mercredi 27 mars 2019

2018 – Deuxième partie de mon année gastronomique - Belgique, Bordelais et San Sebastian


Alors j’avais laissé mon récit d’expériences en Italie à Bologne au mois de juin 2018.

Bruxelles et ses environs :
L’été arrivant ce fut l’occasion de découvrir quelques nouvelles adresses à Bruxelles et dans ses environs. La première non loin du Châtelain est hélas fermée depuis. La Maison Blanche se voulait branchée et offrait des croquettes et notamment un plat de joues de bœuf cuites à basse température plusieurs jours délicieuses. Le service se voulait arrogant, je me la pète, est-ce cela qui tua le restaurant ou le modèle économique, ou une décision stratégique des actionnaires je n’en sais rien, mais dommage de voir un établissement à la cuisine intéressante disparaître aussi vite.

Plus stable et qui vaut le détour, le restaurant d’Alain Bianchin à Overijse, qui détient un macaron Michelin totalement mérité. Le chef avait déjà obtenu l’étoile à la Villa Lorraine et une fois mission accomplie était parti en proche périphérie pour faire une table selon ses envies. Une bien belle table, sans fioriture, certes sur des bases classiques solides mais en finesse. Les produits sont identifiables et mis en valeur, les dressages sont comme il faut et surtout les goûts sont au rendez-vous. L’entrée sur les tomates anciennes et glace burrata était somptueuse. Parfait accord entre fraîcheur, acidité, légère sucrosité relevée par des herbes et fleurs. Un thon aux notes fumées maîtrisées suivait ensuite. Le chef est un homme de produit, un travailleur qui ne fait pas dans le chi chi, au franc parler, on sent un fort caractère qui sait par ailleurs servir un menu calibré et équilibré. Une table de très bonne facture, qui mérite sa distinction sans problème, et même si je n’y suis allé qu’une fois, l’impression est que cette bonne expérience vécue n’est pas le fruit du hasard. Je dirai un restaurant une étoile plus.

En périphérie toujours mais plus au nord, dans la bourgade de Duffel (qui donna son nom au célèbre manteau Duffelcoat, si si ce n’est pas une blague) se trouve la table doublement étoilée de Thierry Theys, le restaurant Nuance. Egalement le classement Michelin me paraît tout à fait justifié. On est ici sur certains plats dans le magique. Se dégage de ce restaurant un très beau niveau de raffinement, en salle comme dans l’assiette. Le chef a travaillé sur la maîtrise et la limitation des matières grasses et ne s’en sert pas pour camoufler ou booster certains de ses plats (alors que pour faire manger des épinards aux enfants, rien de plus simple, les cuire croquantes et y mettre plein de beurre, c’est irrésistible, mais certes peu diététique). Le travail est fort présent, certains plats comme ce foie gras (fourré dans une coque de chocolat blanc) et abricot sont réellement géniaux. Une langoustine puis une volaille tout en finesse. De la fraîcheur et de l’acide (c’est la grande tendance) mais pas trop, ici on ne brûle pas vos papilles en vous disant que c’est le caractère du chef et que c’est comme ça (aberrant mais arrivé très récemment au restaurant La Canne en ville qui malgré quelques beaux plats ne mérite de ce fait aucune recommandation). Je ne vais tomber dans le travers stéréotypé de dire que c’est une cuisine très féminine, mais disons que la sensibilité du chef transparaît, une sensibilité qui se développe dans l’harmonie. Les produits sont beaux et associés à merveille, il peut y avoir du cru mais l’idée du menu que nous avions n’est pas de laisser le client seul avec son produit quitte à en être choqué parfois. C’est très travaillé, c’est bon, et le moment est génial. Le service était très gentil et faisait l’effort de parler français. Le sommelier était passionné et passionnant, attention car il aime partager et donc même si vous prenez un forfait Bob (demi-verres), l’enthousiasme aidant, il vaut mieux prévoir tout de même un Bob 100% pour rentrer sans mauvaise blague. C’est mon gros coup de cœur de haute volée en Belgique de l’année . Petit bémol, cette expérience se paie, donc prévoir le coup, mais ça le vaut vraiment.

Table non étoilée, mais pas inintéressante que celle du Sanzaru à Bruxelles (avenue de Tervueren). Il s’agit ici d’une cuisine du monde particulière, la cuisine Nikkei : qui vient de chefs Japonais émigrant au Pérou et travaillant les produits de ce pays sud-américain avec leurs techniques et leur rigueur. Ce restaurant occupe la place de l’ancienne brasserie bi-polaire d’Yves Mattagne (YU / ME). Le style et l’accueil se veulent branchés, les cocktails valent la peine (notamment celui au Mezcal fumé). Ensuite les plats sont de type fusion avec des goûts tranchants, acide, fumé. Bref ce qui est dans la mode et que j’aime bien. Mon bœuf fumé au malt de whisky était vraiment top. Ensuite attention, les plats sont à compléter par des accompagnements si vous voulez ne plus avoir faim du tout, et si l’on prend tout en compte, cocktail, puis entrée et plat et accompagnement on s’en tire pour une addition qui n’est pas loin d’une table étoilée. C’est sans doute un peu cher pour dire que c’est un bon plan, mais les goûts sont là, donc ce n’est pas une erreur d’y aller, vous y trouverez du plaisir, ensuite en rapport qualité prix il y a sans doute plus intéressant. Mais on va dire qu’ici on paye l’originalité.

Enfin pour terminer les tables remarquables que j’ai eu l’occasion de visiter, il y a le Bozar Restaurant. C’est j’avoue un restaurant sur lequel je lorgnais depuis longtemps, depuis la découverte (visuelle) du pâté en croûte champion du monde 2015 du chef Karen Torosyan. Vaut-il mieux être champion du monde de pâté en croûte ou champion du monde de foot ? Disons que cela mérite débat et j’espère que Thibault C. aura pu se consoler en allant goûter à la généreuse cuisine de ce chef hautement sympathique. Le menu (le plus court) offre un rapport qualité prix de très belle facture. Je m’attendais à être bluffé par les croûtes, mais c’est bien la finesse de l’ensemble qui me surprit agréablement. L’entrée sur sardines et tomates, le lapin et le dessert chocolat étaient très très bons. Pour le pâté en croûte j’en avais tellement fantasmé que j’ai été surpris par sa finesse, redéfinissant mes référentiels en la matière. Ce n’est pas le bon gros gras qu’on pourrait attendre mais une alliance de viandes cuites à la perfection, surprenant d’équilibre. D’autres pièces de bravoure telles que le bœuf Wellington, le pithiviers,  le millefeuille ont l’air de valoir le déplacement mais elles sont à commander à l’avance.  En plus de cela le chef est extrêmement gentil. J’y étais en famille et cela s’est très bien passé mais peut-être que la salle offre un cadre moins feutré et moins adéquat pour un dîner en amoureux que d’autres plus cossus.

Bordelais  :
Une escapade de deux jours dans le Bordelais, ça ne peut jamais faire de mal. Halte idéale sur le trajet de vacances estivales au Portugal nous avons pu profiter de deux restaurants agréables.
Le premier est un resto / Bar à vin de la ville de Saint-Emilion. Chai Pascal qui offre un plat du jour de très bon rapport qualité prix que l’on accompagne volontiers d’un vin choisi dans la longue liste de vins au verre de Saint-Emilion proposé. J’optai pour la Lamproie, plat typique endogène composé d’un poisson de type anguille mariné dans une sauce au vin rouge et poireaux confits. Très bon, le poisson garde de la mâche. Les salades étaient aussi tout à fait belles. Un restaurant qui n’a pas de terrasse mais la climatisation (utile en canicule) et très légèrement en dehors de la cohue. Pour ceux qui n’y ont jamais mis les pieds, Saint-Emilion est une ville qui vaut le détour même si on aime pas le vin. La ville faite de pierres est jolie et fort pentue, des cloîtres, des églises et un parcours sous-terrain très sympa. Les enfants se sont régalés à faire un jeu de piste qui nous permit de voir tous les points d’attentions de la ville. 
Un peu plus au sud dans le Sauternes, plusieurs châteaux ont ouvert des restaurants de bon standings ou carrément gastronomiques (comme Lafaurie Peyraguey dont le restaurant possède désormais une étoile), notamment le Château Guiraud, premier domaine dans l’appellation à s’être engagé dans le Bio et qui offre en plus d’une belle visite des caves, un visite des jardins, des vignes et une explication sur le dynamisme biologique du lieu. La Chapelle de Guiraud est le restaurant avec une terrasse et une vue magnifique sur les vignes. Il offre le midi un menu du marché très abordable et de qualité, ce qui permet de s’offrir quelques millésimes au verre du Sauternes. Une bonne combinaison que cette visite et ce déjeuner.

San Sebastian :
Petite excursion d’une journée, ce n’est pas assez pour y multiplier les expériences mais il faut dire que même s’il fut bref, ce passage me permit de découvrir la passion des basques pour leur gastronomie, entre les pintxos, petites miniatures d’accords de mets (des tapas mais en fin et gastronomique) proposés par les bars à pintxos et restaurants, les restaurants et les produits du coin, c’est un régal.
Une superbe expérience avec un menu (du soir) avec un rapport qualité prix difficilement égalable, 18€ pour entrée-plat-dessert, eau et une demie-bouteille de vin par personne. Sur le vin rien de génial mais franchement correct et les plat sur la base d’un œuf parfait, de la joue en sauce, et une brioche perdue (torrijas) du cru étaient vraiment bons. Il s’agit du restaurant Morgan dans le vieux centre.

Concernant le reste il y a le Portugal, avec  pas mal de choses à dire surtout sur Lisbonne. Tout comme sur Venise où j’ai passé des jours géniaux. Ces destinations méritent un billet à elles seules, donc encore un peu de patience pour que je termine 2018. Pour vous rassurer, certaines raisons m’ont fait m’éloigner quelque peu de mon intérêt gastronomique, donc les prochains résumés seront plus lights. 

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