mercredi 31 décembre 2008

Pierre de patience

Avant que l’année 2008 ne s’achève, encore quelques mots pour finir sur la critique d’un ouvrage qui m’a touché.

J’avais commencé l’année sur la politique, imaginant que le Président fasse la star et se marie avec un ancien top. Je ne veux pas faire de bilan aujourd’hui la situation économique étant extrêmement complexe. Même les plus gros joueurs de poker tels Phil Ivey auraient du mal à prédire la main qu’a la crise financière, même à la river.
On saura bien vite comment les gouvernements vont devoir la jouer, si le bluff va devoir continuer ou si au contraire, on se couchera pour reconstruire. Pas certain que cette dernière option soit faisable, dur de remettre en cause tout un système et pourtant… Quand on parvient à identifier quels sont les problèmes, j’aime à croire que la solution n’est pas si loin. Quand cela touche plusieurs dizaines de millions de personnes, il est clair que la donne est plus que compliquée, aucun système de jeu ne donnera de réponse automatique. Même Rayman aurait bien du mal à compter les allumettes aujourd’hui.
2009 c’est donc un peu le grand bluff, personne ne sait ce qui va se passer, comme souvent ce sont les périodes qui sont les plus créatives et dans lesquelles les choses évoluent le plus. L’équilibre du monde et la gestion du capitalisme d’un point de vue global sont comme toujours les enjeux capitaux. Tout d’abord si tout le monde arrivait à comprendre un tant soit peu ce qui peut se passer de l’autre côté, dans la tête d’un terroriste persuadé de faire le bon choix quand il fait sauter un bus, en regardant quelques secondes auparavant le sourire des enfants qui jouent dans l’allée.
Pendant longtemps je me suis dit ce sont des tarés, ils sont endoctrinés, drogués. C’est bien trop facile. Evidemment se dire que certaines logiques peuvent amener à enseigner la guerre contre nos sociétés de consommation n’est pas aisé car on pourrait même se surprendre à avoir de la compassion pour ces criminels suprêmes, et dans ce cas, comment le supporter et ne pas se sentir responsable. Pourtant si nous voulons que les choses changent …
Il y a donc très peu, après la lecture de quelques livres contemporains peu séduisants j’ai cédé au prix Goncourt. Atiq Rahimi m’avait déjà charmé dans une émission avant que son dernier ouvrage Syngué Sabour ne reçoive la récompense suprême pour son ouvrage écrit en Français. Une poésie philosophique imprégnait ses paroles, et malgré les choses dures qui semblaient être mentionnées dans son livre (qui signifie « pierre de patience), cette beauté induisait un certain optimisme.
Et pourtant à la lecture de l’ouvrage c’est loin d’être évident.
Ce livre court, 150 pages seulement, débute dans le dur et ne s’adoucira en fait pas. Au contraire la suite d’évènement décrite avec une beauté et une philosophie dont on pourrait sans doute trouver la source dans les mille et une nuits ou autre contes arabes s’enfonce dans la gravité de notre monde. A première vue il s’agit d’un livre qu’on pourrait rejeter, le cantonnant à des pays qu’on ne veut pas connaître, véritable terreau du terrorisme et de l’injustice. Pourtant, et il ne faut pas s’y tromper c’est bien la volonté de l’auteur quand il place le lieu, cette histoire est universelle. La condition de la femme dans ce pays, où, voilée, nous crions au scandale devant ce barbarisme, est le catalyseur de l’histoire. Le point de départ est la violence, cette violence qui transforme le marie de l’héroïne en pierre de patience, légume gardant les yeux ouverts ne prononçant mot, devant lequel elle se confessera, lui parlant des choses les plus intimes pour la première fois. Le dialogue se fait enfin, l’homme étant privé de droit de réponse et de recours à la violence habituelle.
Atiq Rahimi va bien au-delà de cette relation de couple, la question principale est bien quel futur social ont nos sociétés, quel prix à payer pour coexister, comment vivre dans ces environnements où nous cédons à la facilité de la violence. Je ne vous donne pas ici la réponse, mais si vous avez 4 heures ou seulement, au lieu de regarder deux émissions insensées où une personne arrivera à rentrer 36 fois dans son slip en une minute, prenez ce livre et ne le rejetez pas. Si je dois souhaiter quelques chose pour 2009, c’est bien que nos sociétés s’ouvrent le plus possible, alors pourquoi ne pas commencer par ce petit geste ….

dimanche 14 décembre 2008

Un phénix qui bat de l’aile

Pas beaucoup d’optimisme en cette fin d’année hélas. Rien ne semble s’améliorer avant les fêtes et le grand barbu aura bien du mal à faire passer la morosité ambiante.
Au contraire les frustrations vont se multiplier et pour la première fois depuis de nombreuses années notre société de consommation risque de s’enrayer. Il y a fort à parier sur une diminution d’au moins 20% des dépenses festives directes ou indirectes. Des pans d’activité entiers sont au ralenti et il faut tabler sur de nouveaux modèles ou nouvelles régulations pour se relever dès que possible. C'est rassurant dans un sens que tous les pays soient dans une même mouvance, certains beaucoup plus touchés que d’autres certes, car la réaction devra être générale. Ce n’est donc pas une redistribution des cartes en faveur de quelques uns comme nos vieux pays pouvaient le craindre mais bien un évènement global. Tirés vers le bas par notre baisse de la consommation contagieuse on peut craindre que dans ces pays émergents le choc va être bien plus dur et je ne serais pas étonné de voir certaines contrées chinoises retourner à des systèmes féodaux.
De l’autre côté du monde il y a The big hope avec Barrack. Les regards sont fixés sur lui et on en attend plus que de raison. C’est de la vrai pression, bien plus que pour Manaudou aux JO. Là il ne faudra pas décevoir sous peine d’accentuer la crise psychologique.
Je désire néanmoins percer ces nuages pour partager une lueur d’espoir structurel. Je suis loin d’être un grand aficionado des Etats-Unis mais force est de constater qu’ils sont très souvent inspirants. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’on a admis que nous avions toujours 10 ans de retard.
Je l’avais loupé il y a deux ans au cinéma mais l’avais noté dans un coin de ma tête. Dans Syriana avec l’inaltérable Georges Clooney, un des acteurs les plus fascinant de sa génération, on est bien loin de se son style commercial alimentaire (films soupes pour grand public) mais bel et bien dans son style engagé qui lui a valu de superbes rôles (les Rois du Désert, Good night and good luck, Michael Clayton…). Georges Clooney est pour moi le plus grand espoir outre-Atlantique de résolution de crise. Non pas qu’il doive marcher dans les pas de Reagan, loin de là, mais parce qu’il est l’image des qualités paradoxales de cette première puissance.
A la fois très commercial et très présent dans les media, voulant sans doute poursuivre sa quête de justice planétaire entamée avec ses yeux de chien malheureux dans Urgences (souvenez vous du grand moment ou il parvient à sauver un jeune enfant de la noyade dans une canalisation ;-)) Clooney est un véritable acteur engagé dénonçant bon nombre d’idioties historiques.
Tout commence par la vente d’un lance-missile au Liban, avant qu’une explosion ne retentisse et que l’on comprenne qu’il est agent de la CIA en mission d’infiltration au Moyen-Orient. Ce film qui débute comme une partie de cluedo est un casse-tête jouissif pendant les 40 premières minutes. Enormément de personnages qui sont dans des unités de lieu et de temps différentes avant de se croiser, de se regrouper, de s’associer ou de se persécuter. Devant nos yeux et ceux d’un Clooney impuissant malgré ses bons sentiments se déroulent des tractations géopolitiques immorales au possible pour le gain de la bataille de l’énergie et du pétrole. Avocats d’affaires, sociétés pétrolières, ouvriers virés n’étant accueilli que par un islam anticapitaliste virulent, princes d’émirats arabes, CIA, gouvernement, consultants. Tout s’anime et se recoupe dans un final des plus frustrants et on en ressort réellement choqué, avec cette petite envie de vomir typique des moments de malaise fort et persistant. On ferme alors les yeux pour aller se coucher, pour ne pas croire ces histoires de corruption géopolitiques qui condamnent des populations entières. Pas beaucoup d’alternatives, le sommeil ne venant pas on essaie alors par tous les moyens de dire que c’est exagéré, que ce n’est sans doute pas comme ça dans la vraie vie, tout ne peut pas être aussi pourri. C’est plus facile de rejeter ces théories d’influence qui nous font honte et qui nous feraient soit nous sentir coupable soit comprendre la logique des terroristes.
Ce film est bluffant grâce à ses points de vue multiples et sa finesse d’analyse. Il est tout de même assez rare de voir un quelconque objet médiatique dépeindre de cette façon la cruauté du monde en mouillant les plus grandes instances.
Bien entendu, il est facile de jeter la pierre et d’être critique. Mais serait-on réellement capable de renoncer à notre vie, à nos chaussures de sports brillantes, à nos voitures individuelles qu’on utilise pour le moindre petit déplacement ? Pas si certain que ça que nous soyons prêts à partager, qu’on veuille laisser ces petits privilèges qui finissent par nous gouverner…
Pour en revenir au sujet, et ce film en est un brillant exemple, les Etats-Unis m’impressionnent par leur capacité à s’autocritiquer, à se flageller en créant des œuvres sans détours qui montrent l’envers du décor, aussi cruel et immoral soit-il. Dans peu de temps des films cinglants sur l’administration Bush et ses mensonges concernant les armes de destruction massive verront le jour. Je vois bien Georges Clooney en inspecteur de l’ONU, à moitié otage des généraux américains qui exercent sur lui toute leur pression pour qu’il ne fasse pas connaître au grand public la vérité et ainsi lancer l’attaque.
C’est de cette capacité d’autocritique et d’analyse, que nous avons hélas perdu en France, que les Etats-Unis tirent leur force. Une certaine auto-sanction ou autorégulation s’opère afin que l’équilibre abusif dans lequel ils se trouvent ne se rompe pas, les différents acteurs prennent alors des décisions d’équilibrage pertinentes.
C’est en cette capacité à rebondir que je garde espoir pour relancer un système économique mondial viable. La donne va sans doute changer, cela prendra quelques temps mais il n’y a qu’à espérer vivement que les talents économiques et les nouveaux politiques ne prennent les options stratégiques les plus pertinentes.
Reconnaître ses erreurs c’est déjà la moitié de la solution, il ne reste plus qu’à souhaiter que les grands fassent preuve d’humilité, et qu’ils s’inspirent de la créativité qu’ils ont sur leur sol.
Surtout ne pas fermer de portes comme je l’ai vu encore faire hier par des membres du gouvernement français. Si l’on n’ouvre pas les idées et qu’un gouvernement n’est pas réellement prêt à échanger sur les différentes évolutions économiques possibles, il va en plein dans le mur en entraînant hélas à sa suite toute la population. Traiter de marxiste révolutionnaire rétrograde des hommes se préoccupant des répercussions sociales de cette crise comme l’a fait hier Rama Yade, en théorie secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, est tout simplement inacceptable et inquiétant…

samedi 29 novembre 2008

Petites tragédies et puis au lit

Demain c’est le grand jour, l’annonce d’une première vague de licenciements, une restructuration exigée par la crise. Concept aussi abstrait que terrible dans ses déclinaisons.
Cet imbroglio médiatique n’acquiert une réalité pratique qu’au moment où l’on est touché soi même de près ou de loin par ces décisions stratégiques impitoyables et tout simplement pitoyables.

On prend de l’avance, on essaie de maintenir un cours d’action acceptable, on veut envoyer un message fort, alors on coupe. Tout sera resté secret tout le long, et il faudra la déclaration officielle pour qu’on ose vraiment en parler. Jusqu’au dernier moment des salles d’attente ont hébergé des messes basses bien stressées.
Les meetings étranges se succèdent, les portes sont closes depuis plusieurs jours, les visages sont crispés, burinées par le ressac permanent des exigences économiques. Les yeux ternes, privés d’éclat. Chez certain l’apathie règne en maître jusqu’aux annonces parfois fatales.
Ca peut se passer partout, et ça c’est sans doute passé dans déjà beaucoup d’endroits.
Depuis quelques jours, dans ce quotidien morose les masques tombent autour de moi et je souhaite dénoncer l’inhumanité et la stupidité de bons nombres de petits chefs qui y voient sans doute une occasion de se donner de l’importance.
Je ne veux, et ne vais pas ternir le tableau car malgré des contextes complexes pour certains secteurs, il est quelquefois rassurant de voir que certains chefs, comme le mien aujourd’hui, ont réellement voulu défendre leurs troupes pour ne pas les laisser agonir dans une boucherie chaotique et ensuite les aider à rebondir. Hélas ces personnes ne sont pas forcément légion, et des caractères bien plus glauques se révèlent, bien pire que ce qu’on aurait pu imaginer, faisant payer ces erreurs de management à des personnes qui n’ont eu comme défaut que de croire en des promesses aguicheuses et séduisantes pour rejoindre la société.
De belles promesses, un directeur qui certifie qu’il prend soin de ses gens, que l’humain c’est important, qu’ici pas de quantitatif mais seulement le top de la qualité. Et oui que ne serait-on pas prêt à dire quand on a un turnover en terme d’effectif de près de 80%. Une fois la personne dans les murs, et bien les promesses s’oublient, le contexte est bien différent, la pression portée sur des métriques pas toujours pertinents, les moyens alloués plus que chiches et on fait très vite du low level dans tout les sens.
Le manager dans ces moments est surpris de voir que sa nouvelle recrue ne performe pas aussi bien qu’espéré. Bien entendu ce mauvais manager hypocrite aura oublié que les règles du jeu ont totalement changé pour sa recrue. Et voici qu’une crise se profile, une réduction de 20% de l’effectif et on crie haro sur le baudet. Et comme pour avoir la conscience tranquille notre manager parfaite n’oubliera pas de traiter ce pauvre bourriquet comme le plus vile des voleurs, et le plus criminel des collaborateurs. Sans doute le reflet de l’échec constant de son management pour cette épave dirigeante est insupportable, on escorte la victime comme un criminel, comme le long d’une ligne verte, il ne peut parler à personne, on lui demande ses clés d’accès, comme pour mieux l’emprisonner dans une marginalité rassurante.
Ce pestiféré n’a en somme que ce qu’il mérite. Ah oui, c’est vrai ce pestiféré est aussi humain, il a sans doute une famille, mais quand bien même, cette image d’échec n’est pas supportable pour cette manager vide de tout humanité.
En extrapolant, tirant par les cheveux diront certains, c’est cette lâcheté et cette individualisme qui a permis aux pires régimes d’exister. En entreprise c’est bel et bien la même chose, des managements de la honte et de la terreur coexistent toujours avec des discours enjôleurs, et les agents de cette terreur sont des personnes incapables d’accepter qu’ils peuvent aussi commettre des erreurs.
Tant que les décideurs se complairont d’avoir une vue obscure sur leurs opérations, ces actions se répèteront. Les baronnies locales continueront d’exister et ceux qui trinqueront ne seront que très rarement les responsables de ces mauvaises actions et des mauvais résultats. A croire que rien n’a évolué depuis l’absolutisme.
«Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »

jeudi 6 novembre 2008

Un bolide en perte de vitesse

Oui il est vrai, j’attendais un premier indice fort pour rédiger cet article qui fait suite à celui du 15 juin dernier concernant l’éviction relativement surprenante et peu stratégique de PPDA.
Ce 28 octobre, le journal télévisé présenté par Laurence Ferrari est passé sous la barre des 30% de parts de marché, confirmant ainsi l’érosion continue que l’on peut imputer au moins en partie au changement du présentateur emblématique. Je ne remets pas en cause les qualités de journaliste ou de productrice de Laurence Ferrari. En revanche en tant que téléspectateur lambda, je dois avouer que je n’ai jamais réussi à accrocher un seul de ses journaux télévisés. Je vois certains analystes qui en segmentant l’audience explique le phénomène, louant les prouesses de certains concurrents, France 2, Plus belle la vie ou Canal +, ou qui dénigrent l’attitude de PPDA qu’ils jugent frustrés et qui fait selon eux une telle mauvaise presse qu’elle jouerait sur la désertification de la première chaîne française.
Le problème est certainement ailleurs. Le premier que je vois est la redondance évidente entre une Claire Chazal le week-end et une Laurence Ferrari la semaine, la seconde et plus novice ayant toujours du mal à passer pour mieux qu’une doublure. La diversité des présentateurs pour les téléspectateurs me paraît essentielle, d’autant plus dans une période où les mauvaises nouvelles se succèdent et où un peu de brillant et d’humour ne ferait pas de mal. Une coupure est nécessaire pour dissocier la semaine du week-end, pour marquer l’arrivée dans deux jours de repos et d’insouciance plus importante pour une bonne part de l’audience. Toujours une blonde qui nous annonce de mauvaises nouvelles, pfff, ça ne détend pas …
Concernant la présence de Ferrari, hélas pour elle ça ne fonctionne pas, trop fade, trop terne, fatal dans ce type de contexte. Le plateau ne lui va pas. Trop sombre, pas assez lumineux, il échoue à mettre en avant la présentatrice vedette. Le travail des maquilleurs et habilleurs me parait hélas désastreux. La morosité règne sur le plateau et sa voix n’apporte rien de positif. Certes une sobriété est de mise, mais là c’est bien trop. Est-ce le stresse de prendre la relève d’un PPDA qui lui aurait soi-disant savonné la planche par media interposés, est-ce la pression accentuée par une perte de parts de marché de 20%. Pas évident de le savoir. J’avais regardé l’un de ses premiers JT, le 4e si je me souviens bien, et j’avais déjà été frappé par ce côté morne de l’animation. En plus les sujets, l’organisation au sein du JT même ne m’avait pas plu, je trouvais les enchaînements hasardeux, le ton des sujets à côté de la plaque. Ca pouvait éventuellement se justifier, un tour de chauffe en quelque sorte. Depuis j’ai hélas l’impression que rien ne s’est amélioré et les sanctions sont là. Evidemment, Claire Chazal a aussi vu sa PDM érodée, peut-être à cause du phénomène de redondance que j’évoquais plus tôt, ou peut-être à cause d’une dégradation de la qualité de la rédaction qui a aussi vécu une réorganisation. Mais elle n’a perdu que 10%. Laurence Ferrari en a perdu le double.
Pas évident d’anticiper ce qui va se passer cette année. En plus de cela, des programmes clés et stratégiques comme la Star Academy remportent un succès décevant. Pourtant j’avoue que la qualité du programme s’était réellement améliorée à mes yeux. Sans doute est-ce devenu un programme de divertissement plus conventionnel, qui s’adresse à un public plus large mais qui n’est pas présent, ayant rangé la star’ac dans une catégorie à laquelle il ne veut plus toucher. Jamais évident de faire venir un public déçu et réfractaire. Concernant le JT il est peu évident de changer de présentateur sans que ce soit un aveu de faiblesse flagrant offert toute la concurrence direct et aux nouveaux media qui sont à l’affut. Alors est-il possible pour ce JT mythique de regagner ses lettres de noblesse ?
J’aurais plutôt parié à la baisse et hier soir surprise, bonne surprise, envoyée spéciale aux US pour suivre l’élection d’Obama, Laurence Ferrari est enfin rayonnante, plus de fond de teint certes, des sourires au bon moment, des boucles d’oreilles et un éclairage qui rendent son visage pétillant, un fond clair et urbain qui lui permet de se détacher. Alors que j’avais commencé à écrire cet article, je me suis dis merde les cons ils attendent que je me décide enfin à les critiquer pour refaire le tout, ce n’est qu’après que j’ai compris que le présentateur de la soirée était en fait Harry Roselmack. Alors est-ce ce décor nouveau, ce cadre ou le fait de ne pas avoir la pression de l’audimat et de la rédaction qui a fait que cela a fonctionné et qu’elle paraissait maîtriser son sujet ?
Aller si PPDA tombe sur ce blog qu’il me donne son pronostic je le publierais !

vendredi 31 octobre 2008

Quand la stupidité assassine !

Depuis quelques années, la violence à l’école se banalise de plus en plus. Violence des parents sur des instituteurs, agression d’adolescents sur des professeurs, injures qui se multiplient, les media en parlent et cela paraît bientôt naturel.
La violence est depuis bien longtemps vulgarisée, effet ou cause de ce sujet qui trône dans nos journaux télévisés. Ces actes qui sont devenus anecdotiques pour la plupart des personnes concernées, notamment à la tête de l’état qui ne se prononce que par principe et pas sur le fond du problème, nous feraient presqu’oublier que ce monde éducatif, privé de son autorité est en réel danger.
D’un point de vue sociologique l’image du professeur souffre de sa plus grande dépréciation. Alors que le professeur représentait l’autorité institutionnelle, à la fois chance de s’élever mais aussi peur du jugement de ses capacités, nous sommes passés à l’ère du professeur serviteur, qui n’est qu’un speaker comme les autres, et qu’on voudrait pouvoir zapper à volonté. Mai 68 pour ne pas le citer, a permis à beaucoup de penser qu’un monde de liberté apparaissait, que le père fouettard éducatif était mort, que la liberté et la créativité allaient supplanter tous ces anciens dogmes et permettre d’apprendre plus agréablement et mieux. Force est de constater que le virage ne fut pas amplement réussi, quant aux professeurs, avec le glissement des valeurs de notre société tournée vers la consommation, comme bon nombre de savoirs ils sont considérés comme obsolètes. Même le chef de l’Etat oublie totalement que bon nombre de leçons sont prodiguées à titre pédagogique, pour accompagner la formation de l’esprit, le développement de d’analyses, les capacités de réflexion et de discernement. Au lieu de cela on brûle presque la Princesse de Clèves, on assassine les convenances, on devient grossier et agressif. Exactement ce qui se passe aujourd’hui dans les cours de récrée.
Alors que les jeunes lycéens à blouse et raie sur le côté essayaient de se tenir aussi droit que leur président, avec devant eux cette image statique mais respectable de la réussite, notre jeunesse et nos futurs actifs, sont déjà courbés, retors, assoiffés de consommation matérielle et de domination brutale. Peut-on leur en vouloir ?
Quand ils dérapent la justice vient comme une belle mère lointaine, longtemps oubliée, qui vient vous priver de tous les plaisirs pensés acquis et qui vous répète que vous êtes un nul, que vous n’avez pas votre place pour un sou et que vous ne méritez rien.
Ces élèves qui sont soit marginalisés, soit qui se croient déjà pour des enfants rois ne se voient hélas pas offrir de limites claires auxquelles se référer, se confronter et ainsi grandir. J’imagine tout à fait ces conversations se multiplier : « S’il continue de me faire chier ce naze et qu’il me convoque encore, bah je dirais à tout le monde qu’il a essayé de me toucher et d’abuser de moi, ça lui apprendra au vieux con ». Ce n’est pas normal d’avoir nos dévots du savoir contraints de se méfier tout le temps, de couvrir leurs arrières pour ne pas terminer en proie à des stratagèmes que nous n’aurions osé imaginer il y a 30 ans. Comment un professeur peut-il se donner à son art, déjà bien difficile dans ces conditions ?
L’attractivité du poste a de plus amplement diminué, les conditions salariales ne les mettant pas plus que cela à l’abri du besoin, notamment en région parisienne où il est difficile pour une jeune couple de s’installer dans des conditions décentes. Alors qu’il y a peu cette voie, même si elle était moins glorieuse que d’autres dans le privé, assurait une sécurité et aussi une considération pour la vie. Aujourd’hui nous la bafouons et ne sommes pas loin dans certains cas d’un certain mode de despotisme inversé. Les élèves ayant des droits beaucoup plus dangereux qu’auparavant, et menaçants à tout instant.
Ainsi il y a peu, un élève s’est déclaré frappé par son professeur dans un village de l’Aisne, car il était soi-disant arrivé en retard. Moralité, le professeur fut mis en garde-à-vue directement, j’imagine qu’on lui passa les bracelets comme à ceux qui commettent des meurtres ou des actes terroristes. La justice fait son boulot, et comme de plus en plus souvent concernant ces problèmes, de façon absurde et inversée, sans prendre de leçons de ses erreurs passées. Moralité triste et tragique, l’élève avait menti et vient d’avouer, mais le professeur sans doute dans une période difficile, ayant même perdu les repères que lui offraient sa passion d’enseignant s’était déjà suicidé. On en parla un peu, mais pas tant que ça, le président ne se mouilla pas d’un mot, sans doute aurait-il trouvé, comme le suggéra le procureur, qu’il n’y avait aucun rapport, qu’il s’agissait d’un être déjà déstabilisé et que si un élève avait pu dire ça de lui, ce n’était pas un hasard et qu’il devait être un mauvais professeur.
Continuons de brûler des livres et de cracher sur ceux qui choisissent avec humilité de défendre un idéal louable, et nous continuerons d’être étonnés que l’influence et la crédibilité de notre pays ne décline. Mais j’oubliais, avec notre super président et ses valeurs affichées, nous sommes bien entendu sur de bons rails …

mardi 7 octobre 2008

Death Magnetic

Après quelques écoutes il est bien temps d'en parler. Comme beaucoup j'attendais ça depuis longtemps et bien qu'il soit rare que je m'attarde sur les nouveautés musicales, la sortie d'un album de Metallica mérite d'être soulignée. Depuis St Anger en 2003 c'était une sacrée attente et les fans commencent à s'impatienter. Comment les choses se passent-elles, un peu d'angoisse et une certaine crainte mêlée de désir apparaît sur les nombreux forums.

Pour aller de suite dans le vif du sujet, Death Magnetic est un bon album, un très bon album même. Je crois d'ailleurs que ce n'est une surprise pour personne. A part quelques aventures légèrements moins travaillées (avec le philarmonic orchestra de San Fransisco, ou sur l'album de reprises Garage Inc), les albums de Metallica ont toujours été d'une qualité irréprochable, ce qui est sans doute leur plus grand facteur de succès. Il y a peu j'entendais une chanteuse afro qui parlait de ses gout musicaux, qu'elle aimait les choses avec du groove et qui citait Nothing else matters comme une chanson ultime. Pas certain que ce soit la chanson qui soit citée en premier par l'ensemble des fans qui voudront eux se démarquer du grand public qui se mit à aime le métal en 1991 avec le Black Album, sans doute l'un des plus grand albums de vulgarisation de cette musique. Outre Nothing, The Unforgiven et Ender Sandman ont conquis un public non averti.

La force de Metallica est de toujours avoir su se remettre en question, ce qui les amena à surprendre beaucoup. La genèse du groupe, ainsi que son histoire jusqu'à aujourd'hui feraient un très bon film. Le guitariste drogué, le premier bassiste viré et remplacé par un Cliff, hippie psychédélique, headbanger sans égal qui mourra tragiquement dans l'accident de bus du groupe. De l'acool, beaucoup, jusqu'aux différentes cures de James, de la drogue qui causera le retrait de Dave qui crééra Megadeth mais qui ne se remettra réellement jamais de na pas avoir fait mieux que Metallica, un batteur à moitié fou à la silhouette et au caractère démoniaque, et puis d'autres bassistes, Jason qui se sentira longtemps rejeté et le dernier qui dénotera dans le profil mais qui finit par apporter une basse fraîche et inspirée. Toute cette épopée http://fr.wikipedia.org/wiki/Metallica dure depuis plus de 27 ans. De leur premier album studio Kill'em All en 1983 à Death Magnetic aujourd'hui il est impressionant de voir qu'il s'agit bel et bien du même groupe, qu'on les reconnaîtrait à l'aveugle et pourtant que de chemin... Après la consécration de leur métal rapide (trash métal) dans les années 80, le retentissant succès d'albums plus ouverts come And Justice for All et du Black Album, en tête des charts et qui mettra même leurs chansons dans toutes les boums des collégiens, les années 90 ont ont dévoilé une facette du groupe plus calme. Le rythme s'assagit, des morceaux très country courronant le tout sur Load et Reload. Les doutes sur l'énergie du groupe étant dissipés lors de leurs concerts toujours exceptionnels. Et puis les années 2000 qui offrirent le magnifique St Anger, splendide pied de nez à ceux qui souhaitent toujours écouter la même chose. Quand je lis les critiques aujourd'hui je me rends compte que cet album fut très mal reçu par une bonne partie des fans qui n'ont pas compris l'approche plus moderne, sans solo, plus agressive, de structure efficaces plus courtes.
Aujourd'hui ces fans frustrés se sentent libérés par ce Death qui n'a comme seul défaut que d'être moins surprenant. C'est tout l'univers de Metallica qui est repris, des morceaux ouverts à structure alambiqués de type One comme le single The day that never comes, très très bon, des morceaux dans un esprit plus trash comme My Apocalypse ou Cyanide, des rythmiques très complexes comme sur That was just your life. Le seul reproche c'est que je ne me suis pas senti si surpris que ça, j'aime et commence à adorer cet album qui offre tout de même des choses nouvelles comme le rythme de basse ska qui apparaît sur The end of the line, le son de guitare parfois proche de celui d'un guitare hero comme Yngwie Malmsteem, d'un morceau instrumental impressionant Suicide & Redemption où on pourrait par moments croire que quelqu'un a mis un Dream Theatre dans la platine. Pas étonnant que Mike Portnoy enscence cet album.
Mais attention pour les non avertis, ils'agit d'un vrai album de métal, exigeant, dans lequel on doit entrer et effectuer un véritable effort d'écoute. Les chansons, toutes plus de 8 minutes, sont particulièrement complexes, les rythmiques y sont impressionantes, se décalant, se recoupant, saccadées au bonheur d'un Lars qui s'éclate. Quant au retour des solos, Kirk adresse directement à ses détracteurs un message clair et précis, il est bien l'un des meilleurs guitaristes de la scène métal. Pour vous faire du bien écoutez cet album et s'il vous plait, si vous n'y êtes pas habitués, attendez la fin de la troisième écoute pour vous faire un premier avis. On est bien trop souvent servi aujourd'hui par des musiques qui ne demandent aucune implication, et pourtant ce n'est pas l'essence de la musique, du travail halletant de composition qu'ont fait tous les grands compositeurs de l'histoire. Ici nous parlons bien de musique, de recherche d'émotions avant tout, et non pas d'un positionnement marketing retouché par ordinateur avant tout. L'heure de vérité est d'ailleurs toujours sur scène, et en ce qui concerne les Four Horsmen vous pouvez y aller les yeux fermés. Mais surtout n'oubliez pas un petit conseil qui vient d'une de mes expériences, ne jamais faire les 3 premières chansons au premier rang and nothing else matters...

dimanche 28 septembre 2008

Amis de la Finance

Heureux sont ceux qui reçoivent des millions en bonus.
Plus facile que l’euromillions, moins voyant que la dictature, plus safe que chez les seigneurs de guerre, ce racket mondial a de beaux jours devant lui.
Les tentatives successives des états de sauver l’univers bancaire sont bel et bien la consécration du despotisme financier actuel. Comment un système consacrant autant de disparités a-t-il pu s’installer si sérieusement ?
Je ne vais pas rentrer dans un cours d’histoire économique en remontant à Keynes mais aujourd’hui nous vivons les affres d’un laisser-aller de la régulation des marchés financiers. L’état américain peut-il faire aujourd’hui autre chose que de mobiliser 700 milliards de dollars pour sauver sa place financière ? Non, les résultats seraient bien surs destructeurs, des milliers de faillites, des centaines de milliers de licenciement directs bien difficiles à gérer socialement.
Alors que faire ? Croiser les doigts, attendre que ça se tasse, endetter son pays en espérant un évènement qui lui renfloue les caisses comme une guerre quelconque à l’autre bout de la planète.
Ce sont donc des millions de contribuables, pour certains proche du seuil de pauvreté qui vont se voir sauvés au prix fort, payant cette crise et toutes les erreurs de gestion catégorisées des CEO et top managers qui préféraient artificiellement doper leurs résultats, i.e. leur bonus que de gérer leur société. Il est vrai que si l’on veut être capable de payer plusieurs Ferraris à ses « top » traders il faut bien oublier certaines règles élémentaires de calcul de risque et de gestion. Ne parlons pas des règles éthiques ou seulement de bienséance qui ont disparu de la tête de ces « élites ».
« S’il ne doit en rester qu’en, je serais celui là ». Non ça ne vient pas d’Highlander, ça pourrait mais c’est plus romantique et c’est aujourd’hui le mot d’ordre de ces financiers qui, au lieu de développer leurs compétences managériales globales, ont préféré devenir des super calculateurs de bonus personnels, des drogués du gros coup et d’ailleurs des drogués tout court. La quête de résultats n’est pas mauvaise en soi quand elle est liée à une recherche d’amélioration globale, de création de valeur. Les entrepreneurs qui se lancent sont par rapports à ces joueurs méprisables les poumons remplis d’oxygène de notre économie. Mais ici elle ne sert que des dessins tristement personnels.
Nous voilà dans un monde où les finances sont gérées par les personnes les plus avides et les plus émotives. Dur de savoir s’il s’agit de l’œuf ou de la poule. Est-ce le poste qui façonne l’homme, ou ce type d’homme qui fait ce job ?
Dans ce cas comment ne jamais avoir eu le courage de réglementer ce secteur, comment nos états ont-ils pu laisser des baronnies financières clairement non pérennes s’installer. Payer des sommes indécentes à des employés alors que ce sur quoi repose ces versements est l’argent d’un peu tout le monde, pose un problème énorme de redistribution des richesses et il ne faut pas avoir fait l’ENA pour comprendre ce système de vases communicants. Cet argent crée quelque part un appel d’air, et une tension de l’ensemble. Tant que ce système est supporté par une croissance certaine, il survit, mais dès que les garanties s’étiolent tout capote, et voici nos pauvres smicards de tous les pays développés contraints de payer encore plus pour combler ce trou résultant de l’enrichissement de ceux qui jouent avec le feu en brûlant les autres. Ces derniers mêmes qui sont allés jusqu’à spéculer sur les denrées alimentaires premières condamnant sans sourciller des parties du monde à la malnutrition ou à la famine.
Il est bien trop facile de nier que ces éléments sont liés. Bien entendu il faut plus que ma réflexion rapide et superficielle pour comprendre les mécanismes sous-jacents et trouver des points d’action. Toujours est-il que nous ne pouvons pas laisser les choses en l’état. Des sociétés proches de la faillite qui garantissent pourtant à leur top cadres leur bonus jusque fin 2009 ne devraient peut-être pas vivre dans l’ingérence mais plutôt être mises sous tutelle avec la condamnation pénale des irresponsables. Cela semble légèrement bouger outre-Atlantique avec la mise en accusation de certains CEO, mais ne devrions-nous pas plutôt aller plus loin et chercher les milliards dans ces bonus non justifiés. Evidemment je vois déjà crier au scandale ces cadres qui auront vite fait de se protéger contre telle ou telle mesure.
Mais alors comment faire pour avoir une once d’équité au sein de ce système vicié ?

dimanche 31 août 2008

Soyez gentils, rembobinez

En effet on pourrait croire à première vue que cet article c'est du réchauffé, que j'aurais pu me bouger et l'écrire à la sortie du film. Sauf que ce film sorti il y a plus de six mois au pays aux 40 médailles quand même bien sympa, n'est sorti que très récemment dans mon plat pays d'accueil. A croire que la date de sortie des films est déterminée en fonction du nombre de médailles aux JO. On n'est pas sorti.
Toujours est-il que Michel Gondry mérite un bel hommage, même si on ne va pas déjà le mettre au musée Grévin. Peu de personnes connaissent son nom, mais son oeuvre s'impose de plus en plus comme celle d'un des derniers réalisateurs poètes. Evidemment on est loin de l'imposante trajectoire commerciale d'un Christopher Nolan qui parvient à passer d'un Insomnia à un Batman, avec succès d'ailleurs, mais Michel Gondry fait partie de ces réalisateurs, véritables artistes à haute sensibilité, un peu comme les nouveaux reflex numériques pouvant travailler à 6400 ISO sans aucun bruit. Eternal sunshine of the spotless mind avait subjugué par sa finesse mêlée d'un environnement surréaliste plus que de science-fiction. C'était en quelque sorte un essai amoureux, amoureux de l'amour en soi, de l'amour de l'homme, d'un amour qui malgré tout dépasserait les données scientifiques qu'on peut y attribuer et qui traverserait même les mémoires. Naïf ? Et pourquoi pas ?
Avec Be kind, Rewind, adage bien connu des loueurs de cassettes invétérés anglo-saxons, c'est l'amour de la spontanéité qui est décrit. Spontanéité et vérité des sentiments. Le pitch du film pourrait pourtant convaincre le spectateur qu'il s'agit d'un film loufoque. Deux jeunes qui ayant effacé par malchance surréaliste les bandes vidéos d'un loueur sexagénaire s'attèlent pour sauver le magasin à faire leur propre version des rares films qui leur sont demandés comme Ghostbusters, Rush Hour.
Certes on nage dans un certain délire, mais un délire métaphorique et très sensible. Petit bémol, le film s'enchaîne parfois un peu vite et on a du mal à comprendre et à appréhender tous les traits d'humour qui y sont présents. J'en aurais voulu un peu plus.
Le rire qui se généralise dans la salle est vite dépassé par un émerveillement. On a envie d'y croire. Pas besoin d'avoir 120 millions de budget pour plaire, mais au contraire un peu plus de simplicité et de rêverie ne ferait pas de mal.
Je vantais les mérites du dernier Batman qui finalement, en se servant de personnages imaginaires capte un état d'humeur très réel et terrifiant. Ici c'est l'opposé, le film en tant que tel, ainsi que son sujet, veut défendre la détente, la rêverie qu'offre le cinéma. Le fait magique d'être capable de raconter une histoire au plus grand nombre et tant pis si faute de moyens une cervelle explosée par balle se traduit par une pizza margharita glissée sous la tête de l'apprenti acteur. A-t-on réellement besoin de certifier, alors que le plus souvent les personnages sont irréels, ou simplement de signifier avec beauté. Un clavier de piano ne serait-il pas que le jeu d'entrelacement des mains de blancs et de noirs cachés dans une grande boîte. Merci beaucoup pour ce moment d'apaisement et de joie de vivre, simple et touchant. A voir pour sortir de la grisaille ambiante. Un vrai éclat de fraîcheur servi par un Jack Black disjoncté.

vendredi 1 août 2008

L’anarchisme apocalyptique pour grand public

Voir un Batman s’annonce toujours comme une bonne aventure même s’il y eut quelques déceptions par le passé.
Tim Burton avait mis le bar très haut dans un style poético-gothique qui lui est propre et je ne pensais pas qu’on puisse me faire oublier la prestation de Jack Nicholson en Joker. Il est vrai que j’avais quelques années de moins en 1989 et que ce sourire dément m’avait effrayé. Alors quand on m’a dit, viens, c’est Batman contre Joker, je m’attendais à voir comme une sorte de remake avec plus d’effets spéciaux. D’ailleurs pour les effets et les techniques cinés c’est très bien fait.
Dès les premières images on comprend mieux que du budget il en a fallu. Mais Christopher Nolan ne se réfugie pas derrière de la synthèse ou de la pyrotechnique pour mettre une grosse claque au spectateur. Les mouvements de caméra sont très fluides et dynamiques mais arrivent tout de même à se poser (du moins avant le final) afin de dépeindre certaines émotions, parfois avec finesse. Pour résumer c’est un bon film, même très bon pour certaines choses. Je conseille vivement d’aller le voir même si ce n’est pas un film d’été type. On est bien loin de la légèreté de l’adaptation de certains comics. Il s’agit bel et bien d’un film noir, que l’on pourrait comparer aux films noirs de yakusas avec en plus un personnage exceptionnel et profondément immoral.
Le Joker est subjuguant. L’apparence tout d’abord, ce visage au maquillage ébranlé donne le ton. Il ne s’agit pas ici d’un méchant classique qu’on appréhende facilement et que l’on met dans la case des fous et c’est ce qui est le plus gênant au fur et à mesure que les rencontres entre les deux héros se multiplient. Il y a quelques scènes « marrantes » en effet mais ce n’est pas ce qui transparaît à l’inverse de celui de Tim Burton. On est au-delà de ça.
Le Joker est ici un véritable fléau, un virus qui veut bouger l’équilibre établi. Je n’irai pas dire que le personnage incarne un anarchiste pur comme ceux que l’on trouve dans la littérature classique tel Souvarine, car aucune idée de futur n’est évoquée ici mais un serviteur du Chaos en quelque sorte. Et ça n’arrête pas, de surprises en mauvaises surprises pour la Bat family, les expériences humaines imposées par le Joker se succèdent et on a du mal à croire que le réalisateur ne les ait pas voulu plus fructueuses et sans lueur d’espoir. La production a sans doute mis un gros bémol devant tant de mal affiché, cette gangrène semblant inarrêtable et a insufflé un soupçon d’héroïsme et de courage à des personnes lambda, pour que le spectateur ne sorte pas totalement déprimé de là.
En pleine ferveur du Patriot Act, il est intriguant de voir la capacité des Etats-Unis à soulever leurs problèmes avec pertinence mais à ne pas les traiter par la suite. Cette gangrène du Joker on peut la retrouver bien entendu dans l’attentat du 11 septembre mais aussi dans les phénomènes de tueries estudiantines qui se succèdent et qui surgissent en tout point comme une fatalité inaltérable. Et la foule hurlante voulant la peau du héros est une image peu reluisante des institutions américaines qui s’inscrivent dans la lignée du Maccartisme aveugle. Qui est le plus horrible, le joker duquel on ne peut rien attendre, le peuple qui finalement veut à tout prix sauver sa peau et qui n’hésite pas à méconnaître et lapider son plus grand défenseur, ou Batman qui ne dérogeant pas à ses valeurs propres est trop indulgent et naïf.
Ce film est donc particulièrement pessimiste pour un film hollywoodien, il est bien difficile de dire que le bien triomphe. Doit-on y voir le reflet d’un changement profond de société, une tentative de prise de conscience ou comme bien souvent outre-Atlantique un coup dans l’eau qui sera pris au premier degré et qui ne sera encensé que pour ses images spectaculaires et par le fait qu’il s’agit d’un film posthume pour un Heath Ledger largement oscarisable ? Un film remarquable par sa noirceur. Tout de même une nuance, le rythme de la dernière heure extrêmement soutenu est parfois à la limite du soutenable, mieux vaut y aller préparé et en forme.

vendredi 25 juillet 2008

Sebastiâo Salgado

La photographie est un art complexe à appréhender. Notre vie est un parcours d'images, celles de notre vie et celle de notre environnement.
On peut s'extasier devant des photographes de mode, de publicité, de reportage. C'est tellement vaste qu'il est bien difficile de décerner ce titre de grand photographe dans l'absolu.
Certains auront eu le mérite de prendre une main coupée rescapée du 11 septembre, en seront-ils de grands photographes pour autant, ou ne serait-ce pas seulement une grande photo. Cet art a cette magie, qu'un instant peut même surprendre un amateur non averti et lui offrir un cliché magique, soit par l'émotion qu'il suscite soit par le sujet inattendu ou spectaculaire.
Un bon photographe serait quelqu'un qui aurait la capacité de répéter ce phénomène. On pourrait aussi définir ce talent en prenant le contre pied et en considérant celui qui ayant la tâche d'accomplir une couverture d'évènements ne se trompe pas et prend ce qu'il y a à prendre.
J'ai déjà affiché sur ce blog mon admiration pour certains artistes, le dernier en date étant Michael Kenna et sa capacité esthétique à révéler la pureté de la nature, une abstraction magnifique.
Je ne peux que rendre justice au photographe de reportage le plus impressionnant aujourd'hui, Sebastiao Salgado. Devant ses clichés on se passe de mots tellement ils semblent tous parfaits. En voir certains ici. Parfait dans quel sens ? Difficile à décrire mais une réelle poésie se dégage de ses portraits parfois durs. Ce photographe apporte de tels témoignages de ce qu'est la vie. Il voyage pour nous mais fais bien plus que cela. Il nous révèle l'âme des contrées qu'il traverse, l'âme de ses habitants, souvent en proie à des conflits ou des difficultés que nous ne connaissons ou que nous ne rencontrons que peu ici.
Il parvient à révéler l'humanité dans toute sa beauté, qu'il s'agisse d'un enfant à la jambe mutilée ou de travailleurs de champs pétrolifères couverts de l'or noir. L'ouvrage récemment édité par Taschen dans un format mettant en valeur les clichés (et au prix démocratique vu la taille et la qualité de l'ouvrage) qui rassemble une sélection de photos issus des reportages qu'il accomplit en Afrique australe sur une trentaine d'années est un must. Ne pas s'y méprendre, Salgado n'est pas seulement un photographe qui réussit une photo quand le sujet est percutant ou terrible. Il sait saisir tous les instants comme des émotions de joie dans les yeux des enfants qui sont tellement émouvantes. Sa série animalière est aussi fascinante, j'ai rarement vu un gorille au regard si profond. C'est un véritable régal.
A connaître de toute urgence car il est rare de rencontrer aujourd'hui des artistes qui sont capables d'embrasser le monde comme il le fait avec tant de finesse, de pudeur et de beauté. Un énorme MERCI.

jeudi 24 juillet 2008

Facebook, un démon social ?

On a dit beaucoup de choses sur les réseaux sociaux virtuels comme Facebook. Au début démonisés par les plus réfractaires à la technologie et les plus conservateurs, encensés par les adeptes des nouvelles tendances et qui se veulent à la pointe. Ce phénomène est déjà ancré dans les mœurs, on ne compte plus les ouvrages qui y sont consacrés ni les tentatives de copies qui fleurissent tous azimuts, entrainant des batailles juridiques inédites. Les luttes commencent, chacun veut sa part du gâteau, on semble parler aujourd’hui des sociétés les plus rentables (bulle internet is back ?).
Facebook et les autres VSN nous permettent de parler de notre vie quotidienne et nous accompagnent. Qu’ils soient là pour garder contact, s’orienter professionnellement ou sentimentalement, on y passe du temps et on market sa page comme un produit star destiné à être en tête de gondole.
Cette logique plutôt anglo-saxonne de la vente de soi à tout moment est même allée conquérir les irréductibles gaulois, aidés en cela par l’attitude starifiée du chef de l’état qui conforte les modèles de réussite matérialiste et la victoire du paraître sur l’être. On met sa petite photo, qu’on choisit malgré tout aguicheuse, et puis par acquis de conscience on en met une avec son enfant dans le nième album qu’on aura mis en ligne pour qu’on voie à quel point on a une vie coooool et réussie.
C’est un lieu de partage facile et universel, très pratique quand on veut communiquer par delà les frontières par exemple.
Les mœurs évoluent, de réseaux très privés c’est aujourd’hui la consécration de l’open networking. "Vivons cachés vivons heureux" semble appartenir à notre aïeul avec de la mousse sur les oreilles. Maintenant on en impose, on se montre.
Va-t-on plus voir une expo, où par ailleurs les plupart des toiles nous resterons obscures, pour en parler ou pour apprécier ? Moi-même j’eu un doute quelquefois devant la grande déception émotionnelle occasionnée. Il ne me restait qu’à en parler pour me réconforter. Grâce à Facebook, on sait même si notre ami à Taiwan était malade pendant la nuit, tout comme les 253 autres amis qu’on a. Tout de même pas évident de gérer tout ce flux d’informations critique, surtout en période de gastro. Et puis il y a en plus des statuts et des jeux qui sont des assassins de la productivité en entreprise (pas un jour sans recevoir des requêtes pour savoir quel savon je serais si j’étais exposé à une explosion nucléaire, ou quel chien star incarne le mieux mes valeurs religieuses) les albums photos.
On touche ici une autre dimension qui dépasse le simple désir exhibo de la plupart, qui dépasse le désir d’afficher sa réussite (enfant, voiture, maison). On se rend compte en passant d’un « ami » à un autre que toutes les photos se ressemblent dans le fond. Et là c’est le stresse, la panique, tic-tac, tic-tac. Gare à celui qui n’aurait pas dans ses albums toutes les étapes clés de la réussite. J’ai été pris d’effroi en voyant le nombre d’album mariage de untel et unetelle, et là presque de façon subliminale je me suis dit, « mince, quand est-ce que tu te maries déjà, ouf c’est dans quelques mois, tu ne seras pas pour trop longtemps honni par tes amis ». Cet outil de liberté et de communication ne serait-il pas en fait le meilleur (le seul) moyen pour confiner la liberté individuelle à un schéma préétabli. En effet je pense que peu de personnes créeront un album photo intitulé « Mes maîtresses ». Les canons de la réussite semblent avoir trouvé une nouvelle voie despotique plus discrète et pernicieuse que ne l’étaient les réseaux sociaux traditionnels auxquels on pouvait toujours espérer échapper un jour, ne serait-ce qu’en déménageant. Le piège est international, partout présent, les updates pullulent, untel vient d’avoir un nouveau boulot de conseil en stratégie, untel vient d’être papa pour la troisième fois.
Facebook serait-il donc la revanche ultime de l’instinct naturel, de la réussite primaire et de l’expression d’une puissance asservie sur la liberté de penser et de se différencier ?!

jeudi 10 juillet 2008

La sagesse des champignons

Je hais les personnes qui pensent que la philosophie est réservée aux philosophes ou à quelques autres érudits devant avoir un curriculum vitae intellectuel bien rempli. Je hais ces personnes qui complexifient des messages essentiels et qui noient la plupart dans des abimes d’isolement. Je hais les personnes qui pensent qu’il est de bon ton de se distancier du peuple et de snober les évènements les plus rassembleurs car vulgaires.
Comment comprendre son époque si on ne s’implique pas dans cette vie de tous les jours, que ce soit au PMU du coin, dans un stade ou dans un festival de musique ? Il ne s’agit pas seulement de sociologie.
La philosophie doit être une appréhension de la vie. C’est vrai que des pavés come Etre et Temps sont rebutants, et même les experts doivent se creuser la tête, quand à la mienne je l’ai retourné dans tous les sens sans grand succès.
Le but de la philosophie selon moi est d’amener les hommes et à se poser des questions sur le sens de leur vie, le sens du monde. Le but n’est pas de mettre chacun dans un état de doute mais d’offrir des grilles de lectures et d’aider à se recentrer sur les choses qui leur sont réellement importantes. En plein mouvement consumériste, il pourrait être bon que les valeurs partagées par le plus grand nombre puissent se dissocier du paraître. D’autant plus l’image du pouvoir en France n’y aide pas. Etre un roquet, écraser les autres, ne pas être respectueux du présent ni de l’histoire, tout faire pour le fric et pour avoir un mannequin dans son lit …
C’est dans une ferme en Italie que j’ai partagé un de mes derniers beaux moments d’humanité et de réflexion.
En cercle se trouvaient trois personnes, le gentil propriétaire de la pension où je m’étais replié quelques jours, et un couple âgé mais vaillant, autour d’une table. J’entendais le couteau claquer sur une plaque d’ardoise, je pensais au dépeçage d’une bête lorsque m’approchant je découvris des lamelles de champignons déposées les unes à côtés des autres, tel un régiment bien en ligne. Ils coupaient avec précision une récolte fructueuse pour les faire sécher. Nous parlons, et là vient un commentaire ultime :
« Il dit que maintenant qu’il est vieux il trouve plus de champignons. Beaucoup plus que son fils et bien plus qu’avant, car quand il est dans les bois, il ne peut plus marcher aussi vite, alors il prend plus de temps, et du coup il en trouve plus ».
Définition de la sagesse qui me tombe comme ça dans les mains, vérité absolue ? L’homme devient-il sage par obligation ? Est-ce le déclin physique, le déclin d’une certaine fougue qui entraîne la sagesse ? Ou au contraire la quête du champignon, d’une certaine vérité qui nous forme l’œil ainsi que l’esprit et nous permet de connaître les choses et de trouver les réponses. Les réponses à nos questions sont elles aussi bien cachées, sous des feuilles, au bas des arbres ? Des fois elles émergent littéralement en pleine pelouse et sont évidentes mais le plus souvent elles nous sont dissimulées. Même si on marche à côté il peut nous arriver de les louper et pire de les écraser. Cette métaphore du chasseur de champignon âgé, chasseur moins vaillant mais plus efficace illustre l’essence d’une philosophie universelle. Pas besoin de connaître la politique d’Aristote pour comprendre comment l’on peut expliquer la structuration d’une société à partir de ce type de réflexions. Consulter les ouvrages classiques est un complément utile mais la tâche est trop ardue pour commencer par eux.
Cette matière précieuse seulement enseignée dans nos programmes scolaires en classe de terminale pourrait sans doute occuper une place différente et donner quelque chose de plus dans l’éducation. Les premières passions arrivent au moment de l’adolescence et la plupart des ados se trouvent perdus, incompris, à part et souvent délaissés. Prendre des exemples vécus par les intéressés pour définir ce qu’est une passion, ensuite les amener sur quelques textes parlant, comme un de Descartes qui avait compris que son amour pour les femmes ayant un fort strabisme lui venait dans son jeune âge de sa première relation amoureuse.
C’est en partie naïf, mais renouer avec une philosophie essentielle et simple et l’enseigner le plus tôt serait sans doute une piste de solution au moral en berne qui ternit nos pays.
Notre jeunesse ne se projette pas, elle manque de repères dans un monde qui se durcit, une petite fricassée de champignons ne ferait pas de mal.

dimanche 15 juin 2008

Attention danger

Ca fait couler beaucoup d'encre, PPDA ne sera bientôt plus le présentateur vedette de TF1, plus de JT à l'ancienne, plus de petites blagounettes lors des soirées électorales et politiques, plus de prise d'initiative personnelle pouvant par de rares moments aller contre les intérêts économiques, ou pire contre les intérêts de la tête de l'Etat.
L'hydre a plus de têtes que prévu, je ne vais pas faire ici le procès de notre nabot hyperactif, ça a déjà été bien fait dans la plupart des journaux et magazines français mais pour adresser un hommage à une idée de la liberté de l'expression que je pensais être un des fers de lance de la France.
Que les média transforment par moments la vérité, du moins nous en apprennent une qui ne s'avère pas être la plus évidente n'est pas nouveau. Tout est question d'interprétation le plus souvent. L'émission de qualité, hélas arrêtée, Arrêts sur Images qui passait sur France 5 en faisait son pain quotidien, en dénonçant des histoires différentes basées sur les mêmes images, un paquebot ayant perdu son chargement sur une chaîne, et une mutinerie sur l'autre. Mais de là à ce que ça profite à quelqu'un, il y avait le plus souvent un océan.
Le réchauffement de la planète politique oblige, la frontière ne paraît plus si grande. Après la presse qui s'est vue verrouillée par certains de ses propriétaires proches du nouveau pouvoir politique c'est au tour de la télé. Je n'avais pourtant pas trouvée qu'elle était "contre" le gnome quand il y eut la campagne l'an passé. Evidemment certains ont tenté quelques incursions dans la grande mouvance mais sans réel impact. Aujourd'hui les purges au sein de TF1 ainsi que le pavé lancé dans la marre de la télévision publique sont inquiétantes. A qui cela peut-il donc profiter ?
Justifier le licenciement de PPDA par une érosion de l'audience lui incombant est dérisoire, les problèmes sont à chercher ailleurs (environnement concurrentiel en plein boum, changement des modes de consommation de l'image au profit des nouveaux media, et plus particulièrement pour TF1 l'éviction de Lelay et Mougeotte, hommes qui connaissaient plutôt bien les ficelles du métier). Le choix de se débarrasser de cette icône est résolument politique, que ce soit de la politique interne d'entreprise ou plus directement de la politique au sens propre.
Les journalistes s'affolent car ils voient une remise en cause de leur liberté, ont peur de ne plus pouvoir publier par eux-mêmes, décider de leur choix éditoriaux. Ce qui me paraît aberrant est qu'il n'y a en fait que peu de personnes qui ont plus de pouvoir sur l'opinion publique qu'un journaliste. On peut arguer qu'il faut des media pour transmettre ces paroles afin de contester un pouvoir autocratique, mais aujourd'hui quand on voit le pouvoir des nouveaux media et la vitesse de propagation incontrôlable des images et infos, la liberté presque absolue qu'offre internet, il faut être naïf pour penser n'avoir aucun moyen quand on est un nom et quand on a une plume, ou un œil.
La plus belle arme serait le boycotte pur et dur de l'image présidentielle, faire disparaître le nouveau despote de la plupart des media, faire comme s'il n'existait plus, valoriser ses proches collaborateurs sans en parler, vu son égocentrisme et son besoin d'affirmation et de reconnaissance je ne suis pas certain qu'il pourrait en sortir indemne. Ce bras de fer est possible à partir du moment où la mobilisation est commune, donc messieurs les journalistes et amoureux du media, si vous pensez (et vous êtes les mieux placés pour le dire) que la liberté d'expression et l'indépendance éditoriale en France est en danger, agissez, boycottez, enfermez le le plus possible dans les oubliettes de la pensée collective, mais n'attendez pas qu'il soit trop tard. Lui faire tant de publicité gratuite ne lui nuit pas aujourd'hui et bien peu de personnes sont capables de comprendre la notion même de liberté d'expression. Pour en revenir à mon sujet, merci à PPDA de nous avoir accompagné de nombreux soirs et d'avoir été là lors des moments les plus importants de l'histoire de notre pays et du monde. Qu'il soit mégalo, séducteur ou colérique ça n'en enlève pas moins sa présence et en quelque sorte son soutien quotidien et rassurant. On reviendra sur ça quand ce seront les vrais adieux, c'est à dire dans quelques mois.

dimanche 1 juin 2008

Une liberté à la dérive

J’étais pour et j’étais naïf.
Reformer les institutions, toucher à la constitution pourquoi pas. Alléger les coûts de fonctionnement de l’Etat, mieux adapter les différentes instances, prendre la mesure des évolutions de la société, des avancées technologiques, bien sur.
Alors que tous ces espoirs n’ont pas encore trouvé d’écho tangible et réaliste, le deuxième effet kiss cool semble beaucoup plus important que prévu, et profondément inquiétant. Le président de la république se voit tellement beau et intelligent qu’il est certain que lui seul soit capable de prendre la bonne décision. Ses dérives autoritaires au sein du gouvernement font que notre oreille est boursoufflée par nombreuses piqures de puce qu’elle reçoit depuis plus d’un an. Mais là, ça ne bourdonne plus, on ne crie plus au lapin mais à l’assassin de la constitution et de la démocratie. Tous pensaient avoir élu un homme avec des idées, une équipe, des principes valables, et des politiques bien définies.
Hors le récent vote portant sur l’amendement de l’article 18 de la constitution est une déclaration de guerre aux principes politiques. Le président non content de manipuler ses sbires monte au créneau. Jamais nous n’avions vu précédemment des ministres aussi passifs et concupiscents. La palme va sans aucun doute à Rachida Daty, qui boit les paroles de son guru.
J’imagine déjà le teigneux devant le congrès haranguer l’opposition et dire à François Hollande : « D’ailleurs toi, rentre dans ton pays, va bouffer ton gouda et nous casse pas les burnes, ici c’est moi le chef et je vous emmerde. » Alain Rey n’a qu’à bien se tenir, bientôt toute une nouvelle série de mots présidentiels vont se voir intégrer de force au dictionnaire, Alain ta gueule je veux que tu me supprimes la moitié des mots de ton dico, d’abord plus personne y sait ce qu’ils veulent dire, et c’est quoi ce mot que tu me répètes « humilité » ?.
Quand j’ai commencé à écrire ce blog je m’insurgeais des impairs de Royal et criais comment imaginer une seconde un Président de la République ne maitrisant pas son discours. Et bien, plus bas que terre nous sommes tombés.
Nous ne somme plus aujourd’hui dans une dérive du pouvoir mais bel et bien dans un risque démocratique important. Nous voterons bien entendu en fonction des résultats, si des indicateurs fiables nous prouvent que la politique a eu des effets positifs, que la France surperforme par rapport à ses voisins et que nous nous croyons en sécurité nous ne serons pas forcément aussi sévères. Et j’espère vraiment que de ce chapeau sortira quelque chose. En revanche le prix à payer doit il être si cher ? Renoncer à la liberté et une certaine forme d’égalité est inacceptable. Quand je pense qu’il y a peu nous étions heureux de voir que l’Italie semblait s’échapper de ses troubles berlusconiens avec l’arrivée de Romano Prodi. On voit le résultat, plus les tentacules de la pieuvre sont grandes plus il est difficile de regagner la surface. Je me disais à l’époque qu’il était fou qu’un pays européen, si proche de nous, puisse vivre des troubles de la démocratie et de la liberté d’expression aussi graves.
Hélas nous sommes dans le cœur même du problème, une censure déjà tangible quand des articles portaient sur le fait que Cecilia ne se soit pas rendue aux élections ont été interdits, que va-t-il se passer dans les prochaines années ? Encore quatre années qui ne vont pas nous décevoir. Nani Moretti a un nouveau sujet tout trouvé, et je suis pourtant certain qu’il ne pensa jamais pouvoir un jour dénoncer les dérives de notre pouvoir politique. J’attends avec une impatience craintive de voir les autres amendements à la constitution qui verront surement le jour en plein mois d’août quand la plupart des personnes seront insouciantes bercées par un soleil cajoleur. Que faire, écrire quelques mots sur le web est bien inefficace hélas …

Les nouveaux patrons

"S’il n’en reste qu’un je serais celui-là".
Cela fait quelques temps que l’on en parle, quelques gros scandales l’ont récemment illustré que ce soit en France ou en Belgique. Comment justifier une hausse spectaculaire de la rémunération d’un CEO alors que la société affiche un résultat négatif, prévoit des plans de licenciements, des ventes de filiales pourtant achetées comme stratégique et revendues pour des raisons d’un manque de liquidité. Est-on réellement dans l’air des patrons mercenaires ? Je ne veux pas paraphrasé le président Français car la raison de cet article n’est pas de déboulonner mes ennemis pour renforcer mes amis. Je ne supporterai en rien d’être assimilé à cette déontologie de bas étage, digne des pires conspirateurs. Je n’aimerais pas avoir un jour grillé la priorité à ce président. Y aura-t-il bientôt un fabuliste qui se jouera de la cour et deviendra l’un des plus grands poètes et moralistes et reprenant la clairvoyance d’Esope. Revenons au propos, sont-ils les nouveaux vautours de nos sociétés ?
Je ne peux ou veux pas y croire, du moins pas pour la majorité. Car généraliser serait oublier le nombre de patrons locaux et d’entrepreneurs qui se battent comme de beaux diables, qui coupent le plus souvent leur rémunération en premier pour alléger leurs charges et qui prennent sur eux pour éviter la liquidation de l’ensemble. Je tire mon chapeau à toutes ces personnes, gérants ou propriétaires de PME qui croient dans un rôle social de l’entreprise et non seulement une machine à la création de valeur pour les seuls actionnaires, dans laquelle les engrenages ne sont que mécaniques.
Le cas de PDG de grandes sociétés ou multinationales est plus délicat, ces grands hommes, remarquables et qui ont dans leur vie comme plus grand mérite d’avoir intégré l’école que Père voulait. Nous sommes dans l’élitisme/snobisme à la française. Regarder les autres comme inférieurs, comme des subordonnés naturels devant se plier à leur toute puissance intellectuelle sera la pierre angulaire de leur carrière. « Quoi même pas centralien ?!!! »
J’avoue avoir eu tendance, encore étudiant, à me perdre dans les prémices de cet abîme. Les classes prépas en font baver et on a un besoin naturel de valoriser cet effort de deux ou trois ans pour évacuer la frustration de n’avoir pu profiter normalement de ses vingt ans, d’avoir eu des poches sous lieux non pour avoir découvert les boîtes de nuit de la capitales mais bel et bien pour avoir voulu calculer un DL à l’ordre neuf.
Les journaux économiques ont publié la majeur partie des évolutions de salaires, toutes à la hausse en dépit des résultats peu flatteurs de 2007, + 58% pour les patrons du CAC40 ; si on ajoute à ça les primes, bonus, parachutes dorés, stock options avec changement du terme en cours de mandat, jetons de présence entre administrateurs croisés, on se rend compte que la vache se fait traire sans vergogne par ces rares privilégiés.
N’y a t il pas un risque de profonde instabilité sociale. La France ne se distingue pas pour avoir coupé des têtes, nos voisins rougeaux l’ont aussi fait, mais pour avoir de façon systématique et populaire éliminé une certaine élite. N’y a-t-il pas un risque que la différence soit trop indécente, que les personnes qui travaillent plus mais qui ne peuvent que souffrir de la malbouffe malgré leurs efforts pour être flexibles comme on leur demande, ne comprennent pas que le grand patron se comporte comme un pilleur d’épaves. Malgré le banc de sable sur lequel il fera s’échouer le navire, le grand patron le quitte avec toutes les vivres pour aller ensuite offrir ses services à un galion adverse, qui se délectera de cette détresse. J’ai parfois l’impression de voir une bande de gamins qui ne veulent rien lâcher, et qui se disent, bah pourquoi moi je ferai un effort alors que lui il a fait bien pire et qu’il a gardé tout le gâteau pour lui. Comment un manque de vision sociale peut –il être aussi commun à ce niveau de direction. ?
J’ai toujours cru que les grands patrons étaient des humanistes, qu’avoir 2 ou 4 appartements avait moins d’importance que de guider 10 ou 1000 hommes dans leur quotidien, dans leur participation au fonctionnement de la société. Nous n’aurons sans doute pas de révolution, les hommes ayant encore trop à perdre, confinés dans un confort matériel illusoire qu’ils ont peur de perdre. Je crois que messieurs les « grands » patrons, vous devez votre salut aux écrans plats. Je ne vous demande pas de lire Marx ou de visionner l’essentiel de Ken Loach en un week-end, ça ne suffirait pas à rattraper là où vous vous êtes perdus, mais si vous prétendez à des salaires aussi honteux, la moindre des choses serait d’atteindre vos résultats et dans le cas contraire d’assumer vos erreurs avec un semblant de dignité.

samedi 17 mai 2008

Michael Kenna, photographe de l'absolu

Cela fait déjà trop longtemps que j’arpente les rayons des livres dédiés à la photo pour ne pas me soumettre aujourd’hui à mon désir de rendre hommage à ce photographe aux clichés somptueux qui semblent pourtant être jusqu’à ce jour passés inaperçus.

Et pourtant, Michael Kenna est un photographe à part. Pourrais-je dire un photographe du vide splendide ? Ce ne serait pas exact et certains pourraient voire pointer le spectre du monochrome de Whiteman derrière cette dénomination approximative.

Alors que de nombreux photographes surchargent leurs clichés aidés par le numérique, de personnages qui se répètent, de nature déformée et étrange, les clichés de Kenna, nous font réaliser que la plupart de ces photographes comblent leur manque d’inspiration et de vision par tout ce que la technologie leur apporte, ils pensent se sauver en se cachant derrière la technique, mal du XXIe sicèle ? Le stress de la photo blanche, Kenna ne l’a pas, au contraire.
J’ai découvert ce photographe dans une revue (Réponses Photo, sans aucun doute la meilleure revue photo francophone à ce jour). Il y avait alors des extraits de son livre Japan (2003) et je me suis dis, ça y est, c’est ça ! Ces photos sont magiques, elles me révèlent la beauté d’une nature absolue, d’un espace hypnotique. La beauté et (est) la sérénité. J’ai eu la même sensation que lors de la lecture d’un ouvrage qui m’avait à l’époque conquis, Le poète de Yi Munyol. J’avais été à l’époque pris par cette poésie, cette recherche de la communion absolue avec la nature, le poète allant jusqu’à se fondre dans l’environnement, disparaissant alors à l’œil du non averti. Les photos de Kenna ne se fondent pas dans la nature mais sont elles-mêmes la nature, l’absolu. Non pas de beaux paysages a priori, quelques piquets sortant de la neige, mais l’expression de tous les possibles. Une nature, splendide, souvent lointaine et abstraite, comme non maîtrisée par l’homme et non asservie. La beauté dans son état premier. Non pas une beauté brute que l’on a souvent décrit comme non accueillante ou sauvage au sens péjoratif du terme, mais bien l’absolu du calme, comme si jamais l’homme n’avait pu la remettre en question.
Sa publication que j’apprécie sans doute le plus jusqu’à présent est Hokkaido (2006), qui est un développement (aboutissement ?) de la démarche japonaise de Michael Kenna. L’abstraction des nombreux sujets emporte le spectateur, on se sent bien, calme, coupé du bruit et de l’agitation stressante. Ces photos muettes nous reposent.
Si vous ne connaissez pas : http://www.michaelkenna.net/
Récemment un nouvel ouvrage est paru et il semble plus facile à trouver que ses prédécesseurs. Le succès se généralise sans doute enfin, et la distribution suit. Ce nouveau livre sur le Mont Saint Michel bénéficie d’une édition remarquable qui flattera les amateurs de beaux livres. En revanche je suis obligé de concéder qu’au fur et à mesure des pages on n’y retrouve pas la même magie. Peut-être est-il plus dur de faire ressortir la pureté si bien apprivoisée lors du cycle japonais de créations humaines ou peut-être est-ce la mystique du lieu qui demande au lecteur de s’attarder plus longuement, de se laisser pénétrer par une autre ambiance moins « naturelle » où les vestiges de l’homme ont plus de place.
Ce photographe est absolument à découvrir. Il est pour moi l’un des rares à être capable de susciter autant d’émotions, non pas une émotion mise en scène, mais bel et bien simplement pure.

samedi 3 mai 2008

Pros and Cons

La vie professionnelle se résume à ça, des pour et des contres.
Lors d'une conférence, de piètre qualité hélas, sur la nouvelle génération, la génération Y (les personnes nées peu avant et après 1980 dont je fais d’ailleurs partie), j'ai réalisé que la plupart des mes contemporains ne trouvaient que peu de joie dans leur vie professionnelle.
Je n'avais jamais réellement envisagé ce malaise sous un angle générationnel.
Je m’évertuais à chercher une explication plus personnelle et singulière. Allant jusqu’à supposer que tel ou tel n'était pas fait pour ce type d'entreprises, pour ce type d'exigences, de même pour moi. Sans d'autres repères je ressentais ces écarts entre les souhaits professionnels et leurs désillusions comme un facteur de culpabilité persistante. Cette culpabilisation qui entraîne le malaise du jeune salarié est des plus destructrices et anti-productives. Un employé persuadé d'être en marge des us et coutumes de sa société aura malgré tous ces efforts de grandes difficultés à rester concentré et il ne s'agira plus que d'une spirale infernale.
Alors, excepté le manque de profondeur de la présentation qui était décevant, j'ai été rassuré car j'ai compris que ce problème de motivation au travail de mon cercle social était un problème beaucoup plus vaste, et vécu par la plupart des personnes du même milieu. Cette génération Y (née non loin des 80's et ayant suivi un parcours académique abouti) a été abreuvée par le confort que venait de gagner ses jeunes parents qui ont eu la chance de ne connaître ni la guerre, ni de grands troubles économiques ; et qui, pour s'amuser, se sont fait vivre en mai 68. Peut-être ferons nous plus tard le procès de cette génération 68 qui est pour moi l'une des plus immatures, qui s'est totalement fait posséder par le confort et le consumérisme et qui s'est laissé vivre jusqu'à aujourd'hui, espérant encore bénéficier des dernières douces et longues retraites qui seront accordées avant la mort de notre système. Cette génération a eu le mérite d'abreuver les Y de tout ce qui pouvait les éveiller : sport, arts et culture, les deux derniers passant d'une élite à une consommation de masse, aidés par ou aidant ce phénomène.
L'orateur nous parlait de sa fille qui faisait du cheval, du tennis, de la peinture et autres et qu'employée depuis peu elle ne pouvait concevoir de tout laisser tomber pour travailler éperdument à sa réalisation professionnelle. " I created that monster !" et tout le monde de s'esclaffer, rire sans doute de rejet devant l'incapacité à se projeter solutionnant ce problème. Comment faire cohabiter des personnes, moins formées moins ouvertes qui ont tout donné pour leur réalisation professionnelle avec des Y qui veulent se réaliser en préservant cette diversité qui coule dans leur sang depuis tout petit. Pour dissiper touts soupçon, la population sondée était constituée des diplômés des MBA les plus prestigieux. Il ne s'agit donc pas d'une génération de flémards invétérés, du moins pas a priori, mais plutôt de nos leaders économiques de demain.
Ces Y veulent évoluer sans cesse, découvrir de nouvelles choses, développer de nouvelles compétences, apprendre et communiquer. Une structure professionnelle idéale serait donc une organisation résolument orientée projet, avec une hiérarchie très plate, où un jour le manager peut se retrouver expert ou même novice le lendemain sur une nouvelle mission. Les hiérarchies fortes induisent souvent des manques de communication ainsi que des organisations statiques, chacun défendant son petit jardin de privée de despotisme exécutif (voir Etienne de la Boétie - Discours de la servitude volontaire).
Pour le moment, peu de mes proches ou de mes connaissances ont eu la chance de travailler dans des organisations principalement tournées vers la génération Y, il faudra encore du temps pour que les entreprises s'adaptent, peut-être faudra-t-il même attendre la départ à la retraite des 68, de ce papy boom de jouisseurs, pour enfin passer à des choses plus humaines et sociales en profondeur.
Ce qui me fait espérer c'est que si les études s'avèrent justes, cette génération sera moins que les autres à la recherche d'un accomplissement personnel par de l'obtention du pouvoir et de la puissance, mais bien plus d'un épanouissement éthique en accord avec son environnement. Vous me direz, il s'agit des pensées d'un Y, ouvert et naïf qui espère beaucoup.
Pour le moment, des pours et des contres, mais surtout des pros et des cons !

jeudi 3 avril 2008

L'homme, un termite sur un radeau

C’est ce matin, une nouvelle fois coincé dans la rue, derrière un 4x4 (à prononcer quatre fois quatre comme le font si bien mes amis belges) que ça m’a pris. Evidemment pour des personnes ne connaissant qu’un centre ville surchargé aux rues étroites, c’est le moyen de locomotion idéal.
Quelle stupidité, idiotie, débilité profonde ! Les mots ne manquèrent pas pour exprimer ma rage, hurlant dans ma voiture, allant jusqu’à couvrir les analystes financiers débattant à la radio du pessimisme ambiant.
Enfin, après quelques hésitations, ça se débloque, ce monstre absurde passe enfin en ne manquant pas de chatouiller le rétroviseur d’un beaucoup plus petit gabarit qui lui n’avait rien demandé, dormant tranquillement sur le côté. Comme souvent la parole est aux grands et aux puissants.
Je redémarre mais me vois bloqué pas une seconde absurdité qui m’agresse, une publicité pour une solution d’investissement SGAM qui mise sur les denrées de première nécessité qui disait à peu près : dans ce climat d’incertitudes investissez sur des valeurs sûres, les denrées de première nécessité, avec la demande croissante des pays émergents vous gagnerez gros, un placement sûr et rentable. Ce que je traduis en : vous n’en avez pas assez d’avoir mis sur la paille de nombreux foyers et d’avoir prospéré en misant sur la misère d’autrui, et bien maintenant investissez et spéculez sur les grains de riz envoyés aux pays en voie de développement, vous verrez qu’après deux ou trois famines les prix vont furieusement monter et vous aller vous en mettre plein les fouilles !
Comment peut-on oser faire monter des prix de la sorte, comment oser ouvertement jouer du malheur et du désarroi de millions de personne, comment cela se peut-il, quelle est cette humanité. Sur la spéculation sur les denrées de première nécessité, si j’ai la chance d’être lu par des experts je suis réellement preneur de toute info. Après avoir lu plusieurs analyses, il m’a paru évident que cette hausse des produits comme le blé était essentiellement due à des mouvements spéculatifs et non à un décalage absolu et inéluctable entre l’offre et la demande.
Je suis donc un grand naïf.
Je m’en aperçois tristement tous les jours, quand je me permets d’adresser la parole à des personnes autres que mes supérieurs hiérarchiques et que je me vois toisé du regard par certains, qui eux ne s’abaissent pas à de telles considérations. « Attention à ne pas être trop social Philippe ! C’est bien mais il faut savoir aller au but. ». Mais heureusement je ne pourrais être autrement. Causer sciemment la ruine d’autrui me débecte. Quand je vois encore les bonus qui sont versés à ces messieurs les traders, qui, pour certains, ayant succombé et étant esclaves de leur propre pouvoir, font vaciller l’équilibre mondial, j’ai envie de vomir. Si encore ces personnes partaient la fleur au fusil … Nous en sommes bien loin, «s’il n’en reste qu’un je serais celui là ! »
De cela m’est venue lors d’un entretien avec un ami cette idée de termite anthropomorphique. Nous imaginions un scénario surréaliste et absurde, une fin du monde, un déluge puis une embarcation pour se sauver et puis les termites : « Ils seraient tellement cons ces termites qu’ils boufferaient tout le bois et finiraient par se noyer ! », hélas je connais beaucoup d’hommes qui ne résistant pas à leur appétit glouton sont encore plus voraces.

dimanche 16 mars 2008

Le blabla du quitus

Le quitus, je crois que est le plus gros évènement de la soirée. C'est un mot prononcé par François Hollande qui, sauf si mon ignorance est plus étendue que constaté par le passé, n'appartient pas au langage commun auquel nous sommes habitués par ces politiques d'aujourd’hui, nous ne reviendrons pas sur les tentatives à la Céline du président Sarkozy d’introduire plus d’humanité et de proximité dans ses propos. Dans quel contexte cela a-t-il été prononcé, de plus par un homme, qui ne m'avait jamais fait ouvrir mon dictionnaire ? Quand on analyse vaguement son discours, et celui des ses acolytes d’ailleurs, on se rend compte que ces élections ne sont pas présentées comme une série de victoires locales mais bel et bien comme un procès en place de grèves du gouvernement actuel et du Président de la République gagné par le peuple. Guillotin quand tu nous tiens ! On critique son comportement, puis deux mots plus tard on s'aventure à une phrase avec quelques mots d'un niveau de langage plus élevé qu'à la normal. Manipulation d'un discours qui illustre l'esprit de chasse ouverte faite au pouvoir actuel.
Pourquoi pas, je suis tout aussi estomaqué par les attitudes de notre nouveau despote. Mais n'avancer aucun programme, aucune solution, et faire d'acteurs locaux, qui sont pour la plupart ancrés de longue date, des messagers d’un mouvement de contestation globale me semble peu crédible. Ca ne constitue en rien un programme ni aucun avancements, ni de réformes pour résoudre les disfonctionnements du pays. C'est inquiétant, car comment choisir entre le pur néant et ce qui est en place, que ça nous plaise ou non. Evidemment si le choix était à refaire, il se passerait la même chose et la même élection qu'en 2007. Tant que l'opposition ne prendra pas le temps et la peine de se pencher sur de réels problèmes et d'apporter des solutions et non des mots du dico, nous n’aurons hélas pas d’alternative. Croire que voter orange en est une est une erreur. Ce mouvement n’existe qu’à cause de la haine viscérale du sacro-saint leader du milieu envers le despote et d’une volonté de puissance et de reconnaissance personnelle.
En regardant de loin les débats de ce soir, ne pouvant souffrir plus de deux minutes d'absurdité à la suite, il n'en est rien ressorti de tangible. Bataille perdue, enjeu national ou local, camouflet, expression du peuple en (dé)faveur du gouvernement, sanction, on ne parle que de ça et cela n'apporte absolument rien. Doit-on accorder autant d'importance à des personnages qui sont capable de parler trois heures sans ne rien dire : Pierre Moscovici qui dit : « Réformer oui, réformer bien sur, mais est-ce les bonnes réformes ? NON ! » Merci Pierre, vous nous sauvez et « Il faut en tirer des leçons ! » « Du travail, du travail et beaucoup de travail » Hum, et puis on parle lutte de pouvoir, Pierre, Manuel ou Ségolène en tête de liste pour 2012 on y revient, chacun cherche son chat pour lui brosser le dos dans le sens du poil. Je préconise « du travail collectif ». Hervé Morin ne fera pas bien mieux à la suite, bien que les réformes en cours auquel il participe auraient pu lui offrir plus de substances, on approche du fond, mais duquel. Toute cette soirée de débats pour commenter des résultats qui sont. Occuper de l'espace audiovisuel alors qu'un documentaire sur les loutres ou un bon inspecteur Barnaby, sucré aux aficionados par deux fois nous auraient comblé. Aller un Besancenot finit de m'achever, le pire c'est qu’il est le seul à parler des choses concrètes (employés de Tefal) et il nous sort un grand « Vous êtes dans le best of » à l'attention d'Hervé Morin. Et oui nous y sommes, tout ça pour être dans le best of, si seulement leurs parents leurs avaient payé des cours de guitares on aurait pu avoir un bon concert. Du show, du spectacle, Messieurs et Mesdames les directeurs de rédaction il faudrait changer les plateaux pour leur permettre d'atteindre leur rêve, être dans le best of et en couverture de Public. Une idée me vient, au lieu d'élection et de soirées débat nous devrions reprendre la recette magique de Takeshi Kitano dans Takeshi's castle (http://www.youtube.com/results?search_query=takeshi%27s+castle&search_type=) et mettre nos hommes et femmes politiques tous au départ et leur faire passer les épreuves les unes après les autres avec, pour prendre la couronne un combat final au laser contre l'empereur en place. Ce serait beaucoup plus drôle tout de même et pas moins efficace.
J’espère néanmoins que ce que nous voyons n’est qu’une partie émergée de l’iceberg et que du travail s’accomplit réellement en profondeur, il y a des choses à faire, dire lesquelles n’est pas évident, donc chapeau à ceux qui seront en mesure de trouver et de garantir à notre pays le meilleur équilibre possible. Est-ce facile avec un despote qui est par nature déséquilibré ? Nous verrons, les premières mesures, même si elles se justifient par le dynamisme sous-jacent des réformes amorcées, me semblent contraire à cette recherche d’équilibrage des forces et des avantages de notre pays. Gérer une nation comme une entreprise n’est pas une fin en soi, à moins qu’on ne veuille finir par la vendre pour plus qu'une poignée de dollars !

mardi 11 mars 2008

La soif des 3 dimensions

« Démocratie d’opinion » et « financiarisation du capitalisme » d’une part et « gouvernance et éthique d’entreprise », « développement durable » et « politique de civilisation (1) » d’autre part … qu’ont en commun ces thèmes aujourd’hui en vogue ? Ils mettent à mon avis en avant deux choses primordiales :
- le constat d’une certaine forme de tyrannie du myopisme, de la compartimentation de la pensée et du superficiel
- une volonté de plus en plus forte pour une action politique et économique qui résulte d’analyses approfondies, globales et qui intègre un horizon de réflexion plus ambitieux.

La prise en compte des 3 axes suivants me semble en effet incontournable dans toute action politique ou économique :
- l’horizon temporel. Le manque de prise de recul et l’obsession du court terme me semblent en effet suicidaires.
- le champ d’analyse de la réflexion préalable à l’action. Toute action naissant d’une vision fragmentée des choses est vouée à l’échec.
- la profondeur de l’analyse. Il est évident que la superficialité d’une analyse ne permet pas une action judicieuse

Cela vous semble couler de source et relever du bon sens…et vous avez raison !

Pourtant, de nombreux exemples montrent :
- qu’une partie ou la totalité de ces 3 dimensions sont très souvent (volontairement ou involontairement) délaissées.
- que cette carence n’est pas sans risque et sans conséquence, non seulement pour ceux qui prennent les décisions mais aussi pour ceux qui en subissent les conséquences.
- qu’il ne suffit pas d’avoir en tête l’importance de ces axes pour mettre en place avec succès une action.

Notre environnement (au sens large) porte en lui un grand nombre d’explications de ce myopisme ou de cette carence intellectuelle, à savoir :
- des changements de plus en plus rapides (accélération des évolutions technologiques, versatilité des marchés financiers, etc.)
- une certaine insécurité (terrorisme, catastrophes climatiques)
- des exigences de résultats accrues et sur le très court terme, qu’il s’agisse des actionnaires envers les dirigeants d’entreprise pour dégager plus de rentabilité et plus vite ou des consommateurs français qui s’exaspèrent de la baisse de leur pouvoir d’achat.
Ce voile d’incertitude et d’insécurité et cette pression du résultat expliquent en grande partie le manque de prise de recul et les analyses partielles ou superficielles car celles-ci sont consommatrices de temps et d’énergie… Ce cycle vicieux doit cependant être brisé dans l’intérêt du plus grand nombre.

Sur la scène politique, l’actualité du PS français illustre cette situation. Certes, le PS séduit encore à l’échelle locale (grandes villes et régions notamment) et il aura peut être une nouvelle occasion de le démonter dimanche prochain lors du 2ème tour des élections municipales mais ces succès sont davantage dus à la capitalisation sur le rejet de la droite qu’à l’adhésion à un projet socialiste en France… et le manque de réussite au niveau national s’explique fortement par l’absence de leader ou plutôt la multiplication de prétendants, le manque d’une vision politique partagée et l’absence d’un réel projet de société. En d’autres termes, le PS souffre :
- d’un champ de réflexion réduit par l’existence de nombreux prismes ou biais de réflexion (culpabilité de celui qui « gagne de l’argent », obsession de l’égalitarisme, dénonciation systématique du manque de moyen sans réflexion sur l’optimisation des ressources, etc.)
- d’un manque de profondeur de réflexion. La communication, le symbolique et l’émotion ont largement été privilégiés par la dernière candidate aux élections présidentielles, au détriment « du fond » des propositions.
- d’une difficulté à projeter son identité et ses valeurs dans les 5 années à venir. Le manque de visibilité sur la coloration future de la gauche française le démontre : entre le rouge-vert-rose traditionnel, le rose-orange souhaité notamment par Ségolène Royal ou encore l’arc en ciel (c'est-à-dire la coalition rouge-vert-rose-orange) prônée par Julien Dray, la toile socialiste n’a pas encore choisi sa palette de couleurs.

D'autre part, les français n’ont rien à gagner à l’avènement d’un pilotage politique « la tête dans le guidon » ou plutôt sur les baromètres d’opinion et autres suivis des côtes de popularité dont les médias français regorgent (hebdomadaires papiers, internet et TV).

Aussi, le rapport Attali n’a pas eu, à mon sens, l’accueil qu’il méritait car pour une fois, il était le fruit d’un travail global, approfondi, collectif et intégrant la dimension temporelle de ses propositions ainsi que leur "mise en musique" opérationnelle… on regrette qu’il doive se heurter aux crispations corporatistes françaises (pharmaciens, conducteurs de taxis, fonction publique, etc.)

Sur le terrain économique, les questions relatives à la croissance et à sa mesure qui mettent en lumière le besoin de nouveaux indicateurs de richesse moins « étroits » que le PIB, qui prennent d’avantage en compte le bien être des citoyens et qui permettent ainsi d’évaluer l’impact qualitatif des actions politiques économiques, illustrent cette volonté de « mieux » contre la dictature du « plus » et « plus vite ».

On peut trouver d’autres exemples dans le monde associatif ou dans l’entreprise ou regarder au-delà des frontières hexagonales, par exemple du côté des primaires américaines qui signent l’apogée du marketing politique, l’omniprésence des spin doctors et l’utilisation prononcée des symboles émotionnels (élire un président « black » ou une femme pour la première fois).

J’espère que les thèmes de « gouvernance et d’éthique d’entreprise », « développement durable » et « politique de civilisation » ne resteront pas de beaux concepts mais qu’ils guideront l’action politique et économique des années à venir…

(1) Edgar Morin décrit l’impasse actuelle dans ces termes : « Ainsi, on peut dire que le mythe du progrès, qui est au fondement de notre civilisation, qui voulait que, nécessairement, demain serait meilleur qu’aujourd’hui, et qui était commun au monde de l’Ouest et au monde de l’Est, puisque le communisme promettait un avenir radieux, s’est effondré en tant que mythe. Cela ne signifie pas que tout progrès soit impossible, mais qu’il ne peut plus être considéré comme automatique et qu’il renferme des régressions de tous ordres. Il nous faut reconnaître aujourd’hui que la civilisation industrielle, technique et scientifique crée autant de problèmes qu’elle en résout. »