Histoire de Rien – 3 – Nouvelle - Fiction
Ce n’est jamais
simple de chercher ses parents en étant amnésique. Par où commencer ? J’ai
bien interrogé certaines personnes mais je ne reçus la plupart de temps que des
propos blessants et inconvenants. Et ceux qui pourraient avoir l’information me
sont encore inaccessibles. Il doit bien y avoir des fiches quelque part. Mais
sans point de départ dans quelle direction chercher ? Pourtant je ne me
ménage pas, c’est pour cela que j’ai parcouru et que je suis encore sur les
chemins, les routes, dans les airs dès que c’est possible. Cette quête m’a mené
dans de nombreux endroits. Cet été j’ai trouvé que les gens étaient plus
heureux, plus souriants en France et même en Europe, comme si ils s’étaient
accordés une pause, une respiration. Et puis le monsieur à la tête
d’extraterrestre ne parlait pas. Il avait aussi sans doute besoin de vacances.
Les plages
étaient bondées, ça me faisait plaisir de voir autant de vies, de promiscuité
et d’insouciance. Je me sens bien dans cette insouciance, ça me revigore, me
donne de l’élan et l’envie de partir à nouveau à leur recherche.
Ne trouvant pas
ce que je souhaitais j’ai donc laissé derrière mois quelques temps ces pays
dont j’ai acquis la langue, j’ai facilement traversé l’Atlantique, et cette
fois-ci en classe Business. J’ai longtemps préféré la classe éco, plus de
monde, plus de chance de découverte, mais récemment j’ai dérogé, un peu de
repos cela fait du bien. Je me souviens de ma première fois aux Etats-Unis,
c’était il y a un peu moins d’un an, j’avais peur de me perdre dans ces
gigantesques espaces américains. C’est tellement grand. Et très vite j’ai
compris que les habitants étaient plutôt accueillants, enfin jusqu’à un certain
point. J’ai vu des choses. Des matchs de football américain en pleine rue, et
même des hommes se faire abattre. C’est grand beau et choquant les Etats-Unis.
Mais il faut tout de même leur accorder le mérite de se battre pour ce qu’ils
pensent être leur liberté. Dans certains pays d’Europe, je me sentais mal et j’avais même du mal à
vivre, des gens avec le masque partout s’aspergeant de gel désinfectant, alors
qu’aux Etats-Unis j’ai retrouvé cette liberté qu’il me faut pour me sentir
bien. J’avoue, même si c’est controversé m’être joint aux manifestants
anti-masque. J’ai aussi fait les manifestations pour la vie des personnes à la
peau noire. Il me manquait beaucoup de connaissances au départ pour comprendre
de quoi il s’agissait. Beaucoup de souffrance et d’incompréhension, je n’étais
pas seul. Il fut beaucoup question d’origine, l’espoir naquit que ces personnes
puissent m’aider. J’allai alors faire un tour en Afrique d’où certains avaient
leur ascendance mais ce fut une fausse route. J’y reviendrai.
De retour aux
Etats-Unis il ne me restait plus qu’à en apprendre un peu plus sur ce pays et
j’ai donc commencé à faire du tourisme. Hélas je me heurtai à la fermeture de
plusieurs sites et à certains contrôles trop strictes. Il faut montrer patte
blanche, surtout là-bas et n’étant pas en connaissance de mes origines j’ai
préféré rester sur mes gardes. La Maison Blanche m’intriguait, je trouvais ça
assez drôle d’avoir un pays qui luttait avec une population noire plus pauvre
en moyenne et souffrant de discrimination et l’hôtel de l’exécutif s’appelant
Maison Blanche. Au moins c’est un choix assumé, comme sur les paquets de
cigarette, la mise en garde est claire et nette. Donc plus de visite de la
Maison Blanche pendant longtemps. Il m’arriva de me rapprocher d’un des gardes
mais il ne put me faire entrer.
Et c’est la
semaine dernière que j’ai pu y rentrer. Je n’y croyais plus. Devant la ferveur
populaire de la campagne présidentielle, j’ai saisi l’opportunité d’assister à
un rassemblement, joyeux, fiers et insouciants étaient mes voisins. Je me suis
laissé porter et d’un coup je me suis trouvé proche de certains assistants de
Donald Trump.
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