dimanche 1 juin 2008

Les nouveaux patrons

"S’il n’en reste qu’un je serais celui-là".
Cela fait quelques temps que l’on en parle, quelques gros scandales l’ont récemment illustré que ce soit en France ou en Belgique. Comment justifier une hausse spectaculaire de la rémunération d’un CEO alors que la société affiche un résultat négatif, prévoit des plans de licenciements, des ventes de filiales pourtant achetées comme stratégique et revendues pour des raisons d’un manque de liquidité. Est-on réellement dans l’air des patrons mercenaires ? Je ne veux pas paraphrasé le président Français car la raison de cet article n’est pas de déboulonner mes ennemis pour renforcer mes amis. Je ne supporterai en rien d’être assimilé à cette déontologie de bas étage, digne des pires conspirateurs. Je n’aimerais pas avoir un jour grillé la priorité à ce président. Y aura-t-il bientôt un fabuliste qui se jouera de la cour et deviendra l’un des plus grands poètes et moralistes et reprenant la clairvoyance d’Esope. Revenons au propos, sont-ils les nouveaux vautours de nos sociétés ?
Je ne peux ou veux pas y croire, du moins pas pour la majorité. Car généraliser serait oublier le nombre de patrons locaux et d’entrepreneurs qui se battent comme de beaux diables, qui coupent le plus souvent leur rémunération en premier pour alléger leurs charges et qui prennent sur eux pour éviter la liquidation de l’ensemble. Je tire mon chapeau à toutes ces personnes, gérants ou propriétaires de PME qui croient dans un rôle social de l’entreprise et non seulement une machine à la création de valeur pour les seuls actionnaires, dans laquelle les engrenages ne sont que mécaniques.
Le cas de PDG de grandes sociétés ou multinationales est plus délicat, ces grands hommes, remarquables et qui ont dans leur vie comme plus grand mérite d’avoir intégré l’école que Père voulait. Nous sommes dans l’élitisme/snobisme à la française. Regarder les autres comme inférieurs, comme des subordonnés naturels devant se plier à leur toute puissance intellectuelle sera la pierre angulaire de leur carrière. « Quoi même pas centralien ?!!! »
J’avoue avoir eu tendance, encore étudiant, à me perdre dans les prémices de cet abîme. Les classes prépas en font baver et on a un besoin naturel de valoriser cet effort de deux ou trois ans pour évacuer la frustration de n’avoir pu profiter normalement de ses vingt ans, d’avoir eu des poches sous lieux non pour avoir découvert les boîtes de nuit de la capitales mais bel et bien pour avoir voulu calculer un DL à l’ordre neuf.
Les journaux économiques ont publié la majeur partie des évolutions de salaires, toutes à la hausse en dépit des résultats peu flatteurs de 2007, + 58% pour les patrons du CAC40 ; si on ajoute à ça les primes, bonus, parachutes dorés, stock options avec changement du terme en cours de mandat, jetons de présence entre administrateurs croisés, on se rend compte que la vache se fait traire sans vergogne par ces rares privilégiés.
N’y a t il pas un risque de profonde instabilité sociale. La France ne se distingue pas pour avoir coupé des têtes, nos voisins rougeaux l’ont aussi fait, mais pour avoir de façon systématique et populaire éliminé une certaine élite. N’y a-t-il pas un risque que la différence soit trop indécente, que les personnes qui travaillent plus mais qui ne peuvent que souffrir de la malbouffe malgré leurs efforts pour être flexibles comme on leur demande, ne comprennent pas que le grand patron se comporte comme un pilleur d’épaves. Malgré le banc de sable sur lequel il fera s’échouer le navire, le grand patron le quitte avec toutes les vivres pour aller ensuite offrir ses services à un galion adverse, qui se délectera de cette détresse. J’ai parfois l’impression de voir une bande de gamins qui ne veulent rien lâcher, et qui se disent, bah pourquoi moi je ferai un effort alors que lui il a fait bien pire et qu’il a gardé tout le gâteau pour lui. Comment un manque de vision sociale peut –il être aussi commun à ce niveau de direction. ?
J’ai toujours cru que les grands patrons étaient des humanistes, qu’avoir 2 ou 4 appartements avait moins d’importance que de guider 10 ou 1000 hommes dans leur quotidien, dans leur participation au fonctionnement de la société. Nous n’aurons sans doute pas de révolution, les hommes ayant encore trop à perdre, confinés dans un confort matériel illusoire qu’ils ont peur de perdre. Je crois que messieurs les « grands » patrons, vous devez votre salut aux écrans plats. Je ne vous demande pas de lire Marx ou de visionner l’essentiel de Ken Loach en un week-end, ça ne suffirait pas à rattraper là où vous vous êtes perdus, mais si vous prétendez à des salaires aussi honteux, la moindre des choses serait d’atteindre vos résultats et dans le cas contraire d’assumer vos erreurs avec un semblant de dignité.

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