mardi 30 mars 2010

Les expos font popo

Ces derniers temps, en disposant pas mal de temps d’ailleurs, je me suis aventuré à pousser les portes de différents musées et de différentes expositions.
Les dernières qui restaient présentes à mon esprit ne m’avaient apporté que très peu de satisfaction, je me souviens avoir fait plusieurs remarques comme quoi si un peintre célèbre va à la toilette rien ne sert d’exposer le papier qui aura caressé son entre-fesse.

Cette crainte en tête je profite de l’exposition Gréco à Bruxelles pour aller voir ce peintre dont je suis un inconditionnel.
Tout excité j’ai la malchance, prévisible certes pour un après midi de semaine, d’être pris entre un car de vieux retraités aux verres aussi épais que les tessons d’une bouteille d’Orval et une classe de lycéens et étudiants n’ayant pas encore délaissés les décorations de sapin de noël propres à leur récente puberté. Malgré tout excité et heureux de n’avoir payé qu’un euro cinquante grâce à ma carte de chômeur je m’embarque dans le dédale de salles obscures, très obscures, trop obscures, je crains les collisions avec les petits grisonnants, ils n’avaient pas besoin de ça pour déjà entamer le grand ballet des auto-tamponneuses.
Première difficulté, des murs noirs, des éclairages seulement pour servir les œuvres et des textes écrits en blanc sur noir. Petit cadeau, vous gardez la surimpression du texte comme marque quand vous tournez les yeux vers la première œuvre. C’est un détail mais ça m’a bien embêté de voir les ciels tourmentés que j’aime tant avec ces lignes en surimpression. Un détail et si tout le reste avait été parfait, on s’en serait moqué. Mais alors que Greco est un peintre qu’il faut situer, qui a eu une évolution de style impressionnante et très intéressante, passant d’un peintre d’icônes en Crête par l’école du Titien et finissant par être un maître chéri à Tolède. C’est devenu la mode, sans doute pour justifier leur talent génialissime, pour les responsables d’expos de casser le schéma traditionnel chronologique. Et bien c’est à n’y rien comprendre. Connaissant plutôt bien l’œuvre du Gréco, ayant voyagé pour observer des œuvres génialissimes aux Etats-Unis et en Europe, j’étais perdu. Heureux certes de trouver son trait inimitable mais totalement déçu devant la confusion totale de l’expo, mêlant œuvres de l’école, œuvres de Tolède, passant par d’autres de jeunesse réalisée à Rome, revenant sur des œuvres plus matures et des copies d’œuvres intransportables comme l’enterrement du compte d’Orgaz, dont seulement (mais c’est compréhensible) une copie de la partie inférieure est présentée.

Gardant un goût amer je m’aventure à Paris dans une expo ayant le point commun du gréco : l’exposition sur la peinture espagnole au musée André Jacquemart de Greco à Dali, collection Perez. Ne sachant trop à quoi m’attendre je découvre avec stupeur dans la première salle que l’approche par thème a été choisie : et nous revoilà dans les délires et pétants plus haut que leur cul de directeurs d’expo qui ont perdu de vue le rôle des expositions. Ce n’est pas de faire briller par une fausse maîtrise technique mais bel et bien de faire partager. Alors nous voici avec des salles mêlant des œuvres sur plus de5 siècles articulées autour de thèmes très atypiques : la fête, le sacré, les enfants, les portraits. Quelle originalité, je suis heureux d’apprendre que ces thèmes sont propres à la peinture espagnole et quelle pertinence d’associer un Dali et un Ribera qui n’ont rien en commun et dont l’écart tant au niveau des siècles que de l’évolution des sujets ne permet de rien déduire d’une quelconque racine commune. L’audio-guide aurait peut-être essayé de me dire le contraire mais il faut arrêter, cette exposition est mauvaise. Impossible d’apprendre quoi que ce soit de concret.
Quant au nom de Greco il est quasi usurpé, la seule œuvre provenant de lui était une mini miniature où il est malgré tout difficile de jurer qu’il s’agit bien de lui et non d’un de ses élèves. Pour les dessins de Picasso, il s’agit de ceux qu’il apposait aux dos des cartes de visite de ses amis (cartes plus grandes il est vrai que maintenant). En revanche la collection permanente du musée vaut le coup d’œil mais ce n’est pas le sujet.

Cela m’exaspère ces expos blagues où sans effort et sans œuvres on souhaite faire payer l’entrée 13 euros. Que des personnes s’approprient les œuvres pour les exposer et toucher les visiteurs au plus juste je comprends. Mais ici il s’agit d’escroquerie, après ces même personnes s’étonneront de ce qu’ils se targueront d’appeler dans les salons mondains, la mort de la culture, et le développement de la vulgarité et de l’ignorance au sein des masses.

1 commentaire:

Philippe Louchet a dit…

Il semblerait que l'exposition Turner au Grand Palais vaille le déplacement ce qui nuancerait mon propos. Hélas difficile d'avoir des places sans s'y prendre 10 jours à l'avance.