lundi 7 mai 2007

Magique PPDA !!!



Les élections ont été pour une fois sans surprise, ou du moins la grande surprise fut de ne pas en avoir. 148 sondages sur 152 étaient dans le vrai depuis le début d’année, un sacré score qui redore le blason des instituts de sondage après leur déroute bien plus grande que celle de la gauche en 2002. Cette élection présente en réel changement et enterre profondément la classe amidonnée de nos anciens hommes politiques. Avoir un perdant qui exulte, comme si un poids trop lourd à porter venait de s’évaporer qui scande devant une foule participative « Tous ensemble, tous ensemble, hé, hé … » et un gagnant qui prend le temps de festoyer dans un grand restaurant parisien et qui s’agite, heureusement de façon encore quelque peu maladroite sur une scène où se mêlent, artistes et autres personnalités comme un lendemain de victoire de coupe du monde, je n’avais jamais vu cela.
Est-ce l’avènement d’une nouvelle ère, ça y ressemble. Tout comme de ne pas s’étonner de « petits incidents légers », à peine plus qu’une Saint Sylvestre ai-je lu ce matin dans la presse. C’est pour moi une honte de banaliser et de ne pas prendre au sérieux ces manifestations à la suite d’un vote démocratique. Comment peut il être possible d’avoir des révoltes à la suite de l’élection démocratique du leader national, c’est honteux et grave, d’autant que certaines personnes à la tête de formation se présentant comme politique exhortent leurs soutiens à se manifester, c’est irresponsable. Les paroles agressives de haine prononcées avant la second tour ne doivent pas être oubliées.
Mais là n’est pas le sujet de cet article, d’autres paroles sont moins capitales même si elles sont pour moi tout aussi novatrices que ce nouveau genre politique. Ce changement a eu lieu, bousculant les règles et les anciens et face à cela nous avons eu l’apothéose d’un journaliste, ou du moins un summum. C’est un phénomène que l’on remarque chez les animateurs de variété ayant atteint un certain âge et une telle notoriété que rien ne semble pouvoir les toucher, se permettant grâce à cela certaines libertés surprenantes pour leur public fidèle. Mais que cela se passe pour un présentateur de JT et de débat politique je n’avais jamais vu. J’ai trouvé PPDA très résigné pendant cette campagne, lui qui a suivi tant de débats ne semblait pas le moins du monde investi dans ses interviews. Avant le premier tour certaines interviews viraient presque au burlesque, je me souviens avoir été surpris par son interview du candidat chasseur, réduisant ces questions à cette seule pratique du candidat ou presque. PPD était proche de lui demander s’il préférait chasser le brocard, le cerf ou pêcher à la mouche. Lors des autres interviews, mon impression ne s’est pas démentie, il était plus espiègle que réellement piquant, s’amusant de certaines de ses questions, un peu à côté de la plaque, ou blasé tout simplement. Est-ce la nostalgie des débats légendaires, des personnages politiques de charisme qui en plus de maîtriser leurs sujets étaient dotés d’une culture remarquable ou la fatigue des années à entendre la même chose. Hier fut pour moi son summum, perdant souvent Chazal par des commentaires ou des phrase inattendues. Le ton et le dynamisme avec lequel il tentait de faire patienter son audimat avant 20h00 relevaient plus des derniers kilomètres d’un marathon parcouru en plein canicule que de la préparation à un sprint final.
Mais en réalité ce ton qu’il garda jusqu’à la fin de la soirée, parsemé de légers traits d’humour cassant avec la bienséance de ce genre de soirées comme ce fut le cas sur d’autres chaînes m’a fait tenir devant TF1. Je pensais entendre des questions plus précises, plus polémiques, plus journalistiques que sur les autres chaînes et j’ai eu en fait un monument du journalisme blasé et se divertissant par des remarques incongrues, se jouant de ses différents invités tout comme de ses jeunes collègues. « Ah je vois Harry qui danse sur la scène », prononcé après avoir vu des danseuses antillaises, ne fut pas la seule blague palpable de la soirée. Quelques minutes auparavant alors que la voiture du futur locataire de l’Elysée fonçait vers la place de la Concorde : « J’ai vu quelques feux brûlés. En plus Nicolas Sarkozy a dit qu’il n’y aurait pas d’amnistie présidentielle ». Lors du débat Ségo-Sarko, ceux qui se sont attardés sur son visage ont sans doute remarqué l’air de stupeur qu’il ne tentait même pas de cacher devant les discours qui lui étaient imposés.
Il m’a fait passer une très bonne soirée en fin de compte, alors qu’attendre la fin d’un repas présidentiel n’était pas des plus passionnants, merci pour cette soirée où la seule surprise fut en fin de compte ces quelques calembours. J’espère qu’il va continuer sur sa lancée pour les législatives, voire même aller plus loin dans l’ironie, quitte à bousculer encore plus ces bonimenteurs qui se succèdent, et finalement peut-être que certains politiques vont se rendre compte de leur ridicule. Il est vrai que PPDA avait de quoi se mettre sous la dent devant les discordances que montraient ceux du PS. Espérons pour la vie politique que la matière à ironiser soit moins grande pour les prochaines élections, même si ces traits d’humour font tout de même du bien.

Aucun commentaire: