Histoire de Rien
– 7 – Nouvelle - Fiction
La pluie ne vient
pas, pourtant douchés semblent nos espoirs. Portes closes, tristesse et obscurité.
Tout semble
glauque, même les plus optimistes que je connais commencent par s’abstenir. Du
coup je deviens curieux, non plus de mes origines, il paraît certain que je ne
les trouverais pas de suite, pas avec le bazar généralisé. J’avais bien croisé
quelques scientifiques qui s’y intéressaient de près, c’est fini, ils font des
chiffres, ils comptent et quand les calculs ne sont pas satisfaisants un
contremaître du ministère rajoute à la grosse louche. Il n’y aura bientôt plus grand-chose
à dire, confinement si il y a m’obligera à être plus discret. C’est dommage,
les enfants apportent encore de la joie. A ceux qui se demandent ou s’indignent
de voir les écoles encore ouvertes alors que c’est certainement le plus grand
lieu connu d’échange de postillons, je leur recommande d’écouter un enfant
rire. Sans doute le cadeau ultime pour sortir de la morosité ambiante. Faites
que les enfants continuent de rigoler aux éclats. Quand tout le potentiel de la
vie se tait, son lit se tarit de lui-même et le sens de l’existence ne peut qu’être
vain.
J’ai l’impression
qu’en France et en Belgique, avec des stratégies légèrement différentes, les
gouvernants sont pris de folie. Comment vouloir un monde sans joie, sans vie ?
A force d’en entendre parler j’ai compris que 1984 était un livre, 2084 aussi,
un peu moins connu, troublant à ce qu’il paraît. Mais nous sommes en 2020,
alors le programme n’était pas joué d’avance, cela peut encore changer. J’ai vu
que dans certains pays lointains de l’hémisphère sud la vie était selon les
dires normal. Il va falloir que j’y aille. Comment ? Ce n’est pas simple à
organiser. Cela vaut sans doute le détour, hélas j’ai peur qu’une fois à nouveau
là-bas la panique ne recommence. La discrimination est condamnée pour de
multiples sujets, mais pour moi, quand j’arrive on me rejette, on m’évite, on m’isole.
Tout ça pourquoi ? Pour masquer les déficiences des pays, de l’Etat qui a
longtemps joué avec le feu jusqu’à mettre sa population en péril. Que se passerait-il
si la contamination était hautement mortelle. C’est un bon coup de semonce pour
donner une chance à l’humanité de s’en sortir. Alors oui certains vont dire que
j’ai ma part de responsabilité, mais je n’y suis pour rien, je suis construit
comme cela, je ne peux faire autrement. Il me faut ces nouvelles personnes, ces
voyages, bouger, bouger le plus possible pour se sentir vivant, comme ces
jeunes adultes, récemment employés, qui parcourent le monde avion après avion
et qui vont faire la morale à la première personne qui demandera un sac en
plastique dans un supermarché. C’est une pulsion irrépressible. Pulsion de vie
qui semble étrangement disparaître de l’humanité actuelle.
Pour me dédouaner
je tiens à dire que tous ces mouvements n’avaient qu’un but, retrouver mon
origine, retrouver mes parents si l’on peut parler ainsi. Aucun des grands
scientifiques ne semblent vouloir me l’avouer, à moins qu’ils ne sachent rien,
comme toujours, privés de conscience depuis trop longtemps pour ne pas échapper
à la damnation de leur âme. L’homme s’enferme dans son ignorance et justifie
les actes les plus mortifères par le garanti du risque zéro. Ce risque zéro n’existe
pas dans la nature, le fait d’être implique le non-être, et tant mieux. Si nous
avions des hommes de deux cents ans, dans quel était seraient-ils, le physique
ne serait que lambeaux, et l’esprit de même. C’est une partie du problème que j’essaie
de résoudre mais que d’entraves. Il faut laisser la place, les cellules de la
peau se dégradent et se régénèrent, comme chez tout vivant malgré cela les
mesures favorisent l’inaction, l’immuabilité de l’état qui condamne le sujet à
attendre la flèche avec plus ou moins une relative dignité.
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