Journal d’avant
40 – 9
Il n’y a pas
longtemps j’ai lu un essai sur le vide écrit par Etienne Klein qui écrit tout
de même plus de 160 pages sur rien. De ce fait pourrait-on imaginer que la peur
de la page blanche est un fantasme destiné à dissuader les hésitants d’écrire
alors qu’on peut facilement écrire un très bon livre sur du vide. N’aurait-on
donc plus que les présomptueux qui pensent qu’ils ont quelque chose à dire pour
écrivains. Ce qui pourrait expliquer certaines choses évoquées dans mon billet
d’hier. Le vide, le néant ce n’est pas pareil, surtout après avoir lu ce livre
qui fait l’inventaire de toutes les théories existantes sur ces phénomènes ça en devient presque limpide.
Je me pose la
question, quand on passe les 40 devient-on plus proche du vide, du néant et de
rien. Est-ce pour cela que certains, par une quelconque peur, font ce qu’on
appelle communément la crise de la quarantaine, cherchant à remplir leur vie de
nouveautés. Serait-ce un simple malentendu et une peur du vide fondamentale, ou
seulement un léger vertige. Et en plus on vous dit bien que la jeunesse c’est
dans la tête, la vieillesse aussi d’ailleurs, ça se recoupe, ça se tient. Et
donc toutes ces petites contrariétés physiques ça ne compte pas ? c’est du
flan ? Tout comme cette publicité des opticiens Atoll qui ne me fait pas
rire du tout. Pas certain qu’elle fonctionne vraiment sur les quadra, et comme
toujours la cible est sans doute ceux qui ont dix ans de plus mais qui
s’identifient à plus jeune. Si c’est fait pour un gars de 40, ça veut dire que
ces demi-lunes je peux bien les mettre, ça fera jeune … ou pas…
En tout cas je me
rends compte que je me prépare mentalement et que je deviens assez susceptible
sur ce genre de sujet. Comme lors de mon changement de papiers d’identité suite
à la perte stupide (comme toute perte non ? enfin presque, parce que celle
de la belle-famille ça peut parfois se discuter) de mon portefeuille où j’avais
retrouvé des photos d’identité qui avaient un ou deux ans max. Je me souviens
de la tête de l’agent administratif. Elle me fixe, elle regarde la photo. Elle
me fixe à nouveau. A mais non ça va pas, elles datent de quand ces
photos ? Moi pas du tout l’habitude de me faire questionner et répondant
donc franchement : « je sais pas, un an et demi ». Elle de
reprendre : « ah bah oui, c’est bien ce que je me disais, c’est plus
vous là-dessus, vous avez vraiment vieilli. Derrière vous il y a un photomaton,
c’est 6 mois maximum les photos». Je vous passerai sur la bataille ubuesque
entre fond blanc et fond gris mais on va dire que je me suis pas senti jeune
jouvenceau en sortant de là.
Ca fait déjà pas
mal de temps (toujours ?) qu’on ne
m’a pas dit que je faisais moins que mon âge d’ailleurs. J’en connais certains
c’est tout le contraire. Je ne me formalise pas, mieux vaut pour garder la forme.
Tu viens avec nous ce week-end au tournoi vétéran ? – Euh bah en fait je suis pas
encore vétéran tu sais ! – Ah bon, sérieux ?, mais c’est pour bientôt non ?
Certes maintenant c’est tout de suite, du coup je ne fais plus de tournois, n’étant
pas encore prêt mentalement à faire la compétition des vieux. C’est une
question de temps. Mieux vaut ne pas y penser et se vider la tête, on y revient.
Je me souviens lors de mes études avoir fait l’exercice de créer un
mind-mapping gigantesque en partant du néant. Il y en avait des choses à dire.
Et puis même si avec l’âge on se rapproche du vide, comme l'on se met à radoter,
même si on a moins de choses à dire, on les dit plus souvent (je viens peut-être
de percer à l’instant présent le mystère du radotage chez les personnes d’un
certain âge).
D’ailleurs ça me
fait penser à ce livre que j’ai lu récemment sur le vide d’Etienne Klein …
Sur ce à demain.
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