jeudi 10 septembre 2020

Journal d'avant 40 - 10

Journal d’avant 40 – 10

Devant le succès incontrôlable, aussi soudain que le premier poil de moustache d’un pré-adolescent je me vois contraint, pour pouvoir encore sortir sans me faire sauvagement démasquer de parler d’un sujet qui devrait au moins diviser par deux le nombre de fans qui m’attendent chaque matin. Même si je ne doute pas de la fidélité de ces fans de longue date je connais bon nombre de sujets inéluctablement clivant. Celui qui fit frémir la bullette des lecteurs (les bookstagroumers !) sur Instagroum concerne Céline. Non pas Dion. Un lecteur a commenté un pamphlet et il vu de nombreux postes le taxant de tous les noms d’oiseaux (d’ailleurs que fait un oiseau quand il survole un camp de concentration ? – ça c’est déjà pour pouvoir réduire le nombre de fans et réussir à ouvrir ma porte d’entrée), et blablabla et bloublou les participants au pugilat se cabrant de plus en plus de part et d’autres. Les défenseurs de Céline devenant également de fervents défenseurs d’autre chose que la littérature etc … Donc attention, J’aime les livres de Louis Ferdinand Céline, et depuis mes 18 ans … j’attends, à ça y est je vois le premier bus qui s’en va, les mines sont déçues, certains font des doigts d’honneur, mais je ne leur en veux pas. 
Pas simple de voir son idole avouer des actes aujourd’hui intolérables.

La mort de la nuance a consacré les clivages et la fin de la pensée complexe. Le débat public, relayé par des réseaux sociaux et des media absurdes ne cherchant que le clic est totalement polarisé. J’ai plusieurs fois sur ce blog traité du sujet, on ne peut pas avoir des réserves sur le mariage pour tous sans être traité d’homophobe, on ne peut observer des différences entre hommes et femmes sans être machiste, on ne peut aimer Céline sans être quelque part antisémite, etc ..

Alors si on peut tout à fait, avec certes peut-être un QI supérieur à celui d’un bulot, mais on peut. La question ne se pose même pas. Quand j’entends certains qui sont catégoriques me dire, ah non ça je ne lis pas, je trouve cela tellement triste. Au contraire même, il faut lire ce qu’on pense aller à l’encontre de nos convictions – je ne dis pas qu’il faut jusqu’à lire des tracts politiques absurdes et infects mais il faut être capable de se faire son opinion, à défaut l’on se fait forcément manipuler, en partie ou totalement. C’est pour cela que je lis quelques prix littéraires et des choses qui sont encensées par la critique, pour me faire mon idée. Alors on ne peut pas tout lire et il est bien d’avoir quelques aides avec des points de référence en qui on croit pouvoir se fier, mais il convient de vérifier. Certains critiques ou personnages de la littérature contemporaine m’ont donc amené à des bonnes découvertes mais également à des déconvenues, ce qui est perturbant mais humain. On ne peut pas être 100% en ligne, mais au fur et à mesure on trouve des personnes de confiance tant qu’elles suivent leurs lignes. C’est d’ailleurs valable pour tout métier de critique. Les guides gastronomiques quand ils arrivent à être cohérents offrent souvent des points de vue compréhensibles, jusqu’à il n’y a pas très longtemps le guide Michelin défendait un certain classicisme et une recherche de l’élégance. Le Gault et Millau était un peu plus dans la modernité. Mais dans le recherche des ventes et de l’audience, ça change. Ce n’est plus simple de s’y fier et certains choix ont été assez surprenants et même incompréhensibles.

Du coup je n’ai pas parlé beaucoup de Louis Ferdinand Céline. Mais si vous aviez des réserves, essayez tout de même. Voyage au Bout de la Nuit est sans doute le plus abordable. Pour être plus dans le vif de son style, Mort à Crédit et puis si vous aimez, il ne faut pas s’arrêter et prendre votre plaisir avec la trilogie allemande, Nord est une pure merveille.

Aller vous êtes encore trop nombreux. Demain je vous parle du néo-féminisme binaire et totalement débile. Je devrais réussir à sortir sans demande d’autographe après ça.

Sur ce à demain.

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