mardi 4 mars 2014

14 de Jean Echenoz

C’est avec un peu de retard que j’ai lu ce livre, mais finalement en pleine actualité.
14 de Jean Echenoz vient de la rentrée littéraire de septembre 2012. Il est passé sans trop faire de bruit, comme souvent, mais avec des éloges critiques cependant bien présents. Et à vrai dire ce roman court, à peine plus d’une centaine de pages est un vrai petit bijou. Il s’agit donc du chiffre 14, comme il y a maintenant 100 ans en 1914. Que Echenoz ait anticipé que ses acheteurs soient assez paresseux pour laisser passer un et demi et le lire en 2014 semble peu probable (même si sa présence sur des étales consacrés à la guerre 14 prouverait le contraire).
100 pages sur un évènement d’il y a 100 ans que tout le monde a ressassé, écrit, réécrit. Quel intérêt ? Quel défi purement masochiste ce sujet pouvait-il cacher ?
Et pourtant il s’agit d’un très bon livre, extrêmement efficace. Le style comme souvent est simple d’apparence. Des phrases courtes qui se succèdent. Le ton semble extrêmement neutre. L’auteur se dissocie et fait le constat des évènements que vivent ses personnages. On assiste à des moments poignants, des drames parfois mais sans empathie automatique de l’auteur.
A l’inverse d’un Lars Von Trier au cinéma, pas de manipulation des pleurs. Un lecteur rapide, pressé et sans beaucoup de conscience pourrait même ne pas se rendre compte de l’horreur de ces années décrites. J’apprécie beaucoup cette position distante de l’auteur et c’est ce qui fait sans doute le charme de l’ouvrage. En effet qu’écrire de plus fort au niveau émotionnel que ce qui a déjà été écrit, notamment par Céline ? Pas facile, voir impossible de relever le défi, et sans doute inutile.
Alors que dans 14, Echenoz démontre toute sa maturité et sa maîtrise du récit court non édulcoré.
Pour ceux qui veulent se remettre légèrement dans le bain 14-18 mais sans pathos, je le recommande vivement.

Aucun commentaire: