jeudi 17 septembre 2020

Journal d'avant 40 -17

Journal d’avant 40 – 17

Non mais sérieux tu devrais faire un truc pour te détendre, je sais pas un truc comme du Yoga.

Hum, j’ai entendu cette phrase, ou à peu près, plusieurs fois ces derniers mois de la part de différentes personnes de mon entourage. Alors oui certes, le confinement n’a pas été la période dans laquelle je me suis senti le plus à l’aise et le plus détendu non plus. Déjà d’un point de vue dépense physique de base ce n’était pas simple. Enfin bref, du coup je me suis imaginé la crédibilité de la chose. Un gars, légèrement bedonnant (Confinement M’a Tuer la ligne), raide comme un manche, se présenter dans une salle où règne le paisible et la relaxation. Déjà si j’arrive à ne pas pester sur le camion qui bouchait la rue et que je ne lui ai pas démonté ses essuie-glaces c’est une bonne performance. 

La séance commencerait donc par de la respiration j’imagine, puis des exercices de souplesse, chacun intériorisant, moi regardant à droite à gauche pour essayer de comprendre si je suis avec un groupe de muets, on y revient, et puis ça y est c’est la position du cobra sous l’orage éclatant, et me voilà pensant être plus souple que la réalité, et crac, coincé dans une position à la con. Donc tout de même quelques appréhensions.

Mais que vois-je paraître à la rentrée littéraire : Yoga d’Emmanuel Carrère, oula mais c’est parfait ça, j’avais adoré le Royaume, et en plus c’est un sujet qui m’intéresse. Comme tous les auteurs à succès, la plupart des fans sont enthousiastes car c’est le nom de l’auteur sur la couverture qui compte le plus. Je tombe sur un moins fan et plus réservé. Je lis quelques autres avis et là c’est la découverte. J’étais au bord du gouffre sans le savoir. Le livre parle certes au commencement du Yoga, mais surtout que cette pratique du Yoga chez l’auteur fut précurseur d’une profonde dépression et d’un séjour à Sainte-Anne, où une bipolarité a été diagnostiquée. Comme si le fait de se recueillir et d’avoir ouvert les chakras avaient totalement foiré. Du coup je me dis qu’il vaut mieux ouvrir une boite de chatka.

Vous ne connaissez pas le chatka. Alors permettez-moi, déjà le lien avec le Yoga, hum, et bien il faut une certaine souplesse et des contorsions non aisées pour pouvoir tenir dans cette boîte de conserve. Ce crabe en boîte confiné était lors de mes jeunes années le graal pour le plateau de fête de crudités où il pouvait côtoyer maïs, tomates (j’ai un doute quand même car c’était en hiver, pourtant j’en suis presque certain), cœurs de palmier, tout ça agrémenté d’une mayonnaise maison, de loin l’apothéose de l’entrée. Cela fait des dizaines d’années que je n’ai pas mangé de crabe en boîte, pourtant j’imagine que ça serait presque ma madeleine, un peu moins romantique certes car il faut l’opération d’un quasi chirurgien pour venir à bout du couvercle avec un instrument qui devrait même faire frémir les plus aguerris gynécologues. Sans doute que le charme a été depuis rompu par une ouverture facile, où le danger devient très relatif même si il faut tout de même se méfier.

Donc aller, je suis décidé je vais tâcher de me lancer dans une nouvelle activité et d’ouvrir des boîtes de chatka à l’ancienne. Avec un thème aussi avant-gardiste je vais pouvoir transformer cela en performance artistique et je dépasserai le prix de la banane scotchée, et puis vaut mieux car ce crabe ça coûte pas des cacahuètes. Heureusement qu’à l’époque il y avait Leclerc sinon on aurait mangé juste des cœurs de palmier pour Noël. N’empêche c’est bon aussi ces trucs en conserve. Moi qui m’évertue à faire manger des produits frais et de saisons comme un vil bobo alors que toutes ces boîtes me voient les snober comme on passe devant une vielle ex qui a pris les menus king size depuis la rupture. Quelle honte.

Sur ce à demain …

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est dingue comme tu t'évertue à penser du mal du Yoga et autre Qi qong ou TaiChichuan alors que ça te ferait du bien !