dimanche 1 juin 2008

Une liberté à la dérive

J’étais pour et j’étais naïf.
Reformer les institutions, toucher à la constitution pourquoi pas. Alléger les coûts de fonctionnement de l’Etat, mieux adapter les différentes instances, prendre la mesure des évolutions de la société, des avancées technologiques, bien sur.
Alors que tous ces espoirs n’ont pas encore trouvé d’écho tangible et réaliste, le deuxième effet kiss cool semble beaucoup plus important que prévu, et profondément inquiétant. Le président de la république se voit tellement beau et intelligent qu’il est certain que lui seul soit capable de prendre la bonne décision. Ses dérives autoritaires au sein du gouvernement font que notre oreille est boursoufflée par nombreuses piqures de puce qu’elle reçoit depuis plus d’un an. Mais là, ça ne bourdonne plus, on ne crie plus au lapin mais à l’assassin de la constitution et de la démocratie. Tous pensaient avoir élu un homme avec des idées, une équipe, des principes valables, et des politiques bien définies.
Hors le récent vote portant sur l’amendement de l’article 18 de la constitution est une déclaration de guerre aux principes politiques. Le président non content de manipuler ses sbires monte au créneau. Jamais nous n’avions vu précédemment des ministres aussi passifs et concupiscents. La palme va sans aucun doute à Rachida Daty, qui boit les paroles de son guru.
J’imagine déjà le teigneux devant le congrès haranguer l’opposition et dire à François Hollande : « D’ailleurs toi, rentre dans ton pays, va bouffer ton gouda et nous casse pas les burnes, ici c’est moi le chef et je vous emmerde. » Alain Rey n’a qu’à bien se tenir, bientôt toute une nouvelle série de mots présidentiels vont se voir intégrer de force au dictionnaire, Alain ta gueule je veux que tu me supprimes la moitié des mots de ton dico, d’abord plus personne y sait ce qu’ils veulent dire, et c’est quoi ce mot que tu me répètes « humilité » ?.
Quand j’ai commencé à écrire ce blog je m’insurgeais des impairs de Royal et criais comment imaginer une seconde un Président de la République ne maitrisant pas son discours. Et bien, plus bas que terre nous sommes tombés.
Nous ne somme plus aujourd’hui dans une dérive du pouvoir mais bel et bien dans un risque démocratique important. Nous voterons bien entendu en fonction des résultats, si des indicateurs fiables nous prouvent que la politique a eu des effets positifs, que la France surperforme par rapport à ses voisins et que nous nous croyons en sécurité nous ne serons pas forcément aussi sévères. Et j’espère vraiment que de ce chapeau sortira quelque chose. En revanche le prix à payer doit il être si cher ? Renoncer à la liberté et une certaine forme d’égalité est inacceptable. Quand je pense qu’il y a peu nous étions heureux de voir que l’Italie semblait s’échapper de ses troubles berlusconiens avec l’arrivée de Romano Prodi. On voit le résultat, plus les tentacules de la pieuvre sont grandes plus il est difficile de regagner la surface. Je me disais à l’époque qu’il était fou qu’un pays européen, si proche de nous, puisse vivre des troubles de la démocratie et de la liberté d’expression aussi graves.
Hélas nous sommes dans le cœur même du problème, une censure déjà tangible quand des articles portaient sur le fait que Cecilia ne se soit pas rendue aux élections ont été interdits, que va-t-il se passer dans les prochaines années ? Encore quatre années qui ne vont pas nous décevoir. Nani Moretti a un nouveau sujet tout trouvé, et je suis pourtant certain qu’il ne pensa jamais pouvoir un jour dénoncer les dérives de notre pouvoir politique. J’attends avec une impatience craintive de voir les autres amendements à la constitution qui verront surement le jour en plein mois d’août quand la plupart des personnes seront insouciantes bercées par un soleil cajoleur. Que faire, écrire quelques mots sur le web est bien inefficace hélas …

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