samedi 5 septembre 2020

Journal d'avant 40 - 5

 Journal d’avant 40 – 5

Je ne suis pas vieux, non non mais zut attendez c’est quoi ce truc : Arthrose sévère en C4-C5. Bizarre ça m’est adressé en plus, c’est bien mon nom sur le courrier. Etrange qu’un docteur souhaite entamer une partie de bataille navale par courrier. En plus je vais lui dire qu’il faut choisir, trop facile que d’attaquer deux cases à la fois, du genre je suis pas certain de mon choix du coup j’hésite entre C4 et C5. En plus le con il a même pas attendu que je place mes bateaux, du coup je vais caler tranquilement le porte-avion en D4, ah ah …

Après quelques réflexions je juge de l’incongruité de ma réflexion et trouve la clé de cette énigme. Il s’agit d’une erreur, encore un nouveau procédé marketing pour attirer l’attention et vous dire qu’il serait temps de changer de voiture – mais ils se trompent, je ne roule pas en Citroën, il s’agit de mon père qui a eu une C4 à un moment. Ouf tout s’explique, j’ai presque cru qu’on était en train de me dire que j’avais plus de 10 ans d’avance et que mes articulations étaient déjà fichues.

Quelque part c’est l’érosion naturelle liée à une certaine précocité ou à un choc. Avez-vous eu un traumatisme qui pourrait en être la cause ? Alors ça oui j’en ai eu mais qui ont un lien avec mes cervicales je réfléchis – ah peut-être un match de tennis de Cédric Pioline à Roland Garros, où il jouait contre un joueur très moyen et où il avait réussi à être encore plus médiocre en dévissant ses revers, transformant le match en partie de balle trappe. Les échanges n’en finissaient pas et j’étais placé au niveau du filet, alors le cou a beaucoup fonctionné et vu le niveau de jeu on peut bel et bien parler de traumatisme. J’avais aussi vécu dans le même style les adieux d’Henri Leconte, il avait marqué 4 jeux contre un suédois, c’était glauque, mais j’étais placé en fond de cours, du coup je ne peux l’incriminer dans ce qui m’arrive.

Plus récemment l’évolution de nos régimes politiques est assez traumatisante, la sympathie de la police qui disparaît de plus en plus, même en Belgique où on pouvait jusqu’à peu qualifier le policier belge de gentil flic quand on le comparait à ses voisins français. Mais à part une tentative d’humiliation devant ma progéniture d’un policier zélé je ne peux dénombrer d’attaque physique ni de coup du lapin.

Et puis maintenant les lapins ça devient rare, au pire on reçoit un texto au moment du rendez-vous ou on peut se défouler en appelant 40 fois la personne, comprenant que sans réponse il ne sert à rien de perdre plus de son temps. A l’époque, quand j’étais jeune (100% oldies approved), un rendez-vous pouvait vous faire perdre entre 15 minutes et une heure en fonction de votre patience et de l’intérêt que vous portiez à la personne espérée. Pas de téléphone portable, des horaires à respecter, une ponctualité des trains pas forcément plus mauvaise qu’aujourd’hui mais offrant des imprévus, c’était une organisation toute différente et il y avait toujours une part de mystère dans l’absence d’une Mathilde.

Pourtant les lapins, j’aime bien ça et en différentes recettes, celle italienne à base de citron peut être géniale. Certes il ne faut pas les caresser trop longtemps avant de leur ôter la peau comme un pyjama intégrale pour ne pas s’attacher car ils font tout pour être super mignons. Pas folle la bête, elle court au plus vite vers les enfants pour avoir leur clémence. A l’inverse de mon père, je n’ai pas eu à vivre, enfant,  ces évènements où on tuait le lapin dans la cour. Pas de cour, pas de lapin, donc pas de traumatisme pour moi. La boucle est bouclée et je ne suis pas plus avancé avec ces histoires. Donc c’est peut-être finalement l’âge, une érosion qui vient par petits coups, subrepticement saper les bases, sans faire trop de bruit et puis d’un coup, on se réalise ou on vous fait réaliser, comme quand vous n’avez plus la médaille d’or du sprint dans les bois au sein de la famille et que des petits gnomes vous semblent trop durs à rattraper, que c’est le temps qui passe. Quand on y réfléchit c’est plutôt rassurant.

Sur ce à demain.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

tu as un traumatisme lié au lapin : celui où on a planté les haricots avec autre chose que du bois donc tu sentais le goût contrairement à tes parents !

sinon, dis m'en plus sur cette Mathilde ?...