dimanche 6 septembre 2020

Journal d'avant 40 - 6

Journal d’avant 40 – 6

Aller c’est le sixième jour d’écriture pour cette série, je tiens, plus que 21 … Faut espérer que rien ne lâche d’ici là. Le cou est pas super bien parti, mais bon je m’accroche. Aujourd’hui on m’a encore demandé si je n’avais pas eu de coup du lapin. A croire que l’on m’aurait menti, en tout cas ils semblent au courant de quelque chose, je vais devoir investiguer.

Un coup j’en ai eu un autre en apprenant le décès de David Graeber cette semaine, 59 ans. Mettre l’âge comme ils font dans les news rajoute toujours un peu de terreur quand il n’est pas canonique. Si j’avais mis, mort d’Alfred, 97 ans, vous auriez souri, vous disant même belle perf. Mais là non c’est David, 59 ans, donc ça fait un peu froid dans le dos, on se demande si c’est le Covid ou autre chose. Les causes du décès de cette anthropologue connoté anarchiste par la plupart n’ont pas été communiquées. C’est bien dommage de ne plus pouvoir lire de nouvelles réflexions venant de lui, surtout qu’il aurait sans doute pu avoir un avis éclairé sur l’évolution de nos sociétés en cette période.

Si son nom ne vous dit rien, peut-être que son concept le plus médiatisé vous dira quelque chose : celui des Bullshit jobs, livre sorti en français il y a quelques années (que vous pouvez trouver en poche) et qui fait un résumé des articles qu’il avait publiés avant 2013 et qui avaient agi comme une bombe. Graeber mettait des mots sur une réalité ressentie mais pas encore pensée de façon structurée, celle des jobs à la con qui ne servent à rien pour le bien de la société mais qui bénéficient des plus gros salaires, alors qu’en face celui du pompier ou de l’infirmière qui vous sauve la vie est 10 fois inférieur. Cette notion de manque de sens du travail était déjà connue mais il a insisté notamment sur la structuration de pans entiers de secteurs d’activités, en soit inutiles mais drainant une grande partie de l’argent circulant.

Si vous ne connaissez pas, renseignez-vous c’est particulièrement pertinent et que l’on soit plus ou moins sceptique sur la non-utilité des métiers de consultants ou autre, on ne peut contester que les métiers particulièrement et directement utiles sont les moins bien payés. Ce qui se passe après la première vague du Covid est assez scandaleux, les infirmiers et autres personnels du corps médical ont été mis à rude épreuve et ont reçu des … applaudissements et une prime de 300€ … Il est hélas probable que la réduction des dépenses publiques continue (afin d’équilibrer les cadeaux économiques accordés à cause du Covid et du confinement) et que l’hôpital malgré tout bon sens évident continue d’en pâtir. On reproche déjà à certains qui avaient dû annuler les opérations programmées pour se consacrer au Covid de ne pas être rentables. Cynisme quand tu nous tiens.

Se sent-on donc plus utile dans un bullshit job en période de Covid , surtout lorsque l’on est en travail à la maison en continu, pas sûr. Le côté humain, le collègue qui sort une blague lourde tous les matins, et bien à distance ça ne passe pas pareil, ça finit par manquer. On se trouve alors face à une vacuité sociale et émotionnelle que seul un sujet d’étude passionnant et un sens profond pourrait compenser. De fait le monde du travail court un risque non négligeable, alors certes la plupart des employés et travailleurs ont besoin d’un travail pour vivre, d’autant que les media vont s’arranger pour noircir les tableaux, parlant bientôt d’apocalyptique économique. On ne va pas être loin d’avoir le sentiment du travailleur à la chaîne qui se généralise. Il ne semble y avoir que les policiers qui peuvent prendre du plaisir, ils peuvent se balader et taper les plus faibles sans craindre de représailles et peuvent se convaincre, car non contestés et jamais mis en cause sérieusement par l’IG, que si ça tient c’est grâce à eux. Policier métier d’avenir … A condition qu’ils fassent le boulot, sans quoi ils seront remplacés par des milices privés, d’où peut-être leur excès de zèle. Merci donc à ces garants de la fonction publique de continuer à répandre la terreur, à protéger l’Etat et non pas les citoyens, cette bande d’incapables, à peine bons à produire  ce qu’on leur demande et qui se plaignent de ne pouvoir respirer librement, ils sont en vie et ont de quoi manger c’est déjà énorme. Et puis si l’école de leur enfant ferme à cause du Covid, on leur met même des garderies à disposition pour qu’ils puissent continuer leur travail, non mais …

Mais l’éducation ? et bah par la baguette et tout le monde se tiendra plus sage. Le rêve de tout dictateur se réalise enfin, pouvoir se dispenser d’éduquer sa population pour la contrôler encore plus facilement.

Sur ce à demain.

 

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