jeudi 1 avril 2010

J'ai voté gagnant

Cela ne devient pas une habitude mais je me sens de plus en plus un électeur mainstream. Derrière Sarkozy en 2007, puis derrières les verts aux européennes, j’ai une nouvelle fois été dans la tendance du moment. Je ne suis pas allé voter.

Il y a peu quand je croisais quelqu’un qui n’ allait pas voter je m’énervais assez vite, allais même jusqu’à faire la morale, présentant comme irresponsable le fait de ne pas défendre le droit de vote chèrement acquis par nos ancêtres au prix de révolutions, d’exils et de guerres. Les réserves que j’avais au moment de l’élection de 2007 (voir mes articles relatifs à cette période) se sont intensifiées. Je n’étais pas un oracle mais hélas les craintes évoquées, qui relevaient pour la plupart d’un même constat partagé sur entre autres le danger pesant sur la liberté d’expression, se sont bel et bien réalisées. Dans les émissions politiques on entend les membres du gouvernement se cacher derrière la crise et prêcher pour leur paroisse. Il est vrai qu’il est moins facile de gouverner lorsque les entreprises ferment leurs portes que lorsque les impôts sur bénéfices abondent. Moins de marge de manœuvre certes mais l’occasion de faire évoluer les choses devant la nécessité incontestée.
Hors à part cette stratégie d’effets d’annonce que s’est-il réellement passé que l’on peut qualifier de positif ? Demander aux citoyens de se serrer la ceinture, c’est nécessaire mais on voit aujourd’hui avec la Grèce combien il est difficile de le mettre en œuvre, lorsqu’il semble que ce sont les classes inférieures et moyennes qui vont ressentir seules les effets de ces mesures.

La première chose devant l’évidence de la mauvaise mécanique financière mondiale aurait été de se positionner réellement et fermement en faveur d’une refonte du système, de nationaliser les banques et non pas de leur donner du cash pour qu’ils continuent leurs orgies d’un côté tout en asphyxiant l’économie des PME-PMI, poumon de notre économie, afin de présenter de bons résultats à la bourse. Les bonus 2009 ont été scandaleusement importants mais c’est comme ça, rien n’a changé. Un des derniers prix Nobel de l’économie s’en lamentait encore, évoquant le fait qu’il est sympathique de lui avoir décerné ce prix mais qu’il aurait préféré que les politiques et les cartels bancaires l’écoutent lorsqu’il prédisait la crise avant tout le monde. Je pensais qu’on allait s’attaquer au modèle capitaliste, non pas le détruire mais le faire évoluer, en instaurant des gains financiers à nouveau liés à la création de valeur économique et sociale.

Deuxième point critique, l’environnement, nous ne sommes plus dans l’effet de mode, même si voter Europe écologie reste tendance parmi les bobos qui se gratifieront de ce choix et qui oublieront que parcourir 30 000 kms en avion par an n’est pas très durable et que donner 300€ à WWF ne soulagera rien d’autre que leur conscience.

Ce qui est préoccupant est le manque de réalisme de nos hommes politiques, au pouvoir ou dans l’opposition illustré par l’inconscience de croire qu’un pays seul peut encore influer sur les tendances mondiales. Il est clair qu’il n’est pas possible de décider de taxer un secteur, une pollution ou des bonus sous peine de voir toutes les entreprises se délocaliser en un rien de temps. Dans ce cas ne faire campagne lors des dernières élections européennes que sur des conflits nationaux relève de la pure stupidité. De même que se pavaner avec un ancien mannequin nymphomane à travers le monde ne sert en rien la population. En revanche se démener à faire connaître une parole alternative, des idées non pas nationalistes mais bel et bien intégrant les problématiques globales afin de répondre à ce problème de répartition des richesses et de révolution climatique s’avèrerait plus utiles. Les media auraient un rôle plus important à jouer, mais comme on le redoutait, la liberté de la presse semble de moins en moins garantie, en témoigne le temps médiatique alloué aux personnages du gouvernement depuis l’avènement de Sarkozy. Lorsque je verrai à nouveau un journaliste exploser en vol un homme politique et lui disant ouvertement, vous n’abordez aucun des sujets importants qui peuvent faire évoluer la vie de nos concitoyens, je mets un terme ici à l’interview, j’aurais un peu plus d’espoir dans la liberté d’expression et d’écoute.

Ces éléments et d’autres, mais je m’étais promis de ne plus parler politique, m’ont donc amené comme une majorité de personnes (sur l’ensemble de la population) à ne pas aller voter. Je suis conscient de la gravité de la chose mais n’ai pas de solution, sauf éventuellement plus radicale, pour que les choses s’améliorent (c'est-à-dire, prise de conscience et actions pour régler la polarisation de la répartition des richesses au niveau national et international, des actions économiques et écologiques concrètes et engagées comme celles que nous aurions du avoir dans le meilleur des mondes à Copenhague).
A court terme nous ne pouvons hélas qu’espérer une reprise temporaire de notre système économique pour palier aux manques de clairvoyance des gouvernants des puissances majeures, en croisant les doigts pour que la Terre ou le Soleil nous fasse une petite surprise en contrant l’effet de réchauffement lié à l’activité humaine.

1 commentaire:

Dead Man Walking... Le cancer de Jack a dit…

idem mon Plouchet , idem ! Je n'irai plus voter sauf pour les écolos ! ce n'est pas être un hyppie inconscient comme on nous l'avait reproché lors de la défaite de Jospin en 2002.

Pour ma part, j'attends un mec avec une vision fédératrice et positive de la société & d'un moyen de créer de la richesse avec en sus un moyen de partager cette richesse avec les exclus. La crise, c'est comme l'eau de mer qui reflue : elle révèles les hommes qui en ont le plus dans le slip ! Roosevelt, Churchill, Kennedy, De Gaulle... pas des hommes parfaits mais de super hommes d'Etat.

Mais on n'a pas de super électeurs & une population gavée de télé réalité et de beaufitude ne fera pas un terreau premium pour un vote avisé.

Pour les journalistes nouveaux, je propose "On achève bien l'info" sur France 4.