dimanche 15 juin 2008

Attention danger

Ca fait couler beaucoup d'encre, PPDA ne sera bientôt plus le présentateur vedette de TF1, plus de JT à l'ancienne, plus de petites blagounettes lors des soirées électorales et politiques, plus de prise d'initiative personnelle pouvant par de rares moments aller contre les intérêts économiques, ou pire contre les intérêts de la tête de l'Etat.
L'hydre a plus de têtes que prévu, je ne vais pas faire ici le procès de notre nabot hyperactif, ça a déjà été bien fait dans la plupart des journaux et magazines français mais pour adresser un hommage à une idée de la liberté de l'expression que je pensais être un des fers de lance de la France.
Que les média transforment par moments la vérité, du moins nous en apprennent une qui ne s'avère pas être la plus évidente n'est pas nouveau. Tout est question d'interprétation le plus souvent. L'émission de qualité, hélas arrêtée, Arrêts sur Images qui passait sur France 5 en faisait son pain quotidien, en dénonçant des histoires différentes basées sur les mêmes images, un paquebot ayant perdu son chargement sur une chaîne, et une mutinerie sur l'autre. Mais de là à ce que ça profite à quelqu'un, il y avait le plus souvent un océan.
Le réchauffement de la planète politique oblige, la frontière ne paraît plus si grande. Après la presse qui s'est vue verrouillée par certains de ses propriétaires proches du nouveau pouvoir politique c'est au tour de la télé. Je n'avais pourtant pas trouvée qu'elle était "contre" le gnome quand il y eut la campagne l'an passé. Evidemment certains ont tenté quelques incursions dans la grande mouvance mais sans réel impact. Aujourd'hui les purges au sein de TF1 ainsi que le pavé lancé dans la marre de la télévision publique sont inquiétantes. A qui cela peut-il donc profiter ?
Justifier le licenciement de PPDA par une érosion de l'audience lui incombant est dérisoire, les problèmes sont à chercher ailleurs (environnement concurrentiel en plein boum, changement des modes de consommation de l'image au profit des nouveaux media, et plus particulièrement pour TF1 l'éviction de Lelay et Mougeotte, hommes qui connaissaient plutôt bien les ficelles du métier). Le choix de se débarrasser de cette icône est résolument politique, que ce soit de la politique interne d'entreprise ou plus directement de la politique au sens propre.
Les journalistes s'affolent car ils voient une remise en cause de leur liberté, ont peur de ne plus pouvoir publier par eux-mêmes, décider de leur choix éditoriaux. Ce qui me paraît aberrant est qu'il n'y a en fait que peu de personnes qui ont plus de pouvoir sur l'opinion publique qu'un journaliste. On peut arguer qu'il faut des media pour transmettre ces paroles afin de contester un pouvoir autocratique, mais aujourd'hui quand on voit le pouvoir des nouveaux media et la vitesse de propagation incontrôlable des images et infos, la liberté presque absolue qu'offre internet, il faut être naïf pour penser n'avoir aucun moyen quand on est un nom et quand on a une plume, ou un œil.
La plus belle arme serait le boycotte pur et dur de l'image présidentielle, faire disparaître le nouveau despote de la plupart des media, faire comme s'il n'existait plus, valoriser ses proches collaborateurs sans en parler, vu son égocentrisme et son besoin d'affirmation et de reconnaissance je ne suis pas certain qu'il pourrait en sortir indemne. Ce bras de fer est possible à partir du moment où la mobilisation est commune, donc messieurs les journalistes et amoureux du media, si vous pensez (et vous êtes les mieux placés pour le dire) que la liberté d'expression et l'indépendance éditoriale en France est en danger, agissez, boycottez, enfermez le le plus possible dans les oubliettes de la pensée collective, mais n'attendez pas qu'il soit trop tard. Lui faire tant de publicité gratuite ne lui nuit pas aujourd'hui et bien peu de personnes sont capables de comprendre la notion même de liberté d'expression. Pour en revenir à mon sujet, merci à PPDA de nous avoir accompagné de nombreux soirs et d'avoir été là lors des moments les plus importants de l'histoire de notre pays et du monde. Qu'il soit mégalo, séducteur ou colérique ça n'en enlève pas moins sa présence et en quelque sorte son soutien quotidien et rassurant. On reviendra sur ça quand ce seront les vrais adieux, c'est à dire dans quelques mois.

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