dimanche 13 septembre 2020

Journal d'avant 40 - 13

Journal d’avant 40 – 13

J’avoue être assez honteux d’avoir succombé à une polémique ambiante dans mon post d’hier, mais comme je le disais j’ai tellement souffert d’entendre à longueur de journée certaines chansons … A ne pas croire surtout que je suis contre la défense des droits de l’homme (non désolé je suis trop old-school pour écrire les droits humains) et pas contre la violence. On a souvent tendance à oublier que nous avons tout de même réussi à faire diminuer les violences générales (je ne parle pas des violences policières) dans nos sociétés et que c’était pire avant de ce point de vue là.

J’ai lu la biographie en BD du boxeur Emile Griffith, champion du monde au début des années 60, qui avait contre lui le racisme (il était noir, émigré caribéen) et l’homophobie ( il était gay) l’obligeant à faire comme beaucoup un mariage de convenance. Cette BD, ou roman graphique de Reinhard Kleist est réellement percutante, dure, sombre et géniale. Si vous ne connaissez pas cet auteur allemand vous pouvez foncer sur son Nick Cave totalement halluciné ou son Johnny Cash. Il a un vrai talent pour montrer la souffrance et la vie de ces héros. Emile Griffith qui fut affecté par la mort de son adversaire lors d’un championnat du monde, adversaire qui avait insulté son homosexualité (vidéo du combat https://www.youtube.com/watch?v=h_7e-WziPJE ) est un héros tragique. La BD suggère qu’il a frappé sans retenue sous l’effet de l’injure sans pour autant avoir voulu causer la mort, mais bref le drame était là. Dans ce roman, Emile est face à sa conscience et au fantôme imaginaire de sa victime et retrace sa vie. Il y a réellement du génie dans ce schéma narratif. Cela m’a fait penser au totalement déjanté Nick Cave, où la biographie du chanteur est traitée sous l’angle des personnages des chansons. On a l’impression d’entrer dans la tête du song writer au fur et à mesure des pages.

Même si je commente souvent la littérature, ou le manque de littérature, la BD offre une approche plus instantanée mais pas moins inintéressante. Honnêtement, la probabilité que j’achète la biographie d’un boxeur des années 60 à supposer qu’elle existe est quasiment nulle, alors qu’en BD c’est différent. En plus de l’histoire, il y a le trait de l’auteur, le découpage et les trouvailles graphiques qui constituent une bonne partie du plaisir de lecture. Alors certes je lis le plus souvent des BDs dites indépendantes grâce à mon libraire Denis qui a su me raccrocher au wagon, lors de ma première, ou plutôt seconde visite quand je lui ai dit des BDs j’en lisais mais j’ai décroché, j’en pouvais plus des suites sans fin et des histoires qui n’en finissent pas pour vendre du tome. Du coup il a vite trouvé et m’a vite orienté vers des choses dont je n’avais jamais entendu parlé. Chose qu’internet aurait été incapable de faire (allez en librairie) où je n’aurais que complété des collections et acheté les coups de cœur jusqu’à l’écœurement. Alors qu’ici du Joe Sacco ça m’a totalement retourné par exemple, du vrai journalisme d’investigation historique crayonné et méga détaillé. A lire Gaza, Palestine, et ce Goradze sur la guerre en Bosnie, à vous trouer le ventre.

Certes il ne faut pas lire que ce genre de Bds, mais du coup il avait également les propositions plus burlesques comme ce Mars de Fabcaro et Fabrice Erré avant que le premier ne devienne la nouvelle coqueluche de Gallimard. C’est un art bien différent et assez complexe mais qui pour moi revêt un rôle assez unique, celui de me rendre accessible des mystères de l’histoire ou de l’humanité que je n’aurais que peu toucher du doigt sinon, en parallèle de se délecter aussi de trouvailles graphiques et de plaisirs de quelques dizaines minutes à quelques heures (Brecht Evens, Jon McNaught, David B., Derf Backderf, Burniat, etc …)

Il ne faut pas hésiter à (même il faut) sortir des séries redessinées et épuisées par les stratégies marketing et commerciales, c’est parfois encore bien mais bon. Et pour vous aider à trouver les bonnes choses, rien de tel qu’un libraire.

Sur ce à demain.

L’auteur de ce billet tient à préciser qu’il n’a reçu aucune commission de la part de son libraire A fond’ bulles situé Avenue Georges Henri à Woluwe qui est super génial et a trop de bons conseils et chez qui que tout le monde il devrait aller – mais n’est pas forcément contre (car quand même avec mes cent mille lecteurs quotidiens).  

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