateur pour faire exploser l’autre bateau. Ce côté jeu du Joker, qui montre le début de l’horreur humaine n’a pas été ici abordé et c’est sans doute ce qui fait que The Dark Knight rises n’est seulement qu’un bon film. 
Si Nolan pouvait avoir vent de l’idée de se pencher sur la Révolution Française et d’oser, n’étant pas Français et pris par des préjugés, faire un film intransigeant et cruel, je pense que le résultat vaudrait réellement le détour.

jeudi 23 août 2012

La mort du langage et de la nuance.


Pas besoin de travailler pour TNS Sofres ni pour le ministère de l’éducation nationale pour observer la tendance de notre société à délaisser son propre langage. Les medias, qui n’ont jamais été les plus doués, semblent ne plus avoir de relecteur ni de censure dans la médiocrité dès que le medium d’expression n’est pas payant. Et encore, les journaux papiers payants sont bourrés d’erreurs. 
J’ai récemment parcouru quotidiennement un journal en version électronique, pas le plus réputé, mais tout de même un journal ayant pignon sur rue et la nausée venait en général au bout d’une quinzaine de lignes. Que de formules toutes faites, de synonymes utilisés pour d’autres sens, j’en reste sans voix … Il est vrai qu’il a toujours été commun d’avoir un pourcentage de journalistes n’ayant pas suivi de cursus de formation long, mais faut-il avoir faire Normal sup pour apprendre à lire et écrire. Bien sur que non, de nombreux exemples remarquables d’amoureux des lettres n’ont même pas leur Bac. Les fautes d’orthographes pures sont moins fréquentes, dans ce cas merci au correcteur automatique mais pour le reste, l’emploi des temps, les pièges usuels, l’articulation de la phrase, un naufrage. Je ne souhaite pas avoir un Proust comme rédacteur sportif pour nous relater les propos du célèbre humoriste et révolutionnaire de la langue Franck Ribéry. Mais faire une faute par ligne et compromettre la bonne compréhension de ses propos c’est bien trop. 
Alors que nous passons dans la société de l’hyper communication, les communiqués n’ont jamais été aussi mal écrits. La pléthore de possibilité d’expressioon semble cruellement grever le potentiel d’expression correcte. Le niveau général semble être en chute libre. Les mots utilisés de plus en plus standardisés et les messages courts finissent d’accélérer cette descente aux enfers. Ces textos qui parlent en phonétique, une horreur et tout ça pour économiser 2 caractères.  
Les canaux de la communication sont ouverts et pourtant ce qu’il en sort ressemble plus aux égouts d’une ville sordide et lugubre qu’aux canaux propres et soignés d’Amsterdam, certes il peut y avoir débat sur ce point. A banaliser le médiocre et à présenter comme nouveaux héros de jeunes demeurés, les chaînes télé avec leur Secret Pourri ne font encore une fois que le jeu des puissants, en n’offrant aucunement au plus grand nombre de possibilités de s’élever. Cette maîtrise des masses par l’abrutissement qui n’a jamais été aussi prononcé que sous l’ère de Sarkozy 1er ne semble hélas pas prête de s’arrêter. Et elle se poursuit à tous niveaux. 
Comment oser laisser passer les classes à des jeunes enfants qui ne peuvent qu’à peine déchiffrer des écritures simples. C’est comme les amener à l’abattoir. C’est par là, allez-y, ce n’est pas grave si vous avez commis des fautes sur le formulaire d’enregistrement, de toute façon ça ne sert à rien, vous allez à l’abattoir, l’ascension social n’y comptez pas, c’est une légende, écrire, vous n’en aurez plus besoin. La communication et l’expression sont les éléments qui permettent à chaque personne d’évoluer dans son milieu social et familial. L’expression des sentiments dans une multitude de nuances est le garant de la paix. Imaginons que quelqu’un ne sachant que peu utiliser de synonymes puisse avoir du mal à exprimer ses idées, ne puisse utiliser ces nuances, il n’a plus qu’un seul recours pour assouvir sa crispation de ne pas s’être bien fait comprendre, la violence. 
Ca parait très prof 68ard  de gauche de dire que le langage et sa maitrise adoucissent les mœurs et pourtant, j’en suis convaincu. Il serait de responsabilité publique que de prendre des mesures drastiques pour améliorer les exemples en libre service, je parle des émissions télés, supprimons cette télé poubelle et pour une fois essayons de tirer les gens vers le haut. Arrêtons les dégâts, choisissons mieux les programmes jeunesses pour débuter. Quand on voit la qualité et le niveau de langage de dessins animés des années 1980 comme par exemple les trois mousquetaires (en version chien), qui tout en étant bien compréhensible est constituée d’un vocabulaire bien supérieur à celui des dégénérés de TF1 ou de Dora qui au lieu de s’essayer à l’anglais ferait bien d’introduire plus de 15 mots dans son vocabulaire usuel, on se rend compte que c’est possible, reste à trouver la volonté.


mercredi 22 août 2012

Holy Motors de Leos Carax


Devant les critiques quasi unanimes qui prédisaient un avenir doré à Cannes pour ce film présenté comme un véritable chef d’œuvre je n’ai pu résister à l’envie d’aller le voir sur grand écran.

Récolter une 20aine de notes maximales, 5 étoiles ou éclats de joie dans la presse française relève de l’exploit. Il n’y eut que Métro, ou presque, pas forcément considéré comme le plus fiable critique d’art qui osa aller contre en parlant d’une fable frôlant le ridicule. Heureusement. Non pas que j’ai trouvé ce film ridicule, au contraire, mais je peux comprendre que 95% des spectateurs le pensent à un certain moment, d’autant plus si ils s’attendent à prendre leur pied sans précautions préalables. Le plus grand péché des critiques, c’est souvent de ne voir que par leur système référent propre, système expert et très souvent coupé de la réalité. A moins que ces 20 magazines, journaux et sites internet ne s’adressent en fait qu’aux 5% de cinéphiles avertis de la population. Et si c’est le cas n’allez pas chercher bien loin les causes de la décroissance des média payants en France.
Il n’est pas impossible de faire aimer ce cinéma, qui en vaut la peine car étant l’essence même de la création libérée, à un plus grand nombre, mais il faut lui donner les clés et l’avertir. On apprend à lire à l’école, à déchiffrer des textes, à reconnaître des figures de style, à comprendre qu’on peut jouer avec les mots, faire des métaphores pour étayer un discours, y glisser de l’humour, de la mauvaise foi grâce à certains procédés stylistiques, ce qui consciemment ou inconsciemment va aider à aborder par la suite une multitude d’auteurs. Certains capituleront devant des styles ou des vocabulaires trop élaborés, mais ils ne cracheront pas sur ces œuvres, en disant Proust de toute façon c’est du grand n’importe quoi. Alors que dans le cinéma,  pas de bases prodiguées à l’école. Autodidacte on peut se faire un avis et une cinémathèque grâce à des recommandations de critiques, ou sous la pression de la machine commerciale qui sert en général les films où le cerveau du spectateur peut rester dans la voiture.
Donc présenter un tel film de la sorte sans avertissement préalable, le condamne presque à être rejeté du plus grand nombre non averti. Je n’ai que trop rarement lu une critique disant, attention ce film est génial mais il nécessite une certaine ouverture au 7ème art, pour ça je vous conseille de voir auparavant ces quelques films, grand classiques et d’en donner les clés. Après libre au spectateur de faire ce que bon lui semble, mais il sera moins surpris, et les portes d’accès vers ce septième art, qui peut être le summum de l’expression artistique, intégrant la poésie, la musique, l’image, la narration et l’intrigue pourront s’ouvrir.
Concernant ce film, il vaut la peine d’être vu. Non pas qu’il s’agisse d’un futur grand classique, il est de pas son essence condamné à rester relativement en marge, mais c’est un hymne du cinéma au cinéma. Pour plus de blabla sur tout ce qu’a réussi à faire Carax allez sur ce site et vous aurez votre lot de phrases et formules toutes faites pleines d’emphase.
Pour être précis ce qui m’a réellement subjugué est cet élan de liberté créatrice, sans tabous, sans trop de limites, même si chacune des aventures de Monsieur Oscar, qui interprète une multitude de vies est l’incarnation d’un genre cinématographique bien identifiable. L’inattendu est là, souvent avec humour. L’originalité nous fait éprouver des sentiments vifs et qui se contrastent. La scène érotique de motion capture est des plus sensuelles et des plus originales. Et la scène du cimetière, d’un humour subjuguant avec une photo incroyable, un des moments les plus esthétiques et intenses du film, qui dit tant de choses, au niveau du corps, des désirs, des sentiments, de la perception de la société, des traditions et de la religion. Certains y verront sans doute une critique de l’extrémisme islamique, d’autres y verront celles de la perte de la religion catholique, encore d’autres l’éloge de la beauté féminine,  et d’autres une métaphore de l’égarement masculin quant à son désir. La scène d’entracte est l’une des plus jouissives, dénuée de tout, juste pour se faire plaisir, et ça marche. Certes on peut aussi y voir toute une série de métaphores religieuses et sur le sens de la vie, mais quelques fois il est bon de prendre les émotions telles qu’elles sont. Il y a plein d’autres trouvailles, de scènes inventives ou au contraire très classiques (comme cette scène de comédie musicale dans une Samaritaine désœuvrée). 

Je vous encourage donc vivement à y aller, mais attention c’est à prendre comme de la poésie, le sens paraît parfois extrêmement obscur mais c’est beau.
On se sent vivre devant ces tableaux et c’est bien là le principal.