mardi 9 mai 2017

La nausée

Et pourtant je ne suis pas enceint ni particulièrement amateur de Jean-Paul Sartre. J’ai eu ma période bien entendu (par rapport à Sartre et sans aucun autre jeu de mots) mais m’en suis assez vite détaché, sans que ce ne soit la lecture longue et ardue de l’Etre et le Néant qui m’en éloigna ni la lecture du livre de BHL consacré au plus célèbre binoclard de la littérature française que j’avais trouvé assez passionnant l’ayant vu en conférence sur le même sujet.

Il attaque fort cet article, Sartre et BHL dans le même paragraphe, ça pourrait en effet causer une irrépressible envie de vomir à certains mais pas à moi. Ce sentiment que j’éprouve depuis plusieurs semaines vient donc d’ailleurs, et plus particulièrement de l’action que je dus commettre ce dimanche 7 mai, c’est-à-dire aller voter avec un profond haut-le-cœur mais en ayant le sentiment de ne pouvoir faire autrement. Un peu comme quand vous avez beaucoup trop bu et que le vomi est salutaire même si vous savez bien que sur le coup il peut être douloureux, irritant l’œsophage et pouvant même remonter dans le nez, sans parler des dégâts externes comme les salissures et l’odeur.
 
Je ne soutiens en rien Emmanuel Macron jusqu’aujourd’hui. J’espère sincèrement me tromper et le voir se tourner vers des préoccupations essentielles. Faire des cadeaux sur les taxes aux entreprises sans création d’emploi (ce derrière quoi il est) ne fait pas partie de mes credo. Pour résumer, augmenter les revenus des plus riches sans répartition, sans se soucier de la durabilité de l’exploitation des ressources ni du bien être des masses, je ne suis pas fan. C’est bizarre me direz-vous, sans doute suis-je resté un enfant appliqué qui espère qu’une certaine justice existe et ne trouve pas normal que l’un ait 1000 fois plus que l’autre, tout CEO qu’il puisse être. Il a mené jusqu’à présent une politique bien plus libéral et bien plus éloignée du socle des principes de cohésion sociale que tous les libéraux de droite auparavant. Qu’il ait réussi à être élu à sa première tentative d’élection politique, et de plus Président de la République est remarquable. Enfin quand vous avez un consensus des intérêts des détenteurs de capitaux et donc des propriétaires de groupe de presse ça peut aider. Alors est-ce que je remets en cause l’indépendance journalistique et la déontologie du métier, bien entendu. Non pas au niveau de l’individu journaliste mais bel et bien de la gouvernance des groupes de presse. Si vous mettez les esprits les plus critiques à la chronique des vieilles chattes mouillées écrasées (encore une fois aucun lien voulu avec Macron dans cette illustration) et que vous gardez un certain type de journalistes à la couverture politique vous aurez facilement une orientation qui va se dessiner. Et puis en termes de communication, nos esprits qui sont affadis par les scandales passés et abrutis par tout ce que déverse le mass media de plus débilitant  étaient prêt à gober ce prétendu changement. Le changement c’est maintenant … Ah non je me trompe, encore. C’était en marche, on ne savait pas trop vers où, en tout cas tant que ça pouvait ramener du monde et des électeurs on y allait.  Cela pouvait donner l’impression de passer devant les vitrines du quartier rouge d’Amsterdam, un peu de tout et pour tous les goûts, tant que ça peut vendre.
 
Nous voilà donc avec un nouveau président, vernis marketing d’un libéralisme d’affaire bien rodé, l’illusion du neuf, le Canada Dry du renouveau politique. Que les gens y croient, et bien tant mieux si ça peut porter un peu d’espoir et encourager ces militants à influencer la politique du plus jeune président de France. 
J’ai peur que la désillusion ne soit encore plus dure à encaisser cependant. D’autant que nous serions informés si Macron souhaitait vraiment le changement, il aurait notamment parlé de comptabiliser les votes blancs en les rendant éliminatoires. Chaque candidat ayant moins que le vote blanc se verrait éliminé de l’élection et s’il se voyait éliminé trois fois par le vote blanc, il ne pourrait se représenter à toute autre élection du même niveau (nationale ou locale ou européenne). L’abstention serait moindre et il est vrai que nous aurions sans doute vu et Macron et Le Pen se faire éliminer au second tour. Voilà ma deuxième idée de proposition après celle de la séparation du milieu des affaires et de l’actionnariat des groupes media, cette fois-ci la reconnaissance d’un vote blanc puissant, afin de donner l’impression aux électeurs qu’ils peuvent avoir le choix sans qu’ils soient pris en otage et obligés de voter pour la peste ou le choléra. Et sans nausée.

Aucun commentaire: